Questions mécréantes de preuve

 

Pour les religions, dieu n'est pas seulement une vérité révélée – bien entendu, par dieu lui-même – mais une réalité… prouvée.

Il convient donc, avant d'aller plus loin, de rappeler la définition exacte du concept de preuve[1].

Dans l'acception courante, qui se réfère au…bon sens, "la preuve est ce qui prouve quelque chose" autrement dit, ce qui démontre clairement, sans ambiguïté, la réalité, l'effectivité, la matérialité de quelque chose.

Dans le cadre scientifique, la preuve est la certitude de validité expérimentale dans le cadre hypothétique d'une théorie, cette validation étant elle-même théorique et/ou théoriquement faisable ou observable. Par exemple la découverte de Neptune par Le Verrier en 1846 est théoriquement construite sur les lois de Kepler et théoriquement prouvée par les calculs effectués selon ces lois. L'hypothèse consiste à imaginer l'existence de Neptune, la preuve expérimentale est théorique, alors que parallèlement, elle est techniquement observée avec une précision moindre dans le télescope de J.G. Galle. Trois cents ans auparavant Galilée avait vu la planète Neptune sans pouvoir la découvrir puisqu'il n'avait pas théoriquement construit l'hypothèse de son existence: non mise en question, celle-ci disparaît du champ de recherche sélectionné.

Dans le cadre scientifique, il est une preuve particulière : la preuve mathématique[2] qui est obtenue par la rigueur démonstrative d'une tautologie différée alors que les autres sciences doivent fournir une preuve expérimentale.

Selon le principe de réfutabilité de Popper, nous ne pouvons être absolument certains de ce qu'une science avance comme vrai, mais nous pouvons être définitivement certains de ce que la science a prouvé comme étant faux. En ce sens la philosophie et la religion ne peuvent établir aucune preuve puisqu'elles ne peuvent pas exposer leurs preuves à la validité expérimentale.

Dans le cadre philosophique et, plus précisément, logique, par-delà la question de savoir si la preuve mathématique est uniquement formelle ou si elle constitue un objet propre réellement existant, une réalité interne à l'esprit qui serait la réalité – extériorité de même structure –, c'est sur la supposition qu'il existe d'autres types de preuves rationnelles ni entièrement déductives ni expérimentales que la métaphysique aristotélicienne, fondement de la théologie chrétienne, a bâti son domaine pour prouver l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu.

Or, Kant a démontré en logique que les preuves physico-théologiques et cosmologiques de l'existence de Dieu sont de purs sophismes qui ne concluent que… ce qu'ils ont supposé. En effet, pour lui, c'est sur la réfutation de la preuve ontologique de Descartes, pour lequel un être parfait – dieu – existe du seul fait que nous en formons le concept,  que se trouve engagée la notion même de preuve. Or, en toute rationalité, un concept ne peut produire une existence ; un fossé infranchissable sépare la logique (conception parfaitement cohérente d'une existence) et le réel (cette existence même). Ainsi, prétendre que le concept peut prouver est seulement la preuve du dogmatisme[3].

La preuve est donc le fondement méthodologique et théorique de la Science. Pour la Science, "Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve" (Euclide) et ce qui ne peut être prouvé et réfuté par les mêmes moyens ne relève pas non seulement de son domaine mais, plus généralement, du rationnel, du réel.

Tant la Science que la Philosophie – y compris sous sa forme dégénérée qui est celle de la théologie, c'est-à-dire du dogmatisme -, imposent aux scientifiques et aux philosophes d'organiser, d'ordonnancer – de dérouler – leur pensée et leur discours, c'est-à-dire de… raisonner, c'est-à-dire de faire preuve de raisonnement, l'expression faire preuve de signifiant respecter des principes, des méthodes, des règles… donnés constitutifs d'une théorie et d'une méthodologie de la pensée.

Ainsi, en logique et en psychologie, la raisonnement désigne tout procédé de pensée qui, à partir de certaines données, aboutit à des conclusions, en vertu de règles implicites ou explicites, et sans qu'il soit nécessaire de procéder à de nouvelles constatations, étant précisé que les données[4] du raisonnement peuvent être soit des faits observés, soit des propositions que l'on tient pour vraies (même si ce n'est qu'à titre hypothétique ou provisoire).

