L'anarchie : un projet maçonnique ?

 

"La liberté comme base, l’égalité comme moyen, la fraternité comme but".

Ricardo Mella in "El idéal anarquista"

 

 

Avant de commencer, permettez-moi un avertissement (pré)liminaire : mécréant en raison, mais pas en cœur, je n'ai aucun respect pour les idées, pas même les miennes ! Mon propos, ce midi, à certains égards, pourra être "jugé" outrancier, provocateur… et il est vrai qu'il se veut… perturbateur et, sinon pertinent, du moins… impertinent, non pour démontrer mais pour… montrer que l'on peut voir autrement de soi-disant évidences et que l'on peut aussi voir des… non-évidences !

 

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Notre très illustre F\ Léo Campion avait coutume de dire que : "Si les Maçons anarchistes sont une infime minorité, la vocation libertaire de la Maçonnerie est indéniable (…) elle est la seule association à laquelle puisse adhérer celui qui n'adhère à rien".

Les Maçons anarchistes… une infime minorité ? rien de surprenant car nous savons tous que les anarchistes ne sont pas un sur cent, ce qui ne les empêche pas… d'exister. Mais, au fait, est-ce que les maçon(ne)s sont plus qu'un sur cent ? et n'existent-ils-elles pas pour autant ?

 

Je ne reviendrai pas sur ce point historique curieux, bien mis en évidence par notre F\ Léo Campion dans son excellent ouvrage "Le drapeau noir, l'équerre et le compas", à savoir que TOU(TE)S les grands noms de l'anarchisme ont été… maçons alors que, au XIXème siècle, aucun d'entre eux-elles n'a été membre de la Charbonnerie quand tant de maçons s'étaient faits charbonniers[1].

 

Cette présence constante, et toujours d'actualité, d'anarchistes sur les colonnes des LL pourrait laisser à penser que la véritable question, la question autant impertinente que pertinente, n'est pas de savoir comment peut-on être maçon(ne) ET anarchiste – à moins que cela ne soit anarchiste ET maçon(ne) – que : comment peut-on ne pas être maçon(ne) ET anarchiste – ou, là encore, anarchiste ET maçon(ne) -.

 

A une telle question, pour faire dans le "politically correct", de nombreux-euses maçon(ne)s, n'hésitent pas à parler d'une honteuse infiltration de la maçonnerie, à son corps défendant, par de vilains et méchants anarchistes, ce qui, au passage, n'est pas flatteur quant à l'intelligence des maçons infiltrés et fort peu "gentil" à l'égard du Tuileur, du Couvreur et autre F\ terrible.

 

Ainsi, la F\ M\ ne serait qu'une sorte de maison de tolérance à l'égard de ces squatters que sont les anarchistes. Une maison, sorte de club de débats, d'échanges – ou d'ébats… échangistes ? - qui, justement parce qu'elle est tolérante, se refuserait à faire appel à la force publique – alors qu'elle compte bon nombre de ses représentants sur ses colonnes ! -, pour chasser de son sein ces "vipères lubriques" que sont les anarchistes. A moins que, dans la tradition libertine du XVIIIème siècle, elle soit un lieu d'amoralité où les élites bien pensantes se plairaient à s'encanailler avec ces "voyous" que sont les anarchistes !...

 

Et s'il en était autrement ?

 

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Avant de nous interroger sur l'éventuelle similitude entre le projet des maçon(ne)s et celui des anarchistes, rappelons brièvement comment les maçon(ne)s s'organisent pour réaliser leur projet.

 

Sur le frontispice du portail de la F\ M\ belge on peut lire que le maçon est un homme (ou une femme) qui a la tête dans les nuages, l'amour dans le cœur, mais les pieds bien sur terre. Je reviendrai sur cette "définition" pour rappeler d'abord que, selon l'acception reprise dans les Constitutions d'Anderson, un maçon est un homme (au sens générique d'être humain) libre dans une loge libre. Il en résulte qu'une obédience (ou "ordre[2]")est une fédération de loges libres et que la F\ M\ universelle est une "république" universelle de loges et de maçon(ne)s libres.

 

Association, associationnisme, fédération et fédéralisme… ne sont-ce point là, si l'on s'en réfère aux FF\ Michel Bakounine, Pierre Kropotkine et Pierre-Joseph Proudhon des modes relationnels et organisationnels… anarchiques ?

 

Les maçon(ne)s élisent des… officiers[3] qui ne sont pas des "gouvernants", des "mandataires", des "représentants" mais des pairs qui, conformément au mandat impératif, révocable et "tournant" qui les a désignés et dont ils doivent rendre… compte, ont la… charge de tenir certains offices, d'exécuter certaines "missions" dans l'intérêt de cette communauté maçonnique qu'est la L.

 

Ces Officiers, s'ils sont détenteurs d'autorité (au sens d'aptitude à attirer le respect, l'estime, la confiance en raison des connaissances acquises et de la "sagesse" retirée) n'ont point pour autant de… pouvoir sur leurs pairs[4]. Ne peut-on voir en ces Officiers les délégué(e)s de l'Internationale libertaire "jurassienne", les "élu(e)s"[5] des Communard(e)s ou, de nos jours, de la C.N .T. ?

 

Les maçons sont les amant(e)s passionné(e)s de la liberté de conscience au motif que c'est d'une conscience libre que naît l'humanité qu'ils-elles revendiquent ; ce faisant, ils ne professent d'autre interdiction que celle d'interdire ou d'œuvrer à interdire. En refusant autant l'intolérant que l'intolérable les maçons, comme ces étudiants qui, en 1968, décoraient la Sorbonne du drapeau noir de leur révolte, ne découvrent-ils pas la mer sous le pavé mosaïque que d'autre jettent dans la marre pour condamner au trouble de l'aveuglement la clarté d'une conscience libre ?

 

Libres de conscience, les maçon(ne)s sont adogmatiques [du moins celles et ceux qui assument leur liberté dans… l'irrégularité !][6] : qui pourrait dire que l'anarchisme est dogmatique quand c'est au nom du dogme d'une nouvelle religion – le marxisme – que les communistes libertaires ont été… excommuniés de l'Association Internationale des travailleurs ? Et y a-t-il courants de pensée plus traversés de discussions, de débats, de controverses que l'anarchisme mais, également, la F\ M\ ?

