Il n'y a pas que des Bastilles à prendre…

… il y a aussi des murs de la honte à abattre

 

A Martine et Roger,

démolisseurs de murs,

bâtisseurs de ponts de fraternité

 

L'État sioniste est en train de construire un mur de la honte pour parquer les Palestinien(ne)s dans cette réserve de quelques mauvais arpents de terre que d'aucuns, avec cynisme, se plaisent à qualifier de (proto) État.

Ce faisant, l'État sioniste scelle ce qui, sur d'autres terres, sous le terme d'apartheid, était considéré, de la part de tous les États démocratiques et donc y compris par lui-même, comme la honte de l'humanité.

Mais ce faisant aussi, l'État sioniste renoue avec la tradition séculaire des ghettos dont, en Europe, les juives et les juifs ont eu tant à souffrir puisque, en réalité, ils n'étaient pas des lieus de relégation à l'usage de personnes exclues, de façon permanente ou ponctuelle, et, d'une certaine manière, protégées d'éventuels excès de la part des excluant(e)s [ségrégationnistes], mais bien des camps de concentration, qui, souvent, n'étaient que des antichambres de camps d'extermination lorsqu'ils n'étaient pas des sortes de réserve… de chasse où les maîtres disposaient d'un permis permanent de tirer à vue sur le gibier.

La busherie fait partie de ces États qui, sans aucun doute en toute hypocrisie, condamne ce mur, en oubliant qu'elle en a elle-même érigé, depuis de nombreuses années, un de même nature le long de sa frontière avec le Mexique et que sur son territoire national il existe de nombreuses réserves naturelles pour indigènes et de nombreux ghettos, dont il est difficile de sortir quand on y est né ou que l'on y a été relégué, et dans lesquels il est, discrètement mais efficacement, pratiqué un programme d'extermination et d'ethnocide à base de déculturation, d'alcoolisation, de précarisation, de stérilisation, d'anesthésie religieuse…

De même, mes États dits démocratiques oublient que leurs territoires sont parsemés de murs de la honte derrière lesquels, avec le calme serein de la légitimité de la Loi – de la Loi qui, comme toujours, est celle de la force, du pouvoir en place et aucunement de la… Justice  – ils parquent les relégué(e)s qu'ils produisent du fait de leur système économique, de leur moral, de leur droit… Ces murs de la honte sont des murs d'enfermement qui ont pour noms : prisons, zones de rétention, bureaux de police, centres de rééducation

Mais il existe encore bien d'autres murs de la honte. Lus insidieux ceux-là car invisibles, puisque, quasiment immatériels. Ce sont les frontières que ces mêmes États dits démocratiques érigent tout autour d'eux comme des sortes de muraille de Chine, de mur d'Hadrien, de rideau de bambou… pour se protéger non plus des archaïques barbares que furent les hordes sauvages venues de l'Est mais de ces barbares modernes que sont les… étranger(e)s ou, du moins, certain(e)s étranger(e)s.

Ces murs invisibles de la honte ont pour nom : visas, cartes de séjours, droit d'asile, certificat d'hébergement…

Paradoxalement – mais il n'y a de paradoxes que pour celles et ceux qui prennent pour… argent comptant l'adhésion de ces États aux Droits universels de l'Homme -, ces États dits démocratiques, qui prônent la liberté de commerce et, en particulier, la liberté de circulation des capitaux et des marchandises, multiplient les obstacles et, au besoin, les barrières pour entraver la liberté de circulation des personnes ou, du moins, de… certaines personnes.

Ainsi, en Europe, s'il y a un espace virtuel de liberté de circulation – l'espace Schengen –, cette liberté n'est en fait reconnue qu'aux seul(e)s les nationaux des États membres dudit espace, étant toutefois précisé qu'il ne s'agit en fait pas d'une liberté individuelle au sens de droit fondamental inaliénable, mais d'une… franchise que les États, tels des maîtres d'esclaves, de serfs, de domestiques, de… troupeaux, peuvent, à tout moment, retirer, de façon totalement discriminatoire, du seul fait du prince ou, plus exactement, du kapo-flic du coin pour des motifs de… sécurité intérieure, de raison d'État dont on sait qu'elle est supérieure à toute autre raison, y compris celle de l'Homme.

