Martine

Une crise pas comme les autres

Un pique-nique sous peu de nuages. Il fait plutôt beau. La rivière chante et ruisselle. Le paysage est joli et la matinée débute de belle façon. Dès le matin, la famille Persitelle projetait un dîner de bienvenue dans les cantonades de la colline, pour leur frère et fils, de retour de voyage. Car Marc était arrivé la veille à l’aéroport où père, mère et soeur l’attendaient à bras ouverts. Ce furent de belles retrouvailles. Le temps de séparation avait été si long que personne n’arrivait plus à s’accorder sur sa mesure exacte. On s’entendit néanmoins en s’accommodant d’un dix ans de mélancolie et le sujet fut clos. Qu’il avait grandit, qu’il était beau, le frère, le fils, qu’il semblait prospère et heureux! On lui fit visiter la ville, dans un petit tour de voiture. Le bourg paresseux s’était d’ailleurs coupé de tout changement. Les yeux de Marc s’illuminèrent lorsqu’il entendit sa chanson préférée à la radio... Personne ne se souvenait de cet élément mais ils chantonnèrent tous avec lui les paroles légères d’un récit léger.

Une maison simple, de vraies briques qui ressemblent à des fausses, de beaux et très jeunes feuillus, plantés là par un papa attentionné, avec amour et petite Martine, qui avait pourtant déjà 25 ans. Une chambrette coquette, avec poste-radio et tout et tout. La nuit fut fraîche et courte. La soirée en avait grugé une partie, dans le salon rouge et lourd de la famille où Paul, Martine et Marguerite purent poser les questions importantes au nouvel arrivant... Questions qui résultèrent en réponses vastes pour des histoires passionnantes que tous répétaient encore, assis dans l’herbe, près de la crique, assis sur la colline, autour d’une nappe carrelée. Tous souriaient béatement.

Marc prit la bouteille de vin et se versa un verre en souriant. Martine fit de même en silence et en souriant. Marguerite et Paul les imitèrent. Marguerite porta sa main à son visage et comprit qu’elle avait chaud. Paul essuya son front à l'aide d'un petit mouchoir. Marc sourit. Marguerite rit un peu. Tous se regardèrent et rirent un peu aussi. Un peu.

...

"Cette scène familiale ressemblait un peu trop à une caricature", semblait se dire Paul, qui chassait des orteils, les fourmis qui envahissaient la nappe carrelée. Il avait détaché le premier bouton de son col. Il faisait chaud. Il posa une question pour dégager sa gorge de la buée qui l'étouffait. "Mais au fait, quel âge as-tu, maintenant, Marc?".

Les femmes se retournèrent vers le père. Il ne connaissait pas l'année de naissance de son fils? Mais au fait, la connaissaient-elles, elles-mêmes, cette date? Non. Et c'est pour cela qu'elles se retournèrent vers Marc, avec un sourire. Un sourire béat, est-il nécessaire de le rappeler?

"Mon âge? Eh bien, je suis né en 1972, ce qui me donne 26 ans. -Mais nous sommes en 1992." Répondit sa jeune soeur... "Oh, je m'excuse, je suis né en 1974. -Mais j'ai rencontré ton père en 1978." S'exclama la mère. "N'était-ce pas en 1964, alors que j'étais à l'université?" esquissa le père. "Mais tu n'es jamais allé à l'université!" s'exclama la petite Martine.

Une fourmi prit un bout de pain et le transporta à la ruche. "Mais ce n'est pas une ruche, c'est une fourmilière" poussa le père.

Tout le monde était malaisé. Marc murmurait des paroles qui semblaient n'être destinées qu'à lui. Il parla à voix haute au bouton de sa manche, le gigota un peu, détacha ensuite sa chemise et se mit à parler à son nombril. On entendait une sorte de voix nasillarde, à peine perceptible.

Le père s'approcha un peu et agrippa la chemise de Marc. Crack, elle était ouverte et un harnachement de micros et d'enregistreuses était ouvert au jour mais collé sur la poitrine de l'homme.

"Je le savais!" cria la mère. "C'était un espion! Il s'était infiltré dans notre famille!". On prit les micros et les enregistreuses. On les lui arracha du torse, en faisant saigner ses seins.

La mère envoya sa main dans son manteau et la ressortit, assortie d'un pistolet. "Ne bouge plus, Marc, ou qui que tu sois!" avertit-elle. Le fils leva les mains, avec de petits sursauts compréhensibles.

"Tu avais un pistolet dans ton manteau, chérie?" demanda le père. "Pauvre idiot" souleva la femme "tu croyais que je t'aimais et que j'étais véritablement ton épouse? Pauvre idiot, je me suis infiltrée ici pour démasquer cet espion. Mon véritable nom est Marcella Digovati!" Une italienne.

Le père se sentit bizarre et la fille ne comprenait plus rien. Tous deux cherchaient à se donner de la contenance, ne trouvaient pas leur chapeau dans le sac, se demandaient quelle heure il était, alors que Marcella Digovati exécuta Marc. Bang.

La jeune fille eu une nausée. Elle ne regardait plus son père qui avait trouvé ce qu'il cherchait dans son sac. Un pistolet, lui aussi, qu'il pointa vers sa prétendue femme. "Moi aussi, je suis un agent secret. Bla bla bla. Mon nom, ce n'est pas le bon et ainsi de suite." "Je m'en tape" balança la jeune fille. Bang.

Bang? La jeune fille avait son pistolet en main et a neutralisé Marcella et l'autre. "Moi aussi, je m'étais infiltré dans cette famille, comme vous trois. Mon nom est *".

Le père était un imposteur. On le retranche de la famille. La mère, la fille et le fils étaient des imposteurs. On les retranche. Il ne reste plus que la famille.

La révolte des A

Voici l'histoire, racontée, de l'incroyable héroïsme de M, C, T, H, U et O dans leur victoire contre l'invasion des A. Tout commença dans un récit comme celui-ci. La campagne était calme, beaucoup de plantes vivaient une très belle journée. Une jeune fille gambadait comme elle le pouvait au travers des rayons de soleils. Elle s'appelait Martine. Son sourire était gentil et elle aimait le présent printemps. Martine trouva dans sa promenade un caillou, elle le glissa dans sa poche pour ne pas le perdre. Son nez commença à lui picoter le nez. Martina renifla un coup.

Martina? On devrait plutôt parler de Martine!

Martine renifla un bon coup, donc. Qu'est ce que c'est que cette faute de frappa. Hain? Ja pansa qu'il sa passa das chosas pas tras normalas ici. Où sont passas las "a"? Non, pas las "a", las "a"! Ah at pis zut! Ouch! Ça fait mal!

Ast-ca qaa qualqa'an paat noss aidar? A l'aida! J'atoaffa! Ja saas an traan da cravar. Aaaah! Aaaaah! A a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a a... a a a a A... A... A... A TCHOUM!

Martine éternua et cinq cent postillons se détournèrent de sa bouche. Elle se rendait compte qu'elle avait vraisemblablement le rhume des foins et qu'il était temps d'aller à la maison. Tous furent sauvés et la vie put continuer.

 


Pour revenir à la rubrique "Divers" :

Pour revenir au Plan du site :

Pour revenir à la page d'accueil :