A propos de la liberlangue

 

La liberlangue est l'idiome officiel des dirigeant(e)s politiques et économiques ainsi que de leurs valets et chien(ne)s de garde sécuritaires et médiatiques. D'un point de vue autant sémantique que linguistique, elle appartient à la famille "Langue de bois"[1], laquelle est un langage figé de la propagande politique et, par extension, une façon de s'exprimer qui abonde en formules figées et en stéréotypes non compromettants[2] et s'oppose donc au "franc-parler.

 

Ainsi, la liberlangue, comme la langue de bois traditionnelle et pratiquée universellement depuis la socialisation du parler et sa structuration en idiome établi, c'est-à-dire en "langue identitaire, nationale", est une figure de rhétorique qui consiste à détourner la réalité, le sens effectif des choses, par des mots. Je reviendrai plus loin sur la spécificité de la liberlangue.

 

Traditionnellement, la langue de bois est une forme d'expression, notamment politique, qui tend à masquer, occulter une incompétence sur un sujet donné ou une réticence, un refus d'aborder un sujet donné, en énonçant des banalités, très souvent pompeuses, pontifiantes, des évidences qui, formulées dans un vocabulaire pédant, pseudo "quelque chose" (économique, politique, scientifique, littéraire…) veulent donner à croire de l'"autorité", fondée sur la compétence, de l'orateur-trice.

 

La langue de bois n'a toujours pas pour finalité d'impressionner[3] l'interlocuteur-trice. Ainsi, dans le domaine politique, en plus d'une utilité sophistique[4], elle a un intérêt diplomatique : celui d'adoucir les choses, voire de les neutraliser[5].

 

La langue de bois, quelque soit la forme qu'elle prenne, participe évidemment de la démagogie[6], terme dont l'acception première dans le contexte de la République grecque est l'"art de mener le peuple en s'attirant ses faveurs, notamment en utilisant un discours simpliste, occultant les nuances, utilisant son charisme et dénaturant la vérité".[7] & [8]

 

Dans sa forme moderne, la langue de bois s'apparente au "politiquement correct"[9], qui, venant de l'expression anglo-américaine politically correct, a été introduit dans le Français au début des années 1990 aussi bien par les médias que par les politicien(ne)s et, bien entendu, les "expert(e)s" et autres commentateurs-trices éclairées" et, proche de l'euphémisme[10] classique, qualifie un discours d'où est exclu tout ce qui pourrait desservir socialement un groupe minoritaire dans la manière de l'appréhender.[11].

 

Le politiquement correct est, par excellence, la langue du-de la bien pensant(e), c'est-à-dire de toute personne dont la pensée est conforme à la pensée dominante, laquelle peut aussi être la pensée… unique.

 

Dans son roman 1984, Georges Orwell dote Oceania[12] d'une nouvelle langue, le "novlangue", constituée d'assemblages de mots (exemple : Angsoc pour socialisme anglais) et appelé à se substituer à l'Anglais, langue officielle, afin de pouvoir définitivement éradiquer toute possibilité d'hérésie par rapport à la pensée unique dictée par Big Brother . La novlangue est soumise à une politique de réduction constante du vocabulaire. Cette "politique linguistique" participe du formatage et du contrôle de la pensée des gens et repose sur une altération du sens logique. Ainsi, un même mot peut avoir deux sens différents selon la personne (un "ami" ou un "ennemi") que l'on qualifie, ce qui fait que, compte tenu de cette destruction de la logique, il n'est plus possible d'avoir un discours critique de Big Brother, le sens effectif d'un mot ne pouvant être que celui voulu par Big brother !

 

Le fondement de la langue de bois est donc très souvent un… vide, quand celui de la nov'langue est une simplification poussée à l'extrême, qui, ce faisant, vide les mots de quelque sens que ce soit pour les réduire à des simples "signes de ponctuation"[13].

 

La liberlangue a commencé à apparaître, à se formaliser, à se codifier avec le Politiquement correct et, procédé plus subtil, moins voyant, plus… politiquement correct[14], ne ressortit pas à la destruction du sens logique des mots et, au-delà, de toute logique comme la novlangue de Georges  Orwell[15], mais à des… glissements de sens[16] qui, par… "impression" répétée, martelée, assénée… sur des cerveaux préalablement formatés et rendus… "disponibles", permettent de constituer un vocabulaire fait de mots à sens… uniques, mode naturellement d'expression… unique d'une pensée… unique : la pensée dominante.

 

Le fondement linguistique, mais également sémantique de la liberlangue, est, pour une très large part, historiquement datable : le XIXème siècle : il s'agit du vocabulaire des théoriciens du capitalisme : Adam Smith, David Ricardo, Thomas Malthus… mais aussi, Wilhelm von Humboldt[17], Herbert Spencer, Lysander Spooner, Frédéric Bastiat, Gustave Molinari[18]… qui ont non seulement théorisé le capitalisme comme mode d'organisation du système de production, de distribution et d'échange, mais également théorisé et conceptualisé l'idéologie de ce système, sous l'appellation de libéralisme.