Quant aux ressortissant(e)s des États non membre de cet espace, la liberté de circulation et donc, en conséquence, d'entrer dans cet espace, n'est qu'une tolérance qui, à l'instar de celle des maîtres et des dieux, n'est accordée que selon le bon vouloir des potentats. Ainsi, à tel(le) étrange(e)r, parce qu'il-elle est porteur_euse non d'une valise en carton mais d'un portefeuille ben rembourré de grosses coupures, les portes de l'espace sont grandes ouvertes et il-elle se voir accueilli(e) avec tapis rouge, honneurs, fanfare… Et ce, même s'il s'agit d'un(e)… basané(e), d'un(e) barbu(e)[1], d'un(e) asocial(e), d'un(e) anormal(e)… car, en fait, s'il-elle peut entrer dans la forteresse c'est au nom de la liberté de circulation du fric, au nom de cette hospitalité toute mafieuse que les malfrat(e)s ne manquent jamais de s'accorder entre eux-elles.

Mais il y a les… autres. Les autres, c'est-à-dire cette majorité écrasante de personne dont l'humanité – au sens de statut juridique, politique, social, moral… tel que défini par la Déclaration universelle des Droits de l'Homme – mesurée à l'aune du vide de leur portefeuille, de la couleur de leur peau, de leurs pratiques sexuelles, de leur état de santé, de leurs opinions… ne pèsent pas bien lourd dans l'appréciation que portent à leur égard les gardien(ne)s des portes de la citadelle.

Ces États dits démocratiques ne sont pas des abstractions, des machines désincarnées… Ce sont des appareils –d'oppression et de répression – animés par des individus qui ne trouvent rien à redire à ce que, par exemple, leur bigoterie zélée les amènent à proclamer des professions de foi, relatives, notamment, à l'humanité, à l'humanisme, la fraternité, l'amour du prochain… sont en totale contradiction avec leurs pratiques totalitaires de ségrégation raciale, sociale, culturelle… !

Ainsi, le-la libre citoyen(ne) d'un libre (et démocratique) État de l'espace Schengen ne peut accueillir un(e) étranger(e) qu'en attestant de ressources suffisantes calculées selon des normes bureaucratiques sans considération du fait que ces normes ne sont pas applicables pour l'accueil d'un(e) national(e) [pourquoi y aurait-il donc des conditions différentes de capacité, en particulier économique, d'accueil selon que l'on accueille un(e) compatriote ou une étranger(e) ?] et que l'accueil d'un étranger(e) n'implique aucunement que son hôte ne puisse pas partager son gîte et son couvert, c'est-à-dire de prendre sur sa part ce que, en toute générosité, amitié, fraternité… il se propose d'offrir librement à l'autre.

Marchandisée, monétarisée la fraternité est donc désormais un luxe que l'on ne peut plus s'offrir lorsque, en totale cohérence avec ses convictions – qui, jusqu'à preuve du contraire, sont celles des valeurs et des principes constitutionnels qui, en France, continuent de s'afficher encore sur les frontispices des bâtiments de la République[2] -, on veut la pratiquer avec certaines personnes. Pire, pratiquer la fraternité – et que dire alors de l'égalité et de la liberté – avec certaines personnes peut même être constitutif d'un délit, en attendant que, au sens pénal, cela ne devienne un crime !

Les démocrates l'ont admis : l'univers concentrationnaire était une monstruosité en ce que ceux-celles qui l'ont conçu et qui l'ont pratiqué ont bafoué, nié, anéanti… la nature essentielle – et même essencielle – de leurs victimes : l'humanité. Pourtant, ces mêmes démocrates bafouent, nient, anéantissent… l'humanité de certaines personnes au seul motif de leur étrangeté mais aussi celle de leurs concitoyen(ne)s auxquel(le)s ils dénient désormais le droit d'être humain(e)s, c'est-à-dire, nécessairement,… fraternel(le)s, sachant qu'il ne peut y avoir de fraternité sans liberté et égalité.

La publicité mensongère est sanctionnée par la loi : je suggère donc que les États qui se revendiquent de la démocratie soient sanctionnés pour publicité mensongère dès lors qu'ils ont l'audace d'afficher des principes de Liberté, d'Égalité et de Fraternité quand, à l'évidence, il ne s'agit là que de mensonges proférés pour tromper la clientèle sur la véritable marchandise qu'ils vendent !



[1] Au sens propre ou figuré du terme !

[2] Et donc aussi, il est vrai, des… prisons, des centres de rétention administrative…


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