Tous les raisonnements ou inférences peuvent être pratiquement ramenés à deux types ou à leur combinaison : l'induction et la déduction. La démarche qui consiste à partir de faits observés pour aboutir à une proposition plus générale formulant la loi qui régit ces faits s'appelle induction. Le raisonnement qui consiste, au contraire, à tirer une proposition nouvelle de propositions antérieurement admises se nomme déduction.

"Il n'y a pas de fumée sans feu", "La flamme chauffe, le pain nourrit" : ces énoncés sont, en fait,  des inductions de la vie courante qui  consistent à dégager une liaison – en l'occurrence, une causalité - constante entre deux ou plusieurs faits et à exprimer cette liaison dans un langage approprié. L'induction est évidemment liée aux nécessités de l'action et de la vie professionnelle : les paysans ont appris à relier tel aspect du ciel à l'imminence de l'orage, le démarcheur commercial a dégagé par expérience le lien entre un certain type d'arguments et la réponse favorable de ses clients.

L'induction scientifique diffère de ces inductions empiriques en ce qu'elle rapproche des faits très éloignés que l'observation courante n'aurait pas cherché à mettre en rapport (l'action de la lumière sur le courant dans l'effet photoélectrique, par exemple) ; de plus, elle exprime ces liaisons sous une forme le plus souvent mathématique, comportant des mesures très précises ; enfin, lorsque la science a atteint un certain niveau de développement, elle produit elle-même, grâce à des techniques très élaborées, la plupart des faits qu'elle observe.

Qu'en est-il de la déduction ? "On peut lui faire confiance, c'est un ami" est une affirmation, qui, considérée sur le plan logique, suppose en réalité un enchaînement de propositions, certaines sous-entendues, qu'on pourrait rétablir de la façon suivante : "Tout ami est digne de confiance ; or cet homme est un ami ; donc cet homme est digne de confiance[5]". Ainsi exprimé, le raisonnement s'appelle syllogisme (forme classique la plus simple de la déduction) et l'on doit au philosophe grec Aristote une logique fondée sur son emploi systématique.

En revanche, dans la déduction mathématique, le nombre des prémisses (deux dans le syllogisme) s'élève : on doit en effet compter dans les prémisses servant à établir un théorème quelconque toutes les notions, les règles, les théorèmes antérieurement démontrés que l'on utilise. Parmi ces prémisses, certaines ont un caractère particulier, car on se sert d'elles pour établir d'autres résultats, mais elles ne sont elles-mêmes déduites d'aucune proposition antérieure : ce sont les axiomes. Enfin, loin de se borner, comme le syllogisme, à un simple emboîtement de classes ou de termes (le terme "cet homme" est compris dans la classe des "êtres dignes de confiance"), la déduction mathématique procède par invention de constructions très complexes et c'est dans ces constructions que réside le génie mathématique.

Toutefois, dans la réalité, c'est-à-dire dans la vie quotidienne, l'usage du raisonnement ne sépare pas induction et déduction. C'est souvent par une induction qu'on établit les propositions dont on tire ensuite, déductivement, les conséquences. De plus, le raisonnement et la constatation des faits interfèrent sans cesse, tandis que l'imagination intervient pour proposer des hypothèses.

Ainsi, dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865), Claude Bernard propose d'appeler raisonnement expérimental l'usage que fait tout chercheur de la méthode expérimentale et il montre comment l'observation des faits, l'invention de l'hypothèse, l'expérimentation, la déduction, en intervenant à tour de rôle, constituent la démarche même de la science qui se fait.

En fait, si on peut trouver la même synthèse de procédés de pensée très divers dans la vie courante, force est toutefois d'admettre qu'ils n'ont pas la rigueur de la pensée scientifique et qu'ils dépendent du domaine où ils s'appliquent : "On ne raisonne pas de la même manière en matière de météorologie, de pêche, de police, de guerre ou d'élection, ni dans chaque domaine selon la connaissance plus ou moins approfondie qu'on en a", écrit P. Oléron,  psychologue, qui qualifie ces raisonnements de matériels puisqu'ils dépendent du contenu auquel ils s'appliquent.

Ceci dit, il n'en reste pas moins vrai que le raisonnement scientifique constitue la norme (le modèle) dont les autres raisonnements doivent tenter de se rapprocher.