 

Les anarchistes, on le sait, n'ont pas leur langue dans la poche : leurs écrits et chansons en attestent. Mais y a-t-il beaucoup de lieux où, à l'instar du temple maçonnique, la liberté d'expression soit non seulement la règle mais aussi la pratique dès lors qu'elle est respectueuse de le personne (et non des idées) ?

 

Nous avons vu que les anarchistes comme les maçon(ne)s votent, notamment aux fins d'élection. Dans les LL, comme dans la plupart des Obéd\, les votes se font à la majorité. Parce qu'ils-elles sont très attaché(e)s au respect de l'Autre, les maçon(ne)s, outre qu'ils-elles reconnaissent le "droit de retrait[7]", de ce que je sais et j'ai pu vivre, n'ont jamais à cœur d'écraser une minorité d'un vote majoritaire surtout si cette minorité, même réduite à UN(E) seul(e) individu, fait preuve d'une opposition… véhémente, irréductible et s'efforcent toujours, comme les anarchistes, de rechercher et de trouver sinon l'unanimité, du moins le consensus.

 

En effet, les maçon(ne)s, comme les anarchistes, ne professent aucun dogme. Dès lors, débarrassé(e)s qu'ils-elles sont de leurs métaux, ils-elles ne détiennent aucune vérité et, humbles, modestes, "laborieux" considèrent que l'on peut et doit d'autant plus douter de tout, à commencer par un point de vue… majoritaire, que, minoritaires, ils-elles ont toujours eu à se battre pour se défendre contre l'oppression… majoritaire mais aussi pour faire avancer leurs idées de progrès contre une réaction, une inertie… majoritaires.

 

Société initiatique, la F\ M\ "recrute" par cooptation après enquêtes et passage sous le bandeau (que l'on peut qualifier sinon d'interrogatoire, du moins d'"entretien d'embauche"), possède des signes, mots et attouchements de (re)connaissance, pratique le symbolisme, notamment des signes et des mots, détourne le vocabulaire usuel, crypte ses écrits… Certes, par souci… initiatique mais, pour certaines pratiques, par souci de… sécurité afin de se préserver de l'inquisition, voire de la répression dont elle a fait et continue de faire l'objet[8]. N'est-ce point là un autre point commun avec ces sociétés secrètes qu'ont constitué et que constituent les anarchistes[9] ?

 

A titre anecdotique pour ne pas dire humoristique, je rappellerai que les maçon(ne)s professent et revendiquent l'universalisme de leurs idées, de leurs principes, de leurs valeurs, de leur action… Et, pourtant, la F\ M\ n'est pas UNE mais… multiple, pour ne pas dire… divisée, voire même opposée. A l'instar de l'anarchisme dont les mauvaises langues disent qu'ils se divisent dès lors qu'il réunit trois individus pour pouvoir tenir ses réunions dans… une cabine téléphonique et, ainsi, faire l'économie d'une… L [Ô pardon, ma langue a fourché, d'un… local]. Questions de sensibilité, de sentiment, d'appréciation, de cheminement… Mais, comme il existe une véritable frontière entre le communisme libertaire et le communisme marxiste (avec tous ces avatars : stalinien, maoïste…), il existe une frontière entre la F\ M\ libertaire (Ô pardon, libérale) et la F\ M\ "régulière" (ou… "orthodoxe" !!!): celle de la Liberté , une Liberté qui se trace fraternellement dans l'égalité des gens.

 

Je pourrai continuer longtemps encore cette litanie de ressemblances, frappantes, entre maçon(e)s et anarchistes avant d'aborder le projet maçonnique proprement dit. Le temps nous étant compté, je vais l'arrêter avec une ultime similitude pour pointer, malgré tout, une différence entre l'anarchiste et le-la maçon(ne).

 

Il existe en effet une différence importante entre l'anarchisme et la Franc-Maçonnerie : un(e) anarchiste peut militer, être anarchiste de façon isolée, sans adhérer à quelque structure que ce soit. Il-elle sera reconnu(e) comme tel(el) dès lors qu'ils professent les valeurs anarchiques essentielles et que son comportement comme son action sont conformes à son engagement et à ses valeurs. En revanche, un(e) maçon(ne) ne peut être véritablement maçon(ne) que pour autant qu'il-elle est membre d'une L car c'est en ce lieu "sacré", plus que dans le monde profane, qu'il-elle est reconnu(e) comme tel(le) par ses pairs. Serait-ce parce que les anarchistes sont un peu plus individualistes que les maçon(ne)s et/ou que les maçon(ne)s sont un peu plus communistes que les anarchistes ?

 

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Venons-en à présent au projet maçonnique, c'est-à-dire au but que les maçon(ne)s se donnent ou bien encore à l'"utopie" que la F\ M\ se propose de réaliser.

 

Dans le préambule de sa Constitution le G\ O\ D\ B\stipule que : "A l'extérieur du temple, dans la volonté d'assurer la libre expression de la pensée humaine, l'Assemblée du Grand Orient pose comme ultime devoir à l'Obédience l'honneur de sauvegarder toujours, en dépit de toutes les menaces ou contraintes, les aspirations des hommes à la liberté, à l'égalité et à la fraternité"[10] tandis que dans l'article 1er de sa Constitution le G\ O\ D\ F\ précise que : " La F M , institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l'étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l'amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l'humanité[11]".

 

Se référant à la triptyque révolutionnaire de 1789, la F\ M\, que les Anglais "orthodoxes" et gardiens de l'ordre… établi – celui de la société bourgeoise, dont ils sont les enfants, autrement dit du… capitalisme - considèrent comme… irrégulières, la F\ M\ donc appelle ses "adeptes" à travailler, dans le temple et hors du temple, pour l'avènement d'une société de Liberté, d'Égalité et de Fraternité.