 

Le vocabulaire de la liberlangue a également effectué des emprunts à des vocabulaires d'usages antérieurs au XIXème siècle : religions[19], diplomatie, "art" militaire[20]. En outre, les glissements de sens évoqués ci-dessus étant souvent faits vers l'acception juridique des mots, on trouve de nombreux emprunts au Latin et, plus précisément, au vocabulaire juridique latin.

 

Prenons trois exemples :

 

Les droits sociaux des salarié(e)s, qui ne sont jamais que la légalisation de conquêtes sociales obtenues au prix de luttes sociales et aucunement des "libéralités" accordées par le pouvoir en place, sont désormais des… avantages, terme qui a fait l'objet d'un double glissement[21] :

 

·        d'abord,

o       du langage sportif et militaire "moderne" (XIXème siècle)[22] [Prendre, perdre, ressaisir l'avantage (dans un combat, une lutte). Vx Remporter un (grand) avantage. gain, succès, victoire. (1855) Sport Avoir l'avantage sur son adversaire. Donner l'avantage à l'adversaire au début d'une épreuve sportive.  handicap (cf. Rendre des points). (1898) Tennis Point marqué par un joueur ou un camp, lorsque la marque est à 40 partout. Avantage (au) service, avantage dehors]

o       vers une acception du langage courant ancien [1196 "profit"; 1190 "ce qui est placé en avant; saillie"; de avant, XIIIème : Ce par quoi on est supérieur (qualité ou biens); supériorité.  atout, avance, prérogative. Avantage naturel. Avantage acquis. Bénéficier, jouir d'un avantage. Elle a sur sa sœur l'avantage de l'intelligence. L'avantage de la fortune, de l'expérience. Les défenseurs avaient l'avantage du nombre, ils étaient plus nombreux. Les circonstances lui donnent l'avantage. Cette audacieuse allégation "donna l'avantage à la défense" (Balzac). — C'est un avantage de (et l'inf.). "C'est un terrible avantage de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser" (Rivarol). — Fam. et vieilli (plur.) Les avantages d'une femme, ses rondeurs, ses appas. TIRER AVANTAGE DE (qqch.), en tirer une occasion d'affirmer une supériorité quelconque, en tirer un bénéfice. Tirer avantage de qqch. contre qqn. À L'AVANTAGE DE (qqn) : de manière à lui donner le dessus, une supériorité. "tourner ses défauts mêmes à son avantage" (A. Gide). La mésaventure tourna à son avantage.  faveur. — (En attribut)  Être, se montrer, paraître à son avantage : être momentanément supérieur à ce qu'on est d'habitude. Elle est plutôt à son avantage, avec cette robe : cette robe l'avantage.

·        puis de ce sens commun, déjà descriptif d'une "inégalité", vers l'acception juridique de "Ce qui rompt l'égalité au profit de qqn (libéralité, don). Avantage au profit d'un associé, d'un créancier; avantage matrimonial".

 

Au terme de ce second glissement, le droit social-avantage est devenu un… privilège[23] à l'image des privilèges monarchiques et aristocratiques que les Bourgeois(es) ont aboli le 4 août 1789, au nom de l'égalité sociale et politique, pour pouvoir donner pleine et entière liberté au… capital.

 

Ainsi, oublieux-euses de la dette contractée envers les salarié(e)s qui leur ont légué ces droits conquis, droits qui ne sont aucunement accessoires, négligeables puisque ce n'est que grâce à eux qu'ils-elles peuvent (encore, mais pour combien de temps ?)… (sur)vivre, les salarié(e)s, en tant que citoyen(ne)s (!?!), oubliant aussi que leur statut de salarié(e)s les "qualifie" légitimement, du point de vue socioéconomique, de… prolétaires, se prenant pour les acteurs-trices principaux-ales du spectacle appelé autrement "vie politique, publique", telle la meute sanguinaire à la curée, au nom de l'égalité sociale et politique, réclament à corps et à cris, à hue et a dia, l'abolition des droits sociaux ![24]

 

 

Désormais, la grève n'est pas autre chose qu'un abus de droit qu'une… prise d'otages.

 

A l'origine, dans le langage courant mai aussi juridique, la grève[25] est soit la cessation volontaire et collective du travail, décidée par les salariés dans un but revendicatif (augmentation de salaire, amélioration des conditions de travail, protestation contre les licenciements, etc.) et entraînant la suppression du salaire pendant cette période, soit l'arrêt volontaire et collectif d'une activité, par revendication ou protestation. Son "corollaire" patronal est le lock-out.

 

Une évidence : il ne peut y avoir de grève sans… droit de grève, droit qui, bien entendu, est institué par la Loi, laquelle définit les conditions et modalités d'exercice de ce droit[26]. Le droit de grève est donc le droit pour une personne employée[27] de cesser le travail pour manifester un désaccord[28] ou revendiquer des améliorations d'ordre professionnel.[i]

 

En France, mais cela est également vrai dans de nombreux autres pays, le droit de grève est garanti par la Constitution mais aussi par des textes internationaux s'imposant aux textes nationaux.[29].