Le raisonnement est donc, en fait, la mise en œuvre de la raison, l'application de la raison à l'observation, à la compréhension, à l'explication… du réel. Or, les philosophes et, notamment, les logiciens, n'ont pas manqué de relever la multiplicité des sens du mot raison, qui, est cela n'est pas anodin, vient du latin ratio, "calcul".

Ainsi,  pour Pascal, "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point" ; pour Leibniz, "La connaissance des vérités nécessaires et éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les sciences" ; pour Spinoza, "C'est à leur complet mépris de la raison que, par la pire injustice, on reconnaît les détenteurs de la lumière divine" ; pour Schelling, «"Hors de la raison, il n'y a rien»"…

Toutefois, tous les philosophes s'accordent et se sont toujours accordés à reconnaître que la raison est le propre de l'homme et qu'elle désigne une faculté humaine – exclusivement humaine -, une cause, un argument ou un ordre des choses auquel doivent se conformer nos représentations. La raison, selon sa définition négative,  est donc "ce qui nous distingue des bêtes", selon l'expression qu'ont employé tour à tour Descartes et Leibniz, maîtres de la philosophie rationaliste, même si leurs conclusions en ont été radicalement différentes.

Cette définition négative posée, les philosophes se sont attachés à définir positivement la raison. Toujours pour Descartes, la raison est  "la puissance[6] de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux".

Mais les philosophes ont constaté que l'universalité de la raison comme spécificité humaine, si elle est, par définition, "naturellement égale en tous les hommes", n'empêche pas pour autant que les opinions humaines s'affrontent dans une inconciliable diversité alors même que, a priori, on peut/doit admettre, en pure logique, qu'il ne puisse y en avoir qu'une seule qui soit vraie, sauf à admettre un relativisme absolu qui interdirait l'établissement de quelque vrai – et, a contrario, faux – que ce soit.

Poursuivant leur raisonnement, ils en sont arrivé à la conclusion que la multiplicité d'opinion des hommes et, par conséquent,  de leur conception et application du  vrai et du faux[7], loin d'établir un relativisme absolu et, d'une certaine manière, de remettre en cause l'effectivité de la raison et la possibilité d'un raisonnement vrai,  était due à l'absence d'une méthode qui permette à chacun de bien conduire sa raison, car "ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien".

Descartes a ainsi établi que la simple possession de cette faculté spécifiquement humaine qu'est la raison, loin de fournir à l'homme la clé de son existence – la Vérité -, fait surgir dans le champ de son activité pratique le problème théorique de la connaissance et que, désormais, le problème essentiel du raisonnement est celui de la rigueur de sa méthode.

Le développement de la Science moderne va préciser cette démarche philosophique qui, chez Descartes, n'a pas su se détacher de la théologie et qui, sous des allures de rigueur mathématique, est restée une œuvre de propagande religieuse.

En effet, la Science moderne va établir que la raison – et sa mise en œuvre, le raisonnement – n'a pas pour vocation d'établir des Vérités – ou d'accéder à des Vérités – mais de produire des connaissances, c'est-à-dire du vrai théoriquement et expérimentalement prouvé et, surtout, réfutable[8]/ [9].

Ainsi, pour la Science, rien ne peut être affirmé qui ne soit, théoriquement et expérimentalement vérifiable et, par conséquent, théoriquement et expérimentalement, réfutable.

Il en résulte que, d'un point de vue scientifique, il n'appartient pas à l'athéisme de prouver la non-existence de dieu mais, au contraire, à la religion de prouver l'existence de dieu et, plus généralement, de prouver que ses Vérités ne sont pas des dogmes mais bien des connaissances vraies, théoriquement et expérimentalement, prouvées et, dès lors, réfutables dans les mêmes formes théoriques et expérimentales et avec la même rigueur méthodologique.

