De quelques atteintes à la laïcité de l'École de la République

 

L'École publique est l'une des institutions fondamentales[1] de la République. Elle repose sur le principe de la laïcité, c'est-à-dire de l'universalité républicaine primant toutes les particularités et, a fortiori, tous les particularismes susceptibles d'exister dans l'État-Nation pris au double sens d'espace juridico-politique et de territoire. Elle se manifeste donc par la neutralité et l'impartialité de l'instruction[2] qu'elle dispense à l'égard de toutes les conviction spirituelles, philosophiques, politiques, culturelles… En tant que de besoin, elle se doit d'opposer un refus, aussi ferme que définitif, à toute tentative d'immixtion de ces convictions.

Au passage, relevons qu'un raccourci abusivement pratiqué à des fins idéologiques, polémiques et oppositionnelles évidentes consiste à dire que l'École de la République participe de l'anticléricalisme[3] et, en assimilant laïcité à athéisme (qui plus est… militant, c'est-à-dire actif, combattant…), de l'anti-religion. D'où cet intitulé d'École libre attribué aux établissements scolaires privés alors qu'une telle qualification est sémantiquement, juridiquement, philosophiquement et politiquement infondée puisque ces établissements, outre qu'ils peuvent être gérés à des fins lucratives, sont, par nature, par essence, réservés aux seuls particuliers tenant  des convictions (religieuses, politiques, culturels, économiques…) particulières (à titre individuel, collectif, communautaire…) qui ont présidé à la création de ces établissements et qui en définissent les modes de recrutement, d'accès, de gestion, d'organisation… Cette exclusion de l'universalité et cette réservation de lieux, de droits, de pratiques… à tels ou tels particuliers, cela s'appelle de la ségrégation : une École fondée sur une quelconque ségrégation ne saurait donc être qualifiée de… libre ![4]

Les atteintes à la laïcité de l'École de la République ne sont pas que de nature religieuse. Elles peuvent prendre des formes variées et multiples, très visibles ou, au contraire, très larvées, insidieuses…

Sachant que l'on débat beaucoup des immixtion religieuses, ce sont à ces autres formes d'atteinte que nous exposerons à travers quelques exemples :

Notons d'abord cette ingérence de plus en plus prégnante du champ économique – et plus précisément, des entreprises – dans les établissements scolaires. Il en est ainsi des banques avec un concours d'orthographe Dicos d'or scolaires (Crédit Agricole)[5]  et un concours dit des Masters (Groupe C.I.C.) qui est une initiation à la Bourse[6]. Cette ingérence prend bien d'autres formes :

Ø      la présence de plus en plus affichée de marques dans les manuels scolaires au point que l'on peut se demander si ces manuels sont illustrés de dessins, de photographies, de schémas… ou s'ils ne sont pas devenus des sortes de vitrines commerciales ou de catalogues de vente par correspondance !

Ø      la distribution de matériaux et équipements dits pédagogiques faisant aussi apparaître de façon ostentatoire l'identité du mécène (!?!)

Ø      l'organisation, sous l'égide de marques et même, souvent, avec des représentants[7] de ces entreprises, d'activités dites éducatives comme, par exemple, l'apprentissage du brossage dentaire avec, bien entendu, la remise de dentifrice, de brosses à dents et de gobelets X ou Y

Ø      le recours de plus en plus régulier et systématique à des logiciels qui, qualifiés de didacticiels, sont présentés comme des outils pédagogiques ou des vecteurs d'accès à  des connaissances alors que, outre la large place qu'ils accordent à des publicités de marque, forment – au sens d'adapter, de conditionner, de formater… - les élèves à l'usage exclusif de tels ou tels équipements et fournitures informatiques de telle ou telle entreprise[8]

Ø      la distribution – avec, au besoin, animation sur place[9] par des représentants d'entreprise – de jeux, jouets, matériels… para-scolaires

Ø      la préférence de plus en plus marquée donnée à la visite de lieux privés - l'exemple le plus manifeste en étant les parcs dits de loisirs - aux dépens de lieux publics – musées, bâtiments officiels, monuments historiques… -, étant précisé que ces visites sont précédées de véritables campagnes publicitaires et que, il est vrai, elles s'assortissent souvent de tarifs préférentiels[10] et d'autres avantages accordés aux encadrants quand elles ne sont pas offertes à titre de récompenses comme le sont certains gadgets avec certains produits (bien entendu… achetés)

Ø      la tenue de plus en plus régulière[11] dans les établissements scolaires de salons de l'emploi et de la formation qui ne sont rien d'autres que des campagnes de recrutement d'entreprises et d'organismes de formation et qui, pour les plus jeunes, peuvent abusivement infléchir des choix d'orientation

Ø     

Une autre atteinte de la laïcité est la présence de plus en plus importante d'associations – par nature et en droit privées et particulières – dans l'espace et, même, dans le temps scolaires. Il en est ainsi :

Ø      des activités dites éducatives, même si l'approche est essentiellement ludique, comme par exemple, les activités artistiques ou, plus généralement, culturelles, sachant que ces activités ont une fâcheuse tendance à se faire aux dépens de l'instruction des élèves, c'est-à-dire de matières d'enseignement

Ø      de l'accompagnement scolaire – ou du soutien ou bien encore de l'aide aux devoirs – qui, même s'il se fait en dehors de l'espace scolaire, est organisé en substitution de ce que devrait normalement faire l'École

Ø      de l'animation de l'accueil, doux euphémisme désignant en fait l'accueil lui-même qui n'est alors pas/plus assuré par le personnel des établissements scolaires

Ø      de l'animation de certains moments du temps scolaire non affectés à l'instruction elle-même : la cantine, la récréation, la permanence…

Ø      de la médiation sociale – autre euphémisme pour occulter ce à quoi elle se substitue : la discipline – aussi bien dans l'espace scolaire qu'entre celui-ci et son environnement : l'espace public, les familles, les lieux de vie…

Ø      de la régulation, voire l'arbitrage et, éventuellement, la sanction de certains actes et comportements relevant, normalement, d'un traitement à l'interne : conseil de discipline, accompagnement psychosociologique…

Ø      de la médiation École-parents (ou familles), sachant que, dans ce cas, les médiateurs ne se contentent pas d'assurer la relation entre l'École (et, notamment, les enseignants) et les parents mais, de plus en plus, assument, de facto, la représentation des parents (estimés défaillants ou, pour le moins, absents)

Ø      de la médicalisation sociale de certains troubles comportementaux et/ou fonctionnels (exemple : la dyslexie) confiée, au mieux, à des praticiens mais, souvent, et donc au pire, à des travailleurs sociaux – terme pris dans son acceptation la plus large – dont la seule compétence professionnelle n'est bien souvent que… leur bénévolat[12]

Ø      de l'externalisation de certaines activités comme, singulièrement, les activités sportives alors que, en principe, l'éducation physique et sportive est une matière d'enseignement et participe donc de l'obligation d'instruction de l'École de la République

Ø     

L'ingérence associative pose de nombreux problèmes :

Ø      (en principe) une association, par nature et essence privée et particulière, porte un projet social qui n'est pas nécessairement universel. Ce projet peut en effet résulter de convictions (philosophiques, religieuses, politiques…) en contradiction, voire en opposition avec le principe d'universalité qui est celui de la laïcité.

Ø      les compétences professionnelles, les méthodes et les ressources pédagogiques utilisées, les modes et temps d'organisation et de fonctionnement… des associations ne sont pas forcément satisfaisantes, cohérentes avec les contraintes et besoins des élèves et de l'École, coordonnées avec le temps et le rythme de vie des enfants, évaluables (et contrôlables)…

Ø      cette ingérence se fait souvent avec l'accord ou, pour le moins, la complicité de l'Éducation Nationale alors qu'elle est l'une des caractéristiques du démembrement d'un Service Public

Ø      tolérée, voire acceptée ou même incitée par la Puissance Publique elle ne peut qu'aller dans le sens du démantèlement général, systématique des Services Publics prônés – au nom de la Liberté ! - par les tenants d'un libéralisme à tous crins et, à terme, consacrer une Instruction, publique ou privée, à deux vitesses

Ø      elle ne participe pas nécessairement d'un projet éducatif (comme porteur d'un projet de vie) global, cohérent et pertinent

Ø      elle risque fort de conforter la défaillance des parents d'élèves et, ainsi, de contribuer à la déstabilisation/déstructuration de l'autorité parentale (qui est le fait de parents d'enfants) et de l'équilibre familial

Ø      en instituant de fait la captation de la représentation de certains citoyens – en l'occurrence, les parents -, dans un cadre ni constitutionnel, ni juridique, ni… politique, elle fait courir le risque majeur de fausser l'action et l'expression citoyennes de la res publica et, par là-même, de saper les fondements de la République et les bases de la Démocratie

Ø     

Abordons à présent une autre forme, beaucoup plus larvée et discrète d'atteinte à l'École de la République : celui du soutien/retrait financier des Collectivités Territoriales.

Le financement des établissements scolaires privés est encadré par un corps de lois et règlements qui, outre qu'il offre malgré tout des facilités que l'on ne peut que regretter et même condamner en tant que républicain et donc laïque, permet de nombreux (con)(dé)tournements qui sont autant d'atteintes aux obligations que les Collectivités Territoriales ont envers l'École de la République. Ainsi :

Ø      les soutiens financiers des Collectivités territoriales aux établissements scolaires ne sont pas nécessairement uniquement financiers ; ils peuvent prendre diverses formes comme, par exemple, des prestations en nature : mise à disposition gratuite de terrains, locaux et/ou d'équipements ; prestations de réparation et d'entretien assurées par le personnel de la Collectivité considérée ou payée par elle mais budgétairement imputé à un autre poste que celui des subventions accordées aux établissements scolaires privés ; octroi de droits de tirage sur un marché annuel conclu avec une entreprise de transports…

Ø      le subventionnement d'associations satellites d'établissements scolaires : associations de parents d'élèves, foyers socio-éducatifs, associations de type les amis de quelque chose, ledit quelque chose étant, en fait, un établissement scolaire privé considéré non du point de vue de sa fonction scolaire mais de son statut de bien patrimonial, associations socioculturelles et sportives diverses…, les crédits correspondant échappant alors à une imputation budgétaire plus précise – et plus gênante – qui serait celle du financement d'établissements scolaires privés

Ø      généralement, les Collectivités Territoriales communique sur le ratio contribution financière/élève en faisant valoir que les établissements scolaires privés ne sont pas mieux (ou moins bien : cela dépend de l'environnement politique !) que ceux du secteur public. Or, en la matière, la marge de manœuvre est grande pour pouvoir faire varier ce ration dans le sens que l'on veut en fonction d'impératifs électoraux. Ainsi, par exemple, si une Collectivité Territoriale prend en compte les frais salariaux des personnels dont elle a la charge dans les établissements scolaires publics relevant de sa compétence (hors enseignants donc), elle peut faire apparaître le ratio précité comme étant supérieur à celui des établissements scolaires privés alors que, pour ces derniers, le ratio mesure une aide directe hors charges salariales !

Ø      les pressions exercées sur l'Éducation Nationale par des Collectivités Territoriales pour (re)définir des cartes scolaires peuvent avoir des incidences nullement négligeables sur le choix que font les parents entre les établissements publics et privés, ce qui peut avoir comme conséquence directe, si l'incidence se traduit par une priorité significative attribuée par les parents aux établissements privés en raison même de ladite carte… la fermeture de classes publiques en raison d'effectifs insuffisants !

Ø      de même, l'organisation, par ces mêmes Collectivités, des cartes du ramassage scolaire peut jouer en faveur des seuls établissements privés – l'inverse est, il est vrai, techniquement possible, mais, de façon générale, force est de constater que c'est plutôt une exception -.

Ø     

Ainsi, dans certaines régions (au sens géographique), il n'y a pratiquement plus d'École publique et les parents n'ont d'autre recours que de scolariser leurs enfants dans des établissements privés et, ainsi, ceux-ci étant le plus souvent confessionnels, de les distraire de l'universalité de l'École de la République pour les soumettre au particularisme, au demeurant… religieux !

Je mentionnerai à présent une intrusion de plus en plus systématique, expansionniste à la marge de l'ingérence. Je veux parler de celle de l'information au sens de messages informatifs et cognitifs délivrés par les médias (journaux, radio, télévision et internet).

Ainsi, en ce qui concerne l'écrit, force est de constater que les coupures de presse ont de plus en plus tendance à se substituer aux textes littéraires, classiques ou modernes, et ce, aussi bien pour le français que les langues vivantes. Or, outre que les articles ne sont pas nécessairement – loin de là ! – un support pertinent au regard de l'orthographe, de la grammaire et de la sémantique pour asseoir l'apprentissage d'une langue, il ne faut pas oublier que ces articles font obstacle à l'apprentissage raisonné, direct, objectif, neutre et scientifique du réel par les élèves puisqu'ils ne sont pas l'expression directe de ce réel mais la relation – la médiation – qui en est faite par des tiers. Or, ces tiers sont des journalistes et non des enseignants ; autrement dit, même si déontologiquement, il revendique l'objectivité de leur relation du réel, il n'en demeure pas moins, outre qu'ils appartiennent nécessairement à une rédaction politiquement, philosophiquement, économiquement et culturellement[13] marquée[14], leur professionnalisme ne les soumet pas pour autant à ce principe de neutralité et d'universalité qui est celui de la Laïcité[15].

Par ailleurs, le recours de plus en plus intensif à l'image, fixe ou animée, muette ou sonore, ne manque pas – les évaluations d'orthographe, à quelque niveau de scolarité que l'on se situe, étant là pour le rappeler si besoin était – de faire en sorte que, de plus en plus, le poids des mots s'éthérise au seul profit du choc des photos !

En outre, étant de plus en plus explicites – au sens de suggestives, persuasives, normantes… - et jouant davantage sur l'affectif, l'émotionnel, voire le passionnel que sur la raison, les images ont une fâcheuse tendance à produire une certaine normalité qui, teintée de particularités/particularismes identitaires fortement communautaristes, est non seulement antinomiques d'une instruction bien comprise mais encore fait obstacle à l'institution, par l'École de la république, de citoyens, véritables et effectifs.

Internet ne peut manquer de me faire faire une allusion à l'utilisation de plus en plus courante de logiciels de traitement de texte comme outil d'apprentissage de l'écriture et, accessoirement, de la lecture :

Les logiciels de traitement de texte me semblent présenter, au moins, deux inconvénients majeurs en ce domaine :

Ø      ils médiatisent l'acte d'écriture et sa résultante, l'écrit ; de ce fait, non seulement ils rendent l'écriture et l'écrit virtuels, volatiles, fugaces, éphémères, kaléidoscopiques[16]…, mais encore ils introduisent une distanciation, matérielle, intellectuelle et affective, entre l'écrivain et l'écrit et, de ce fait, dénudent les mots en les vidant de tout sens ;

Ø      dotés de correcteurs d'orthographe et de grammaire, ils ne peuvent que contribuer à l'évacuation de ces matières des programmes d'enseignement alors que, en toute objectivité, ils ne permettent l'apprentissage ni de l'une, ni de l'autre. En effet, pour l'orthographe, les correcteurs automatiques jouent sur les seules similitudes d'apparence (le nombre de lettres, leurs places, leur sonorité…), raisonnent exclusivement par analogie et font  naturellement totalement l'impasse sur le sens. Pour la grammaire, je me contenterai de rappeler (ou d'apprendre ?) que les correcteurs usuels ne connaissent que deux seuls modes : l'indicatif et l'infinitif (pour certains, on peut, il est vrai, rajouter le conditionnel) et que, par conséquent, pour eux, les verbes conjugués à l'impératif et au subjonctifs sont… des fautes de grammaire  et m'abstiendrai de toute référence aux corrections syntaxiques tant elles sont une offense à l'intelligence ! De plus, pour l'orthographe comme pour la grammaire, les correcteurs usuels ont une fâcheuse tendance à confondre les langues ainsi que les noms propres et les noms communs ce qui n'est pas sans provoquer de piquantes confusions[17].

Ce détour  informatique n'est une digression que d'apparence. En effet, revenant à notre sujet – les atteintes à la laïcité – et sans pour autant rappeler le soubassement mercantile de l'informatisation des matières et des méthodes d'enseignement ni nous étaler davantage sur l'appauvrissement intellectuel en résultant, il convient toutefois de relever que cette informatisation porte atteinte à l'universalité de l'instruction et, de ce fait, au principe de laïcité de l'École de la République puisqu'elle introduit au sein même du corps scolaire – et, plus particulièrement, des élèves – une distinction, une ségrégation entre ceux qui, dans leur environnement familial et/ou personnel, disposent d'équipements informatiques (ordinateurs, logiciels, accessoires, accès à internet) et ceux qui n'en ont pas et donc une inégalité au regard d'un droit fondamental de l'Homme et du Citoyen : celui de l'accès à l'instruction gratuite, égalitaire, universelle et, bien entendu… laïque et, par ce biais, à une pleine et entière citoyenneté.