 

A priori, il ne semble pas pouvoir être… abusif que d'exercer un droit. Qu'en est-il donc de l'abus de droit ? L'abus de droit est une notion juridique qui permet de sanctionner tout usage d'un droit qui dépasse les bornes de l'usage raisonnable de ce droit ; elle existe dans la plupart des systèmes juridiques dits de droit civil.[30]

 

[Il n'est pas inintéressant de rappeler au passage que "abus" vient du Latin "abusus"[31] et que l'abusus – droit réel s'exerçant sur une chose, un bien mobilier – et donc, à une certaine époque, aux serfs, aux esclaves… - est l'un des trois attributs du droit de propriété, à savoir, le droit de disposer de son bien, qu'il s'agisse de la disposition juridique de son bien par l'aliénation (vente ou don) ou matérielle par la destruction., les deux autres attributs étant l'usus, le droit de détenir et d'utiliser une chose sans en percevoir les fruits (le droit d'habiter dans une maison dont on a l' usus) et le fructus, le droit d'en percevoir les fruits et revenus (le droit de louer une maison dont on a le fructus et le droit d'en percevoir les loyers).]

 

En France, l'abus de droit ne relève pas d'une définition législative mais d'un corpus jurisprudentiel. Ainsi, plusieurs critères, variés et non cumulatifs d'ailleurs, ont été retenus au fil des jugements et, de façon générale, on peut considérer qu'est qualifiable d'"abus de droit" le fait pour une personne de choisir, parmi plusieurs possibilités, offrant le même bénéfice, d'exercer son droit, celle qui est le plus dommageable pour les tiers. Autrement dit, l'abus de droit se caractérise par la concomitance de deux actes juridiques : celui de choisir un droit (ou une procédure) parmi d'autres et celui d'une intention délibérée de causer le plus grand préjudice possible au tiers à l'encontre duquel ledit droit est exercé[32].

 

Une autre source de la définition de l'abus de droit est ce que les juristes appellent la "doctrine" et qui, généralement, est constituée de tentatives de théorisation faites par des universitaires ou des professionnels du Droit. Dans ce cadre, l'abus de droit participe de deux formes d'abus : l'abus-social et l'abus-intention-de-nuire, le premier caractérisant le détournement d'un droit vers une fin illégitime [et non nécessairement illégale, ce qui laisse la porte ouverte à l'interprétation personnelle sur la base de "valeurs morales"] contraire à l'objectif poursuivi par ce droit[33], le second étant constitué par l'emploi d'un droit aux seules fins de nuire à la personne à laquelle le droit est opposé.

 

Il est important de noter que, en France, la jurisprudence, au fil de ses jugements, a donné la primauté à cette seconde conception de l'abus de droit mais que, toujours en droit, le fait de grève n'est pas constitutif d'une intention délibérée de nuire au parton de la part du-de la salarié(e) qui exerce son droit de grève.[34]

 

A présent, voyons ce qu'est un otage. Le Petit Robert, en donne la définition suivante : ostage 1080, aussi "logement, demeure"; de oste "hôte", les otages étant d'abord logés chez le souverain. 1) Personne livrée ou reçue comme garantie de l'exécution d'une promesse, d'un traité (militaire ou politique).  gage, garant, répondant. Servir d'otage. Prisonniers retenus comme otages. Fusiller des otages en représailles. Échange d'otages entre pays. Journalistes gardés en otages au Proche-Orient. 2) Personne dont on se saisit et que l'on détient comme gage pour obtenir ce que l'on exige. Hold-up avec prise d'otages. Preneur d'otages. Un client de la banque a été emmené en otage. Les ravisseurs exigent une rançon pour libérer les otages. Fig. Être l'otage de : être l'objet d'une pression, d'un chantage politique, économique, etc.

 

Selon l'Encyclopédie Wikipédia, "un otage est une entité qui est tenue par un ravisseur dans le but d'obliger l'autre partie à agir ou se retenir de faire d'une certaine façon. Un otage est une personne innocente, retenue prisonnière par un preneur d'otage, et dont la vie sauve et la libération dépendent d'une exigence à remplir par une tierce partie. Les armées en guerre ont souvent, par le passé, recouru à cette pratique en territoire ennemi pour assurer la sécurité de leurs troupes ou réprimer des actes hostiles. Ce fut notamment le cas durant les deux Guerres mondiales. Quand le motif de l'enlèvement est apolitique et ne vise qu'à l'obtention d'une rançon, on parle de kidnapping ou de rapt. Dans d'autres cas, il s'agit d'une forme de terrorisme visant à la libération de prisonniers, à la livraison d'armes, à l'impunité des ravisseurs. Dans l'Antiquité, des otages étaient parfois offerts à un autre État pour garantir un traité. Trop impopulaire, cette pratique ne semble pas s'être maintenue".

 

Un otage est donc un moyen de pression exercé sur une personne (personne physique ou morale) pour obtenir quelque chose d'elle ou bien pour obtenir qu'elle ne fasse pas quelque chose.  La prise d'otage implique donc l'attente d'une contrepartie de la part du tiers ayant une relation directe avec ledit otage.