Sachant que cette démonstration scientifique n'a toujours pas été faite, il appartient donc à la religion de prouver, notamment, que :

         dieu existe

         le monde a été créé, que cette création obéit à une loi naturelle et universelle qui est celle de la finalité et que cette création à un centre qui serait l'humain[10]

         cette création est unique et qu'ainsi il n'y a pas d'autres mondes et, a fortiori, d'autres vies, que ces vies soient à forme humaine ou autre

         contrairement à l'évolution générale des espèces et des faits établis par la paléontologie, l'archéologie, l'anthropologie, la géologie…, l'espèce humaine n'a pas évolué – et que les humains du XXIème siècle sont à la stricte image des premiers hominidés apparus il y a plusieurs millions d'années et non… 6 000 ans – et que son autre particularité, qui la distingue de toutes les autres espèces, est d'être monogénique et non polygénique

         la chronologie de cette création coïncide bien avec celle établie par la Science pour rendre compte de l'émergence du système cosmique dans lequel elle a été effectuée

         contrairement au principe d'identité, l'identité remarquable 3 ≡ 1 est fondée

         contrairement à ce même principe une chose peut, en même temps, être autre chose et que, sans intervention chimique, biologique, physique, mécanique… externe, une chose peut se transformer en une autre chose et, ainsi, changer de nature atomique, génétique…[11]

         sans aucune intervention extérieure, un corps, vivant ou mort, peut échapper à la gravitation terrestre et, alors même que la Terre aurait plutôt tendance à attirer vers elle des objets divers – astéroïdes, quincaillerie aéronautique… - flottant dans le vide sidéral dès lors qu'ils tombent sous l'effet de son attraction, sortir de l'atmosphère terrestre et s'élever vers le vide sidéral

         l'espèce humaine peut avoir un autre mode de reproduction que la reproduction sexuée et que la fécondation de l'ovule peut être obtenue par autre chose qu'un spermatozoïde et, en particulier, le saint esprit dont il y aurait lieu par ailleurs d'établir et de prouver la nature et l'aptitude à féconder un ovule[12]

         un accouchement, qui n'est pas effectuée par césarienne, peut préserver l'intégralité de l'hymen[13], alors que, chez toute femme normalement constituée, ledit hymen est une membrane souple, percée d'un orifice, fermant en partie l'orifice vaginal et que l'expulsion du fœtus ne peut se faire par une autre voie

         un être humain, quand bien même il s'appellerait Mathusalem, peut vivre… 969 ans

         un mort, donc la mort clinique a été dûment constatée, peut non seulement revivre mais, en plus, sortir, de lui-même et sans aucune intervention extérieure, de quelque nature que ce soit, d'une tombe – ou d'un tombeau – scellée

         dans certaines circonstances, le principe de l'hydrostatique établi par Archimède selon lequel "un solide plongé dans un fluide moins lourd que lui se voit allégé d'un poids égal au poids d'un volume de ce fluide égal au volume du solide immergé" peut connaître une exception qui fait qu"un solide plongé dans un fluide moins lourd se voit allégé d'un poids égal à la totalité de son volume", que, si le dit solide est un corps mouvant, ledit corps est capable de se mouvoir sur le dit liquide et que, si ledit corps mouvant se nomme jésus et que ledit liquide se nomme lac Tibériade, on obtient jésus flottant – marchant – sur le lac Tibériade

         sans intervention extérieure, de quelque nature que ce soit – mécanique en particulier et, plus généralement, technique – une chose – du pain, du poisson… - peut avoir la faculté particulière de se reproduire et ainsi de multiplier sa quantité et son volume

         un objet manufacturé, comme par exemple un suaire, peut être fabriqué rétroactivement de sorte que, en fait, il  soit… antérieur à la date de sa fabrication

         un ensemble, disons une (vraie) croix, un squelette…, puisse être fragmenté en éléments de telle sorte que le volume total de ces éléments soit supérieur au volume de l'ensemble initial

         à l'état de squelette, un corps humain peut avoir deux têtes ou trois fémurs ou quatre tibias… alors que, de son vivant, la personne considérée avait une anatomie normale

         dans certaines circonstances, qui ne participent cependant pas d'un quelconque procédé de conservation, la matière organique ne se décompose pas et que, par exemple, du sang ne se dessèche pas et peut même, ponctuellement, se reliquéfier

         dans d'autres circonstances également particulières, le principe de causalité de joue pas[14] et que, par exemple, la luminosité peut être observée antérieurement à toute source lumineuse – la lumière, pour faire simple –