 

Il ne me semble pas que le caractère révolutionnaire d'un projet de changement ou d'un changement résulte du recours à la violence physique (insurrection, coup d'état, lutte armée…) mais, au contraire, de la… radicalité du changement. Ainsi, dans le domaine des connaissances et de la Science , Galilée, Copernic, Einstein, Freud… ont bien causé des révolutions sans pour autant recourir à la force[12]. En politique, l'extension du suffrage universel aux femmes, l'abolition de la peine de mort pour ne prendre que ces exemples peuvent être considérés comme de véritables révolutions qui n'ont pas forcément été accouchées par la violence.

 

La radicalité d'un changement sociétal, comme, autre exemple, la reconnaissance des Droits de l'Enfant, peut donc résulter du seul fait du… progrès des mœurs, des pensées, des idées, des lois… Une telle voie de changement est usuellement qualifiée de réformisme pour l'opposer à une autre radicalité de changement qui, violente celle-ci, est qualifiée, du moins en politique, de… révolution.

 

Outre qu'elle ne repose que sur une différence de moyens, c'est-à-dire d'action ou, pour reprendre un terme maçonnique, de… travail et non de finalité, cette distinction occulte le fait qu'un changement radical, même s'il est recherché et obtenu pacifiquement, légalement, légitimement dans l'intérêt général tel qu'il peut s'incarner dans l'"écrasante majorité" d'une population donnée, est toujours… forcément imposé à des intérêts particuliers – individus, groupements, communautés, classe… - qui ne se retrouvent pas dans le changement radical en question. Pour ces intérêts particuliers, le changement radical n'est pas une réforme mais une révolution, une révolution illégitime, expropriatrice, usurpatrice…

 

Permettez-moi une citation : "Le constat face aux injustices sociales, celles que l’on subit personnellement ou celles faites à autrui, provoque notre révolte et l’on se dit qu’on ne peut pas rester sans rien faire devant une telle situation... Mais le seul sentiment de révolte ne veut pas dire grand chose: il est tout relatif. Ce qui vous semblera inacceptable ne le sera pas forcément aux yeux d’un autre. Par soumission, par inconscience ou par idéologie, certains ne voient hélas rien d’abject dans le racisme; ou estiment “normal” d’être soumis aux ordres d’un chef ! En fait, tout dépend de notre vécu, de notre réflexion, de notre éthique, de ce que nous considérons comme possible. Pour notre part, si nous contestons radicalement la société actuelle, c’est parce que nous sommes convaincus qu’une société de liberté, d’égalité et de fraternité est réalisable".

 

Cette citation pourrait être extraite du projet de création d'une L ou d'une planche ou revue maçonnique. En fait, elle est tirée du programme de… l’Union Régionale Rhône-Alpes de la Fédération Anarchiste

 

D'aucuns ne manqueront pas de dire que le propos de ce texte est trop… ouvert, marqué et pas assez mesuré pour que le-la maçon(ne) lambda puisse s'y retrouver et que, surtout, il fait implicitement appel à la violence comme facteur de changement radical.

 

Examinons donc un autre texte, celui de la page d'accueil de la F\ M\ belge, "œuvre" collective du Grand Orient de Belgique (G.O.B.), de la Grande Loge Féminine de Belgique G.L.F.B.), de la Grande Loge de Belgique (G.L.B.) et de la Fédération belge du Droit Humain (D.H.), portail, est-il nécessaire de le souligner, est ouvert au public profane :

 

"Ces quatre Obédiences,

 

ont décidé d’ouvrir ce site Web afin d’informer le monde profane que la Franc-Maçonnerie adogmatique belge s’inspire des principes suivants :

 

 

Ce même texte précise que :

 

" La Franc-Maçonnerie est une alliance universelle ayant pour but la fraternité entre tous les hommes, le perfectionnement de l’être humain et le progrès de l’humanité. Elle se base sur le symbolisme de la construction, dont elle a adopté le langage, elle a un caractère essentiellement initiatique, c’est-à-dire une capacité à transformer et à améliorer l’être humain et elle permet discrètement, dans le respect du rythme de chacun, d’approcher de la connaissance, d’apprendre à apprendre, d’apprendre à ressentir, d’apprendre à partager, d’apprendre à écouter. N’étant ni église, ni école, la Franc-Maçonnerie ne souscrit à aucune doctrine, ni à aucun dogme. Elle prône la tolérance et contribue à la grandeur de l’homme, dont l’aventure la plus héroïque est de devenir un homme".

 

Propos… anodins. Aucunement révolutionnaires. Encore moins anarchistes. Et pourtant !

 

En effet, est-ce que le projet maçonnique de travailler à l'avènement d'une société de Liberté, d'Égalité et de Fraternité est… réformiste ? que nenni. Bien au contraire, ce projet est… révolutionnaire car n'est-ce pas vouloir faire la Révolution , au sens d'introduire un changement radical, que de vouloir instaurer la Liberté , l'Égalité et la Fraternité dans une société qui, en raison même de sa structuration économique et donc politique n'est ni libre, ni égale, ni fraternelle ? une société qui favorise l'accumulation des richesses de quelques un(e)s aux dépens de la misère d'une majorité sans cesse croissante ? le gain immédiat au prix de la (sur)vie de la planète et donc de l'humanité ? une société, disé-je, qui se construit sur et se nourrit de l'absence de Liberté, d'Égalité et de Fraternité.

 

En travaillant à l'évènement d'une société de Liberté, d'Égalité et de Fraternité les maçon(ne)s font œuvre d'… utopisme au sens où ils aspirent à la réalisation de leur idéal dans un contexte économique, politique, social, culturel, éthique… qui est l'antithèse de cet idéal.

 

Ce travail les maçon(ne)s le font dans le secret – que d'aucuns préfèrent qualifier de "simple discrétion" – de leurs loges[13]. Au sens strict de "rassemblement de personnes ayant le projet, concerté et secret, de changer, transformer radicalement un ordre établi", c'est-à-dire une "société policée", les maçon(ne)s sont donc des… comploteurs-euses, terme qui, quelque peu désuet et désormais réservé aux seuls militaires, peut se traduire par… terroristes !