 

Or, s'il arrive que des dirigeants ou cadres d'une entreprise en grève, soient "retenus", en quelque sorte en otage, par des grévistes[35], une grève ne peut être assimilée à une prise d'otage de tierces personnes sans lien avec l'objet du conflit ayant suscité la grève (la population en général donc) dans la mesure où :

 

 

Mais, à l'évidence, la notion de "prise d'otage", savamment mise en scène par le Pouvoir et les médias, frappe, impressionne[36] les esprits parce qu'elle "parle" à l'inconscient (quand ce n'est pas l'imaginaire) collectif en renvoyant à des "images" précises : les otages pris et fusillés par les nazis[37], les otages des "terroristes" palestinien(ne)s et autres intégristes islamistes, les otages des FARC[38]… Et c'est pourquoi, désormais, une grève n'est plus un arrêt de travail, un blocage d'entreprise[39] mais une… "prise d'otages"[40] et que tous les cerveaux rendus disponibles aux messages publicitaires et propagandistes par les médias les gobent au point de "condamner", au nom d'une Justice faite vindicte populaire (!?!), une grève et, au-delà, La Grève alors même que, salarié(e)s, la seule "arme" dont ils-elles disposent pour se défendre contre les abus (au besoin, de… droit) de leurs patrons (exploiteurs) est… la grève[41].

 

Enfin troisième et dernier exemple : de mai 68 faisons table rase ![42], la formulation exacte étant "Il faut liquider l'héritage de mai 68".

 

Si l'on considère la formation juridique de la personne qui demande la liquidation de l'héritage de mai 68 on pourrait, légitimement, se dire qu'il s'agit de "calculer le montant de la somme due au titre de cet héritage"[ et de s'en acquitter (c'est-à-dire, de payer ses dettes)], ou bien d'"assurer l'ensemble des opérations préliminaires au partage" de cet héritage que les Français(es) auraient "reçu en indivision", ou encore de "procéder à la vente (éventuellement, au rabais)" de cet héritage…

 

On peut douter que cette formulation ait une référence psychanalytique et qu'il s'agisse donc de (se-nous) "guérir d'une névrose par élimination d'une cause inconsciente révélée au cours de l'analyse".

 

Mais, dans le contexte d'un vocabulaire souvent grossier, vulgaire, pour ne pas dire ordurier[43], il semble qu'il faille considérer que la liquidation demandée est d'un autre genre et, que par référence à cette autre définition du terme liquidation " le fait de tuer, de se débarrasser de qqn. La liquidation d'un témoin gênant.", le "liquider l'héritage de mai 68" en question ressortisse à cette autre acception :"3) (1931) Fam. En finir avec (qqn ou qqch.). Liquider une affaire, un différend.  se débarrasser. Liquider un témoin gênant.  éliminer, tuer. "Votre ancienne monarchie avait depuis longtemps liquidé la féodalité" (Romains). — Par ext. Finir, terminer (qqch.). Liquider les restes. — C'est liquidé, on n'en parle plus."

 

Quelque chose me dit que c'est cette dernière acception qu'il faut retenir et que le projet en question est donc de se débarrasser de ce que mai 68 a pu laisser en héritage aux générations actuelles, notamment en terme de… droits sociaux, dont on sait désormais qu'ils sont des avantages, des privilèges dont il faut effectivement se débarrasser au nom de la Liberté et de l'Égalité[44].

 

Curieux paradoxe que ce soit les libéraux qui puissent réaliser le projet communiste de faire table rase du passé ! Mais il est vrai qu'il ne s'agit pas du Passé au sens de l'Histoire mais, par référence au vocabulaire économique, d'un "passif" dont l'apurement est impératif pour assurer l'optimisation de la circulation des actifs[45] et donc de l'optimisation des profits !

 

A ce sujet, il faut noter que, si de façon générale, à la différence de la langue de bois qui fait dans la litote, l'euphémisme, le clair obscur, la liberlangue fait dans le… franc parler, au besoin brutal, parfois, sorte de pied de nez faits aux Ancien(ne)s par les Modernes, certain(e)s liberlanguistes font dans l'ambiguïté sous le couvert d'un parler de "mec" (un… "vrai"). Ainsi, dans cet exemple, nous constatons que "liquider" a une référence juridico-économique évidente, mais peut aussi évoquer le langage du roman noir qui est celui aussi bien des détectives que des… gangsters, ce qui ne peut que plaire aux Dupont-la-Joie dont on sait qu'ils-elles sont nombreux-euses en cette époque d'un absolu sécuritaire, réminiscence d'un certain passé vichyste.

 

 

Il ne s'est agi pour moi que de prendre quelques exemples (trois en l'occurrence) pour illustrer cette nouvelle langue qui est celle des dirigeant(e)s politiques et économiques actuel(el)s, dont les fondements sémantiques sont les "textes sacrés" de la théorie du capitalisme et de l'idéologie du libéralisme,  et qui, point essentiel, lentement mais sûrement, est en train de devenir la langue officielle et unique d'une pensée unique[46]. En somme d'ouvrir la voie d'une recherche plus systématique ou, du moins, les oreilles et les yeux à une lecture plus attentive, plus critique des propos tenus, propos qui participent d'un seul et même discours, d'une seule et même langue : la liberlangue.

