La guerre
juste selon la secte vaticanesque
En 1992, la secte vaticanesque
s'est interrogée pour savoir si une guerre juste était légitime : sa réponse
fut affirmative et d'ailleurs intégrée dans son catéchisme officiel publié
l'année suivante[1]
et qui, depuis, sauf erreur de ma part, sur ce point précis n'a pas été
modifié[2].
A cette occasion, le ≈
s'est inscrit dans la continuité de sa position théologique et… politique en
ayant recours à sa très ancienne doctrine de la guerre dite juste est
soumise même si, d'une part, il a toutefois fait l'effort de soumettre cette justesse
à des "conditions rigoureuses de légitimité morale" et au
jugement prudentiel de ceux qui ont la charge du bien commun et si, d'autre
part, il a alors dénoncé, sans toutefois la condamner formellement,
l'accumulation des armes sur laquelle s'appuie la doctrine de la dissuasion
laquelle, selon lui, "appelle de sévères réserves morales".
En même temps, le ≈
a légitimé le service militaire et a considéré les militaires, appelés et
professionnels, comme des serviteurs de la sécurité et de la liberté des
peuples qui se vouent au service de la patrie et qui, "s'ils
s'acquittent correctement de leur tâche, […] concourent vraiment au bien
commun de la nation et au maintien de la paix" tandis qu'il a déclaré que
les objecteurs de conscience faisaient de sa part l'objet d'une certaine
bienveillance "tout en demeurant tenus de servir sous une autre forme
la communauté humaine"(1).
Le recours à la guerre juste développé
par la secte vaticanesque a des racines lointaines.
En effet, à l'origine, les premiers chrétiens refusèrent
de servir dans l'armée romaine non pas parce qu'ils étaient anti-militariste
et qu'ils considéraient que la guerre était contraire au message d'amour apporté
par le fondateur de la secte mais parce que l'armée romaine était alors… païenne
et qu'elle était placée sous le commandement de l'empereur qui se prétendait…
divin ! Toutefois, dès la promulgation, en 313, de l'Édit de Milan de
l'empereur Constantin qui faisait de la secte chrétienne la Ø
officielle de l'Empire et qui, au passage, érigeait l'ordre chrétien une véritable
puissance temporelle", ces objections tombèrent
et l'autorité ecclésiastique, à travers ses pères, s'empressa
de… légitimer la guerre !
Toutefois, un certain nombre de croyants ne manquèrent
pas d'être troublés non pas tant par ce revirement de position que par la légitimation
même de la guerre. Aussi, pour faire taire ces scrupules, Augustin formula sa
théorie[3] de la guerre juste
qui fut vouée à un grand avenir puisqu'elle est toujours celle du Ø
!
Le raisonnement augustin est simple : l'ordre
naturel – et notamment, l'ordre de la Cité, celui des humains - étant le
reflet de l'ordre divin, César, le souverain temporel légitime, a le
pouvoir d'établir et de maintenir cet ordre et comme la fin justifie les
moyens[4]
les actes de guerre commis pour la cause du souverain perdent tout caractère de
péché et, ipso facto[5],
la guerre devient… juste puisque voulue par ∄
himself et que l'adversaire du souverain devient…l'ennemi de Dieu !
On notera le simplisme du raisonnement d'Augustin qui est
celui d'un courtisan au service d'un maître, un simplisme tel qu'il n'a pas vu
que sa théorie pouvait aboutir à un véritable non-sens. En effet, dans son
esprit, l'Empire romain étant le centre du monde et la secte chrétienne se
confondant avec lui, tout ennemi ne pouvait être qu'étranger à
l'empire et donc non-chrétien. Or, par la suite, il y eut une multitude de
souverains chrétiens dont les ennemis n'étaient plus seulement des
barbares, des païens mais, aussi et de plus en plus souvent, des… chrétiens
! Dés lors, chaque souverain appliquant naturellement la théorie augustine, il
en est résulté qu'entre les États chrétiens les guerres étaient – et sont
toujours -… justes, de part et d'autre !
Cette théorie de la guerre
juste, comme je l'ai dit, est toujours celle du ≈ :
c'est pourquoi, tout au long de l'histoire et de nos jours encore, et en
parfaite contradiction avec à la fois l'universalisme de la Ø chrétienne et le message d'amour du prochain
de son (pseudo)fondateur et bien que constituées en un ordre unique hiérarchisée
au point d'en être totalitaire[6],
les églises nationales ont toujours pris fait et cause pour les
souverains de leurs nations et se sont ainsi mutuellement considérées comme
des… ennemies !
Ainsi, sans le vouloir et en raison d'une
situation historique particulière Augustin a fondé une autre capacité
miraculeuse de ∄,
celle de multiplier non plus les pains mais… lui-même puisque chaque partie,
se prévalant, en toute légitimité théologique et canonique, de la justesse
de sa cause, pouvait/peut le compter dans ses rangs[7]
!
Ainsi, ce petit exemple montre l'absurdité à ériger
en vérité universelle, infaillible en tous lieux et en tous temps,
c'est-à-dire en dogme, une conjoncture particulière à raison du
lieu et/ou du temps. Or, c'est pourtant bien ce que ne cesse de faire la secte
vaticanesque et, au-delà, tous les ordres religieux !
[1] Catéchisme de l'Église catholique, Paris, Mame/Plon, 1992, partie intitulée "La sauvegarde de la paix", pp. 470-473.
[2] On sait que le catéchisme officiel est le vade-mecum de la foi catholique.
[3] En fait, il se contenta de la reprendre aux… Romains !
[4] Sic !
[5] Miraculeusement, par l'opération du saint esprit – qui est d'une grande commodité pour justifier tous les machiavélismes, toutes les impostures, toutes les injustices, tous les crimes… ! - !
[6] ne serait-ce qu'en vertu de l'infaillibilité de son chef suprême !
[7] En stricte orthodoxie théologique, on doit toutefois considérer que cette nouvelle capacité miraculeuse ne consiste pas à multiplier ∄ en autant de lui-même mais à conférer une consubstantiation complémentaire au pain qui n'est plus seulement aliment et, en même temps, corps de ∄ mais aussi des pains dans son acceptation populaire de coups de poing !