 

[Au passage, un bref rappel historique : Originellement (1794), le terme de terroriste a un sens particulier : celui d'une personne appliquant la politique de la Terreur pendant la Révolution française, ladite Terreur étant l'"ensemble des mesures d'exception prises par le gouvernement révolutionnaire depuis la chute des Girondins (juin 1793) jusqu'à celle de Robespierre (27 juillet 1794, 9 Thermidor de l'An II) ou, selon le mot de Robespierre "la justice prompte, sévère, inflexible"[14]. A l'origine donc, le terrorisme, sous la forme précise de "Terreur" fut sinon légitime, du moins… légal, cela est souvent oublié pour cause, sans doute, d'Alzheimer historique !].[15]

 

Tout le monde s'accordera à dire que, de nos jours, peu de maçon(ne)s, à la différence de ceux qui, nombreux, au XIXème siècle firent le choix de la Charbonnerie en France, en Belgique, en Italie…[16], fomentent un complot qualifiable de terroriste pour arriver à leur fin : le changement radical de la société et que la plupart travaillent à ce changement en planchant sur l'étude et la critique de la société mais également en exerçant  des… pressions[17], pas toujours amicales et fraternelles, sur et auprès des parlementaires, des gouvernants, des chefs d'entreprise…

 

Il existe un autre "art royal" de ce travail maçonnique : la… "propagande par l'exemple, la parole et les écrits"[18] qui, dans le vocabulaire anarchiste peut se traduire par… "l'action directe[19]" ou bien encore par… la propagande par le fait[20]

 

La société idéale dont "rêvent" les maçon(ne)s est une utopie comme l'est l'anarchie que les anarchistes attendent au lendemain du "Grand soir". Ce rêve partagé est souvent payé au prix fort, celui de la répression. Pourtant, il continue d'être fait. Par entêtement ? Non, je ne le pense pas. Ce rêve continue d'être fait, parce que, voyez-vous, le choix d'être anarchiste et/ou maçon, n'est pas… anodin : il est celui que font des individus qui, ayant fait le choix de naître à leur humanité, tout simplement, dans leur action quotidienne – leur travail en somme -, leurs faits, leurs propos et leurs gestes s'efforcent de rester humains pour eux-elles mêmes et pour les autres. On ne naît pas maçon ou anarchiste. On le devient par choix. Dans l'un et l'autre cas, ce choix, pour la plupart du temps, est la conséquence d'une… révolte, celle du refus de l'injustice, c'est-à-dire de l'aliénation, l'inégalité, de la bestialité.

 

"Liberté – Égalité – Fraternité" ces trois mots ne sont pas seulement une… devise ornant… symboliquement le frontispice de bâtiments publics se dressant comme certaines rosettes qui, au regard des principes et, surtout, valeurs maçonniques sont plus des tâches de déshonneur que des emblèmes de "vertu" ou bien encore un "vestige du passé" que des maçon(ne)s, "traditionalistes" par ailleurs[21], vénèreraient comme d'autres vénèrent des… reliques, histoire de s'assurer qu'ils restent bien dans la châsse du passé et que, surtout, ils ne viennent pas perturber le sommeil pantouflant des vivants.

 

Non, "Liberté – Égalité – Fraternité" constituent bel et bien la quintessence d'un programme, celui du projet maçonnique d'une société (enfin) véritablement… humaine.

 

Ces trois mots peuvent être mis en musique sous un air de phrase et, ainsi, donner :

 

"La liberté comme base, l’égalité comme moyen, la fraternité comme but".

 

Dans ce libellé, quel(le) maçon(ne) ne se reconnaît(ra) pas ? Son auteur n'est portant pas maçon mais… anarchiste. Il s'agit de Ricardo Mella qui, dans "El idéal anarquista", résuma le projet de société de la C.N .T. pour lequel des dizaines de milliers d'anarchistes moururent et sous la bannière duquel se rangèrent de nombreux maçon(ne)s contre la machine de guerre autant franquiste que stalinienne.

 

Des FF\ ne manqueront pas de dire que les maçons, conformément au serment prononcé lors de leur initiation,  sont respectueux de la Loi quand les anarchistes ne le sont pas. Mais, à ces FF\, je pose la question suivante : de quelle Loi parlez-vous ? quelle Loi respectez-vous ? celle, par exemple, qui issue d'un suffrage démocratiquement majoritaire, instaure l'apartheid, l'état d'exception privatif de libertés individuelles et irrespectueux des droits fondamentaux, le délit de vagabondage pour un sans abri, un sans papier… ou bien celle de votre engagement maçonnique qui vous exhorte à lutter contre l'injustice, soutenir le faible, protéger la victime…, bref vous reconnaître en l'Autre, fût-il hors-la-loi de l'État, et le respecter autant que vous vous respectez ?

 

Face à un tel dilemme, de quel côté penche le cœur et l'action du maçon: celui, par exemple, de Thiers, boucher des Communard(e)s au nom du maintien de l'ordre et du respect de la Loi ou du F... communard et, peut-être anarchisant, même si cela importe peu de savoir qu'il le fût ou non, Félix Pyat[22] qui proclama :

"Frères, citoyens de la grande partie universelle, fidèles à nos principes communs : Liberté, Égalité, Fraternité, et plus logique que la Ligue des Droits de Paris, vous, Francs-Maçons, vous faites suivre vos paroles de vos actions. Aussi, après avoir affiché votre manifeste – le manifeste du cœur – sur les murailles de Paris, vous allez maintenant planter votre drapeau d'humanité sur les remparts de notre ville assiégée et bombardée. Vous allez protester ainsi contre les balles homicides et les boulets fratricides, au nom du droit et de la paix universelle".

Dans les différents forums, colloques, manifestations… organisés un peu partout, les anarchistes martèlent leur aspiration à une triple émancipation :

 

Ainsi, les anarchistes refusent le modèle sociétal, oppresseur et exploiteur, qui est la négation de l’individu et de ses aspirations. Ils cherchent par tous les moyens à montrer qu’il est possible et souhaitable de vivre dans une société libre, égalitaire (et donc égale) et fraternelle, gérée directement et librement par ses diverses composantes : individus, groupements sociaux, économiques, culturels, et ce dans le cadre due l'associationnisme et du fédéralisme libertaires.