 

L'enjeu est important car, par des voies moins grossières que celles de la novlangue d'Océania et de Big Brother, le résultat attendu à très brève échéance sera le même : l'impossibilité de développer un discours critique comme expression d'une pensée critique et, singulièrement, contestataire, sauf à accepter que le seul lieu "toléré" d'expression a-normale d'une pensée a-normale sera un lieu d'enfermement, qu'il se nomme et se pratique asile psychiatrique, prison, camp de concentration, camp de rééducation…

 

JC

30/01/09


 

[1] Du nom plus savant de xyloglossie, du grec xylon, bois et glossa, langue.

[2] Autrement dit, comme le chèque de bois, la langue de bois est sans… provision, autrement dit dénuée de sens. On trouvera sur http://g.langue.de.bois.free.fr/index.html un générateur de textes en langue de bois des plus réalistes.

[3] Au sens d'émouvoir, de frapper, de toucher, voire de bouleverser et donc de faire… impression, mais aussi d'influencer, d'intimider, de troubler, de désorienter…

[4] Par référence au sophisme mais aussi à la… sophistication.

[5] Voir à ce sujet les recommandations de Machievel en matière de discours du Prince.

[6] du grec demos, le peuple, et ago, conduire.

[7] Une forme moderne de la démagogie est le populisme, lequel fait souvent appel à un vocabulaire grossier, ordurier, vulgaire, simpliste, dans une forme agressive, alors que la démagogie grecque, parce qu'elle était le fait d'une élite cultivée, était une rhétorique et, en tant que telle, un véritable… art.

[8] Wikipédia : " Le discours du démagogue sort généralement du champ du rationnel pour s'adresser aux passions, aux frustrations de l'électeur. Il recourt en outre à la satisfaction des souhaits ou des attentes du public ciblé, sans recherche de l'intérêt général mais dans le but unique de s'attirer la sympathie et de gagner le soutien. L'argumentation démagogique est délibérément simple afin de pouvoir être comprise et reprise par le public auquel elle est adressée. Elle fait fréquemment appel à la facilité voire la paresse intellectuelle en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes et immédiates.

Le terme "démagogie" aujourd'hui est largement perçu avec une connotation péjorative. En effet, l’étymologie du mot grec traduit plutôt le terme "démagogue" comme celui qui éduque, qui conduit le peuple.

La démagogie, même si elle est inhérente à toute démocratie, fausse le jeu d'une conception idéalisée de la démocratie produisant bien souvent des effets contraires à l’intérêt général.

Souvent confondue avec le terme populisme, la démagogie se différencie de celui-ci dans la mesure où elle renvoie à l'idée de "dire au peuple ce qu'il veut entendre" (d'où l'utilisation de termes simplistes), alors que le populisme renvoie à l'idée de "faire ce que le peuple souhaite"."

[9] La francisation québécoise est sans doute plus évidente : rectitude politique.

[10] Petit Robert : euphémisme [Vfemism] n. m. 1730; gr. euphêmismos, de eu "bien" et phêmê "parole". Expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait qqch. de déplaisant, de choquant. Syn. adoucissement; litote. "Handicapé" pour "infirme" est un euphémisme. De même "mal-entendant(e)", "mal-voyant(e)" pour sourd(e) et aveugle.

[11] Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Politiquement_correct

[12] Pour mémoire : L'histoire se passe à Londres en 1984, d'où le titre du roman. Le monde, depuis les grandes guerres nucléaires des années 1950, est divisé en trois grands "blocs" : l'Océania (Amériques, Royaume-Uni, Océanie et Afrique), l'Eurasia (Europe et Russie) et l'Estasia (Chine, Inde, Mongolie, Tibet et Japon) qui sont en guerre perpétuelle les uns contre les autres. Ces trois grandes puissances sont dirigées par différents régimes totalitaires revendiqués comme tels : respectivement l'Angsoc (ou "socialisme anglais"), le "néo-bolchevisme" et le "culte de la mort" (ou "oblitération du moi"). Tous ces partis sont présentés comme communistes avant leur montée au pouvoir, avant de devenir des régimes totalitaires et de reléguer les prolétaires qu'ils prétendaient défendre au bas de la pyramide sociale. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/1984_(livre).

[13] Lire à ce sujet mon texte : Effectivement… Effectivement ! vous avez dit effectivement ?... Effectivement…

[14] Et, de mon point de vue, plus malicieuse, plus insidieuse, plus pernicieuse…

[15] Au point que "2+2=5", ou bien 3, ou bien encore… 4, selon la volonté du Parti, le bon vouloir de Big Brother et que, interrogé a priori sur le résultat de cette addition, en l'absence de réponse donnée a priori, il n'est pas possible de donner la solution !

[16] Glissements qui peuvent tout à fait se faire vers une acception ancienne, voire archaïque tombée en désuétude.

[17] Auteur, notamment, de : Essai sur les limites de l'action de l'État.

[18] Ces derniers auteurs étant les théoriciens de ce libéralisme "exacerbé" qu'est le… libertarianisme que l'on retrouvera mis en œuvre avec Reagan et Thatcher et leurs successeurs-euses.

[19] Les trois sectes monothéistes de l'Occident.

[20] Clausewitz en particulier.

[21] Sauf indication contraire la source lexicographique est le Petit Robert.