         en certaines occasions, les lois de l'acoustique, notamment celles relatives à la propagation du son, ne s'appliquent plus et que, par exemple, la vitesse du son dans l'atmosphère terrestre n'est plus seulement de 340 mètres/seconde m'ai d'un chiffre… prodigieux – et supérieur à la vitesse de la lumière dans l'espace sidéral qui est de 300 000 Km/s – de telle sorte que la voix[15] d'un émetteur ou inspirateur - en l'occurrence dieu[16] - puisse se transmettre instantanément à un récepteur ou inspiré – qui s'appellerait Abraham, Moïse, Mohamed, Jeanne d'Arc… ou, plus simplement, Ducon ou Duconne -, et inversement, et ce, alors même que la distance physique qui les sépare est… infinie, [17]d'une part et que, d'autre part, cette propagation sonore serait autre chose qu'un échange mécanique[18], qui implique qu'une partie de l'énergie de départ est perdue à chaque transmission sous forme de chaleur, de telle sorte que cette voix ne subisse aucune distorsion et qu'elle ait les mêmes caractéristiques – volume, longueur d'onde, rayonnement de fréquence, spectre… - à la réception que celles qu'elle avait à l'émission[19] et ce, malgré la distance et la vitesse en cause[20]

         … et ainsi de suite…

         bref, que les toutes vérités religieuses, sans aucune exception, ont été prouvées, et que, ayant été prouvées, elles peuvent être réfutées, autrement dit, constamment vérifiables, que son livre – quel que soit son nom – est, en fait, une encyclopédie scientifique et technique parfaitement à jour et universelle et que, a contrario, ces vérités ne sont pas… des impostures !

Ainsi, de deux choses l'une :

         ou la religion admet que la foi et la raison sont compatibles, l'acte de foi étant un acte de raison, et alors il appartient à la religion de prouver dieu – et toutes les vérités dont, accessoirement, elle se prévaut - avec des arguments de raison, c'est-à-dire par la Science

Mais, dans ce cas, les seules preuves admissibles sont celles qui le sont du point de vue de la Science et qui, donc, sont théoriquement et empiriquement démontrables et réfutables, ce qui exclut, pour cause de non scientificité,  les deux traditionnelles preuves auxquelles la religion a recours, l'écriture et le miracle. En effet :

o       pour ce qui concerne l'écriture : la nomination du réel n'est ni la production, ni la preuve du réel. Pour nous en tenir à la preuve, je vais prendre un exemple trivial. Soit une bouteille opaque sur laquelle est apposée une étiquette portant la mention "eau minérale". Cette étiquette – cette écriture – ne prouve en rien que ladite bouteille contient de l'eau minérale. La preuve de la présence d'eau minérale exige une démonstration empirique minimale – ouvrir la bouteille, la pencher afin de constater si oui ou non il en coule de l'eau – et, du fait des propriétés supposées de cette eau – minéralité – une démonstration scientifique qui, en l'occurrence, consistera à faire une analyse chimique qui, seule, pourra établir que le liquide contenue est de l'eau et que cette est bien minérale et non ordinaire – comme de l'eau de robinet -.

De même, si, par tolérance, on admet que l'écriture en question rapporte un fait  observé à l'origine par une autre personne que celle qui écrit, que ladite écriture est la relation sincère et véritable de l'observation relatée puis rapportée, et n'a obéit à aucune intention malhonnête, que l'observation initiale a été effectuée par une personne dont la raison et les sens n'étaient pas été altérés  par une quelconque maladie mentale ou physique, que les circonstances dans lesquelles l'observation du fait rapporté étaient parfaitement ordinaires[21]/[22]…, il n'en demeure pas moins que, du point de vue de la Science, la simple relation d'une observation ne prouve l'effectivité ni de l'observation elle-même, ni du fait observé. Autrement dit, la relation d'une observation ne dispense pas celle et celui qui se prévaut d'un fait observé de soumettre le fait observé à la vérification scientifique, sauf à renoncer à conférer le statut de fait scientifiquement prouvé audit fait.