 

Pour arriver à leurs fins, les anarchistes s'interdisent d'user de certains moyens car, comme le disait Errico Malatesta : " ces moyens ne sont pas arbitraires, ils dérivent nécessairement des fins que l’on se propose et des circonstances dans lesquelles on lutte. En se trompant sur le choix des moyens, on n’atteint pas le but envisagé, mais on s’en éloigne, vers des réalités souvent opposées et qui sont la conséquence naturelle et nécessaire des méthodes que l’on emploie".

 

Ne retrouve-t-on pas dans tout cela, même si dit autrement, le projet maçonnique ?

 

Les maçon(ne)s travaillent à l'avènement d'une société de Liberté, d'Égalité, de Fraternité qu'ils-elles ne… nomment point sauf à la qualifier de (véritablement) humaine et, parfois, d'…utopie, au sens d'idéal, de société idéale à bâtir. Pourtant, une société de Liberté, d'Égalité et de Fraternité, si elle est bien (véritablement) humaine, a, d'un point de vue historique, politique, philosophique et éthique, un nom : l'Anarchie.

 

En effet, sans multiplier à l'infini les définitions de l'Anarchie, j'en prendrai trois tirées de la toile :

 

 

 

 

Et une dernière de Pierre Kropotkine qui, lors de son procès à Lyon, le 1er janvier 1883, déclara :

 

"Ce qu'est l'anarchie, ce que sont les anarchistes, nous allons le dire :

Les anarchistes, messieurs, sont des citoyens qui, dans un siècle où l'on prêche partout la liberté des opinions, ont cru de leur devoir de se recommander de la liberté illimitée.(..) Nous voulons la liberté, c'est-à-dire que nous réclamons pour tout être humain le droit et le moyen de faire tout ce qui lui plaît, et de ne faire que ce qui lui plaît; de satisfaire intégralement tous ses besoins, sans autre limite que les impossibilités naturelles et les besoins de ses voisins également respectables.

Nous voulons la liberté et nous croyons son existence incompatible avec l'existence d'un pouvoir quelconque, quelles que soient son origine et sa forme, qu'il soit élu ou imposé, monarchiste ou républicain (...)

Le mal, en d'autres termes, aux yeux des anarchistes, ne réside pas dans telle forme de gouvernement plutôt que dans telle autre. Il est dans l'idée gouvernementale elle-même, il est dans le principe d'autorité.

La substitution, en un mot, dans les rapports humains, du libre contrat, perpétuellement révisable et résoluble, à la tutelle administrative et légale, à la discipline imposée, tel est notre idéal. Les anarchistes se proposent donc d'apprendre au peuple à se passer de gouvernement comme il commence à apprendre à se passer de Dieu.

Il apprendra également à se passer de propriétaires. Le pire des tyrans, en effet, n'est pas celui qui vous embastille, c'est celui qui vous affame. (..)

Pas de liberté sans égalité ! Pas de liberté dans une société où le capital est monopolisé par les mains d'une minorité qui va se réduisant tous les jours et où rien n'est également réparti, pas même l'éducation publique, payée par les deniers de tous.

Nous croyons, nous, que le capital, patrimoine commun de l'humanité puisqu'il est le fruit de la collaboration des générations passées (...) doit être à la disposition de tous (...)

Nous voulons. en un mot, l'égalité : l'égalité de fait, comme corollaire ou plutôt comme condition primordiale de la liberté de chacun selon ses facultés, à chacun selon ses besoins,- voilà ce que nous voulons sincèrement".[26]

 

Toutes ces définitions de l'anarchie, ne sont-elles pas la traduction… politique du projet philosophique et éthique de la société idéale des maçon(ne)s ? Autrement dit, l'anarchie ne serait-elle pas le décryptage profane du symbolisme maçonnique de la triptyque, révolutionnaire en 1789, rappelons-le, de "Liberté – Égalité – Fraternité" ?

 

En somme, n'y a-t-il pas meilleure définition de l'anarchisme et de la F\ M\ que celle d'une utopie d'action et en action qui travaille à la construction d'un temple que d'aucuns se (com)plaisent à démolir sans cesse, le temple de l'humanité, parce que les anarchistes comme les maçon(ne)s ont pour précepte : "La liberté comme base, l'égalité comme moyen et la fraternité comme but".[27]

 

Ordo ab chao - transformer le chaos en ordre, extraire l'ordre du chaos-, est-ce que cette devise maçonnique n'est pas la réplique ("sismique" ?) de ce mot de notre F\ Élisée Reclus "l'anarchie est la plus haute idée de l'ordre", mot que je me plais, en souvenir de notre S\ Louise Michel, de compléter par "car elle est l'ordre sans le pouvoir" ?

 

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* *

 

Comme je l'ai dit en préalable, mon propos de ce midi n'aura pas été de démontrer quoi que ce soit et, encore moins, d'asséner quelque vérité que ce soit. Bien qu'impertinent et, pour certains, irrévérencieux, provocateur, voire même choquant, offusquant, outrageant, il aura été, plus humblement, de montrer que l'indéniable relation historique qu'il y a entre la F\ M\ et l'anarchisme et la non moins indéniable histoire d'amour passionné qui unit ces deux voies de l'humanisme peuvent être examinés en toute liberté de conscience et, ce faisant, qu'un chantier de travail, autant maçonnique qu'anarchique, peut et même doit être ouvert.

 

Et, pour étayer ma modeste invite, permettez-moi, de faire appel à notre très illustre et non moins anarchiste F\ Léo Campion :

 

"Aussi est-il regrettable que des anarchistes sectaires excommunient la Franc-Maçonnerie au nom d'un pseudo-dogme de l'Anarchie (comme si l'Anarchie était anti-tout alors quelles est à-tout) et que les Maçons sous-évolués excommunient l'Anarchie au nom d'un pseudo-dogme de la Maçonnerie (comme si la Maçonnerie n'était que tradition, alors qu'elle est tradition, dialogue et progrès). Ces attitudes sont d'autant moins admissibles qu'au contraire l'Anarchie comme la Franc-Maçonnerie , anti-dogmatiques par essence, sont l'une comme l'autre tout le contraire d'un dogme. Elles qui ont en commun le culte de la Liberté et le sens de la Fraternité , avec comme but l'émancipation de l'Homme".