[22] Ce qui fait déjà impasse sur cette autre acception ancienne, sans charge péjorative, négative :  (1196) Ce qui est utile, profitable (opposé à inconvénient).  2. bien; bénéfice, intérêt, profit. Cette solution offre, présente de grands, de précieux avantages. Retirer un avantage appréciable de qqch. Ces projets sont également intéressants, chacun a ses avantages. Accorder, offrir, procurer, garantir de notables avantages à qqn. Avantage pécuniaire.  gain, rémunération, rétribution. Avantages en nature. Abandonner un avantage réel pour un profit illusoire (cf. Lâcher la proie pour l'ombre).  intérêt. Le nouveau "aurait demandé des avantages exorbitants, une participation aux bénéfices" (Duhamel).  AVOIR AVANTAGE À (faire qqch.).  "nous ne pouvons pas être absolument naturels, et nous n'avons pas grand avantage à l'être"  (Larbaud). Vous auriez avantage à vous taire : vous feriez mieux de vous taire. (Politesse) Plaisir, honneur. À quoi "dois-je l'avantage de votre visite ?" (Courteline). Impasse tout à fait compréhensible car cette acception fait, mais de manière positive, référence au capitalisme et donc au libéralisme !

[23] Privilège [pYivilDF] n. m. 1190; var.  privilegie, priviliège; lat. jurid. privilegium "loi concernant un particulier". 1  Droit, avantage particulier accordé à un seul individu ou à une catégorie, en dehors de la loi commune.  apanage. Concéder, donner, retirer un privilège. Avoir, obtenir un privilège. Bénéficier d'un privilège. Les privilèges dont les uns jouissent au préjudice des autres.  passe-droit. — Hist. Les privilèges : droits et avantages que possédaient certaines personnes en raison de leur naissance (nobles), de leurs fonctions (clercs, magistrats), etc.  prérogative. Abolition des privilèges et des droits seigneuriaux dans la nuit du 4 août 1789. "Je trouve impertinents les privilèges de la noblesse. Je quitte une patrie où ces privilèges m'offensent" (Stendhal). Dr. civ. Privilège de juridiction. — Privilège d'une créance : "Droit que la qualité d'une créance donne à son bénéficiaire d'être préféré aux autres créanciers même hypothécaires" (Capitant). Privilège des bouilleurs de cru. — Privilège exclusif.  monopole.  Privilège d'émission de la Banque de France. Anciennt Privilège du Roi, ou ellipt Privilège : autorisation exclusive d'imprimer un ouvrage après examen de la censure.

[24] Deux tristes images s'imposent : celle de l'arroseur arrosé ; celle de la branche sciée sur laquelle on est assis ! Mais il est vrai que la bêtise humaine est une "richesse" qui est la plus répandue, la mieux partagée et, de surcroît, inépuisable.

[25] 1805, repris v. 1844; de faire grève, être en grève "se tenir sur la place de Grève, en attendant de l'ouvrage".

[26] Certes, il peut y avoir grève sans droit de grève mais, dans ce cas, parce qu'explicitement interdite ou implicitement non tolérée, le recours à la grève tombe sous le coup de la Loi et expose, en plus de la répression  policière, voire militaire (quand ce n'est pas l'élimination physique pure et simple), à des sanctions pénales (amendes, emprisonnement…), civiles (dommages et intérêts) et socio-économiques (licenciement…). Ainsi, en France, elle a été expressément interdite par le droit bourgeois de l'époque révolutionnaire, en l'occurrence par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 dont on trouvera une brève étude en fin de texte, étant précisé que l'instauration du délit de coalition par cette loi est comme une esquisse prémonitoire de l'assimilation actuelle à un acte collectif, organisé, "coalisé" de terrorisme.

[27] Et non nécessairement salariée au sens de rémunérée.

[28] Le droit de grève prolonge un autre droit, celui de retrait.

[29] Un très bref historique :

·         14 juin 1791 : instauration du délit de coalition par la loi Le Chapelier ;

·         25 mai 1864 : abrogation du délit de coalition et instauration du droit de grève par la loi Ollivier, que suivra la loi Waldeck-Rousseau autorisant les syndicats en France (1884). Émile Ollivier et Pierre Waldeck-Rousseau étaient considérés comme des "libéraux" sous la IIIe République ;

·         27 octobre 1946 : le droit de grève est pleinement reconnu dans la Constitution ("Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent", art. 7 du préambule) ;

·         3 janvier 1975 : art 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels ;

·         7 décembre 2000 : art 28 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.

[30] L'abus de droit est, cela est moins connu, une conception de l'Administration fiscale pour dénoncer et (re)fiscaliser des montages qu'elle estime "fictifs".

[31] "1361; lat.  abusus "mauvais usage".Action d'abuser d'une chose; usage mauvais, excessif ou injuste. L'abus d'alcool. excès. Chose nuisible par l'abus qu'on en fait. Dr. Abus d'autorité, de pouvoir : acte d'un fonctionnaire qui outrepasse le pouvoir qui lui a été confié. Abus de droit : usage abusif d'un droit. ABUS DE CONFIANCE : délit que l'on commet en abusant de la confiance de qqn. Abus de biens sociaux. détournement.  — Abus sexuels sur les enfants."

[32] Cette double exigence jurisprudentielle est importante, capitale car elle exclut le "préjudice collatéral" que pourrait subir un tiers non directement impliqué dans le litige à l'origine de l'abus de droit.

[33] C'est sur cette base que les tribunaux condamnent la grève qui n'a pas pour finalité la satisfaction de revendications professionnelles mais la modification d'une politique gouvernementale [Chambre sociale 10 mars 1961. Voir Les obligations, Terré, §742c]

[34] En fait, dans le droit de grève, le législateur reconnaît explicitement que le salariat est une relation inégale s'inscrivant dans un rapport de force et que la grève n'est donc qu'un contre-pouvoir au pouvoir patronal, qu'une contre-force à al force du capital.

[35] Dans ce cas, il s'agit, la plupart du temps, de contraindre la direction de l'entreprise concernée à entamer des négociations avec les grévistes et non, notons-le, d'obtenir quoi que ce soit de la part de la direction, le "gain" attendu des grévistes l'étant de la grève, c'est-à-dire de l'arrêt de travail et donc du blocage de l'entreprise.

[36] Pour ne pas dire… terrorise.

[37] Mais, au passage, on oublie que la cause de ces représailles, était un… acte de résistance que l'Histoire comme l'inconscient collectif considèrent comme parfaitement… légitime !

[38] Dont la "libération" de certain(e)s  relève d'une savante cinématographie.

[39] Un blocage de… "machine à faire du profit" pour les capitalistes !

[40] Dans ce contexte, les grévistes du vote – les abstentionnistes – ne sont sûrement plus des "pêcheurs-euses à la ligne, mais bien des terroristes qui prennent le troupeau (oh pardon, l'électorat !) en… otage !

[41] Deux images s'imposent encore : celle, plus amusante, plus "riante" de la personne qui scie la branche sur laquelle elle est assise et celle du-de la kapo qui entretient le système concentrationnaire dont il-elle est victime.

[42] Formulation plus exacte : "Il faut liquider l'héritage de mai 68".

[43]  Assorti de "TOC" un langage ordurier peut être le symptôme d'un syndrome de Gilles de la Tourette, lequel est une affection neurologique chronique rare caractérisée par l'existence de tics, accompagnés ou non de coprolalie (émission de mots orduriers) et d'écholalie (répétition de fragments de mots ou de phrases).

[44] La fraternité est une "vertu" ignorée des pères fondateurs du capitalisme-libéralisme et, assurément, de celles et ceux qui le mettent en œuvre aux plans économique et politique.

[45] Les marchandises – sous toutes leurs formes, y compris… humaines -, mais aussi les valeurs mobilières de placement, les avoirs bancaires, réels ou virtuels…

[46] Parce que… dominante.


 

[i] Loi Le Chapelier (1)

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[N.B. On ne manquera pas de relever que les arguments ayant motivé la loi Le Chapelier sont les mêmes que ceux que l'on entend de nos jours pour… liquider le droit de grève. JC]

La Loi Le Chapelier, promulguée en France le 17 juin 1791, est une loi proscrivant les coalitions notamment les corporations, mais également les rassemblements paysans et ouvriers ainsi que le compagnonnage. Cette loi suit de très près le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791, tant dans ses objectifs que par leur proximité historique. Elle interdisait donc de fait les grèves et la constitution des syndicats au cours du siècle suivant, mais aussi certaines formes d'entreprises non lucratives comme les mutuelles.

Connue sous le nom de l'avocat au parlement de Bretagne, puis député patriote aux États généraux Isaac Le Chapelier, cette loi proscrit le régime général d'exercice collectif des métiers ouvriers (les corporations), avec toute leurs réglementations sociales particulières, et par conséquent le régime de dérogation des manufactures privilégiées (2) & (3) et d'une façon générale tous les marchés paysans (4). Rejetant les corps intermédiaires chers à Montesquieu, dans l'esprit de la nuit du 4 août 1789, son préambule affirme qu'il "n'est permis à personne d'inspirer aux citoyens un intérêt intermédiaire, de les séparer de la chose publique par un esprit de coopération"(5)

À la suite des principes de la physiocratie, cette loi vise à favoriser la libre entreprise, conçue comme le moyen d'assurer l’enrichissement de la nation et le progrès social (6) & (7)

Supprimant toutes les communautés d'exercice collectif des professions, la loi Le Chapelier eut pour effet de détruire les guildes, corporations et groupement d'intérêts particuliers, détruisant du même coup les usages et coutumes de ces corps (8). Elle provoque, dès 1800 chez les ouvriers charpentiers, la formation de ligues privées de défense, appelées syndicats, et des grèves, qu'elle permet de réprimer pendant presque tout le XIXe siècle (9). Bien qu'ils soient également interdits, la loi ne parvient pas à empêcher la formation de véritables syndicats patronaux (10). De même, la loi ne peut empêcher l'organisation de sociétés de compagnonnage (11). Par ailleurs, les coopératives ouvrières, développées à partir de 1834, sont considérées, hormis une brève période sous la Deuxième République, en 1848, comme des coalitions jusqu'à la loi du 24 juillet 1867 sur les sociétés, qui leur reconnaît un statut légal, comportant un chapitre dit "des Sociétés à Personnel et Capital Variables".