o       pour ce qui concerne le miracle : A l'origine, la religion connaissait un nombre prodigieux de faits miraculeux. Ce nombre a présenté cette caractéristique singulière de diminuer au fur et à mesure des avancées de la Science et que celle-ci prouvait donc la réalité – au sens de relevant du réel et non du surnaturel – d'un nombre sans cesse croissant de faits. Pendant un long moment, la religion a contesté les preuves scientifiques de la nature véritable des faits incriminés et a continué d'appeler miracles  des faits dont la Science avait pourtant prouvé qu'ils obéissaient à des lois naturelles, qu'ils ne relevaient pas du surnaturel et qu'ils n'étaient pas les effets d'une volonté divine. De nos jours, poussée dans ses derniers retranchements, la religion se contente d'appeler miracle ce que la science ne sait/peut pas déduire d'une loi naturelle. En fait, de nos jours, il y a deux catégories de miracles : les faits que la Science ne peut expliquer pour la simple et bonne raison que la religion lui interdit de les soumettre à la démonstration expérimentale ; et ceux pour lesquels, malgré la démonstration expérimentale et l'hypothèse théorique, la Science ne peut fournir aucune explication naturelle et donc, les déduire – voire les induire -d'une quelconque loi naturelle.

Cette impossibilité scientifique, selon la religion, est la preuve scientifique de l'existence et du caractère surnaturel des miracles. C'est là une imposture car :

§       il n'appartient pas à la Science, mais bien à la religion de prouver le miracle

§       la preuve scientifique d'un fait s'établit positivement et non négativement ; en d'autre terme, la preuve de A n'est pas établie par la preuve de B dont on présupposerait qu'il est le contraire de A. or, c'est bien ce que fait la religion en affirmant "A est un miracle parce que la science n'a pas établi qu'il était naturel"[23]

§       la Science ne prétend pas détenir la Vérité. Elle ne prétend pas pouvoir/devoir tout expliquer. Elle admet que, à un moment donné, en raisons de l'état d'avancement de la théorie et des techniques[24], ses connaissances sont nécessairement limitées et qu'il existe donc des trous de connaissance qu'elle s'efforce de combler[25].

§       les trous de connaissance de la Science ne sont pas pour autant la preuve d'un ordre surnaturel qui échapperait définitivement à la Science qui, elle, ne peut connaître que d'autre ordre que le réel.

Ainsi, ni l'écriture, ni le miracle ne constitue une preuve scientifique, admissible en raison et en logique, de dieu et de ses accessoires et la démonstration de cette preuve qui, reste entièrement à faire, est bien à la seule charge de la religion.

         ou elles – foi et raison -  ne sont pas compatibles et la religion est un choix que l'on fait. Mais, dans ce cas, pour être acceptable en raison et je dirais même volontiers, en justice et en éthique, ce choix doit pouvoir être fait librement, ce qui exclut le baptême et toute autre forme de marquage religieux, de conditionnement, de formatage, de prédestination… et, au contraire, implique le libre choix de ne pas faire un tel choix, de faire un autre choix, de changer de choix – apostasie et hérésie -.

En ce qui me concerne, dans cette hypothèse, je fais le choix de ne pas choisir dieu mais les humains, pas le divin mais l'humain, pas le surnaturel mais le réel, pas l'idée – ce qui est différent de l'idéal et des idéaux…j'en ai ! – mais la matière, pas l'éternité mais l'instant, pas plus tard  mais maintenant, pas ailleurs  mais ici, pas la mort mais la vie, pas l'esclavage et la déchéance mais la liberté et la dignité… En somme, de vivre et mourir debout et non de vivre et mourir couché.



[1] Il existe également une définition juridique de la preuve. En droit positif, la preuve est l'établissement en justice d’un fait matériel ou d’un acte juridique dont l’existence est contestée. (En cette matière, le juge doit statuer sur la base des preuves écrites qui lui sont soumises ou se conformer aux mesures d’instruction légalement admissibles et au nombre desquelles figurent notamment l’enquête et l’expertise.)

[2] En mathématique, il existe une autre acceptation de la preuve : Technique rapide permettant de vérifier une opération. La plus commune est la preuve par 9, qui permet de vérifier une multiplication : a) on calcule le reste de la division par 9 du multiplicande ; b) on fait de même pour le multiplicateur ; c) on calcule le reste de la division par 9 du nombre obtenu en additionnant les chiffres du produit de ces deux nombres ; d) si ce dernier nombre n’est pas égal au reste de la division par 9 du nombre obtenu en sommant les chiffres du résultat supposé, l’opération est fausse.