 

 

J'ai dit.

 



Additif

Petites réflexions personnelles sur une lecture comparée

des Constitutions du G\O\D\F\ et du G\O\D\B\

 

 

Je note que, dans l'article 1er de sa constitution, le G\O\D\B\. se dit Obéd\… masculine, ce qui justifie non l'exclusion des femmes mais la "réservation exclusive" de l'Obéd3 aux hommes. Ce n'est pas seulement une nuance. C'est une disposition qui, d'un point de vue juridique, ne tombe pas sous le coup de la Loi et, notamment, de celle sanctionnant la ségrégation à raison du sexe.

 

En effet, les diverses dispositions législatives et réglementaires qui instituent le délit de "ségrégation" sous toutes ses formes (racisme, sexisme, sexualisme…) condamnent l'exclusion d'un individu à raison de sa "particularité" mais n'interdisent pas la constitution d'une association (d'une "communauté") à raison d'une… particularité.

 

Jésuitisme peut-on penser. Certes. Mais cette différence met le G\O\D\B\ dans une position plus facile que le G\O\D\F\ à l'égard des femmes dans la mesure où ce dernier, ne se revendiquant pas Obéd\… masculine n'a aucun motif statutaire à opposer à l'initiation de femmes et tombe donc sous le coup de la ségrégation à raison du sexe !

 

Par ailleurs, le G\O\D\B\, dans l'article 1er de sa Constitution, se qualifie d'initiatique et progressive ET de cosmopolite et progressiste.

 

Le G\O\D\F\, dans l'article 1er de sa Constitution, se qualifie d'institution philanthropique, philosophique et progressive.

 

Le lien que le G\O\D\B\ fait entre les caractères initiatique et progressif est cohérent en ce que ces deux "traits" caractérisent bien une institution initiatique qui ne se contente pas d'initier (d'accueillir) des profanes mais qui, l'initiation effectuée, offre un parcours, un chemin, un… perfectionnement. Dans ce cas, le terme "progressif" (du latin "progressus", 1372) est pris dans son acception propre "qui porte à avancer, à mouvoir" (exemple : une faculté progressive), qui s'accroît, se développe, progresse, qui suit une progression, un mouvement par degrés, qui s'effectue d'une manière régulière, constante et graduelle et, accessoirement, qui participe du progrès.

 

Au rit français, lors de l'ouverture des travaux le F\ Orat\, en commentant l'article 1er de la Constitution du G O D F, indique que ce terme de (institution) "progressive est pris dans son sens propre de "qui ne se confine pas dans le passé". Cette acception, si elle est correcte, selon notre F\ Littré, ne prend en compte que la notion de mouvement, d'avancement (et d'avancée) mais pas nécessairement de… progression, de graduation.

 

Ainsi, autant il est clair qu'une institution initiatique qui se veut progressive (G\O\D\B\) affirme, ce faisant, que ses membres, une fois initiés, cheminent graduellement vers un état "supérieur" (de connaissance, de savoir, de sagesse, de raison…), autrement dit qu'ils… progressent, autant une institution, qui se veut philanthropique, philosophique et progressive sans pour autant se dire initiatique (G\O\D\F\), n'affirme pas que ses membres s'inscrivent dans une démarche de progression et donc, accessoirement, de progrès.

 

Je considère pour ma part que le commentaire du F\ Orat\précité renvoie le terme de "progressive" à la notion d'"innovation", de "changement", d'"invention", de "développement", voire de… "révolution" en ce qu'il sous-tend une "rupture avec le passé" et qu'il peut, à ce titre, faire apparaître (mais ce n'est qu'une… apparence) une contradiction avec l'attachement de cette même institution à… la Tradition , laquelle est nécessairement enracinée dans le passé et ne se prolonge pas forcément dans le présent au sens de… modernité.

 

Le G\O\D\B\ se dit par ailleurs "progressiste", ce que ne revendique pas le G\O\D\F\.

 

"Progressiste" vient de "progrès (1841) signifie "qui est partisan du progrès politique, social, économique; qui tend à la modification de la société vers un idéal, par des réformes ou des moyens violents" et, dans un sens plus moderne (récent) "qui est partisan d'une politique d'extrême gauche".

 

Dans cette acception, la revendication du G\O\D\B\ de recherche du "perfectionnement de l'humanité" (Article 1er de la Constitution ) me semble plus explicite, plus… affirmée et… revendicatrice que celle du G\O\D\F\ qui, travaillant au "perfectionnement intellectuel et social de l'humanité" (idem), ne se dit pas "progressiste" mais "progressif" (Cf. ci-dessus) : dans le premier cas, le but est bien de favoriser le progrès politique, social, économique mais aussi intellectuel et moral comme "accoucheur" d'une société "idéale" de Liberté, d'Égalité et de Fraternité quand, dans le second, on peut se contenter (mais ce n'est sans doute qu'une… apparence !) d'une juste (re)distribution des acquis du progrès (social, économique, politique, scientifique…) dans le cadre d'une société plus… solidaire, autrement dit d'une amélioration du "confort" [comme l'amélioration de l'habitat du prolétariat sans que cette amélioration soit une remise en cause du système politico-économique qui génère le prolétariat et donc… l'inégalité socio-économique et, partant, politique], d'une "modernisation du passé", c'est-à-dire d'un dépoussiérage de al société de tout ce qui, au regard du progrès de l'Économie, de la Science …, participe de la vétusté.

 

Le G\O\D\B\ serait-il… révolutionnaire quand le G\O\D\F\ ne serait que… réformiste ; le premier serait il "communiste" quand le second ne serait que "socialiste" voire "sociodémocrate" ?

