Science et religion
Première
partie : de la Bible à Galilée
Ô athées ! Non seulement vous n'avez la foi – même si j'admets qu'il ne vous est pas facile d'avoir la vraie foi quand, pour ce faire, il faut choisir parmi autant de vraies Vérités – mais, en plus vous êtes de peu de foi.
Vous dîtes que la religion est contre la Science ! ce n'est que calomnie, mensonge, mécréance, impiété, mauvaise foi[1], blasphème… la religion s'est toujours intéressée – et même de très, très près…, en fait, tout… contre – la Science.
Pour preuve, ces quelques éléments, avérés et prouvés, glanés en feuilletant les pages de l'Histoire.
D'abord une sentence en forme de théorème : "dieu est le créateur de la nature et le révélateur de sa finalité. Aussi la théologie est-elle une science, la science de la réalité ultime et l'interprétation de toute connaissance humaine et de toute l'expérience du point de vue decette réalité ultime que la raison ne peut pas atteindre seule"[2].
Ensuite, quelques rappels quasi… antédiluviens !
"Car c'est le Seigneur qui donne la sagesse, et de sa
bouche viennent connaissance et raison"[3]
"Mieux vaut un homme dénué
d'intelligence qui craint le Seigneur qu'un homme très habile qui transgresse
la loi"[4].
"Dieu dit : "Qu'il y
ait un firmament au milieu des eaux, et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux
!" et… dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au
firmament d'avec les eaux supérieures" ". Oui, il en fut vraiment
ainsi et il en est toujours ainsi[5].
Dieu, alors, appela le firmament le ciel. Et il y eu un soir et il y eut
un matin, le deuxième jour ! Et tout cela sans le moindre bruit, sans la
moindre pétarade d'un quelconque Big Bang. Quelle discrétion, quelle
humilité, quelle modestie ce… dieu !
Là-dessus, "Dieu dit :
"Que les eaux inférieures au ciel s'amassent en un seul lieu et que le
continent paraisse" ". Et il en fut vraiment ainsi : les eaux s'amassèrent
et le continent apparût et dieu l'appela la terre et il appela mer
l'amas des eaux. Oui, dieu fit cela – et tout plein d'autres chose aussi, tant
est si bien que, à la fin, il finit par être fatigué et dût se reposer -.
Oui, dieu fit tout cela et il vit que c'était bon[6].
Paul de Tarse écrivit[7]
: "La connaissance ? Elle sera abolie. Car notre connaissance est limitée,
et limité aussi notre prophétie". Et encore : "Car il est écrit :
Je détruirai la sagesse des sages et j'anéantirai l'intelligence des
intelligents. Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le
raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas rendu folle la sagesse de ce monde
? En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu
dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé
bon de sauver ceux qui croient. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs la
sagesse, mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs,
folie pour les païens, mais ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il
est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu
est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que
les hommes… Mais ce qui est folie dans le monde, Dieu l'a choisi pour
confondre les sages"[8].
De façon constante, les
premiers pères de l'Église s'attachèrent à démontrer l'inanité des théories
scientifiques des Anciens au motif qu'elles étaient nombreuses et, souvent,
contradictoires alors que leur Vérité était unique !
Un peu plus tard, Origène, né en 185, mort en 202,
ritualisa son passage de la Science à la religion en se châtrant car comme le
dît Jésus (selon Mathieu) : " En effet, il y a des eunuques qui sont nés
ainsi du sein maternel ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques à
cause du Royaume des Cieux. Comprenne qui peut comprendre !"[9].
Ainsi châtré, Origène après
avoir vérifié la réalité du Déluge et de l'Arche de Noé se livra à de
longs et savants calculs pour déterminer la taille que ladite Arche avait dû
avoir pour contenir tous les animaux de la terre[10]…
Et bien, elle mesurait exactement 46.8 Km de long. C'est pas du calcul çà ?
Vous en restés pantois, non ? Depuis, on n'a jamais fait mieux et, heureusement
d'ailleurs, car quelle catastrophe serait la pollution causée par l'échouage
d'un pétrolier de 46.8 Km de long !
D'ores et déjà, sachez,
vilains impies, que de nombreux autres exemples historiques viendront illuminer
votre crasse ignorance en vous démontrant que la religion – et, en
particulier, les sectes juives et chrétiennes – ont toujours eu une haute maîtrise
des mathématiques et de la géométrie et que nombre de religieux ont été et
sont encore d'éminents… calculateurs, l'art du calcul ayant véritablement
atteint le prodige avec les dominicains[11]
les jésuites d'abord et, à présent, l'opus dei.
Ver 200 Irénée rappelle que la
foi implique la soumission aux données… scientifiques de la Bible.
Selon Basile[12],
il y a quatre éléments qui ont chacun deux qualités : la terre – sèche
et froide - ; l'eau – humide et froide - ; le feu – sec et chaud - ; l'air
– humide et chaud -[13].
En 363, Oribase, l'un des plus
grands médecins de l'époque mais… païen, avait dû, à la mort de
son ami Julien l'Apostat, s'exiler pour…
sauver sa vie.
En 415, Cyrille (380 ; 444),
Patriarche d'Alexandrie et docteur de l'Église, commandita l'assassinat d'Hypatie[14]
et, en suivant, organisa l'expulsion des juifs et des hérétiques. Ses bons et
loyaux services lui valurent d'être canonisé !
Pour ce même Cyrille, la fin
justifie les moyens. Tous les moyens. Et
la vérité doit être imposée par l'autorité : "Le troupeau pense ce que
souhaite son maître".
Pour Augustin (354 ; 430), l'évêque
d'Hippone, la terre ne pouvait pas être ronde mais plate ; en effet,
demandait-il : "Comment pourrait-il des Antipodes et des Hommes dans ces
Antipodes ?". Pour lui, l'impossibilité de cette hypothèse ne se déduisait
pas d'un obstacle naturel du genre "la tête en bas… on ne peut
que tomber". Non, son argument était théologique, scientifique :
"s'il y avait des Antipodes, les hommes n'auraient pas pu y prendre
connaissance de la Bonne Nouvelle délivrée par Jésus !!!![15].
Augustin fut également un grand
mathématicien : pour lui, "l'ignorance des nombres est encore une des
causes qui arrêtent dans l'intelligence des figures ou des mystères de l'Écriture.
Qu'un esprit peu éclairé essaie donc de m'expliquer pourquoi Moïse, Élie et
le Seigneur lui-même jeûnèrent pendant quarante jours, s'il ne peut éclairer
cette figure par la connaissance et l'étude du nombre 40[16]".
La réponse est pourtant… évidente : 40 = 10 x 4. Or, 4 est le symbole du
temps – il y a quatre saisons, quatre parties dans la journée - ; 10 est un
nombre parfait qui indique la vision béatifique car 10 = 3 (la Trinité) + 3
(les commandements relatifs à l'amour de dieu) + 4 (les éléments qui se
combinent dans le corps humain. Donc 4 x 10 signifie que l'on fait servir le
temps à l'acquisition de l'éternité ; cela veut dire aussi que nous devons
nous arracher aux délices du temps en jeûnant.
De même, pourquoi la Pentecôtes e produit-elle cinquante jours après Pâques
? Mais, là aussi c'est évident mon cher Watson ; il suffit de… calculer…
religieusement : 50= 10 (chiffre parfait) + 40 (chiffre du bonheur éternel)
mais aussi parce que 50 = (7 * 7) + 1 quand 7 est le nombre de dons de l'Esprit
saint et que 1 est l'hommage à Dieu (donc, 50 est l'expression de la grâce et
de la charité). Et pourquoi encore, pendant le déluge,
le niveau de l'eau s'est élevé de 15 coudées au-dessus de la plus
haute montagne ? parce que 15 = 8 (le chiffre de la résurrection) + 7 (chiffre
du repos divin)… Et ainsi de suite…
Au même moment, Cosma
Indicopleuste[17]
refaisait la démonstration de la platitude de la terre à partir de la Bible
pour, en 547, introduire une variation dans la description – toujours
scientifique, bien entendu – de la terre : celle-ci est un parallélogramme
entouré de murailles surmontées de la voûte céleste tandis que le soleil
disparaît chaque soir derrière une montagne située au centre du monde.
A partir de la fin du IVème
siècle, la secte chrétienne étant devenue religion d'État, c'est-à-dire
d'Empire, les docteurs de l'Église apportèrent un intérêt tout particulier
aux savants… païens : procès de Constantinople en 527 ; poursuites en
545-546 contre des professeurs et des médecins ; fermeture de l'École d'Athènes
en 529 ainsi que du Musée d'Alexandrie ; nouveaux procès en Syrie en 562…
Alors que la secte chrétienne a
déjà quatre siècles d'existence, les Pères de l'Église sont encore en train
de se demander s'ils ne commettent pas un péché en lisant les œuvres de
physique et d'astronomie d'Aristote et de Ptolémée alors que, à peine un siècle
et demi après Mahomet, les descendants des tribus arabes illettrées ont
traduit et assimilé toutes les œuvres scientifiques majeures de l'Antiquité,
forgé une langue scientifique internationale – l'algèbre -, créé à Bagdad
une bibliothèque et un centre de recherches uniques au monde, produit des
astronomes, naturalistes, médecins, mathématiciens… Et il faudra que
l'Occident attende la XIème siècle – soit mille ans – pour
pouvoir redécouvrir, via les Arabes, les savants de l'Antiquité !!![18]
.
Pour les Pères de l'Église
d'alors, tout s'explique par dieu : le finalisme divin est absolu. Ainsi, selon
Bernardin de Saint-Pierre et l'abbé Pluche, les humains ont des fesses rondes
parce que dieu a voulu qu'il en soit ainsi afin qu'ils puissent… s'asseoir !
Dans le même ordre d'idées,
voici quelques autres explications scientifiques de la religion :
Ainsi, selon Basile le Grand,
Cassiodore, Bède, Isidore de Séville, Thomas… : la Terre est immobile parce
que, située à égale distance des extrémités du monde, elle n'a aucune
raison de… bouger d'un côté ou de l'autre ; le Soleil
change de place suivant les saisons "de peur qu'en séjournant perpétuellement
dans les mêmes contrées, celui-ci ne ruine, par l'excès de la chaleur, le bon
ordre du monde[19]"
; "le serpent guérit ses yeux malades en mangeant du fenouil"[20]
; "l'éléphant a aussi, pour soutenir son poids, des pattes dépourvues
d'articulations et faites d'un seul bloc, comme deux colonnes" [21]
; "le coq est fier ; la paon, féru de sa beauté ; les colombes,
libertines, de même que les poulets, et toujours prêtes à s'accoupler. La
perdrix est perfide et jalouse, offrant méchamment son aide aux chasseurs pour
qu'ils s'emparent de leur proie"[22]
; "Si la vipère s'accouple à la murène, comme le racontaient les
naturalistes de l'Antiquité, cela signifie "que si dur, si violent soit le
caractère de l'époux, il est nécessaire que sa femme le supporte" "[23]
; "La tige du blé a des nœuds pour lui permettre de soutenir les épis ;
les épis ont des barbes comme des javelots pour écarter les petits animaux
"[24]…
Selon Jean Chrysotome :
"c'est la preuve d'un véritable savoir que de na pas céder à une
curiosité superflue, que de ne pas vouloir tout savoir"[25].
Sautons quelques siècles :
Le concile
de Reims de 1131 interdit aux moines la pratique de la médecine. Cette
interdiction est confirmée par le deuxième concile de Latran qui l'étend même
aux chanoines réguliers. Le concile de Tours de 1167 confirme l'interdiction.
A nouveau, la science religieuse
doit revenir sur le grand problème : comment se fait-il que les eaux supérieures
ne tombent pas sur la terre ! la réponse est tellement évidente que l'on se
demande comment se fait-il que ce problème ait pu être seulement posé
: "La face dorsale du ciel est découpée, elle est creusée de vallées
semblables à celles que, sur la terre, forment les intervalles des montagnes ;
dans ces vallées, l'eau demeure retenue. Et que disent nos adversaires ?
Lorsque, par la rotation autour du pôle, la partie de la surface du firmament
qui était en dessus viendrai en dessous, l'eau contenue dans les cavités s'écoulera.
Ne peuvent-ils pas imaginer qu'il y ait, dans l'épaisseur des orbes, des vases
qui l'en empêchent ?[26]".
Si, quelques siècles plus tôt,
dans une lueur d'intelligence, Augustin affirmait que si la science contredisait
l'Écriture, il fallait changer l'interprétation de l'Écriture, désormais, le
Magistère affirme que si la science contredit l'Écriture, il faut… changer
la science !
Grégoire le Grand[27]
fut un autre grand mathématicien. Se demandant pourquoi Job avait eu 1 000
paires de bœufs, 1 000 ânesses, 6 000 chameaux et 14 000 brebis, à force de
savants calculs, il trouva la réponse… évidente : 1 000 est le cube de 10,
figure à trois dimensions et donc solide ; 6 est un chiffre parfait, résultat
de 3, figure des vertus théologales, multiplié par 2, ce qui veut dire
qu'elles doivent être pratiquées par les deux sexes ; donc 6 000 est la
parfaite solidité de la vertu. Quant à 14 000, il résulte de (3+4)*2*1 000, 4
représentant les vertus cardinales, ajoutées aux trois vertus théologales…
Autre exemple de calcul : pourquoi Jésus, lors de la pêche miraculeuse, a
attrapé 153 poisons ? toujours aussi élémentaire ! Toutes les obligations de
l'Ancien Testament sont résumées dans les 10 Commandements ; pour avoir la
force de les respecter, il faut les 7 dons de l'esprit, soit 10+ 7, mais aussi
la foi en la Trinité, soit (10+7)*3 = 51 ; or, la Trinité nous aidant à la
fois sur terre et au ciel, il faut l'élever au carré, ce qui donne (10+7)*32
=…. 153 !!!
Au XIIème siècle,
Hugues de Saint-Victor se croit obligé de revenir sur le problème des eaux supérieures
: "le second jour, le firmament fut fait, afin de diviser les eaux d'avec
les eaux. Bède dit que le firmament est formé d'eaux consolidées et qu'il est
semblable au cristal de roche ; cela est assez vraisemblable car sa couleur
indique qu'il en est ainsi. Certains commentateurs, cependant, veulent,
semble-t-il, qu'il soit de nature ignée. Qu'il y ait des eaux au-dessus du
firmament, nous le savons par la Genèse et par le Prophète : Aquae super
caelos sunt benedicite Domino. Mais
de quelle sorte sont ces eaux, nous ne le savons pas avec certitude. Les
commentateurs disent ou bien qu'elles sont solidifiées sous forme de glace, ou
bien qu'elles demeurent suspendues à l'état de vapeur, à la ressemblance de
la fumée, ce qui est vraisemblable[28].
Au XIIIème siècle
le franciscain Roger Bacon considère que la science permet d'établir des recettes
susceptibles de prolonger la durée de la vie ; à ce titre, elles constituent
des secrets militaires au service de la Vraie Foi dans sa guerre contre
l'Islam ! En m^me temps, au tout début du siècle, le pape Honorius III étend
l'interdiction de la pratique de la médecine au clergé séculier.
C'est surtout en ce siècle que
la hiérarchie catholique, avec les évêques et, de plus en plus, le pape,
s'immisce dans les questions purement scientifiques, même traitées en dehors
de l'Église.
En 1220, l'Église, qui assure désormais
son autorité sur toutes les universités, supprime de la liste des professeurs
tous les médecins juifs[29].
En 1239, le légat Guy interdit aux chrétiens de faire appel à un médecin
juif au motif que les juifs sont dangereux pour la foi chrétienne dans la
mesure où ils ont une interprétation erronée de l'Écriture concernant le
symbolisme des membres du corps humain.
En 1210, l'archevêque Pierre de
Corbeil, assisté de l'évêque de Paris, Pierre de Nemours, convoque un concile
provincial qui ordonne que le corps d'Amaury de bennes, mort en 1206 ou 1207,
soit exhumé et jeté en terre non consacrée et que l'œuvre de David de
Dinant, les Quaternuli, soit brûlée, toute personne en conservant un
exemplaire étant exposé à la peine de mort pour hérésie. Dans les deux cas,
il s'agit d'œuvres scientifiques à contenu panthéistes.
Ce même concile interdit, sous
peine d'excommunication, de donner à Paris d'enseigner la physique et la métaphysique
d'Aristote. Cette interdiction est reprise en 1215 par le légat pontifical
Robert de Courson : "défense de faire aucune leçon sur les livres de métaphysique
et de philosophie d'Aristote, ni sur les résumés de ces livres, ni sur les résumés
de l'enseignement soit de maître David de Dinant, soit d'Amaury l'hérétique,
soit de Maurice l'espagnol".
Si Guido Bonatti, astrologue de
florence, négateur du libre-arbitre, attaqué par les dominicains, se
contentera d'être mis en enfer dans le livre de Dante, Cecco d'Ascoli, autre
astrologue, lui, sera brûlé vif, toujours à Florence, en 1327, pour hérésie.
Fondés respectivement en 1209
et 1215, les franciscains et les dominicains se sont rapidement appropriés la
maîtrise du savoir, aussi bien théologique que
scientifique, au point de monopoliser la quasi-totalité des chaires
universitaires. Ainsi, selon Guillaume Varon, franciscain : "Lorsqu'un
argument est du philosophe et qu'il s'accorde avec la toute-puissance de Dieu,
c'est alors un véritable argument d'autorité ; mais s'il va à l'encontre de
Dieu, il faut immédiatement le nier". Ainsi, d'Aristote.
En 1228, Grégoire IX demande
aux théologiens de rejeter "le ferment de la science mondaine".
Vers 1230, l'évêque de paris,
Guillaume d'Auvergne, dans De universo, s'attaque à la question de l'éternité
du monde dont il voit bien qu'elle contredit la création divine. Astronome,
il place au-dessus des neuf cieux mobiles les inévitables eaux supérieures -
dont, décidément, on n'arrive toujours pas à se débarrasser ! – qui, selon
lui, ont la forme d'une masse éthéré, transparente et immobile. Au-delà, se
trouve l'empyrée, séjour de dieu, des anges, des bienheureux, qui est un lieu
immobile. Entre l'empyrée et la sphère des fixes, il découvre un ciel
mû d'un mouvement simple et uniforme, l'Aplanon, qu'il assimile à l'âme
platonicienne du monde.
Bonaventure, docteur séraphique,
docteur et général des franciscains, refuse toute autonomie à la science car,
selon lui, il est vain de s'arrêter à l'étude de la nature pour elle-même
quand l'essentiel est de trouver son sens spirituel, sa signification symbolique
au regard des Écritures : "Le monde entier est comme un miroir plein de
clarté qui nous rendent présente la sagesse divine et comme un charbon qui répand
la lumière". Ainsi, pour lui, tout comme dans la bible on doit chercher le
sens spirituel, le livre de la nature nous parle de dieu. Et si la Terre est au
point la plus bas du monde c'est pour nous rappeler que Jésus s'est abaissé à
y venir ! dans le débat astronomique qui opposait la conception aristotélicienne
des sphères concentriques à celle de Ptolémée des épicycles, il tranche en
faveur de la première au motif qu'elle est plus simple et, surtout,
symboliquement plus riche ! Et à la question de l'existence éventuelle d'un
ciel aqueux, il trouve la réponse dans l'Écriture : "Que cette dernière
proposition soit vraie ou fausse, il faut retenir cette conclusion : les
docteurs en théologie admettent communément qu'il existe, au-delà du
firmament, un ciel mobile privé d'étoiles".
Pourtant, de plus en plus, des
auteurs soutiennent la théorie des deux vérités : celle de la théologie et
celle de la science, celle de la Bible et celle du livre de la nature. Il en est
ainsi de Boèce de Dacie et de Siger de Brabant. Pour ce dernier… le théologien
n'a aucun droit de tirer des conclusions dans le domaine scientifique et le
savant ne peut se prononcer en matière théologique.
Siger de Brabant va même plus
loin : il est impossible au physicien de prouver par la raison que le monde a
commencé ; dans l'ordre naturel, la création n'existe pas : tout phénomène
est provoqué par un autre, tout être est généré par un autre, tout
mouvement est produit par un autre. Il n'y a donc pas eu de premier homme, pas
de commencement absolu ! En revanche, pour le théologien, il y a eu création
et commencement ! vérité scientifique d'un côté et vérité théologique de
l'autre/ Il n'y a pas contradiction, opposition mais… différence de point de
vue, de vérité ! "selon la foi, le monde et le mouvement ont commencé.
Il n'y a pas de raison qui le prouve car celui qui donne une raison ne pose pas
la foi".
Ainsi, alors que certains théologiens
continuaient de s'efforcer de démontrer que science et théologie étaient
conciliables dès lors que la première se contentait de… démontrer la
seconde, Siger de Brabant pose une antinomie absolue, irréconciliable.
De 1230 à 1250, un dominicain,
Thomas de Cantimpré, rédige une immense encyclopédie – De naturis rerum
– qui se veut être la somme des vérités scientifiques telle que la théologie
les a prouvées ! Il reste toutefois sans réponse par rapport à certains grands
problèmes ; ainsi, de savoir si, oui ou non, les démons descendent aussi
d'Adam ?
L'Église produit alors un autre
encyclopédiste : Vincent de Beauvais, lui aussi dominicain. Ce Vincent
de Beauvais, dans son Speculum quadruplex, naturale, doctrinale, morale,
historiale[30],
qui inspirera de nombreuses décorations de cathédrales, prouvera l'existence
de ces êtres corporels que sont dieu, les anges et les âmes ainsi que celles
de corps impondérables (lumière, fluides…), de corps organiques (cieux, éléments
célestes, éléments terrestres…) et de corps organiques (végétaux, œuvres
du 6ème jour – soleil et lune, comètes, calendrier -, animaux et
hommes). Cette encyclopédie dresse par ailleurs l'histoire universelle, de la
création jusqu'aux signes avant-coureurs de la fin du monde.
De son côté, l'astronome
Robert l'Anglais, moine de son état, découvre que "le ciel a deux sortes
de moteurs, des moteurs conjoints et un moteur séparé. Le moteur séparé,
c'est la cause première ; un moteur conjoint, c'est une certaine intelligence déléguée
au mouvement du ciel. Ces intelligences sont de deux sortes. Il y en a une qui
meut toutes les sphères d'orient en occident ; c'est l'âme du monde. Il y a
aussi des moteurs qui meuvent du mouvement[31]
en sens contraire ; ces moteurs sont d'occident en orient. Ainsi chaque planète
a son propre moteur…. Le ciel se meut continuellement afin de se rendre
semblable au Créateur ; il se meut continuellement afin de pouvoir acquérir ce
vers quoi il tend ; et comme il ne pourra jamais l'acquérir pleinement, il ne
cessera jamais de se mouvoir".
En 1232, les Tables de
Londres, traité de théologie astronomique qui fera autorité pendant
longtemps, bien qu'anonyme, affirmait, se fondant sur la Bible, qu'il y avait
neuf cieux mobiles et un ciel immobile, résidence de die.
La science théologique fait également
dans la cartographie et, en 1240, le planisphère fabriqué au monastère d'Ebstorf,
place Jérusalem au centre du monde et l'est en haut – car c'est de l'orient
que vient la lumière – mais situe également, avec la plus grande précision,
… le paradis !
Bien entendu, pour Thomas d'Aquin
qui était en train de mettre un point final à sa grande synthèse de la
science et de la théologie, cette position était hérétique et c'est ce qu'en
décida les autorités catholiques : Siger de Brabant fut condamné une première
fois en 1270 mais sans peine ; il fut rappelé à l'ordre en 1272 et le 23
octobre 1277 il passe devant le tribunal de l'inquisiteur de France, Linon de
Val, qui le reconnaît hérétique et le condamne à l'internement à vie à la
Curie où il meurt, fin 1284, assassiné par son secrétaire[32].
Toujours selon Thomas d'Aquin,
la théorie de la pluralité des mondes est une ineptie. En effet : "Si
dieu faisait d'autres mondes, ou bien il les ferait semblables à celui-ci ou
bien il les ferait différents. S'il les faisait entièrement semblables à
celui-ci, il ferait œuvre vaine, ce qui ne convient pas à sa sagesse. S'il les
faisait dissemblables, c'est alors qu'aucun d'entre eux ne comprendrait en lui-même
la totalité de la nature du corps sensible ; aucun d'entre eux ne serait
parfait". Or, comme on le sait… dieu ne crée que de la perfection !
Ce même Thomas d'Aquin avait démontré
que le blanc devient plus blanc parce qu'il approche ainsi de la blancheur
absolue ! C'est ce même Thomas d'Aquin
qui écrivait : "Que les anges meuvent les corps célestes, voici une
proposition qu'aucun saint ne révoque en doute : tous les mouvements naturels
des corps intérieurs ont pour cause le mouvement du corps céleste ; ç'a été,
en effet, rationnellement prouvé par les philosophes, c'est manifesté par
l'expérience et c'est confirmé par l'autorité des saints… De là cette conséquence.
Tout ce qui se meut naturellement est mû en vertu du ministère par lequel les
anges meuvent les corps célestes[33]
Cependant, Thomas d'Aquin se
voit contraindre d'admettre que même la science théologique a des limites :
"C'est de la foi seule que nous tenons cette vérité : le monde n'a pas
toujours été. Elle ne se peut prouver d'une manière démonstrative[34]".
Robert Grosseteste[35],
évêque de Lincoln de 1235 à 1253, lui, s'intéresse à l'optique : la réflexion,
la réfraction, l'arc-en-ciel… Il démontrer que la lumière est la forme
corporelle de l'esprit !
Parfois, certains religieux
scientifiques étaient assailli du doute. Ainsi, par exemple, les franciscains
Jean de Plan Carpin et Guillaume de Rubrouck qui, envoyés en ambassade auprès
du Khan des Mongols, le premier par le pape en 1246-1247, le second par saint
Louis en 1255, ne découvrirent pas les hommes monstrueux décrits par
Isidore de Séville, ce qui n'empêchera pas Mathieu Paris de démontrer que les
mongols ne sont que le peuple de Gog et de Mazog dont la Bible dit, dans le
livre d'Ézéchiel, qu'ils ont été les destructeurs d'Israël.
Le 10 décembre 1270, l'évêque
de Paris, Etienne Tempier, condamne treize erreurs fréquemment enseignées
à la faculté des arts et excommuniait ceux qui les soutenaient. Parmi ces erreurs
: l'éternité du monde – autrement dit, la négation de la création - ; la négation
d'Adam et Ève ; l'existence de lois naturelles en dehors de l'ordre divin… A
la demande de Jean XXI, Etienne Tempier, en 1277, va encore plus loin et dresse
une liste de 219 exécrables erreurs à caractère scientifique. Cette
liste est dressée sans ordre ni logique ; on y trouve, pêle-mêle : l'éternité
du monde, du mouvement et de la race humaine qui n'a jamais commencé et ne
finiront jamais ; la théorie cyclique de l'univers selon laquelle celui-ci se
reproduit tous les 36 000 ans ; la théorie platonicienne des corps célestes
mus par une âme ; celle selon laquelle l'âme de chaque ciel est une
intelligence dont les orbes célestes sont les organes ; l'intelligence
motrice de la nature ; l'impossibilité pour dieu de mouvoir le ciel de façon
rectiligne au motif que cela laisserait nécessairement du vide ; le
non-fondement rationnel des vérités théologiques ; la négation de la résurrection
; la causalité naturelle qui se substitue à celle de… dieu…[36]
On a coutume de ne retenir que
la condamnation de Galilée intervenue en 1633 en oubliant celle de 1277 ; or,
la condamnation de Galilée a été prononcée au nom des interdictions de 1277
qui, en même temps, posait le dogme, définitif et infaillible, de la
suprématie de la théologie sur la science dont le seul rôle est de démontrer
le fondement des vérités théologiques !
La même année, les savants
théologiens, se fondant sur l'épisode de Josué arrêtant la marche du
soleil démontrent que les mouvements célestes pourraient fort bien
s'arrêter sans conséquence sur la vie de l'univers car, en définitive,
celui-ci, comme la terre, est… immobile et que le mouvement n'est qu'illusion
sensitive[37]
!
On peut noter qu'il y a des
contradictions entre certaines interdictions de 1277 et je jugement de Galilée
de 1633. Ainsi, alors que de nombreux docteurs de l'Église
considéraient que si le ciel tourne c'est parce que la Terre est…
immobile d'une part et que, d'autre part, le ciel ne peut subir de translation
à cause du vide qu'elle laisserait derrière elle,
et que, en conclusion, la Terre est immobile, Tempier affirme que, 'il le
voulait, dieu pourrait faire tourner la Terre mais qu'il ne le veut pas !
Paradoxalement, selon certains auteurs modernes, la condamnation générale de
la physique aristotélicienne ouvrait la porte à la physique moderne, la preuve
en étant que Giordano Bruno s'en saisira pour justifier ses propres théories.
Notons que Tempier ne condamne
pas pour autant l'idée d'une influence astrale sur les esprits et donc
l'astrologie !
En fait, à partir de 1277, l'Église
atteste de ce qu'elle préfère le savant qui cherche au savant qui trouve
puisque dès qu'un savant prétend avoir trouvé quelque chose, elle se
montre suspecte à l'égard de cette découverte et, rapidement,… la condamne.
Le théologien qui puise au livre infaillible de la révélation a bien primauté
absolue sur le savant qui tente de déchiffrer le livre de la nature à la lumière
défaillante de sa raison ! D'un côté la Vérité de la révélation et de
l'autre l'illusion de la raison !
C'est dans ce contexte qu'en 1298, Raymond Lulle[38],
franciscain, dans sa Declaratio, procède à la synthèse définitive de
la théologie et de la science. Présenté sous la forme d'un dialogue qu'il
entretient avec Socrate, cette œuvre est d'abord la réfutation de la théorie
des deux vérités puis la démonstration du bien fondé scientifique, au
nom de la Vérité théologique, des condamnations de 1277 ! Plus tard, dans l'Ars
magna generalis et ultima, il écrivit : "… la foi chrétienne
peut, non seulement, être défendue contre tous ceux qui l'attaquent[39],
mais encore être prouvée. En outre, toute autre religion peut être ruinée
par raisons nécessaires… Il semble dur et périlleux aux infidèles
d'abandonner meurs croyances pour embrasser d'autres croyances et une autre foi
; mais qui d'entre eux pourrait se défendre de quitter ce qui est faux et
impossible pour ce qui est véritable et nécessaire [40]
?". Et, dans l'Ars magna, il affirmera que : "La foi dure par
la durée que dieu donne, tandis que la compréhension [intelligere] ne
dure que par la science acquise. Il résulte de là que la foi est en haut et
que l'intelligence est en bas…. La vérité est le principe commun de
l'intelligence et de la foi ; mais, par la croyance, la foi se trouve plus haut
placée en la vérité que l'intelligence… Le but de l'intelligence n'est pas
de croire, c'est de comprendre ; mais la foi est l'instrument à l'aide duquel
elle élève sa compréhension en élevant sa croyance".
En même temps la science théologique
fait dans la géologie, bien entendu, pour démontrer le bien fondé des Écritures
et, notamment, du Déluge. Mais aussi pour expliquer le mystère des
continents qui posait un vrai problème à la raison : en effet, puisqu'il était
établi que dieu avait rassemblé toutes les eaux en un même lieu et que les
eaux sont moins pesantes, normalement, il ne devrait pas y avoir de
terres émergées. C'est l'évêque de Paris, Guillaume d'Auvergne qui apporta
la réponse : "Les eaux se trouvent en un lieu qui ne leur est pas naturel
; elles y demeurent contrairement à la nature de leur pesanteur et de leur
fluidité. Cela ne s'est accompli par aucune force naturelle ; c'est, comme nous
l'avons dit, l'effet de la seule parole et du seul commandement du Créateur…
Le rassemblement des eaux, la mise à nu de la surface de la terre ont été
accomplis en vue de l'œuvre du jour suivant, qui est la fécondation de la
terre. En effet, tant que les eaux la recouvraient, la terre ne pouvait donner
naissance à des herbes brillantes ni produire la végétation[41]".
Par cette brillante démonstration, la science théologique démontrait, à
supposer que cela eût encore été nécessaire, sa suprématie absolue sur la
science profane qui, elle, n'a jamais pu faire – et ne pourra jamais faire -
cette découverte fondamentale :… le miracle ![42]
Gilles de Rome, ermite, vers
1300, voulut trouver une explication rationnelle et non miraculeuse
à ce même problème : "Il est inutile de recourir au miracle quand nous
pouvons donner, de la sainte Écriture, une explication naturelle. Or il est
certain que l'eau, qu'un liquide quelconque, ne se borne pas lui-même par un
terme qui lui soit propre ; il est naturel que l'eau descende et tende aux lieux
les plus bas. Si donc l'eau était ainsi rasemblée à la façon d'une sorte
d'amas, si elle était plus élevée que la terre, c'est contre sa nature
qu'elle se trouverait empêchée de recouvrir la terre ; nous aurions, dès
lors, un effet perpétuel qui serait contre nature. Mais que l'eau soit, de la
sorte, toujours retenue à l'encontre de sa nature, cela semble inadmissible. Au
gré de tous les docteurs, dieu, dans l'administration des êtres, laisse chacun
d'eux suivre le cours qui lui est propre. Sans doute, il suspend parfois, pour
un temps, le cours de quelqu'un d'entre eux… Que les eaux, donc, soient, de
cette façon, retenues perpétuellement et sans fin, qu'un effet contre nature
dure toujours, cela ne convient pas à la Sagesse divine". Aussi, selon
lui, si l'eau ne couvre pas toute la terre, c'est simplement parce qu'à la
surface de la terre il y a des creux et des bosses ; que les eaux se rassemblent
dans les creux et que les bosses forment des continents : "Si la mer ne
recouvre pas toute la terre, c'est que, pour la recouvrir, il lui faudrait
monter ; et sa pesanteur, qui ne lui permet pas de monter, l'empêche de couvrir
la terre". Eurêka !
En 1300, la science théologique
refait dans la cartographie : ainsi, la carte d'Hereford, composée par Richard
de Bello, trésorier de la cathédrale de Lincoln, situe Babel et Babylone à
douze pouces au-dessus du paradis terrestre et Jérusalem, qui est toujours le
centre du monde, douze pouces plus
bas. Cette carte dessine l'océan périphérique autour des trois continents et,
au-dessus de l'ensemble, fait apparaître… Jésus et le Jugement dernier !
De 1378 à 1417, dans un
contexte historique de conflits entre les royaumes européens, au sein de ces
royaumes et entre certains royaumes et le pouvoir temporel de la papauté et, en
même temps, de troubles météorologiques (froid et pluie), de graves épidémies
(la Peste Noire) l'Église catholique est frappée par le Grand Schisme. C'est
en même temps une explosion des pratiques mystiques et sataniques.
Guillaume d'Occam, franciscain,
qui s'était fortement opposé à la puissance temporelle de la papauté,
affirme que : "Il n'y a en dehors de l'âme nulle réalité
universelle ni par elle-même, ni par quelque élément surajouté – qu'il
soit réel ou un être de raison – ni de quelque façon qu'on le considère ou
l'entende ; l'existence de l'universel est aussi impossible qu'il est impossible
que l'homme soit un âne"[43].
Par là, il fonde ce que l'on appellera le nominalisme. Il dira aussi :
"Tout ce qui se trouve traité par la suite et qui ne contredit pas la vérité
chrétienne est, à mon avis, véritable. Toutefois, tout ce qui pourrait être
en contradiction avec la doctrine de l'Église romaine, je le regarde comme
erreurs à rejeter[44]".
Il précise également que lorsqu'il y a hésitation entre deux théories
scientifiques, c'est l'Église romaine et elle seule qui peut, en fondement,
trancher en se référant aux Écritures ou, dans le silence des Écritures, aux
docteurs de l'Église.
L'édit du 25 septembre 1339 de
l'université de Paris interdit l'enseignement d'Occam. En 1340, un autre édit
interdit d'enseigner que la science n'est que la science des termes : elle est
science des choses et, à ce titre, peut lire le livre de la nature mais… pas
celui de dieu.
A cette même époque se
dessine, puis se confirme la séparation entre la science et la technique. Il
s'ensuit, par exemple, la distinction et même l'opposition entre les chirurgiens
de robe longue – les professeurs de médecine - et les barbiers-apothicaires – les médecins et
chirurgiens -.
Jean Buridan (1300-1358), deux
fois recteur de l'université de Paris, rappelle que "C'est, me
semble-t-il, à la foi qu'il faut se fier plutôt qu'à la raison
naturelle" et que, de ce fait : "La création ex-nihilo est une
vérité de foi, dont la raison ne peut rendre compte… Il est possible que
quelque chose soit fait sans être fait à partir d'un sujet préexistant aux dépens
duquel ou au sein duquel il soit fait. Cette conclusion-là, je la crois par la
foi et sans aucune preuve autre que l'autorité de la sainte Écriture et des
docteurs de la foi catholique. C'est de cette manière, en effet, que dieu a créé
les anges, me Ciel et le monde". Ce même Buridan[45]
est à l'origine de la théorie de l'impetus : dieu a initié d'une chiquenaude
le mouvement et, depuis, le mouvement continue de se mouvoir !. Il fit aussi
dans la géologie et calcula la hauteur du Mont Ventoux : 16 000 mètres, soit
deux fois celle du mont Everest et détermina que la plaine du Comtat était à
8 000 mètres au dessus du niveau de la mer ![46].
Ce même Jean Buridan refit la traditionnelle expérience de la flèche tirée
verticalement et de la pierre lancée en l'air pour démontrer que, si elles
retombent au même endroit, c'est que… la terre ne tourne pas !
Pour Nicolas d'Oresme, lorsque
dieu fait un miracle il le fait en bouleversant le moins possible l'ordre de la
nature ( pour preuve : l'arrêt de la marche du soleil et de la lune pendant une
journée seulement). Dans son Traité du ciel et du monde, écrit pour le
roi Charles V, il fait dans l'ésotérisme scientifique : "Et donc hors du
ciel est un espace vide, incorporel, différent d'un espace plein et corporel,
comme la durée appelée éternité est différente de la durée temporelle, même
perpétuelle… Cet espace est infini et indivisible, c'est l'immensité de dieu
et c'est dieu, comme la durée de dieu appelée éternité est infinie et
indivisible, et est dieu même".
Au XIVème siècle,
l'université d'oxford nourrit un grand projet, celle d'une religion… mathématique.
Ainsi, pour les docteurs de cette université, l'être est mathématique, à
commencer par dieu lui-même, unité et trinité[47].
En voici une démonstration, selon Robert Holkot, franciscain : "Soir AC la
latitude totale de la grâce que possède Lin, et AB la grâce d'un petit enfant
; l'excès de ma grâce d'un adulte sur la grâce d'un petit enfant est alors BC.
Il est donc permis de dire ceci. Cet adulte peut pécher ; il peut avoir une grâce
inférieure à AC, puis une grâce inférieure à celle-là et ainsi de suite à
l'infini ; et cependant, il ne peut
jamais avoir une grâce aussi petite que AB. Si par exemple, AB est la moitié
de AC, cet adulte peut avoir une grâce dont les pertes décroissent en
progression géométrique de raison sous-double ; mais il ne peut avoir une grâce
qui soit la moitié ou une partie plus petite de AC ; et cependant, selon
l'infinité de parties proportionnelles de BC, il peut avoir une grâce qui décroît
indéfiniment, devient plus petite que AC. Ainsi, on ne saurait donner la grâce
la plus petite qu'il puise posséder ; quelle que soit la grâce qu'il possède,
il peut en posséder une moindre ; toutefois, on peut assigner une grâce dont
il ne saurait posséder la moitié, et une dont il saurait posséder le tiers et
ainsi de suite[48]". C'est pas de la
mathématique cela ? Et, qui plus est, de la mathématique… chinoise ?
De son côté, toujours grâce
aux mathématiques, Richard Cliqueton démontre que "Si deux actes vicieux
sont continués uniformément pendant la durée d'un jour naturel, ils croîtront
uniformément pendant ce jour.
Rappelons que, au XV et XVIèmes
siècles, les mathématiques ne disposent toujours pas des signes mathématiques
élémentaires : le + et le – n'apparaissent qu'au XVIème siècle
; le signe = ne se répand qu'au XVIIème siècle et il
faudra attendre 1630 pour les signes * et : .
Au début du XIVème,
l'Église catholique réaffirme son amour enflammé pour la science et
les savants : le médecin Pierre d'Albano, qui avait fait l'horoscope de jésus,
en considérant qu'il fut lui aussi soumis aux influences astrales, fut brûlé
en effigie, faute de pouvoir mettre la main sur lui ; en 1327, Cecco d'Ascoli, professeur de médecine à Padoue,
est brûlé en chair et en os…
Il n'empêche que les
astrologues prospèrent auprès des cours religieuses et temporelles et que de
nombreux ecclésiastes s'y adonnent. Ainsi, si Jean XIII condamne l'alchimie en
1317, il n'en pratique pas moins quotidiennement l'astrologie. Sous sa
protection, Jean de Saxe put écrire en 1327 dans son Canones super tabulas
Alphonsii, que l'astrologie était la plus grande des sciences car elle les
englobait toutes !
En 1452, la faculté des arts de
Paris se voit imposer un nouveau statut au terme duquel la philosophie
d'Aristote est la doctrine officielle d'enseignement. Pour l'obtention du
baccalauréat, il fallait alors étudier l'Organon, l'Introduction de
Porphyre aux Catégories d'Aristote, les quatre premiers livres des Topiques,
le De sophisticis elenchis, et les premiers et seconds
analytiques. Pour la licence, il fallait rajouter la Physique, le De
generatione et corruptione, le De caelo et mundo, les Parva
naturalia, la Métaphysique et l'Ethique. Dans les deux cas,
il était inutile de procéder à quelque observation ou expérience que ce soit
!
En 1473, Louis XI, pour
s'assurer que l'on n'étudie plus les livres de Guillaume d'Occam, de Rimini, de
Buridan, de Pierre d'Ailly, de Marsile, d'Adam Dorp, d'Albert de Saxe… les
faits cadenasser et enchaîner ![49].
Paul de Burgos, juif converti
devenu évêque de Carthagène en 1403 et de Burgos en 1425, il fallait distinguer
deux sphères distinctes : celle de la terre et celle des eaux[50]
dont les centres ne coïncident pas, ce qui permet de séparer les deux (Genèse)
tout en gardant l'eau au-dessus de la terre : "Il fallait qu'en certaines
de ses parties, la terre ne fût pas couverte par les eaux ; c'était nécessaire
en vue d'une fin, en vue de l'habitation des êtres animés. Or, la sagesse
divine, qui a disposé toutes choses avec harmonie, a voulu que l'élément de
l'eau, tout en gardant sa rondeur naturelle, eût un centre séparé de centre
de la terre et de l'univers".
En 1499, Frédéric Sunczel,
dans ses Collecta et exercitata in octo libris physicorum aristotelis
confirma, démonstration mathématique à l'appui, que la création avait bien
eu lieu au printemps de l'an 5199 avant Jésus-Christ !
A cette même époque, le théologien Jacopo Mariano de
Sienne interdit l'exploration des grottes et des gouffres au motif que, comme le
dit la Bible, ce sont les résidences des démons ! Au passage, on notera que
cette interdiction fut prise pour argent comptant alors que les recherches et
exploitations minières se développent et que, si à chaque fois, on trouve du
charbon, du plomb, de l'argent…, en revanche, on ne croise jamais le moindre démon
!
La zoologie se développe et
atteste de l'existence de la licorne et de maintes autres bêtes monstrueuses
qui ont toutes été croisées par d'anciens prophètes ou saints et dont la
liste est dressée par… la Bible !
Un problème nouveau apparaît :
les fossiles car, sans pouvoir vraiment les dater, certains (mauvais) esprits se
demandent s'ils ne remettent pas en cause le calendrier de la création et la création
elle-même. Une fois encore la démonstration théologique fut imparable : il ne
s'agissait que de jeux de la nature – et donc de plaisanteries des
anges, voire de dieu lui-même – qui consistaient en la fabrication, sous
l'influence astrale, de pierres à l'image d'animaux. Ainsi, selon Mercati et
Olivi (au XVIème siècle), les belemnites sont des pierres de
foudre !
Au XVème siècle,
l'ouvrage de piété le plus célèbre est l'Imitation de Jésus-Christ.
On ne cesse d'y affirmer que le savoir est inutile au salut et qu'il lui est même
nuisible car il engendre l'orgueil qui est un péché mortel. Pour être saint,
il faut donc être… ignorant !
Aux XV et XVIèmes siècles,
les médecins devaient prêter un serment qui n'était bien entendu pas celui
d'Hippocrate : "Et premièrement, je jure et promets de vivre et mourir en
la foi chrétienne… Item, de ne toucher aucunement aux parties honteuses et défendues
des femmes, que ce ne soit par grande nécessité, c'est-à-dire lorsqu'il sera
question d'appliquer dessus quelque remède".
A cette époque, pour les
catholiques comme pour les protestants, le mal a pénétré dans le monde par le
péché originel. Épidémies et maladies sont envoyées par dieu pour châtier
les hommes. Calvin fera donc brûler 14 personnes accusées d'avoir attirer la
peste sur Genève par leurs incantations sataniques et leurs vies de péché.
Ambroise Paré est persuadé que les phénomènes de monstruosité sont dûs à
la colère de dieu. Sorciers, juifs, conjonctions astrales, hérétiques, démons…
sont les seuls agents pathogènes que la théologie admet. C'est pourquoi, le
seul remède possible consiste à éliminer ces agents en les brûlant !
L'influence de l'astrologie est
telle que de nombreux médecins considèrent alors que le microcosme humain
subit des altérations en relation avec les mouvements planétaires et que ce
sont donc les conjonctures astrales qui décident des dates de purgation, de
saignée, de coupes de cheveux…. Pour Cardan, Paracelse, Ficin, Fernel…, ce
sont les comètes qui déclenchent les pestes et chaque organe est régi par les
astres et les lignes de la main qui ne sont jamais que le reflet de la
conjoncture astrale de chaque individu. Agrippa précise que le péché originel
est transmis par l'homme seul, la femme n'étant pas vraiment un être humain
mais, seulement,… une matrice !
Au XVème siècle les
bibliothèques religieuses ne font que peu de place aux ouvrages scientifiques profanes.
Celle du grand prieuré de Christ Church, à Canterbury, n'en avait pas un seul
sur ses deux mille volumes. Au collège de Pélegry, à Cahors, le seul ouvrage
scientifique est la Physique d'Aristote…
Au XVIème siècle,
les catholiques et les protestants continuent de poursuivre de leur amour
enflammé les scientifiques qui dévient de la vérité révélée : Vésale
est condamné à mort par l'Inquisition en 1561 ; Michel Servet est brûlé vif
en 1553 ; Paracelse voit ses jours menacés…
Dans ce siècle, les théories
scientifiques sont encore des opinions qui ne sont soumises ni à démonstration
véritablement scientifique, ni à expérimentation ou même seulement à
observation. Tout est dans les livres et les paroles rapportées.
De 1447 à 1555, le catholicisme
va produire une série de papes qui se feront protecteurs des sciences et des
savants, ce qui se traduira par une situation paradoxale : la plus grande tolérance
au centre – le Vatican où l'on ira jusqu'à tolérer le matérialisme, l'athéisme…
! – et l'intolérance la plus absolue, la plus totalitaire à la périphérie
– Inquisition[51]
-. Il faut dire que de 1450 à 1550, le vatican prend quelque distance à l'égard
de la science pour se consacrer à une tâche beaucoup plus urgente et vitale :
la lutte contre la Réforme.
Cette succession de papes ne
s'est pas faite sans bizarreries. Ainsi, Francesco della Rovere, après avoir été
moine mendiant vendeur d'indulgences et d'offices de la Curie, devenu Sixte IV
en 1471, institue la fête de l'Immaculée Conception et continue de percevoir
les revenus que le Saint-Siège tire des maison de tolérance qu'il possède
à Rome ! [52].
En même temps, il réintroduit l'Inquisition en Espagne et fait décorer la
chapelle Sixtine. Après Nicolas V, il est le second fondateur de la bibliothèque
vaticane.
Autre pape étrange : Léon
X qui, un jour, eut cette confidence avec le cardinal Bembo : "Tous les âges
témoignent combien cette fable du Christ nous a été profitables ainsi qu'à
nos confrères.
C'est sous la protection papale
que l'averroïsme peut continuer d'être enseigné à l'université de Padoue
alors même qu'il avait été condamné par Léon X en 1513. D'autres
protections papales méritent d'être signalées : Pietro Pomponazzi, médecin,
qui affirmait que l'âme humaine, dépendant du corps, n'était pas immortelle
puisque le corps était mortel, que
les miracles n'existaient pas et qu'il n'y avait d'autre lois que celle de la
nature ; Nifo, astronome, géologue et médecin,
qui écrivit un traité de sexologie[53] dans lequel il illustre
l'avortement et l'infanticide d'exemples pris dans les couvents et monastères ;
Jérôme Cardan, médecin et astrologue, qui n'admettait pas les miracles et
expliquait les visions des Pères du désert par des hallucinations provenant du
jeûne et de la solitude et qui affirmait que "Plus on a la raison
puissante et moins on a de foi" ; Jean Bodin, avocat, lieutenant général
et procureur du roi, qui niait l'Incarnation et la divinité de Jésus comme des
idées ridicules incompatibles avec la notion d'un dieu tout puissant et
immuable ; Pic de la Mirandole dont les conceptions platoniciennes étaient
forts éloignées de l'orthodoxie catholique ; Lorenzo Valla, secrétaire du roi
de Naples, parce qu'il avait osé démontré l'imposture de la Donation de
Constantin, n'échappa à l'Inquisition que grâce à Nicolas qui en fit son
secrétaire personnel…
Bien entendu, de temps en temps,
la tolérance cessait, la protection disparaissait… Ainsi, Reginald Peacock,
évêque de Chichester, fut condamné à la prison à vie en 1457 pour avoir prétendu
que la Bible devait être étudiée à la lumière de la raison humaine ;
Etienne Dolet, humaniste et imprimeur, fut emprisonné de 1542 à 1544
puis brûlé vif en 1546.
A cette tolérance centrale
correspondait donc l'intolérance périphérique. En 1475, Sixte IV autorisa
l'université de Cologne à censurer les imprimeurs, éditeurs, auteurs et
lecteurs. Son successeur, Innocent VII, demanda aux évêques de surveiller la
production de livres dans leurs diocèses. En 1491, le légat Nicolas Franco fit
admettre que tout ouvrage se proposant de traiter de questions religieuses
devait recevoir l'imprimatur de l'évêque ou du vicaire général du
diocèse (une telle imprimatur fut, par exemple, refusé à Pic de la
Mirandole).
Le 1er juin 1501,
Alexandre VI, un des papes les plus débauchés – c'était un Borgia –
publia la Constitution suivante : "Il faut donc employer des remèdes
opportuns pour que les imprimeurs cessent de reproduire tout ce qui est
contraire ou opposé à la foi catholique ou susceptible d'engendrer le scandale
dans l'esprit des fidèles". En conséquence, pour "exterminer les ténèbres
de l'erreur", il demandait aux évêques de se faire remettre les mauvais
livres afin de les brûler ; d'excommunier les imprimeurs qui les avaient
publiés ; si besoin était, de faire déférer les auteurs et les imprimeurs au
bras séculier afin d'être livrés au bûcher et, enfin, de faire
examiner, aux fins d'imprimatur, tous les nouveaux livres par des
"hommes habiles et catholiques". Ce texte, initialement adressé à
certaines provinces ecclésiastiques allemandes , fut étendu à toute la chrétienté
le 4 mai 1515 par la Constitution Inter solicitudines de Léon X en préfiguration
de ce qui sera l'Index.
Nicolas de Cues, cardinal, lui,
fit dans la science fiction humoristique : "Nous soupçonnons que les
habitants du Soleil sont plus solaires, plus éclairés, illuminés et
intellectuels ; nous les supposons plus spirituels que ceux qui se rencontrent
dans la Lune et qui sont plus lunatiques ; su la terre enfin, ils sont plus matériels
et plus grossiers ; en sorte que les êtres de nature intellectuelle qui se
trouvent dans le soleil sont beaucoup en acte et peu en puissance tandis que les
habitants de la terre sont plus en puissance et moins en acte ; quant aux
habitants de la lune, ils flottent entre ces deux extrêmes". En même
temps, il fit preuve d'une grande audace intellectuelle préfigurant
l'astronomie moderne puisqu'il affirma que l'univers n'était ni fini, ni infini
mais indéfini et qu'il était un cercle sans centre ni circonférence !
Nicolas de Cues ne fut pas inquiété
pour ses opinions hérétiques mais il faut dire qu'il était au centre
et non à la périphérie.
Nicolas Copernic, lorsqu'il
produisit sa thèse sur l'héliocentrisme en 1543, fut d'abord approuvé par les
plus hautes instances catholiques – et chez les protestants, seul Luther émet
une voix discordante - mais, en 1616, il fut mis à l'Index car,
entre-temps, était passé le concile de Trente !
Au début, Copernic, chanoine de
Frauenburg, s'attacha à ce que ses opinions restassent dans la plus
totale discrétion. Mais dés 1540 son héliocentrisme était connu du Vatican.
Et c'est sur l'insistance de l'évêque de Kulm qu'il consentît à publier sa
thèse en 1543 sous le titre de De revolitionibus orbium coelestrium libri
sex.
Copernic ne manqua pas de pendre
conscience du changement de position de l'Église à l'égard de sa théorie.
Aussi, d'avance, à l'intention de ses futurs juges il écrivit : "Je ne
doute pas que les mathématiciens soient de mon avis. Si quelques hommes légers
et ignorants voulaient abuser contre moi de quelques passages de l'Écriture,
dont ils détourneraient le sens, je méprise leurs attaques : les vérités
mathématiques ne doivent être jugées que par des mathématiciens".
Le 9 juin 1537, Paul III, par la
bulle Sublimus deus, consacrait l'humanité des indiens d'Amérique et, a
contrario, reconnaissaient que c'était bien des humains qu'Espagnols et
Portugais avaient gaillardement massacrés. Cette reconnaissance, toutefois, ne
se fondit sur aucun argument scientifique mais sur la seule théologie : les
Indiens étaient humains parce qu'ils pouvaient faire le choix de croire en dieu
!
Par là-même, et sans le
vouloir, l'Église catholique relançait le débat de l'universalité de la création
et du Déluge : le déluge avait-il eu lieu aussi en Amérique ? Les Indiens étaient-ils
post ou ante diluviens ? n'étaient-ils pas pré-adamites ?… Ne pouvant répondre
à ces questions, l'Église se retourna alors vers la science qui, en l'état de
ses connaissances et de la technique, ne put lui répondre ! Le débat resta
ouvert et les massacres d'indiens (chrétiens) continuèrent, assortis par la
suite de la traite des nègres pour remplacer le cheptel local !
A la même époque, Michael Stifel, mathématicien, préférait
se tourner vers le futur et, en 1532, se basant sur une interprétation mathématique
des prophéties de Daniel, annonça le jour et l'heure exacts de la fin du
monde. Admonesté par Luther en personne, il retourna rapidement aux mathématiques
pures ! La période d'accalmie dont pu bénéficier la science, du fait de la
tolérance de certains papes et de la lutte contre la Réforme, ne dure
toutefois pas. Le 23 mai 1555, Gianpietro Caraffa, alors dans sa toute prime
jeunesse puisqu'âgé de 80 ans, devient
pape sous le nom de Paul IV[54]
: il ouvre aussitôt la page noire de la Conre-Réforme qui fut une période de
lutte ouverte contre la science et les savants. Ainsi, en 1558, il fait exhumer
et brûler les restes de Palingenius qui avait affirmé l'infinité des mondes;
En 1559, Paul IV fit publier le Catalogue des auteurs
et des livres que l'Office de la Sainte Inquisition Romaine et Universelle mande
à tous et à chacun dans toute la République chrétienne d'éviter sous peine
des censures contenues dans la bulle in Coena Domini contre ceux qui lisent ou
gardent mes livres prohibés et sous mes autres peines contenues dans le décret
du même Saint-Office…. L'Index…
Le concile de Trente, le 26 février 1562, remania
profondément – en l'étoffant – ce catalogue et, le 24 mars 1564, publia l'Index
des livres prohibés (Index librorum prohibitorum) composé de toirs
parties : les auteurs, hérétiques ou suspects d'hérésie, dont tous les
livres, passés et futurs, étaient condamnés ; les auteurs faisant toujours
partie de l'Église mais dont les œuvres étaient interdites ; les ouvrages
anonymes et interdits.
En 1566, Pie V crée la Sacrée Congrégation de l'Index qui chargée d'actualiser l'Index en collaboration avec la Sacrée Congrégation du Saint-Office.
Le 17 février 1600, à Rome, l'ex-dominicain, Giordano
Bruno est brûlé vif, par décision du Saint-Office, pour avoir professé une
doctrine qui n'était que le prolongement de celle de Nicolas de Cues. Sa mort
intervint dans la plus grande indifférence, dans la plus totale solitude.
Cette date est significative car la papauté voulait
faire du siècle naissant le Grand siècle des âmes en se donnant pour
mission de fixer seule la vraie doctrine et, a contrario, de fixer
seule la fausse science.
Giordano Bruno est livré à l'Inquisition le 23 mai
1592. Pendant 7 ans, il sera interrogé, torturé[55].
Que lui reprochait-on ? de ne trouver aucun sens ni dans la révélation, ni
dans le péché originel ; de considérer jésus comme un homme ; d'avoir une
conception panthéiste de la nature au motif que, dieu étant immanent au monde,
il est en toute chose ; de considérer le monde comme un Tout infini ; de nier
le déluge universel ; d'affirmer que les indiens étaient ante-diluviens et
donc pré-adamites…
Selon certains, à l'énoncé de la sentence, Giordano
Bruno aurait dit : "Vous qui me condamnez, ce jugement vous fait peut-être
plus peur qu'à moi-même". Sur le bûcher, il refusa le crucifix qu'on lui
tendait.
Pendant deux siècles, la mort de Giordano Bruno resta
solitaire et c'est un Jésuite, Noël Regnault qui, le premier, en 1734, lui
rendra hommage dans son Origine ancienne de la physique nouvelle. Plus
tard, au XIXème siècle, il deviendra pour les scientistes le
symbole de la libre-pensé martyrisée par l'Église. Ses œuvres complètes
furent inscrites à l'Index par décret du Saint-Office du 8 février
1600 ; elles y figuraient toujours dans la dernière édition de l'Index en
1948.
Cette réaction religieuse n'empêche pas la science de
connaître un tournant capital à partir du début du XVIIème siècle
: désormais, celle-ci ne se base plus sur la seule raison théorique et l'étude
livresque mais sur l'expérience et le calcul. De ce fait, ses raisonnements,
ses démonstrations, ses vérifications… sont de moins en moins compatibles
avec une Vérité révélée. La nature étant écrite en langage mathématique
(Galilée), il n'est désormais plus possible, du moins du point de vue des
savants, de trouver un compromis entre la science et la religion et de soumettre
la science à la théologie.
Mais la réaction religieuse est bien présente. Ainsi,
en 1611, le jésuite Scheiner, professeur à Ingolstadt, observa les tâches
solaires grâce à son microscope ; il en fit alors part à son supérieur,
lequel lui répondit sèchement : "J'ai lu plusieurs fois mon Aristote
entier et je vous assure que je n'ai rien lu de semblable. Allez, mon fils,
tranquillisez-vous et soyez certains que ce sont les défauts de vos verres ou
de vos yeux que vous prenez pour des tâches sur le soleil" ! Il est vrai
que de telles tâches ruinaient la théorie aristotélicienne de
l'incorruptibilité du monde céleste !
Avec Paul IV, désormais, le Saint-Office de la Congrégation
Suprême et Universelle Inquisition est placé sous l'autorité directe du pape
tandis que l'imprimatur n'est plus donnée par les évêques mais par le
maître su sacré Palais, nommé par le pape[56].
Ainsi, pour l'Église
catholique, l'Histoire, figée par l'Index, puis, plus tard, par le missel
de Pie V, s'arrête à Trente… Désormais, il n'y a de science qu'au service
de la théologie et, plus précisément, de l'autorité pontificale, à peine de
bûcher pour les livres et les auteurs !
En 1540, est fondée la
Compagnie de Jésus. De nombreux jésuites seront d'excellents scientifiques
allant même jusqu'à élaborer des thèses en totale contradiction avec la Vérité
révélée. Mais ils seront d'abord des soldats de dieu et, comme tels, soumis
à une totale obéissance à l'égard du pape, ce qui les contraindra à taire
leurs opinions et à combattre celles des autres alors même qu'ils les
savaient fondées en science !.
Voici un exemple de la science jésuitique
dans sa version de totale soumission à l'autorité papale :
Le jésuite Suarez, enseignant
au Collège romain de 1560 à 1585, construisit une théorie scientifique pour
justifier dogme de la transsubstantiation[57]:
Comment rendre compte de passage du pain et du vin en corps et sang du Christ
sans recourir au traditionnel miracle ? C'est simple : "Dieu peut tout,
sauf ce qui implique contradiction" ; or, il semblerait bien qu'il y ait
une contradiction : il n'y a pas succession, il y a subsistance de toutes les
caractéristiques du pain et du vin. De ce fait, n'est-ce pas un contradiction
logique que de dire que ce pain n'est plus du pain mais le corps du Christ ?
mais que non ! En effet, selon Aristote – et c'est donc vrai puisque… c'est
écrit… dans un livre qui n'est pas à l'Index ! -, une substance,
c'est-à-dire un être existant en soi, comme le pain, se compose d'une matière,
qui est extension, quantité et qui fournit le substrat et d'une forme
qui imprime à ce substrat ses qualités, ses propriétés et qui lui donne
donc… sa forme (!?!). La connaissance empirique que nous pouvons avoir d'une substance
est, en fait, un ensemble d'accidents qui permettent de déterminer sa
nature : couleur, température, consistance… Ainsi la substance pain a
pour accidents une couleur gris-blanc[58],
une consistance molle[59],
une saveur fade[60]… Par le miracle
eucharistique[61],
les accidents du pain subsistent alors que la substance pain,
elle, disparaît pour devenir la substance corps du Christ. Et ceci est
possible parce que les accidents qui, normalement, collent à la substance,
grâce à une entité métaphysique que la science appellera désormais
le mode accidentel en sont détachés[62].
Certes, ce détachement est… un miracle mais du moins ce miracle…
n'est pas une contradiction logique : il sépare ce qui d'ordinaire est uni. Les
accidents du pain subsistent sans la substance pain et la substance
corps du Christ est là sans ses accidents[63]…
Et voilà, la Science a oraculé…[64].
Le Saint-Office ne chôme désormais
plus au point de se réunir quatre fois par semaines : Patrizi a des ennuis
en 1595 ; Campanella est arrêté en 1594 puis condamné à la prison à vie en
1601 ; en 1600 Giordano Bruno est brûlé ; en 1601, puis en 1612, l'université
de Paris réaffirme l'autorité du péripatétisme ; en 1616 la théorie
copernicienne est définitivement déclarée hérétique ; en 1619, Vanini a la
langue coupée et est brûlé vif par jugement du Parlement de Toulouse pour
avoir été astrologue, magicien et… athée ; en 1624, à la demande de la
faculté de théologie de Paris, trois auteurs antiaristotéliciens
sont expulsé de paris en 24 heures ; en 1629, des mesures sont prises
contre des chimistes antiaristotéliciens … et, en 1633, c'est la condamnation
de Galilée tandis qu'aux Pays-bas espagnols, le mdédecin et chimiste van
Helmont est emprisonné, que Bernouilli doit fuir Anvers, que Van Helden,
professeurs à Louvain est emprisonné…
De nombreux savants multiplient
les précautions pour continuer de faire avancer la science. Une de ces précautions
consiste à ne rien publier ou à ne le faire que sous des noms d'emprunt.
Ainsi, Sabuco, médecin espagnol, publie une critique d'Aristote et de Galien
sous le nom de sa fille et la supercherie ne sera découverte qu'en 1903.
D'autres encore s'autocensurent : Juan Huarte, autre médecin espagnol, expurge
de ses ouvrages toute son esquisse d'une théorie des localisations cérébrales
qui donnait un support organique à l'activité cérébrale.
D'autres encore, se réfugient dans l'ésotérisme, le cryptage,
l'allusion… La science continue d'avancer certes mais elle ne peut le faire
que le dos plié sous le poids de la répression religieuse.
Avec le concile de Trente et la
Contre-Réforme, les ponts sont définitivement coupés entre la science et la
religion.
A la fin du XVIème
siècle les conciles provinciaux ordonnent aux médecins d'exiger la confession
de leurs malades et leur font obligation de cesser les soins si le patient n'a
pas obéi au bout de trois sommations .
L'heure de Galilée s'apprête
de sonner. Si Giordano Bruno fut d'abord un visionnaire de type médiéval,
Galilée, en revanche, lui, est l'un des premiers savants modernes.
Jusqu'alors, la religion ne s'était
pas vraiment intéressée à l'héliocentrisme et à la théorie de Copernic. La
première attaque vint d'un astronome : Tycho Brahé pour des motifs à la fois
scientifiques – impossibilité, selon lui, de découvrir les parallaxes des
fixes – et religieuses –théorie inconciliable avec la Bible et,
particulier, l'histoire de Josué -. Ce n'est qu'au débit du XVIIème siècle,
en raison du durcissement doctrinal entraîné par la Contre-Réforme, que les
docteurs de l'Église pointent l'opposition irréductible entre l'héliocentrisme
et l'Écriture.
Et pourtant, l'Église
continuait de tolérer la théorie copernicienne pour autant que l'on
s'en prévalait comme une hypothèse et non une théorie ![65].
En 1611, le père Sizi va dans le sens d'une condamnation dans sa Dianoia
astronomicab tandis qu'en 1614 le dominicain Ceccini en fait de même dans
un sermon. Il faut dire qu'entre temps il y a eu l'affaire Giordano Bruno
et que certains docteurs exigent que l'Église soit conséquente… avec elle-même
!
Le 24 février 1616, le
Saint-Office déclare que l'hypothèse de Copernic est "insensée et
absurde en philosophie, formellement hérétique en tant qu'elle contredit
expressément de nombreux passages de la Sainte Écriture, selon la propriété
des mots et le sens des saints Pères et des docteurs théologiens". La
condamnation est sans appel et immédiatement exécutoire.
Cette condamnation fait suite à
un long travail de lobbying des Jésuites qui a commencé dés la
publication par Galilée, en 1612, de son Discorso. Dans ce texte,
publié en italien et non pas en latin, d'un style
brillant et accessible à tous les publics, Galilée professe avec
fureur la théorie de l'héliocentrisme après avoir éreinté la physique
d'Aristote, rappelé la théorie des atomes de Démocrite et réclamé le droit
pour le savant de déchiffre le livre de la nature en toute liberté, c'est-à-dire
en-dehors de l'autorité d'Aristote et de.. l'Église.
Galilée est alors immédiatement
soutenu par de nombreux protecteurs : le duc de Toscane, l'Académie dei Lincei
– qui était en lutte ouverte avec celle tenue par les Jésuites -, de
nombreux prélats…
Le 21 décembre 1613, Galilée récidive
dans une lettre au père Castelli : il affirme qu'en cas de désaccord entre la
Bible et le science il y a erreur d'interprétation de la première et que c'est
donc aux exégètes à revoir leur copie et non au savant ! Il y précise que
l'interprétation littérale de l'Écriture est absurde et conduit à des
non-sens . "La sainte Écriture ne peut ni mentir ni se tromper. La vérité
de ses paroles est absolue et inattaquable. Mais ceux qui l'expliquent et
l'interprètent peuvent se tromper de bien des manières et l'on commettrait de
funestes et nombreuses erreurs si l'on voulait toujours s'en tenir au sens littéral
des mots ; on aboutirait en effet à des contradictions grossières, à des
erreurs, à des doctrines impies puisqu'on serait forcé de dire que dieu a des
pieds, des mains, des yeux, etc. dans les questions de sciences naturelles, l'Écriture
Sainte devrait occuper la dernière place…".
En 1615, dans une lettre à la
grande duchesse de Toscane, il récidive : "le but du Saint-Esprit dans les
Écritures est de nous apprendre comment on doit aller au ciel et non comment le
ciel doit aller".
Le père dominicain Lorini dénonce
alors Galilée au cardinal Sfondrati, préfet de la congrégation de l'Index.
Il s'ensuit un jugement de 1616 qui affirme la primauté de la lettre biblique
sur la science en cas de conflit entre les deux. Le 3 mars 1616, cette congrégation
suspend le De revoltionibus de Copernic ainsi qu'un commentaire, héliocentriste,
du livre de Job écrit par Diego de Zunica, théologien, et un autre
ouvrage de même nature de Foscarini, théologien aussi.
Le 26 février 1616, le cardinal
Bellarmin communique à Galilée le premier jugement lui enjoignant de renoncer
à ses opinions et lui interdisant désormais de parler du système de
Copernic alors que, savant lui-même, il reconnaissait le bien-fondé de l'héliocentrisme.
Mais comme il était un soldat de Jésus, autrement dit un jésuite…
Les choses auraient pu en rester
là et il aurait pu ne pas y avoir d'affaire Galilée. En 1619, les jésuites
publient collectivement un ouvrage sur les comètes. Dans un discours tenu à l'Acdémie
dei Lincei et publié sous le nom de l'un de ses élèves – Mario Guiducci -,
Galilée les humilie dans la réfutation qu'il fait de leur théorie. Les jésuites
lui répliquent avec le Libra astronomica du père Grassi où Galilée
est accusé ouvertement de copernicisme – théorie désormais interdite –
et, implicitement, de matérialisme.
En 1622, Galilée reçoit le
soutien de Campanella, atomiste anti-aristotélicien, emprisonné à vie pour hérésie
notoire. Ce soutien est publié à Francfort, par Tobias Adami, luthérien, sous
le titre d'Apologia ; il rappelle les noms de tous les grands précurseurs
de l'héliocentrisme : Nicolas de Cues, Giordano Bruno, Kepler, Copernic,
Foscarini, Patrizi, Telesio… Les jésuites saisissent aussitôt de cette
opportunité pour accuser Galilée de ne pas respecter le jugement de 1616 qu'il
s'était pourtant engagé à respecter.
Pensant un moment se taire pour
laisser passer la tempête, Galilée, sous la pression de l'Académie dei Lincei,
publie le Saggiatore, qui élargit et aggrave la querelle avec les jésuites
puisqu'elle est la démolition systématique de l'aristotélisme et une attaque
en règle du Collège romain. Urbain VIII, qui vient d'être élu pape, en reçoit
un exemplaire dédicacé par Galilée lui-même mais sa présentation officielle
ne lui sera faite que le 27 octobre 1623. Urbain III apprécie particulièrement
la verve critique avec laquelle Galilée éreinte les jésuites mais ne dit mot
sur l'aspect scientifique de l'ouvrage : il ne désavoue donc pas ses thèses.
Or, dans cet ouvrage, Galilée,
tout en se proclamant anti-copernicien, ne
se contente pas de démontrer le bien-fondé de l'héliocentrisme – frappé
d'interdit depuis 1616 -, il y donne une explication corpusculaire de la lumière
et de tous les phénomènes perceptibles, sauf le son. Par ce biais, il fait
donc un nouveau retour à l'atomisme de Démocrite et, en fait, fonde une théorie
atomiste de l'univers qui est en complète contradiction avec l'Écriture et de
nombreux dogmes, comme l'eucharistie.
En 1624, Urbain VIII approuve le
livre, d'un point de vue scientifique cette fois-ci.
En 1626, les jésuites répliquent
avec le père Orazio Grassi qui publie la Ratio ponderum. L'angle
d'attaque se précise : le reproche fait à Galilée n'est pas tant son héliocentrisme
que son atomisme qui, lui, est une négation radicale de l'Écriture et, plus généralement,
de la foi chrétienne.
En 1663, les jésuites avaient déjà
obtenu le bannissement du royaume de France de David Derodon, protestant,
qui avait écrit un ouvrage niant la possibilité naturelle de la
transsubstantiation En 1641, 1643 et 1649, ils avaient obtenu du Saint-Office la
condamnataion de l'atomisme. En 1676, c'est la condamnation du père olivétain
Andrea Pasini qu'ils avaient obtenu pour le même motif d'hérésie :
l'atomisme. Ils poursuivront dans ce sens avec acharnement : en 1691, il est
fait interdiction d'enseigner la théorie de Démocrite, même à titre
historique, même pour la réfuter ! De 1688 à 194, à Naples, ils feront
condamné toute une série d'atomistes qualifiés d'athées.
Sans cesse, ils ne manquent pas
de rappeler la treizième règle des Exercices d'Ignace de Loyola :
"Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être
disposé à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l'Église hiérarchique
le décide ainsi"[66].
Sous la pression croissante des
Jésuites, et malgré ses nombreuses et hautes protections, Galilée finit par
être traduit, le 22 juin 1633, devant le tribunal du Saint-Office siégeant
dans l'Église Santa Maria Sopra Minerva, à Rome. Dans un premier temps, Galilée,
non sans une arrogance certaine et le sourire constamment aux lèvres, tient la
dragée haute aux Juges en argumentant solidement sa défense : il n'a pas
contrevenu au jugement de 1616 puisqu'il n'a cité l'hypothèse de
Copernic que pour la condamner sans appel ; d'ailleurs, il produit à cet effet
le certificat de notification du jugement qui notifiait bien la mise à l'Index
mais qui, en aucune manière, ne lui interdisait d'avoir et de professer ses
propres idées ! Les juges sont désarçonnés. Une suspension de séance est
demandée.
Le père commissaire, Vincenzo
Maculano, a alors un entretien, sans témoin, avec Galilée. Pour de
nombreux auteurs, Vincenzo Maculano lui rappelle les mises en garde de ses amis
le père Paolo Sarpi et Campanella : ce n'est pas son héliocentrisme que l'on
veut juger mais son atomisme et, pour cette hérésie, la sentance ne peut être
que le bûcher.. Selon ces mêmes
auteurs, un marché aurait été conclue sur entre les deux parties : pas de
jugement au fond sur l'atomisme contre un aveu d'erreur héliocentrique !
La séance reprend et Galilée
change aussitôt de défense pour procéder à une violente auto-critique de ses
erreurs héliocentriques et, par conséquent, coperniciennes.
Le cardinal Francesco Barberini,
juge, peut aussitôt faire passer un billet au pape : "Le tribunal sauvera
sa réputation et on pourra être clément avec l'accusé. Sa Sainteté et Votre
Éminence seront satisfaits"[67].
Le même jour, en chemise
blanche de pénitent, à genoux devant les juges, Galilée entend prononcer la
sentence : "Nous disons, jugeons et prononçons que toi, Galilée, par les
éléments révélés par le procès et confessés par toi, tu t'es rendu pour
ce Saint-Office très fortement suspect d'hérésie, c'est-à-dire d'avoir
accordé ton soutien et créance à une doctrine fausse et contraire aux Écritures
sacrées et divines, à savoir que le soleil soit le centre pour la terre et
qu'il ne se déplace pas d'est en ouest et que ce soit la terre qui se déplace
et qu'elle ne soit pas le centre du monde, et que l'on puisse tenir et défendre
comme probable une opinion après qu'elle eut été déclarée et définie
contraire à l'Écriture".
Ce fut alors l'abjuration
solennelle et la signature d'un texte par lequel Galilée déclarait : "Je
maudis et je déteste les susdites erreurs et hérésies".[68]
Galilée fut alors condamné à
la prison à vie mais le pape commua immédiatement cette peine en assignation
à résidence surveillée dans sa maison personnelle d'Arcetri où Galilée vécut
jusqu'à sa mort, soumis à une constante surveillance des jésuites et sans
pouvoir y recevoir pour discuter de cosmologie. Rome est immédiatement averti
de sa mort en 1642 et il est aussitôt fait interdiction au grand duc de Toscane
de procéder à des funérailles grandioses qui seraient considérées
comme un geste inamical à l'égard de la papauté. Interdiction est également
faite d'un enterrement à Santa Croce à côté de Michel Ange. Les textes de
l'oraison funèbre et de l'épitaphe sont soumis à l'imprimatur des jésuites.
En 1734, avec l'autorisation de Rome, les cendres de Galilée sont transférés
à Santa Croce, à côté de Michel Ange mais avec la même épitaphe censurée.
En 1757, Benoît XIV autorise l'interprétation symbolique des passages de la
Bible concernant le mouvement du soleil…
Le procès de Galilée ne fut
pas sans conséquence.
Alors que Galilée et Copernic
resteront officiellement hérétiques jusqu'en 1846, date de leur retrait de l'Index
et que Newton, Halley, Herschel, Laplace… auront depuis longtemps établi les
lois naturelles de la cosmologie moderne, pour l'Église la terre continuera d'être
le centre immobile du monde !
En 1639, les Hypomnemata
physica du médecin Daniel Sennert, qui expliquaient la génération par des
mouvements d'atomes furent mises à l'Index jusqu'en 1948. Même
condamnation en 1672 pour l'œuvre de dom Desgabets, bénédictin, en 1674 pour
celle d'Emmanuel Maignan, minime, tous deux disciples de Descartes,…
Ainsi, jusqu'en 1664, l'Index
reprit en entier le jugement de 1616 ; à partir de 1664, il en donna une
version simplifiée, maintenue jusqu'en 1948 : sont interdits "tous les
livres enseignant le mouvement de la terre et l'immobilité du soleil".
Ce n'est qu'en 1822 que
l'Inquisition autorisa l'impression des livres enseignant les mouvements démontrés
trois cents ans auparavant par Copernic !
Une des conséquences majeures
du jugement de Galilée fut que la science quitta les pays latins pour se réfugier
dans les pays anglo-saxons. En effet, à partir du XVIIème siècle,
la science se met à stagner en pays catholique alors qu'elle progresse à pas
de géants en pays protestant. Combien de savants les pays catholiques peuvent
alors aligner pour co,ntrebalancer les Newton, Halley, Boyle, Hooks, Leibniz,
Priestley, Cavendish, Rutherford… ?
En France, soucieux de préserver
sa vie, Descartes refusa de publier de son vivant son traité du monde[69].
Pascal eut plus de courage et dans Provinciales, en 1657, il affirmait
que si un passage de l'Écriture semble en contradiction avec un fait
scientifiquement prouvé, il faut lui chercher un autre sens et qu'il n'y avait
que trois voies d'accès à la vérité : les sens, la raison et la foi, les
premiers étant souverains en ce qui concerne les faits, les au sujet des lois
naturelles et la troisième pour… le surnaturel. Mais il est vrai que, dés le
6 septembre 1657, les Provinciales étaient… mises à l'Index.
Au XIXème siècle,
l'Église n'osa plus recourir à l'Index et à l'Inquisition ; elle se
contentera de l'anathème, de la diffamation… Il en fut ainsi avec la géologie,
la paléontologie, l'évolutionnisme, la psychanalyse, le polygénisme, l'exégèse
scientifique…, ce qui confirme, a posteriori, la perspicacité de Pascal qui
disait : "Le pape hait et craint les savants qui ne lui sont pas soumis par
le vœu".
L'Église n'a jamais su sortir
de l'affaire de ce jugement. Au contraire, avec un acharnement que l'on ne peut
pas comprendre d'un point de vue rationnel, elle a maintenu la condamnation de
l'héliocentrisme jusqu'en 1846 ! En 1942, l'Académie pontificale des sciences
commanda au cardinal Pio Paschni une biographie du savant. Terminée en 1944
elle fut aussitôt… interdite parce que trop embarrassante pour l'Église.
Par rapport au problème Galilée
et, plus précisément, à l'affaire Galilée[70],
l'Église usa de plusieurs tactiques : la surenchère théologique [71]
; le silence en comptant sur le fait que l'affaire finirait bien par tomber dans
l'oubli[72] et, enfin, la calomnie
dirigée contre la personne privée de Galilée et son statut de scientifique.
S'agissant de cette dernière
tactique, en 1985, Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, disait encore :
"Les milieux de l'Église sont à l'origine du développement des sciences
expérimentales[73]… Quant à l'affaire
Galilée, des historiens l'ont monté en épingle. Les ouvrages récents sur la
question le montrent, elle est moins évidente qu'elle n'y paraît"[74].
On n'est vraiment pas loin de ce que disait l'abbé Gibier en 1904 : "on
nous dit que Galilée était un grand savant, qu'il a découvert le système de
la rotation de la terre sur elle-même et autour du soleil, que l'Église l'a
jugé, condamné et torturé. Là-dessus des historiens de dix-septième classe
nous racontent des choses abracadabrantes[75],
et les pitres et baladins des boulevards et des petites bourgades nous représentent
ce pauvre Galilée affreusement maltraité. Mettons les choses au point. Faisons
de l'histoire et non du roman et nous allons voir que, dans l'affaire Galilée,
il n'y a pas de quoi fouetter un chat"[76].
Jusqu'à l'entre deux-guerres,
l'Ami du clergé, revue professionnelle des prêtres, donnait régulièrement
des argumentaires pour réfuter l'injustice commise par l'Église, minimiser
l'affaire, démontrer que les sciences n'avaient progressé que grâce à l'Église,
rappeler les crimes athées contre les scientifiques (exemple Lavoisier
pendant la Révolution…), décrédibiliser le savant et la personne Galilée…
Finalement, il n'y a pas si
longtemps, l'Église catholique a accepté de faire repentance dans l'affaire
Galilée. En revanche, pour d'autres affaires, comme, par exemple,
celle de Giordano Bruno, c'est toujours… le silence d'or ! Mais le propre de
la (vraie) Vérité n'est-il pas d'être… silencieuse ?
*****
Ainsi se termine la première
partie de la saga de la science religieuse et, plus précisément, chrétienne.
Cette partie, comme celle à venir, est tirée de l'œuvre monumentale l'Église
et la Science de Georges Minois. L'auteur, bien que catholique, s'y montre
sans complaisance envers la religion? Moi, je ne suis pas catholique mais… mécréant.
Alors, par mécréance, sans doute, j'ai davantage retenu ce qui était à
charge de l'Église qu'à sa décharge. Mais, c'est une toute petite mécréance
car, après tout, peut/doit-on être honnête face à l'imposture ?
La deuxième partie ira de Galilée
à notre illustrissime Gépétou. Gépétou, ce dieu vivant qui, comme tous les
dieux, est en attente de devenir… un dieu mort.
[1] Et contre les maladies de foi il n'y a ni traitement – sauf l'Inquisition -, ni vaccin – sauf le bûcher - !
[2] Discours de Gépétou au colloque de Castelgandolfo sur les rapports de la science et de la foi, rapporté par la Documentation catholique – j'en ai des lectures, non ? -, du 3 janvier 1988 (Le texte est souligné par moi… JC).
[3] Pr, 3, 13.
[4] Sir, 19. 24
[5] Il faudrait s'assurer que, du côté de la Somme, il n'y a pas récemment eu un tuyau percé dans les canalisations des eaux supérieures !
[6] Pour ces deux paragraphes : Gén, 1, 6-8.
[7] 1 Co. 13, 8-9.
[8] Vous avez suivi ? Tout compris ? Bravo : j'avoue que je me suis perdu en route dans cette histoire de fou !
[9] Est-ce que Origène eut une bonne compréhension de cette mystérieuse parabole ? Le mystère reste… entier – oh, pardon,… coupé - !
[10] A cette époque, de vilains esprits disaient que, au vu de l'état de la science et de la technique navale, aucun bateau n'avait pu être assez grand pour contenir tous les animaux !
[11] Qui excellèrent dans l'énoncé de problèmes en mettant au point une maïeutique particulière du questionnement : l'Inquisition !
[12] Basile le Grand (saint), père et docteur de l'Église (Césarée, 329 ; id., 379). Évêque de Césarée de Cappadoce (370), il combattit l'arianisme, écrivit de nombreux ouvrages théologiques et apologétiques (Hexaméron) et élabora des règles de la vie monastique.
[13] Quelle profondeur scientifique !
[14] Hypatie, philosophe et mathématicienne grecque (Alexandrie, v. 370 ; 415). Fille de Théon d'Alexandrie, elle commenta Platon et Aristote, mais aussi les Sections coniques d'Apollonios et les Tables de Ptolémée. Elle mourut massacrée par des chrétiens.
[15] Ceci dit, nul n'était besoin d'habiter aux Antipodes pour ne pas avoir connaissance de cette bonne nouvelle : il suffisait seulement d'être à quelques kilomètres des prêchi-prêcha du pantin !
[16] Sur la doctrine chrétienne.
[17] Un nom… à coucher dehors !
[18] Cette avance scientifique considérable que les Arabes ont alors pris sur l'Occident ne doit pas faire oublier que, pour diverses raisons, le Monde Arabe va lui aussi connaître une terrible régression des Sciences ainsi que des Arts.
[19] Hexaemeron.
[20] Idem.
[21] Idem.
[22] Idem.
[23] Idem.
[24] Théophraste.
[25] Commentaire de la deuxième épître à Timotée.
[26] Grégoire de Nysse. Quelle vision et cela sans télescope, juste avec… la Bible !
[27] Grégoire Ier le Grand, (Rome, v. 540 ; id., 604), pape de 590 à 604. Issu d'une vieille famille de l'aristocratie romaine depuis longtemps convertie au christianisme ; son trisaïeul fut le pape Félix III (483-492) - , le futur Grégoire Ier reçut l'éducation classique d'un jeune Romain, puis entreprit une brillante carrière administrative et politique (il fut préfet de Rome de 572 à 574), au service de Byzance. Mais sa vocation religieuse, qui s'affirmait, l'amena à renoncer à sa charge : il se «convertit», vendit tous ses biens et fonda dans sa maison romaine du Cœlius un monastère où il instaura la règle de saint Benoît. En 579, le pape Pélage II l'envoya comme nonce à Constantinople. Il n'en revint qu'en 585 et mena dans son couvent romain une vie de méditation. En 590, il est élu pape malgré lui, au milieu d'une épidémie de peste. Son tempérament d'homme d'action se révèle alors. Homme d'ordre et de discipline, il se conduit à Rome en véritable chef laïque, prenant la relève d'un pouvoir impérial défaillant. Il entend exercer pleinement son autorité sur la province ecclésiastique romaine : il révoque les clercs indociles, renouvelle son entourage et veille aux élections épiscopales. Chaque année, il réunit ses évêques en synode. Allant plus loin, il s'efforce d'imposer l'autorité du pontife à l'ensemble de l'Église universelle grâce à une diplomatie qui allie fermeté et souplesse. L'aspect le plus important de son pontificat est représenté par l'organisation de missions destinées à évangéliser les païens. Quoique formé dans le «moule» romain et byzantin, il accorde une attention particulière aux peuples barbares et amorce à leur égard une nouvelle politique qui aboutit, un siècle et demi plus tard, à l'alliance étroite avec les Carolingiens. Pour l'heure, Grégoire se préoccupe surtout de contenir la poussée des Lombards et de les convertir. De même, en 596, il envoie en Angleterre une mission dirigée par Augustin, prieur de son couvent ; celui-ci amorce l'œuvre de conversion des Saxons et fonde l'Église anglaise. Les instructions adressées par Grégoire à son disciple définissent une nouvelle pédagogie missionnaire où prudence, conciliation et fermeté de principe se fondent en un tout harmonieux qui inspirera par la suite tous les missionnaires. Surnommé le Consul de Dieu, Grégoire le Grand accomplit une œuvre avant tout morale et pastorale, dont témoignent sa correspondance (on possède 848 lettres de lui), ses Dialogues (qui jouèrent un grand rôle dans la conception du Purgatoire) et les commentaires sur le livre de Job (Moralia in Job) qui constituèrent un guide de méditation et de morale pratique pendant tout le Moyen Âge. Son nom est également lié à une importante refonte de la liturgie ainsi qu'à une codification du chant grégorien, et il est, avec Jérôme, Ambroise et Augustin, l'un de quatre docteurs de l'Église latine. À sa mort, ni la primauté spirituelle du siège romain ni l'indépendance temporelle de la papauté ne sont acquises ; du moins Grégoire le Grand en a-t-il jeté les bases.
[28] Summa sententiarum.
[29] L'université de paris, par exemple, se voit accordée de nouveaux statuts par la bulle Parens scientarium de 1231.
[30] Œuvre scientifique rédigée à la demande de saint Louis.
[31] Et pan pour ceux qui pouvaient croire que les moteurs mouvaient de… l'immobilité !
[32] Le pape rejeta l'appel de Siger de Brabant.
[33] Opuscule X.
[34] Somme théologique.
[35] Et oui, c'était bien son nom. Mérité d'ailleurs car il avait bien la… grosse tête !
[36] Cette somme d'interdictions aurait dû frapper Thomas d'Aquin sur certains points : il passa cependant au travers et même canonisé !
[37]
Un peu d'Histoire – la vraie - : dieu arrêta la marche du soleil et de la
lune pendant une journée entière afin de donner le temps à Israël de
finir le massacre de ses ennemis à la lumière du jour !
[38] Il mourut, en Tunisie, lapidé par la foule en colère !
[39] Constatons qu'en parfaite constance que l'Église considère comme une attaque toute idée qui n'est pas la sienne !
[40] Bien entendu, les tenants d'autres vraies vérités disent exactement la même chose du christianisme et, au sein de celui-ci, du catholicisme !
[41] De universo
[42] Décidément, le problème des eaux est une constante de la problématique de la science théologique qui se refuse… à les perdre et, ainsi, à accoucher de… son imposture !
[43] Commentaires sur les sentences.
[44] Summulae in libros physicorum.
[45] Au fait n'y-a-t-il pas eu un… âne de Buridan ?
[46] mais il est vrai qu'à certaines heures chaudes de la journée le rosé de Provence incite aux visions !
[47] Sans doute un être ou nombre… complexe !
[48] Super quatuor libros sententiarum questiones.
[49] Une v raie marotte chez ce Louis XI !
[50] Toujours ce fameux problème d'eaux. Que diable : l'Église catholique s'est trompée de science. La sienne était… la plomberie !
[51] Torquemada commence à sévir en 1483.
[52] C'est sans doute la pratique de ces maisons de tolérance qui explique la tolérance mentionnée précédemment !
[53] De profanitate.
[54] Il avait été l'initiateur, avec Ignace de Loyola, de la création de l'Inquisition romaine en 1542 et disait : "Si mon propre père avait été quelque peu convaincu d'hérésie, j'aurais été de mes mains rassembler le bois du bûcher" !
[55] Les archives de son procès ont malencontreusement disparu en 1817 lors du rapatriement des archives pontificales de Paris à Rome ! des mauvaises langues disent qu'elles ont été volontairement détruites !
[56] Ce sera toujours un dominicain.
[57] Kézako ?
[58] