Quelques considérations sur la lutte anti-terroriste en France

  

La France possède l'arme absolue contre le terrorisme : le plan Vigipirate, dont ont sait qu'il est à l'image de son "porte-avions" Charles de Gaule, navire mutant né du croisement d'un pédalo, d'un sous-marin et d'un matelas pneumatique dont la valve, en fait, est le petit doigt du capitaine : inutile. Inutile du moins quant à son objet – prévenir le terrorisme – car, par ailleurs,…

Un exemple : je travaille dans un bâtiment public appelé à accueillir chaque jour un nombre important d'administrés/es et donc de… citoyens/nes. A l'entrée, des contrôles d'identité et des "fouilles" sont effectués. Or :

Par ailleurs, politiques et médias ne cessent de faire état d'arrestations de terroristes dans les milieux… (terroristes) islamistes en violation de la Loi et, notamment, des droits individuels et, plus précisément, de la présomption d'innocence. Dans ce cadre, la citation des noms des personnes ainsi arrêtées, du fait de leur consonance arabe, outre qu'elle est une autre violation de la Loi et des droits individuels, introduit nécessairement dans l'inconscient collectif un amalgame entre arabité et terrorisme alors même que, bien entendu, ces mêmes politiques et médias ne cessent de dire qu'il ne faut pas faire… d'amalgames !

Désormais, pour certaines personnes, la seule possession de formules chimiques emporte, avant même qu'on ne les comprenne – la chimie n'étant pas de la compétence ordinaire d'un policier lambda ! – et qu'on n'en détermine leur utilité et leur finalité, accusation et jugement de culpabilité ! Or, personnellement, par exemple, je possède chez moi des formules chimiques (comme par exemple celle de la dynamite) qui se trouvent tout simplement dans… mes encyclopédies : suis-je pour autant un terroristes ? En outre, scientifiques, techniciens et experts militaires sont formels : si la fabrication d'un engin explosif ordinaire peut se faire sur le coin d'une table de cuisine, en revanche, la fabrication d'une bombe chimique ou bactériologique nécessite une infrastructure lourde de laboratoire et l'accès à des sources d'approvisionnement en matières premières, peu nombreuses, sévèrement contrôlées et réservées soit à la puissance publique, soit à des professionnels (usines d'armement, laboratoires chimiques…) dûment habilités et contrôlés ; dans ces conditions, il est pratiquement impossible, sauf à supposer des complicités au sein de l'appareil militaro-industriel, à un quelconque réseau terroriste de fabriquer de telles bombes sur le territoire même du pays qu'il voudrait prendre comme cible (En outre, on voit mal comment un terroriste pourrait porter sur lui l'équivalent de plusieurs citernes et camions de produits, matériaux, équipements, instruments… et, ainsi, tomber dans les mailles du filet de Vigipirate en allant prendre son train ou son métro, faire ses commissions dans une grande surface… !).

Ainsi, le plan Vigipirate, outre que, de l'aveu même de la Police et des Services secrets, a une utilité quasiment nulle au regard de la prévention du terrorisme – et, notamment, du terrorisme suicidaire – est un retournement de la Loi et, en fait une violation de la Loi, puisque, de façon discriminatoire, il établit des présomptions de culpabilité, alors que, comme on le sait, il est souvent plus difficile de prouver son innocence que de faire établir sa culpabilité, et confère à des personnes de droit privé, en dehors de toute possibilité de contrôle a priori,  des prérogatives et des compétences relevant exclusivement de la puissance publique et, singulièrement, de l'État.

A mots plus ou moins couverts, certains (ir)responsables publics confessent que Vigipirate n'a pas pour objectif réel de prévenir le terrorisme mais… de rassurer l'opinion publique pour lui (dé)montrer que l'on fait réellement quelque chose alors que la véritable action de prévention du terrorisme se situe bien en amont du risque d'attentat et que la lutte contre le terrorisme a d'autres formes que le simple contrôle (policier) d'identité ! Par rapport au discours officiel quant à la finalité et l'efficacité du plan Vigipirate, ce demi aveu est tout autant… un mensonge à part entière.

En fait, la finalité d'un tel plan se situe à deux niveaux :

Or, une politique tendant à terroriser, psychologiquement et moralement et non nécessairement physiquement, les individus n'est autre que… terrorisme ! Conçue, organisée et mise en œuvre par l'État, elle n'est donc pas autre chose que… du terrorisme d'État !

En France, avant même le 11 septembre dernier, on savait que le thème de la sécurité – ou de l'insécurité – allait être le thème majeur des élections présidentielles et législatives de 2002. Ces attentats sont venue à point nommé pour autoriser les pires excès, les pires dérives et, concrètement, au-delà des discours, des diatribes et autres logorrhées, les pires abus, les pires exactions !

Certes, la population américaine a injustement payé le prix fort pour les attentats du 11 septembre dernier, mais ce coût humain – et, accessoirement, matériel – est sans commune mesure avec le profit qu'en tirent les États et l'ordre économique mondial : le passage d'un totalitarisme – sous la forme, notamment, du terrorisme – exceptionnel, dérogatoire à un totalitarisme ordinaire, quotidien et désormais non plus seulement légal mais légitime en raison de sa légitimation par une opinion publique manipulée dont on voit que c'est bien elle est, en définitive, qui est l'expression courante de la démocratie bourgeoise et non pas le suffrage universel.


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