 

Le G\O\D\F\ se revendique, bien entendu, de la F\M\… universelle mais, à la différence du G\O\D\B\, il ne se dit pas… cosmopolite.

 

Cosmopolite, du Grec "kosmopolitês" - citoyen (politês) du monde (kosmos) -   (1560), a plusieurs sens selon le Petit Robert :

 

1 Vieilli Qui vit indifféremment dans tous les pays, s'accommode de tous. Subst. "Paris est la ville du cosmopolite" (Balzac). — Par ext. Une existence cosmopolite.  

 

2 Mod. Qui comprend des personnes de tous les pays; qui subit des influences de nombreux pays (opposé à national). "Un grouillement cosmopolite inimaginable" (Loti). Ville cosmopolite.

 

3 Didact. Qui a une répartition géographique très large. Animal, plante cosmopolite.

 

Notre F\ Littré est plus explicite :

 

 

COSMOPOLITE (ko-smo-po-li-t'), s. m. :

 

1° Celui qui se considère comme citoyen de l'univers. Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux, J. J. ROUSS. Ém. I.

 

2° Par extension, celui qui vit tantôt dans un pays tantôt dans un autre ; qui adopte facilement les usages des divers pays. C'est un cosmopolite.

    Adjectivement. Un philosophe cosmopolite. Une existence cosmopolite. De tous les genres d'êtres organisés, le genre des insectes est seul cosmopolite, BERN. DE ST-P. Harm. liv. II, Anim.

 

Dans son acception stricte, le cosmopolitisme du G\O\D\B\ me semble renvoyer à un universalisme politique, abolitionniste des frontières et donc des nationalités et, a fortiori, des nationalismes, quand celui du G\O\D\F\ me paraît avoir un enracinement philosophique (Descartes, Leibniz, Kant…) qui, s'il prend bien en compte l'humanité dans sa totalité essencielle, ne gomme pas pour autant les "particularismes" politiques et, singulièrement, les nationalités.

 

Le G\O\D\B\serait-il progressiste (dans l'acception moderne du terme) au point d'être… anationaliste ? Serait-il un repère-repaire d'…anarchistes ?



[1] Du fait d'une amnésie, au besoin sélective, ou d'une variante contagieuse de la maladie d'Alzheimer [car, bien entendu, il ne serait question de penser que le révisionnisme, voire le négationnisme frappent aussi des historien(ne)s maçon(ne)s], l'histoire officielle de la \F\ M\ indique que la Charbonnerie a infiltré la M\ en abusant de la tolérance naïve des maçons. Il n'en est rien : la Charbonnerie , autant que la Carbonaria , en tant que société secrète de comploteurs ayant pour objectif la prise du pouvoir par un putsch militaire, a bel et bien été créée et diffusée par des maçons.

[2] Du latin "ordo", "ordinis" 1080, relation intelligible entre une pluralité de termes.

[3] Officier, de :

- "office", 1190, du latin "officium" : onction que l'on doit remplir, charge dont on doit s'acquitter, charge, emploi, fonction. Officier

- et du latin médiéval "officiarus" : chargé d'une fonction, d'une charge. A l'origine, auxiliaire du roi qui s'occupait d'un service domestique (Ex. officier de bouche).

[4] Le pouvoir que notre S\ Louise Michel qualifiait de maudit, le pouvoir absolu étant… absolument maudit !

[5] Les "député(e)s, du latin "deputatus", 1369, "représentant de l'autorité", personne qui est envoyée par une assemblée souveraine pour remplir une mission particulière.

[6] De leur côté, les anarchistes sont, par tempérament et par définition, réfractaires à tout embrigadement qui trace à l’esprit des limites et encercle la vie. Ils nient le principe d’autorité dans l’organisation sociale. Il ne peut donc y avoir de catéchisme libertaire et donc de dogme anarchique !

[7] Ou droit de… sécession contrepartie "naturelle" de l'associationnisme et du fédéralisme.

[8] Faut-il rappeler que, en raison des pressions religieuses exercées aux niveaux européen et nationaux, la F\ M\ est vouée à des jours difficiles et que, si elles suscitent des vocations (l'engagement de révolte, du refus), ces pressions entraînent des désistements, des mises en sommeil, des surenchères de… discrétion… de la part de nombreux-euses maçon(ne)s.

[9] Pour beaucoup, c'est pour bénéficier de la "discrétion", autrement dit du secret, des assemblées maçonniques que les anarchistes ont rejoint (et rejoignent encore ?) la maçonnerie. Cet argument peut être entendu. Mais il n'est pas suffisant car 1°) il existait et existe d'autres sociétés secrètes (à commencer par les syndicats, les clubs d'étudiants, les confréries…) et 2°) les anarchistes n'ont jamais rejoint la Charbonnerie qui, société secrète par excellence, a été constituée par des maçons pour abattre le régime contre lequel les anarchistes luttaient.

[10] Souligné par moi, JC.

[11] Idem.

[12] Les opposant(e)s aux changements radicaux induits par les découvertes de ces savants, en revanche, n'ont pas hésité, parfois, à recourir à la force pour empêcher le changement.

[13] Les tenues des anarchistes sont moins discrètes, secrètes car quand elles sont autorisées, elles se font toujours sous la surveillance étroite de la Police , sachant que si de nombreux personnels de la Police sont maçon(e)s, en revanche, peu mais alors vraiment très peu sont… anarchistes !

[14] Autre rappel historique : à cette "terreur rouge" succédèrent deux périodes de "terreur blanche" que les royalistes firent régner en France, la première en 1795, la seconde en 1815, la "terreur versaillaise" de Thiers en 1871…

[15] "La propagande par le fait est un principe qui sera lancé comme association à la propagande verbale et écrite, exercice réalisé par la mouvance anarchiste, elle consistait à réaliser des expériences mettant en oeuvre les possibilités révolutionnaire qui mènerait à l'anarchie.

La répression que les communards durent subir suite à la commune de paris (1871), amena à un durcissement des positions des anarchistes. Bakounine, peu avant sa mort (1876), abandonna ses écrits, pensant qu'il était temps maintenant d'agir (ce sera une critique faite au mouvement anarchiste).