La loi suit de très près le décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791, à la fois dans ses objectifs et par sa proximité historique. Le décret d'Allarde contribuera aussi à établir la liberté d'exercer une activité professionnelle en affirmant le principe suivant : "Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer telle profession, art ou métier qu'elle trouve bon".

La loi contribue, avec le décret du 18 août 1792 (12), à la dissolution de l'Université et des facultés de médecine, au nom du libre exercice de la médecine, sans qu'il soit nécessaire d'avoir fait des études médicales ou d'avoir un diplôme, jusqu'à la création des écoles de santé de Paris, Montpellier et Strasbourg le 4 décembre 1794 (13).

Le 12 avril 1803, la loi sur la réglementation du travail dans les manufactures et les ateliers renouvelle l’interdiction des coalitions ouvrières. De son côté, le délit de coalition est réaffirmé dans les articles 414 et 415 du Code pénal de 1810 (14). Le 15 mars 1849, une nouvelle loi est votée contre les coalitions ouvrières et patronales (15).

La Loi Le Chapelier a été abrogée en deux temps le 25 mai 1864 par la loi Ollivier, qui abolit le délit de coalition, et le 21 mars 1884 par la loi Waldeck-Rousseau, qui légalise les syndicats.

Notes

(1) Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_Le_Chapelier

(2) Les règlements des métiers limitant le nombre de compagnons et d'apprentis que pouvait engager chaque maître, il fallait obtenir des lettres patentes de dérogation pour établir une manufacture, c'est-à-dire un nouveau règlement adapté à la production en grand. Mais dans le faubourg Saint-Antoine, qui bénéficiait depuis 1657 d'un privilège royal permettant de travailler sans lettres de maîtrise ni contrôle des jurés parisiens, s'étaient établies des manufactures sans privilèges qui bénéficiaient d'une extraterritorialité par rapport aux communautés de métier de Paris. Espace de concentration ouvrière, c'est dans ce faubourg qu'a lieu l'un des premiers épisodes de la Révolution française, l'affaire Réveillon, en avril 1789.

(3) Alain Thillay, Le Faubourg Saint-Antoine et ses "faux ouvriers. La Liberté du travail à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles", Paris, Éditions Champ Vallon, 2002, 400 pages, p. 94 (ISBN 2876733382)

(4) La vente des produits agricoles, de la viande, du poisson, se faisait en nom collectif dans des halles, sortes de coopératives publiques fonctionnant comme des bourses.

(5) Jef Blanc-Gras, L'évolution des relations sociales dans une société en mutation [archive], mémoire de Master Ressources Humaines, spécialité Conditions de Travail-Compétences, 2006, p. 15-16.

(6) Édith Archambault, "La gestion privée des services sociaux en France : production déguisée ou partenariat innovant?", in Juan-Luis Klein, Association d'économie politique, Benoît Lévesque (dir.), Contre l'exclusion, repenser l'économie, Presses de l'Université de Québec, 1995, p. 187-198 (ISBN 2760508730)

(7) Jef Blanc-Gras, L'évolution des relations sociales dans une société en mutation mémoire de Master Ressources Humaines, spécialité Conditions de Travail-Compétences, 2006, p. 15-16.

(8) "Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Naissance d'un grand texte. Petite chronologie de la reconnaissance du droit d'association, 1789-1901", sur le site de l'Assemblée nationale.

(9) C'est ce que remarque et dénonce Simon-Nicolas-Henri Linguet dès la parution de la loi.

(10) Cette première grève des charpentiers à Paris est rapportée par Frédéric Le Play dans les Ouvriers européens.

(11) Gilles Dal, La Sécurité sociale à ses débuts, réactions suscitées, arguments échangés, aux sources du conflit social, Paris, L'Harmattan, collection "Logiques historiques", 2003, 298 pages, p. 30 (ISBN 2747540111) : l'Association pour la défense du travail national (1846) est la première tentative de fédération du patronat français à l'échelle nationale.

(12) F. du Cellier, Histoire des classes laborieuses en France, Paris, Didier et Cie, 1860, 479 pages, p. 342

(13) Le décret du 18 août 1792 supprime toutes les congrégations d'hommes et de femmes, tant laïques qu'ecclésiastiques, les universités, les facultés et les sociétés savantes.

(14) Jacques Poirier & Françoise Salaün, Médecin ou malade? La médecine en France eux XIXe et XXe siècles, Paris, Éditions Masson, 2001, 321 pages, p. 4 (ISBN 2294003748)

(15) Alain Supiot, "Revisiter les droits d'action collective", in Georges J. Virassamy, Isabelle Dauriac, Ferdinand Edimo-Nana, Philippe Saint-Cyr (dir.), Droits et pratiques syndicales en matière de conflits collectifs du travail, actes du colloque des 18 et 19 décembre 2000, Centre d'Études et de Recherches Juridiques en Droit des Affaires, université des Antilles et de la Guyane, Paris, L'Harmattan, 2002, 178 pages, p. 25-58 (ISBN 2747525503)

(16) "La régulation des relations de travail (1950-2006) – Chronologie"


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