Mon propos n'aura pas été de dresser l'inventaire des atteintes à la laïcité de l'École de la République. Il aura été, plus modestement, d'ouvrir des pistes de d'analyse, de réflexion, de propositions, d'action… et d'attirer l'attention du lecteur sur le fait qu'une focalisation sur les seules atteintes religieuses ne serait pas seulement une réduction abusive et simpliste ou même une erreur sommaire, ce serait une… faute tant les attaques conduites contre l'École de la République sont nombreuses et que leur dangerosité ne menace pas seulement une institution républicaine parmi d'autres – l'École – mais, plus globalement, la République elle-même.



[1] fondamental, ale, aux.   adj. et n. fém.  ·adj. 1. Qui tient à l’essence, qui constitue la base principale, l’élément prépondérant. Problème fondamental. […] / Par ext. Capital, essentiel. Il n’a pas encore exposé son argument fondamental. /  […] ã Dictionnaire Hachette multimédia. 2000.

L'École publique est tout à la fois le fondement et l'essence de la République. Si la République a institué (d'où le nom d'instituteur/trice) l'École publique, on peut dire que l'École publique assure la ré-institution permanente de la République. C'est pourquoi au terme de publique – qui pourrait renvoyer restrictivement à un mode de gestion et non à une catégorie institutionnelle, constitutionnelle, juridique et… politique - je préfère celui de républicaine et donc celui d'École de la République.

[2] La mission de l'École de la République est double : l'instruction – qui ne saurait se réduire à l'éducation et, pire encore, à la formationd'élèves et l'institution de (futurs) citoyens. C'est pourquoi les pères fondateurs de l'École de la République ont créé un corps particulier de fonctionnaires, celui des instituteurs

[3] Il est vrai que la République, pour instituer une École universelle chargée de l'instruction, gratuite et obligatoire, de tous les élèves et, corollairement, de l'institution des futurs citoyens, a dû soustraire les établissements scolaires, les matières et personnels d'enseignement mais aussi les élèves des influences particulières auxquelles ils étaient soumis, de façon souvent monopolistique, pour ne pas dire totalitaire et, singulièrement, de l'influence religieuse et, plus précisément, catholique (romaine). Ce glissement du particulier vers l'universel ne s'est pas fait sans opposition de la part des tenants de la particularité (communautaire, spirituel, confessionnel… et, au-delà, morale et politique), ce qui fait que à leur résistance, puis à leur offensive l'École de la République, à travers notamment ses instituteurs-trices, a opposé militantisme, puis défensive et que les combats qui ont alors été menés l'ont été dans le cadre général de la laïcisation de la Société, c'est-à-dire de sa dé-cléricalisation (cf. l'autre célèbre exemple qui est celui de l'état civil). Cette laïcisation de la Société et, singulièrement, des institutions et administrations de la République n'est pas pour autant une guerre contre la/les Religion(s) – et une obligation d'athéisme – puisque, en même temps, la République a juridiquement fondé la liberté de conscience – et, ainsi, de convictions de toute nature et, notamment, religieuses – et que, en ce qui concerne son École, elle a aménagé une journée libre dans la semaine scolaire pour permettre aux parents de faire participer leurs enfants – qui ne sont alors plus des élèves – à des activités de toutes sortes et, spécialement, religieuses en fonction de leurs convictions personnelles.

[4] A quand la qualification d'École… libérale puisqu'il est désormais courant, par abus conceptuel lourd de signification idéologique, de confondre libéralisme – qui n'est qu'une certaine forme du… capitalisme et qui est donc un concept de l'économie politique -  et Liberté au sens des Droits de l'Homme et du Citoyen.

[5] Par jugement en date du 30 novembre 1993, le Tribunal Administratif de Caen a considéré que le parrainage de ce concours par le Crédit Agricole était contraire à la neutralité – la laïcité – de l'École de la République puisque obéissant à une logique de publicité et de démarchage de propsects et a donc prononcé son annulation et, a fortiori, son interdiction.  Un Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire est paru au B.O.E.N.n° 14  du 5 avril 2001 ; s'il n'édicte aucune nouvelle mesure – d'ailleurs, il n'aurait pas pu le faire puisque n'ayant aucune valeur réglementaire comme l'aurait eu une instruction ou une circulaire -, ce Code - de nature purement morale et relevant d'une pieuse intention que l'on s'empresserait aussitôt d'oublier ? - rappelle l'interdiction absolue faite à l'intrusion d'activités commerciales et publicitaires dans les établissements scolaire. Les auteurs ont cru devoir développer une partie spécifique au sujet des concours : ne serait-ce pas là  l'un des effets de l'affaire Molinier ?. Point intéressant à relever ce Code fait explicitement référence au jugement du Tribunal Administratif de Caen alors que ce même concours des dicos d'or scolaires, toujours parrainé par le Crédit Agricole, est organisé, cette année, entre autres Académies, à Strasbourg ; certes, par prudence – ou hypocrisie ? -, il ne se déroule pas dans des établissements scolaires, mais le Recteur s'est cru devoir inviter, par écrit, les enseignants de l'Académie à s'y associer et à y faire participer leurs élèves en rappelant que des cadeaux sont offerts à ceux qui participeront à la correction (cette notion de cadeau n'est-elle pas autre chose qu'une précaution stylistique pour éviter  le terme de rémunération dont l'interdiction est dûment rappelée par le Code précité.

[6] Actuellement, les Libres Penseurs et les défenseurs de la Laïcité sont en train de se battre pour ce que concours soit annulé dans leur Académie.

[7] Ce terme peut être pris au sens précis de… représentants de commerce, c'est-à-dire de démonstrateur/vendeurs.

[8] Bien entendu, en matière de soft Microsoft Corporation jouit d'une situation on ne peut plus dominante.

[9] Ou mieux : P.L.V. – publicité sur le lieu de vente - !

[10] Rappelons que les tarifs dits préférentiels participent d'une politique d'entreprise dont l'objectif est la captation de la clientèle.

[11] Il est vrai – hélas ! – sur l'encouragement de plus en plus appuyé des… pouvoirs publics (Éducation Nationale, A.N.P.E….).

[12] Il existe une tendance certaine à a-normer ce qui, chez les élèves, pose problème alors qu'il participe pleinement de la mission d'instruction de prendre en compte (i.e. de les accepter en s'interdisant de les… refuser) et, bien entendu, de traiter les problèmes posés par les élèves tout autant que les problèmes des élèves eux-mêmes. Cette a-normation peut prendre deux aspects : 

Ø       l'un relève d'un environnementalisme du  tout-social : le problème que pose l'élève ou auquel il est confronté et qui, dans les deux cas, fait obstacle à une bonne scolarité est d'origine sociale -  le milieu familial, les conditions de vie, les relations sociales…, l'espace et le temps scolaires étant exclus du champ social ainsi défini -. Le traitement à apporter est donc de nature sociale et relève de la compétence des acteurs sociaux, à commencer par les travailleurs sociaux

Ø       l'autre consiste à médicaliser et, plus précisément, à psychiatriser les deux types de problème mentionnés ci-dessus, ce qui, naturellement, implique de faire appel à des compétences professionnelles qui ne sont pas celles des enseignants

[13] Il n'y a pas beaucoup de distance entre une ligne directrice rédactionnelle et une pensée unique parce que dominante au sein d'un espace et d'un temps donnés.

[14] Pour ne pas dire, de façon plus explicite… orientée.

[15] Je n'entrerai pas dans les considérations techniques – éducatives et pédagogiques – relatives à la différence essencielle existant entre l'instruction comme processus de transfert/acquisition de connaissances et la simple… communication.

[16] Kaléidoscope. n. masc.(gr. kalos «beau», eidos «aspect», et -scope). [….] Fig. Suite d’impressions, de sensations rapides et changeantes. © Dictionnaire Hachette multimédia. 2000.

[17] En fait, ce que l'on oublie de dire et de faire (faire) c'est que ces correcteurs automatiques sont construits sur les rudiments – l'abécédaire – d'une langue et qu'il sont entièrement à personnaliser, c'est-à-dire à enrichir, à compléter, à vérifier…, ce qui suppose un apprentissage préalable de l'orthographe et de la grammaire ou, à défaut, l'usage complémentaire de manuels (livresques) d'orthographe et de grammaire !

 


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