Le 8 mars, restez couchées ?

 

Dans de nombreux pays, le 8 mars est, selon le cas, la journée internationale de la Femme ou celle des femmes. Une telle "journée" est une offense faite aux femmes. En effet :

Ou bien elle est celle de la "Femme" qui n'existe pas plus que l'Homme et la "célébration" de cette entité est la négation des femmes dans leurs individualités puisque cette abstraction, qu'elle soit ou non assortie d'une idéalisation, permet de faire l'impasse sur les situations concrètes d'exploitation, d'oppression, de domination, de maltraitance… dans lesquelles se trouvent des millions de femmes et, en fait, au plan mondial, l'écrasante majorité des femmes. Cette abstraction n'est pas seulement une désincarnation au profit d'un être mythique, autrement dit d'un non-existant ; elle est aussi une abstraction au sens concret du terme et, singulièrement, spatial : elle est l'occultation d'une réalité sociale, économique, politique, culturelle.. locale qui autorise tous les oublis, ceux de l'État, des entreprises, des syndicats, des sectes,… comme des pater familias et des machos, ce qui fait qu'il est courant qu'un État dictatorial, fasciste, intégriste… célèbre en ce jour la Femme alors même que, quotidiennement, il est l'oppresseur zélé des femmes, de toutes les femmes sur lesquelles il exerce son autorité, son pouvoir.

Ou bien elle est bien celle des femmes, c'est-à-dire d'individus dont on daigne reconnaître l'existence réelle durant une journée pour continuer à les saigner les 364 autres jours de l'année. En somme, une journée du saigneur qui consacre une sorte de franchise carnavalesque [cf. le carnaval des Romains pendant lequel esclaves et maître s'échangeaient leurs rôles sans pour autant remettre en cause l'esclavage] que les maîtres accordent à leurs esclaves, histoire de se donner une bonne conscience au regard des discours enflammés qu'il leur arrive de prononcer sur les Droits de l'Homme et donc, aussi, des… femmes ou, plus prosaïquement, de faire relâche dans l'exploitation du troupeau comme on met une terre en jachère pour la laisser se reposer, comme on accorde une récréation aux enfermé(e)s - prisonnier-e-s, élèves, salarié(e)s… -…

En acceptant de participer à cette mascarade les femmes, qu'elles le veuillent ou non, renouvellent leur serment d'allégeance à leurs saigneurs et maîtres. Elles rendent hommage au patriarcat et donc à leurs patriarches, leurs maîtres (et leurs dieux ?), étant rappelé que l'hommage était cet acte féodal par lequel le vassal se déclarait l'homme lige de son seigneur et lui promettait de le servir avec fidélité et dévouement absolus.

Une liberté qui s'octroie n'est jamais qu'une franchise, une liberté surveillée, contrôlée, limitée…une pseudo liberté, une illusion, un fantasme…. La liberté se construit et, au besoin, se prend contre une tyrannie [le patriarcat est une tyrannie et le machisme une forme particulière d'oppression de cette tyrannie]. LA liberté ne se célèbre pas : elle se vit ou elle n'est pas.

Alors, le 8 mars, au lieu de célébrer et donc de cautionner ce qui n'est jamais que votre… asservissement, restez couchées (je veux dire restez au lit) ou bien, mieux encore, criez, manifestez, exprimez, agissez… votre révolte. Mais n'oubliez pas que la plupart des saigneurs de femmes sont aussi les esclaves de maîtres (patrons, chefs, bureaucrates, curetaille…) et qu'eux aussi doivent se révolter pour conquérir leur liberté ! Et, au fait, si ce jour là, mais cela pourrait être n'importe quel autre jour, nous, individus, femmes, hommes, en profitions pour appeler et commencer à construire ensemble une société véritablement humaine : l'Anarchie !

 


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