En 1876, dans le congrès international de Berne, Malatesta lança "la guerre continuelle aux institutions établies, voilà ce que nous appelons la révolution en permanence !" . Cela présageait la "propagande par le fait". Quatre ans plus tard, le 25 décembre 1880, Pierre Kropotkine clama dans son journal, "le Révolté" : "La révolte permanente par la parole, par l'écrit, par le poignard, le fusil, la dynamite (...), tout est bon pour nous qui n'est pas la légalité." C'est en 1881, au congrès international anarchiste à Londres (où étaient présents Louise Michel et Émile Pouget) que cette nouvelle stratégie sera proclamé et énoncé comme "propagande par le fait" (pour se joindre aux écrits et aux paroles). Elle devait se trouver sur le terrain de l'illégalité, avec des moyens en adéquation avec le but révolutionnaire qu'était le communisme libertaire.

Kropotkine (et entre temps beaucoup d'autres compagnons) changera de position en 1887 (quelques années avant la période "terroriste"), qu'il écrira également dans "le révolté", en rejetant l'illusion de conséquences positives d'un tel procédé".

Source : http://fra.anarchopedia.org/index.php/propagande_par_le_fait

 

"Aujourd'hui, et ce depuis longtemps et sauf en de très rares occasions, les anarchistes ne sont plus partisans de la terreur individuelle. Ils et elles croient toujours dans leur majorité, comme le dit Malatesta, que "la violence n'est justifiable que quand elle est nécessaire pour se défendre soi-même, ou défendre les autres contre la violence" et ajoutent souvent que "l'opprimé est toujours en état de légitime défense et il a toujours pleinement le droit de se révolter sans attendre qu'on lui tire effectivement dessus". Mais si les anarchistes défendent l'utilisation de la violence, il s'agit d'une violence de masse, populaire et révolutionnaire, et non plus de la violence individuelle, ou de petits groupes, toujours avant-gardiste dans le pire sens du mot, de la propagande par le fait".

Nicolas Phébus, Québec, mars 1998

[16] Et rappelons-le que ne firent pas les anarchistes maçons !

[17] En Anglais… lobbying.

[18] Cf. article 2 de la Constitution du G\ O\ D\ F\ " La Franc-Maçonnerie a pour devoir d'étendre à tous les membres de l'humanité les liens fraternels qui unissent les Francs-Maçons sur toute la surface du globe. Elle recommande à ses adeptes la propagande par l'exemple, la parole et les écrits, sous réserve de l'observation du secret maçonnique".

[19] Émile Pouget, Benoît Broutchoux, Fernand Pelloutier…

"Qu'est-ce donc que l'action directe? Une action individuelle ou collective exercée contre l'adversaire social par les seuls moyens de l'individu et du groupement. L'action directe est, en général, employée par les travailleurs organisés ou les individualités évoluées par opposition à l'action parlementaire aidée ou non par l'État. L'action parlementaire ou indirecte se déroule exclusivement sur le terrain légal par l'intermédiaire des groupes politiques et de leurs élus. L'action directe peut être légale ou illégale. Ceux qui l'emploient n'ont pas à s'en préoccuper. C'est avant tout et sur tous les terrains, le moyen d'opposer la force ouvrière à la force patronale. La légalité n'a rien à voir dans la solution des conflits sociaux. C'est la force seule qui les résout.

L'action directe n'est pas, cependant, nécessairement violente, mais elle n'exclut pas la violence. Elle n'est pas, non plus, forcément offensive. Elle peut parfaitement être défensive ou préventive d'une attaque patronale déclenchée ou sur le point de l'être, d'un lock-out partiel ou total, par exemple, déclaré ou susceptible de l'être à brève échéance."

CNT-AIT – Syndicat de l'Yonne.

[20] Bakounine, Kropotkine, Malatesta…

[21] Terme pris dans le "mauvais" sens de conservateur, conformiste, réactionnaire…

[22] Discours tenu le 29 avril 1871 devant 6 000 Francs-Maçons venus de 55 Loges parisiennes avant que ceux-ci n'aillent planter leurs bannières sur différentes barricades et, pour beaucoup, se fassent tuer par les versaillais. Quelques jours après, un ballon libre marqué des trois points symboliques s'éleva dans les airs et sema de nombreux exemplaires du "Manifeste maçonnique du 5 mai" appelant les Maçons de France et du monde entier à lutter en faveur des Communes de France fédérées avec celle de Paris. Le 18 avril 1871, au Palais de la Mutualité , eut lieu la commémoration du centenaire de la Commune de Paris. Sous la présidence de Léo Campion, cette manifestation regroupa toutes les obédiences maçonniques, tous les syndicats, la Ligue de l'Enseignement, la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme, les partis de gauche et… la Fédération anarchiste. Le 24 avril 1971, plus de 3 000 maçon(ne)s, en tenue, bannières déployées, défilèrent devant le Mur des Fédérés du cimetière du Père Lachaise.

[23] Source : fr.wikipedia.org/wiki/Anarchie

[24] Source : increvablesanarchistes.org/rubriques/motsanars/lexiqanar.htm

[25] Source : www.ogmdangers.org/intro/faq/glossaire.htm

[26] Cité par Daniel Guérin dans "Ni Dieu, ni Maître, anthologie de l'Anarchisme", Maspero, édition 1978, page 65.

[27] Il existe toutefois une différence importante entre l'anarchisme et la Franc-Maçonnerie : un(e) anarchiste peut militer, être anarchiste de façon isolée, sans adhérer à quelque structure que ce soit. Il-elle sera reconnu(e) comme tel(el) dès lors qu'ils professent les valeurs anarchiques essentielles et que son comportement comme son action sont conformes à son engagement et à ses valeurs. En revanche, un(e) maçon(ne) ne peut être véritablement maçon(ne) que pour autant qu'il-elle est membre d'une L car c'est en ce lieu "sacré", plus que dans le monde profane, qu'il-elle est reconnu(e) comme tel(le) par ses pairs.


12/04/06


 

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