Quand les dires de Gépétou interrogent

Lors de son dernier voyage et, dans le contexte des attentats de New York et de Washington ainsi que de la croisade américaine, Gépétou a rappelé que tous les croyants, et don, aussi, les musulmans, priaient le même ∄ unique. Or, plus qu'ils n'affirment, ces propos interrogent :

• comment peut-"on" être à la fois unique et… triple[1] ? de quelles mathématiques relève cette identité particulièrement remarquable mais, somme toute confidentielle, puisqu'elle est rejetée par de nombreuses Ø ?
• comment concilier cette unicité avec la multiplicité de certaines Ø qui, comme l'hindouisme, se fondent sur… le poly-théisme ?
• comment  accorder cette unicité, qui, même si elle se veut transcendantale, sur-naturelle, sur-humaine…, renvoie à la notion d'individualité, autrement dit, à une conception anthropomorphique à la fois de ∄ lui-même et de la divinité, avec certaines croyances totalement désincarnées pour lesquelles la divinité est l'expression d'une idée, d'un principe en dehors de toute conception anthropomorphique et, de ce fait, de toute individualité – Ø déistes – ainsi qu'avec ces croyances qui ont universalisé la divinité au point de l'étendre à la matière – animaux, végétaux, minéraux, cours d'eau… - et aux éléments naturels, c'est-à-dire aux forces, au sens scientifique, de la matière – éclair, foudre, vent… - ?
• comment un ∄ unique peut il non seulement tolérer mais, puisqu'il est la volonté de toutes choses, que, selon que l'on regarde les choses de New York ou de Kaboul, en même temps, une partie de son troupeau soit innocente à New York et une autre coupable à Kaboul et, inversement ou réciproquement, cette même seconde partie soit innocente à Kaboul et cette même première partie coupable à New York ? autrement dit, sauf à admettre qu'elle n'est rien d'autre qu'une… duplicité, comment une même volonté unique peut être elle-même et son contraire et produire des effets contradictoires ? comment cette unicité peut-être à la fois, parce que telle est sa volonté, du côté des bourreaux et de celui des victimes alors même que la criminalité des premiers, comme l'innocence des seconds, est duale puisqu'elle est aussi son propre contraire ?
• concrètement et, pour parler crûment, lorsqu'il s'agit de compter les morts et les blessés, cette dualité contradictoire, qui serait inhérente à l'essence même de l'unicité de ∄, a pour conséquence que soit il n'y a que des bourreaux – mais alors quel est donc ce ∄ unique qui commande à ses créatures de s'autodétruire, de se suicider en un holocaustes collectif ? n'est-ce pas là, selon les dogmes-même de cette croyance, la définition et la preuve du… Mal ? et, dans l'affirmative, selon la logique même de cette croyance, s'il est le Bien, ∄ n'est-il pas aussi, nécessairement, le Mal, son propre contraire, sa propre… négation ? -, soit il n'y a que des victimes – mais alors si ce ne sont pas les créatures elles-mêmes qui sont coupables, qui est l'auteur, le responsable de cette criminalité si ce n'est ∄ lui-même au motif qu'il est… unique ? et si ce n'est pas ∄ le coupable, il y a forcément un autre : un autre ∄ ? une sorte d'anti-∄ ? - ; dans les deux cas, comment de telles contradictions peuvent-elles être (ré)concilier avec l'affirmation dogmatique – infaillible ? – de l'unicité de ∄ ?
• en affirmant que l'adoration d'un ∄ unique avait pris et continuait de prendre des formes différentes mais nullement contradictoire avec l'unicité de ∄ et que ces différences s'expliquaient par des conjonctures locales – historiques, géographiques, économiques, culturelles… - , Gépétou ne fait-il pas l'aveu que l'unicité de ∄, ne pouvant ni motiver a priori, ni expliquer a posteriori ces différences conjoncturelles d'une même et unique création, implique qu'un réel multiple ne peut être le reflet d'une transcendance unique et que les différences cultuelles – l'adoration, la Ø -, outre qu'elles renvoient aussi à des différences de conception tant de la divinité que de ∄, établissent au contraire que c'est la transcendance qui est le reflet – fantasmagorique, hallucinatoire… aliéné et aliénant - du réel ou, plus exactement, que c'est la multiplicité, la variation et la variabilité de la réalité humaine – les humains et les groupes humains – qui expliquent non seulement les différences cultuelles mais aussi de croyances et, en définitive, les différences et contradictions de la divinité et de ∄ et que, in fine, la transcendance divine – et son contenant comme son contenu – n'est qu'une création humaine au même titre qu'une pathologie mentale crée la paranoïa, la schizophrénie, la névrose… et peut amener un individu à être le bourreau de victimes innocentes – sadisme -, la victime volontaire ou, du moins, passive d'un bourreau – masochisme – ou être les deux à la fois – sado-masochisme – relativement à d'autres ou/et à lui-même ?
• comment peut-il affirmer qu'un ∄ unique puisse avoir/vouloir à la fois de bons et de mauvais croyants et, ainsi, qu'un bon musulman[2] est celui qui se contente de prier et, de ce fait, de subir, de se soumettre en s'interdisant quelque acte de violence que ce soit contre d'autres croyants alors même qu'il y a peu encore le catholicisme affirmait que le bon chrétien était celui qui massacrer du musulman, du païen, de l'athée… ?
• comment légitimer des représailles au nom d'une réalité humaine – le droit de légitime défense – à l'encontre d'actes et des auteurs de ces actes quand l'unicité de ∄ implique que les premiers comme les seconds n'ont été que les instruments de la volonté divine d'un ∄ unique ?

Et je pourrais continuer encore mais, faute de temps, je vais m'arrêter ici avec cette ultime question : est-ce que cet indigeste et ennuyeux galimatias de contradictions et de contre-vérités est la résultante d'un esprit singulièrement dérangé, pour ne pas dire ayant sombré dans la débilité[3] d'une sénilité tremblotante ou bien, plus sûrement, l'expression lucide, bien qu'également tremblotante, d'un aveu : la non-existence de ∄, autrement dit, l'imposture de la Ø ?