 

[3] Dogme. Dans un sens général, un dogme (du grec dogma, avis, opinion) est seulement l'affirmation d'un principe établi, d'une vérité enseignée comme une règle. Philosophiquement, la notion de dogme repose sur une théorie de la connaissance : le dogmatisme. Celui-ci considère que la vérité est accessible à l'homme, grâce à ses sens et à sa raison. Pour les dogmatistes les plus extrémistes, la vérité ainsi découverte est indiscutable. Cette attitude, dite dogmatique a influencé le sens commun du mot dogme. Il est alors compris comme : une affirmation autoritaire et sans preuves. Cette acception est souvent celle qui est reçue dans le domaine religieux.

Religieusement, et spécialement dans l'Église catholique, le dogme exprime une vérité à croire, définie et proclamée par l'autorité responsable. Cette expression du dogme a trois fondements. Le premier est la Révélation divine contenue dans les Écritures et particulièrement les Évangiles. Le second est la conviction que l'intelligence humaine a la possibilité de comprendre mais aussi d'expliciter à chaque époque le message de Dieu. Le troisième est la croyance que l'Esprit même de Dieu assiste les hommes dans ce travail de compréhension. Ce travail est permanent. Il y a donc une évolution, une histoire des définitions dogmatiques. Le dogme a un double but : discerner et rejeter les sens erronés (les hérésies) ; mais aussi clarifier et établir les bases d'une croyance commune. L'aspect négatif du dogme, manifesté par des condamnations, des anathèmes, des excommunications, l'a fréquemment emporté, lui conférant un sens péjoratif. Pourtant, le dogme représente l'explicitation du message divin, afin de le rendre intelligible. La définition qu'il formule est issue d'une recherche de clarification.

Cette recherche et cette formulation sont l'œuvre collective des théologiens, des évêques et du pape. Mais elles reflètent aussi les traditions et les aspirations du peuple chrétien. Elles sont proclamées par des conciles.

C'est ainsi que celui de Vatican I a défini l'infaillibilité pontificale. Mais celle-ci n'est pas le pouvoir autocratique et quelque peu magique d'un chef. Le pape ne jouit de cette infaillibilité que lorsque "en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, il proclame ex cathedra par un acte définitif un point de doctrine touchant la foi et les mœurs". Il y a une "hiérarchie des vérités". Les dogmes de foi, définis ex cathedra concernant le Christ, la Trinité sont sur un autre plan que ceux se rapportant à l'Immaculée Conception (1854) ou à l'Assomption de la Vierge (1950). Un dogme ne peut prétendre enfermer le mystère de Dieu dans une définition. Il n'est qu'un "jalon" pour guider le peuple croyant.

© Hachette Multimédia / Hachette Livre, 1999

[4] Une donnée est un élément déterminé, admis, qui sert de base à un raisonnement, à une recherche, à une œuvre : les données du problème. Elle ne doit pas être confondue avec la notion de donné qui désigne un présupposé, un pré-établi, un préjugé, un préconçu… et, dans la religion, ce qui relève de la manifestation divine – et, plus précisément, de la volonté divine -. La donnée d'un raisonnement, notamment scientifique, est un paramètre, une variable, une inconnue… alors que le donné religieux est une vérité qui s'impose aux humains, qui n'a pas à être prouvé – au motif qu'elle ne le peut pas ou doit pas -, qui échappe à la validité expérimentale…

[5] Rappelons, que cet enchaînement de propositions peut obéir à une logique absolue qui n'est nullement scientifique, réelle, objective. C'est le sophisme. Ainsi, par exemple : "Tous les chats sont mortels – De même, tous les hommes sont mortels – Socrate est mortel – Donc, Socrate est… un chat" !

[6] Ou, en langage moderne : capacité.

[7] "Vérité en-deçà des Pyrénées, mensonge au-delà".

[8] En fait, une preuve qui n'est pas réfutable n'est pas une preuve mais un dogme.

[9] Il s'ensuivra le développement d'une philosophie des sciences (ou épistémologie) dont l'objet est d'analyser les méthodes mises en œuvre par les diverses sciences, considérées comme des modèles de rationalité, et, ainsi, de vérifier la scientificité des méthodes et, a contrario, des connaissances scientifiques.

[10] Un tel centre emportant une autre centralité cosmogonique : la Terre dès lors que la création divine a été faite, en quelque sorte, pour cet achèvement finaliste que sont les humains et que les humains ne vivent pas ailleurs, selon le dogme religieux, que sur la Terre

[11] Et, par exemple, que du pain puisse se transformer en cette autre substance qui serait le… corps du christ. Notons, au passage, que cette transformation magique, met une autre preuve à la charge de la religion, celle de prouver comment, depuis le temps que l'on bouffe du christ, il y a toujours de la viande de christ à bouffer et du sang de christ à boire, sachant que, de son côté, la Science n'a toujours pas prouvé cette faculté qu'aurait la matière de se régénérer constamment et que le bon sens constate qu'au fur et à mesure que l'on cueille les pommes d'un pommier il y de moins en moins de pommes jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus !

[12] La fécondation d'un ovule humain par le saint esprit pose un double problème, l'un scientifique, l'autre théologique :

         ou bien le saint esprit n'est pas humain et alors il faut prouver comment, contrairement à la loi établie et prouvée par les sciences naturelles – zoologie et biologie en particulier – de l'impossibilité d'un croisement et donc d'une reproduction sexuée de deux espèces différentes, une autre espèce a pu féconder un élément de l'espèce humaine et, ainsi, concevoir un  être qui participe à la fois de l'espèce humaine et de cette autre espèce

         ou bien, la religion reconnaît l'opposabilité de cette loi et admet que, en définitive, le saint esprit est de l'espèce humaine et, par conséquent, l'autre partie de la fécondation dont il s'agit étant une femelle, un âme et, en l'occurrence, du point de vue strictement sexuel, un homme. Mais alors, si l'agent de la fécondation de madame Marie est humain et, plus précisément, un homme, autre que monsieur Joseph,  dieu, ledit agent dont l'histoire, pour des raisons évidentes de discrétion adultérine, n'a pas retenu le nom patronymique, est un homme, alors… dieu est un homme et… toute la religion s'effondre !

[13] Sachant que des fécondations sans rupture de l'hymen ont été scientifiquement établies sans que cet établissement ait fait pour autant référence à une fécondation spirituelle.

[14] Ci est surprenant lorsque, par ailleurs, on pose comme dogme les principes d'une causalité ultime et du finalisme.

[15] La voix qui, en terme d'acoustique n'est que du son qui se propage.

[16] Dont on aurait préalablement prouvé qu'il existe !

[17] Il faudrait donc également démontrer que, dans de tels cas d'espèces, l'air de l'atmosphère terrestre n'offre aucune résistance à la propagation du son et que, de ce fait, ledit air, en fait, serait du vide et, qui plus est, un vide absolu. Il s'ensuivrait alors la nécessité de prouver que, dans certaines circonstances, l'être humain peut respirer  et vivre dans le vide alors même qu'il n'y aurait pas, et pour cause, d'oxygène !

[18] Ce qu'elle est pour l'acoustique.

[19] D'où une audibilité parfaite alors que le bon sens constante que plus grand est la distance séparant l'émetteur du récepteur et moins la voix se propageant dans les airs est audible.

[20] Au passage, il faudrait également prouver que certaines manifestations accompagnant généralement de tels phénomènes – éclair, foudre, tonnerre, chœur angélique, sonneries de cloches et autres trompettes… - ne produisent aucune perturbation, principalement électromagnétique susceptible, comme cela est le cas pour une propagation sonore ordinaire, d'accroître la quantité d'énergie perdue – et donc la qualité sonore ou, du point de vue du récepteur, l'audibilité - lors de la transmission de la voix.

[21] L'ordinarité des circonstances ayant pour conséquence que cette observation aurait être pu faite par une autre personne, dans un autre lieu et à un autre temps.

[22] Cela fait beaucoup de supposition mais on sait bien que avec beaucoup de si on peut mettre Paris en bouteille !

[23] Prenons un exemple trivial : je ne sais pas conduire un avion ; suis-je pour autant scientifiquement autorisé à établir que les avions n'existent pas au seul motif que… je ne sais pas en conduire un ?

[24] On sait que des hypothèses scientifiques ont été faites par des scientifiques de génie, par le seul effort de leur raisonnement, une imagination fertile et une bonne dose de courage, alors même qu'il a fallu attendre des siècles pour que les instruments scientifiques puissent les vérifier expérimentalement.

[25] On peut considérer que le propre de la Science est justement de boucher de tels trous.


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