Je suis anarchiste et pourtant…

  

Je suis anarchiste et, pourtant, lorsque je passe une porte, je me retourne toujours pour voir s'il n'y a pas lieu de la tenir pour la personne qui pourrait être derrière moi ; je ne monte jamais dans un ascenseur sans m'assurer qu'il n'y ait personne qui veuille le prendre ; en voiture, je ne franchis pas un carrefour au motif que le feu est vert alors que l'autre côté est bouché ; je ne jetais pas mes mégots par la fenêtre sou sur le trottoir ; chez moi, le soir et, a fortiori la nuit, je ne mets pas la musique à fond les manettes…

Je suis anarchiste et, pourtant, je suis (seulement) hétérosexuel et omnivore et non homo, bi- ou polysexeuel et végétarien.

Je suis anarchiste et, pourtant, je me lave, fais le ménage, soigne le chien qui fait un bout de chemin avec moi, range mes affaires…, bref suis, somme on dit, "soigné" et "soigneux" et non bordélique, chaotique, merdique…

Je suis anarchiste et, pourtant, si, quand cela est nécessaire, je sais faire le coup de poing, je ne sais pas le ver la main ou même la voix sur/contre qui que ce soit.

Je suis anarchiste et, pourtant, considérant que l'œuvre n'est pas la personne et réciproquement je trouve plaisir à lire, par exemple, "Le voyage au bout de la nuit" de Céline, j'apprécie des œuvres plastiques de facture classique dans lesquelles, malgré les commandes et les références évidentes, je ne vous aucune signification religieuse mais, seulement, de la beauté, j'aime le blues, les jazz, le rock, la chanson… et pas la techno, l'anarcho-punk, le rap…

Je suis anarchiste et, pourtant, dans ma vie de tous les jours, qu'elle soit privée ou publique, je m'efforce de penser et d'agir collectif, considérant qu'il ne peut y avoir de véritable satisfaction individuelle que dans le partage collectif.

Je suis anarchiste et, pourtant, la souffrance, la douleur, la peine… de l'Autre ne m'indiffèrent pas comme ne m'indiffèrent pas son plaisir, sa joie, son sourire…

Je suis anarchiste et, pourtant, si je refuse d'être soumis et, naturellement, de me soumettre à quelque dieu ou maître que ce soit, si je suis de la révolte permanente, si je ne suis pas du renoncement, si je me tiens toujours debout, même dans la solitude la plus grande, si je me revendique libre et en assume pleinement toutes les conséquences et donc toutes les responsabilités en découlant…, je sais que je ne serai pas vraiment libre tant qu'un seul individu ne le sera pas.

Je suis anarchiste et, pourtant, si je sais rire, si j'aime rire, si je ris il m'arrive aussi de pleurer. Pleurer de joie mais aussi de tristesse. Pleurer de/pour moi mais aussi de/pour l'Autre.

Je suis anarchiste et, pourtant…

Je suis anarchiste… Autrement dit, pour les nanti(e)s d'une… bonne conscience, un terroriste, un bandit, un malfrat, un rebelle, un… nihiliste, un destructeur… Et bien, soit, j'assume et revendique cette monstruosité. Je suis donc un… monstre puisque je prétends n'être rien d'autre qu'un humain et que le seul statut, la seule gloire que je revendique et assume est mon… humanité.

 

II

Je suis anarchiste et, pourtant, je protègerais au péril de ma vie contre la foule ou la flicaille qui le poursuivrait pour le-la lyncher le-la criminel(le) qui frapperait à ma porte parce que nul ne peut être rédui(e)t à l'un de ses actes, grand ou petit, beau ou monstrueux, anodin ou exceptionnel… ; que la loi de Lynch n'est pas la Justice ; que la peine de mort est un acte de vengeance et non de, justice, de "barbarie" et non de "civilisation"…

Je suis anarchiste et, pourtant, je m'extasie, je m'émerveille… devant la beauté des choses simples comme une pierre, une feuille, un nuage, un sourire, un geste tendre… alors que les ors des Beaux-Arts m'indiffèrent et que ces prisons particulières que sont les musées me donnent envie d'en faire sauter les grilles pour les transformer en maisons de vie commune.

Je suis anarchiste et, pourtant, je n'ai en moi ni haine, ni ressentiment alors que ma mémoire de l'Histoire et de ma vie est exacerbée et que l'encre de cette mémoire est de sang et de larmes.

Je suis anarchiste et, pourtant, je ne (re)connais pas l'Homme, seulement des individus de chair, de sang, de sueur, d'urine, de merde, de rire, de peur, de joie…, bref des individus uniques et qui, cependant, sont universel(le)s à raison de cette essence commune qu'ils-elles partagent : l'humanité.

Je suis anarchiste et, pourtant, j'aime la vie et les vivant(e)s au point de me dire que, parfois, pour pouvoir vivre en humain il faut savoir… mourir, mais mourir debout.

Je suis anarchiste et, pourtant, aux agapes pantagruéliques d'un raout mondain, je préfère partager le pain rassis que l'on coupe avec le couteau rouillé de l'amitié.

