De la Guerre en général et des guerres en particulier

 

"La guerre est un mal qui déshonore le genre humain"

Fénélon

 

Certain(e)s considèrent que la guerre que mène la busherie contre l'Irak est une guerre injuste parce que non respectueuse du Droit international et/ou engagée avec l'accord du Conseil de Sécurité de l'O.N.U. Ils-elles sont donc contre cette guerre. Mais être contre cette guerre au nom sinon de la Justice, du moins du Droit, implique de pouvoir/devoir être pour d'autres guerres dés lors que celles-ci sont justes, c'est-à-dire légales, voire "légitimes" (Ainsi, par exemple, celles de la "première guerre du Golfe", du Kosovo, de Somalie…).

Les anarchistes sont… contre toutes les guerres ou, du moins, contre toutes les guerres menées par des États contre d'autres États et, a fortiori, contre des peuples. Ils-elles sont donc contre la Guerre dés lors que celle-ci est une guerre d'État menée au nom de la raison d'État ou pour le compte d'intérêts particuliers comme le sont ceux du capital, d'un parti, d'une secte…

Pour faire simple, la Guerre d'État est (para)militaire ; ces pourquoi, les anarchistes sont… antimilitaristes : mais comment pourrait-il en être autrement quand l'anarchisme, antiautoritaire par essence, revendique l'abolition et, pour ce faire, l'anéantissement de l'État ?

Est-ce à dire pour autant que les anarchistes sont… pacifistes ? Si, par pacifiste on entend "partisan de la paix", les anarchistes sont à la fois pour la paix entre les peuples et, plus généralement, entre les gens ET contre la paix avec les Etats et leurs appareils d'oppression et de répression, contre la paix avec tous les ordres, qu'ils soient civils, politiques, économiques, idéologiques… qui constituent un obstacle à la paix entre les peuples et les gens, voire qui suscitent et mènent des guerres contre les peuples et les gens, contre la paix avec les classes exploiteuses… Si par pacifisme on entend le refus du recours à la violence, force est d'admettre que des anarchistes sont non-violent(e)s et s'interdisent strictement un tel usage quand d'autres admettent la violence comme moyen nécessaire de lutte et, en particulier, de libération, de résistance.

A plusieurs reprises, les anarchistes ont pris les armes non pas tant pour "attaquer" que pour se défendre (Ukraine, Espagne…). Dans ce cas, on ne peut pas parler véritablement de guerre, du moins au sens d'une guerre militaire d'État mais de résistance, de guérilla, de… guerre civile. Certain(e)s anarchistes ont été et sont partisan(e)s de l'action individuelle violente (attentat, sabotage…). Là non plus, on ne peut parler de guerre car ce terme implique une dimension collective d'organisation.

Mais il serait illusoire de s'imaginer que la guerre, avec tout ce que cela comporte comme violence physique et matérielle, n'est que militaire. La guerre peut être aussi économique, sociale, culturelle, psychologique, sexuelle… En fait, les guerres que mènent les États sur les champs de bataille (lesquels, comme on le voit bien en Irak, sont de moins en moins des théâtres d'opérations militaires, des champs de bataille au sens classique du terme mais des territoires entiers où la soldatesque assaillante ne fait pas de distinction entre civils et militaires) ne sont que l'une des composantes de la guerre totale, globale, permanente qu'ils font, pour leur propre compte, mais aussi pour celui des intérêts particuliers de la classe dont ils sont les représentants et, surtout, les "défenseurs", contre les autres classes et/ou des ensembles d'individus à raison de leurs "particularités" propres – identités – (sexuelles, ethniques…).

Cette guerre totale prend des formes diverses : exploitation économique, sexuelles…, famine, privation de soins, ethnocide, expulsions, déportation, relégation, discrimination, exclusion, ségrégation apartheid, racisme, sexisme….

Être contre la Guerre c'est donc être contre cette guerre totale qui, au nom du capital (avec d'éventuels alibis politiques, religieux, idéologiques…, voire légaux), est menée contre les peuples, c'est-à-dire cette majorité d'individus qui ont le tort d'être du mauvais côté de la barrière, dans le mauvais camp. Mais ce n'est assurément pas refuser de faire la guerre à la Guerre, de lutter, ne serait-ce que pour se défendre, contre l'"assaillant". De se défendre, de lutter… au besoin les armes à la main.

Être contre la Guerre n'implique pas pour autant que l'on soit pour la paix entre les classes. Bien au contraire car être "pacifiste" à l'égard de celles-ceux qui font la guerre au "peuple", c'est capituler, se soumettre, se coucher…

Refuser dieu et maître suppose que l'on accepte d'abattre les dieux et maîtres. Les dieux et maîtres désincarnés, abstraits… ne sont que des idées, des chimères dont il facile de se débarrasser par la seule révolte individuelle, par le seul choix que fait l'individu d'être humain et, en se tenant debout, de rester humain. En revanche, les dieux et les maîtres incarnés et/ou réifiés en systèmes, en ordres ne peuvent disparaître du fait de la seule révolte individuelle, a fortiori d'un simple coup de baguette magique. Ils ne disparaîtront que parce qu'ils seront abolis, anéantis. Personne ne peut attendre qu'ils disparaissent, qu'ils s'anéantissent d'eux-mêmes. Leur anéantissement ne se fera pas par enchantement lors d'une nuit, fût-elle celle du "grand soir". Leur anéantissement se fera par cette guerre particulière qui s'appelle Révolution et qui sera la fossoyeuse de toutes les guerres, la faucheuse de la Guerre parce que l'accoucheuse de l'humanité, d'une société véritablement humaine, l'Anarchie.

Une utopie ? un rêve fou ? A voir… Les esclaves ont les dieux et les maîtres qu'ils méritent. Que les dieux et les maîtres déméritent de leurs esclaves parce que ceux-ci, au besoin par le feu, les larmes, le sang… et alors le glas sonnera pour eux, le drapeau noir s'étendra sur eux pour les reléguer aux oubliettes de la préhistoire.

 


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