Je suis anarchiste et, pourtant, comme tant d'autres l'on fait avant moi, un jour, peut être, je mourrai pour qu'un(e) inconnu(e) puisse croire en une idée qui n'est pas la mienne et même que je combats, juste pour qu'il-elle puisse avoir la liberté de conscience et d'expression sans laquelle on n'est pas un humain mais un… légume.

Je suis anarchiste et, pourtant, j'aime porter, afficher des signes autant pour affirmer non tant qui je suis ou ce que je suis mais quelles sont mes convictions, mes choix, mes opinions, mes goûts… que pour en blasphémer d'autres comme, par exemple, la bannière étoilée que, de drapeau emblématique, inviolable, intouchable, sacré, divin… je transforme en simple foulard et, au besoin, en chiffon pour, de façon très ostentatoire, ostensible, visible…, blasphématoire, essuyer ma sueur, ma morve, mes godasses, la bave du boxer, la vitre de la voiture…

Je suis anarchiste et, pourtant, parfois et, j'ai bien peur, de plus en plus souvent, je désespère des humains tant la bestialité du troupeau semble être le choix, conscient ou non, qu'ils-elles font en renoncement à leur humanité.

Je suis anarchiste et, pourtant, parfois et, avec le temps (ou l'âge ?), de plus en plus souvent, la désespérance de ma révolte me fait questionner la violence.

Je suis anarchiste et, pourtant, du fond de ma solitude, j'interroge le sens – le contenu et la direction – de ma vie et ne trouve pas de réponse ou, plutôt, je n'en trouve plus, ce qui m'amène à m'interroger sur la fin de la liberté et à me  demander si le nihilisme était/est vraiment une déviance ou bien si, au contraire, il n'est pas la conséquence logiquement implacable du choix de la liberté.


Venu d'Espagne, d'une Espagne restée libertaire...

 

Salut Cab:

 
J´ai eu tout le temps la chanson dans ma tête et depuis que je suis arrivé a la maison j´ai commencé a la travailler avec ton texte devant mes yeux.
 
Elle etait lá, entre les lignes de ton texte, en attendant devenir des vers. Ça eté relativement facile alors, mais je me suis rendu compte que mes reflexes pour trouver le mot precis en espagnol et le numero exact de silabes, c´est  pas la même chose en français. Maria m´aidé un peu avec certaines expresions -j´ai tendance a traduir literalement- qui devienent infernales quand on veut jouer avec un deuxieme sens.
 
Je t´envoi la premiere version en premiere. Tu peut la chanter si tu oses le faire. Je l´ai mise une musique simple a la maniere de Brassens pour me rendre compte du rithme et compter les silabes. Evidement tu pourras pas l´ecouter, mais c´est trés basique. Genre traditionelle, etc...
 
Ça fait longtemps que je ne joue de la basse, ni de la guitare, mais je n´ai pas oublié comment on joue les notes. Mon repertoire est pourtant plutôt pauvre. Il faut travailler tout cela... et on doit chercher de quoi manger.
 
Et maintenant, mesdames et messieurs, d´après un texte classique de J.C. Cabanel, dit le Bandit Généreux de Lille :
 

Je suis anarchiste et pourtant...

 

Je suis anarchiste et, pourtant,

Je me lave, je fais l´menage.

Les crottes de mon clebard

Quand c´est fini, j´les ramasse.

 

 

J´aime le jazz et la chanson

Et l´art de facture classique,

J´aime le blues, j´aime le rock,

Et les bouquins de Céline.

 

 

Je suis du genre soigneux

Je n´aime pas du tout le bordel.

Chez moi tout est bien rangé

C´est dehors qu´il y a l´merdier.

 

 

Refrain....

Je suis anarchiste et, dit-on :

Un rebelle, un nihiliste,

Un destructeur, un brigand

Un malfrat, un terroriste.

 

 

Je suis anarchiste et, pourtant,

lorsque je passe une porte,

je me retourne et la tiens

pour laisser passer l´autre.

 

Je ne prends jamais l´ascenseur

Sans m´assurer, nom de dieu,

Que mon voisin le curé

Soit bien dedans le premier.

 

 

J´attends toujours le feu vert

Je ne seme pas mes mégots

Je baise heterosexuel

Et je mange en omnivore.

 

 

Refrain....

Je suis anarchiste et, dit-on :

Un rebelle, un nihiliste,

Un destructeur, un brigand

Un malfrat, un terroriste.

 

 

Je suis anarchiste et, pourtant,

Je ris et parfois je pleure,

Sur le sort de mon prochain

qui jamais ne m´indiffere.

 

 

Sa souffrance et sa peine

Sont les miennes et ansi

Ce qui coule dans mes veines

C´est le partage collectif.

 

 

Ni dieu, ni maître a subir

Je revendique l´humanité.

Le sale monstre que je suis

Plutôt mort... qu´enchaîné.

 

 

(J´espère que tu ne la chanteras pas, bourré, a poil et devant tous les voisins. Fais gaffe, t´as pas l´age pour attraper un mauvais rhume...)

Salut mon frère.


Salut Cabanel:

 

J´ai fait un petit stage ce soir pour retrouver de nouveau l´usage perdu de mes doigts et voila la petite musique que j´avais dans la tête. (Putain, tout a fait comme Jeanne d´Arc...! Tu crois que c´est grave...? Je brûle d´impacience de savoir ton opinion...)

Certainement, elle n´est pas tres bien ecrite mais avec un peu d´imagination on peut se laisser emporter et trouver le rythme precis. Un amateur de Brassens va le comprendre tout de suite. J´espere qu´un français- français ou un belge – belge, aura moins de problemes que moi pour chanter certains mots infernales pour un espagnol.

Alain m´a mis un petit mot sympa apropos de la chanson. Je dois comprendre que t´as commencé a faire la promo...? C´est quand le debut alors...?

>>> Voila la clé pour tout comprendre:

 

Mi M : Mi Majeur.

La m : La mineur.

(...) : Silence, on s´arrete de gratter la guitare pour se faire entendre quand on dit que on est des feroces anarchistes.

A : LA, B : SI, C : DO, D : RE, E : MI, F : FA, G : SOL ( Je suis incapable d´utilisser la ecriture international...)

Quand : Sylabe sur laquelle on change de note gracieusement.

>>> Et voila le bordel que doit foutre quelqu´un qui ne save pas ecrire de la musique:

 

Je suis anarchiste et pourtant...

( Allegro ma non troppo car c´est un peu triste quand même. Tu vois...?)

 

Intro: La m, Mi M, La m, Mi M, etc...

(Juste pour introduire, en arpege. Si nous avons un ami pour nous jouer la basse on continue avec les asperges. Dans le cas contraire on peut jouer avec les accords, ils font beaucoup plus de bruit et on pourra facilement se faire des enemies entre le voisinage enragé. Alors, d´accord, pour les accords.?)

 

(...) Je suis anarchiste et, pourtant, Mi M

Je me lave, je fais l´menage. La m

Sol M Les crottes de mon clebard Do M

Mi M Quand c´est fini, j´les ramasse. La m

 

(On répète le même schema avec : )

 

J´aime le jazz et la chanson

Et l´art de facture classique,

J´aime le blues, j´aime le rock,

Et les bouquins de Céline.

 

(Voilá, t´as tout compris. La même chose pour : )

 

Je suis du genre soigneux

Je n´aime pas du tout le bordel.

Chez moi tout est bien rangé

C´est dehors qu´il y a l´merdier.

 

( Ah non, maintenant ça change pour ne pas endormir le public...)

 

Refrain :

 

Sol M Je suis anarchiste et, dit-on : Do M

Mi M Un rebelle, un nihiliste, La m

Sol M Un destructeur, un brigand Do M

Fa M Un malfrat, un terroriste. Mi M

 

(On laisse ce dernier accord se perdre dans la ample salle de notre particuliere Olimpia et on répète la même histoire avec les vers qui suivent.)

 

Je suis anarchiste et, pourtant,

lorsque je passe une porte,

je me retourne et la tiens

pour laisser passer les autres.

 

Je ne prends jamais l´ascenseur

Sans m´assurer, nom de dieu,

Que mon voisin le curé

Soit bien dedans le premier.

 

J´attends toujours le feu vert

Je ne seme pas mes mégots

Je baise heterosexuel

Et je mange en omnivore.

 

Refrain....

 

(...) Je suis anarchiste et, pourtant,

Je ris et parfois je pleure,

Sur le sort de mon prochain

qui jamais ne m´indiffere.

 

Sa souffrance et sa peine

Sont les miennes et ansi

Ce qui coule dans mes veines

C´est le partage collectif.

 

Ni dieu, ni maître a subir

Je revendique l´humanité.

Le sale monstre que je suis

Plutôt mort... qu´enchaîné.


Je suis anarchiste, et pourtant...je m'inquiète maintenant très fort d'un pote et surtout de sa compagne, que je n'ai pourtant rencontrés que deux fois.
Comme je m'inquiète d'autres potes que je ne connais que depuis peu.
 
Je suis anarchiste, et pourtant...dans les transports en commun, jamais, à l'approche d'un arrêt, et même avant, je n'étends les jambes ou ne dépose mes p'tites affaires sur le siège à côté de moi afin d'éviter la promiscuité...De plus, dans les toilettes, je nettoie soigneusement après m'en être servi.
 
Je suis anarchiste, et pourtant...quand je suis au volant, je m'arrête toujours pour laisser passer les gens qui veulent traverser dans un passage pour piétons...et même en dehors.
 
Je suis anarchiste, et pourtant...j'ai une compagne croyante avec qui j'évite le plus possible d'aborder des sujets "délicats", sinon çà chie un max...
 
Je suis anarchiste, et pourtant...TOUS mes collègues ne le sont pas, et j'essaie un max de ne pas avoir de disbrouilles avec eux.
 
Mais je suis devenu anarchiste, je le suis et le resterai, je pense !!!
 
Bien frat,
 
 
Bolet satan. 

 


 

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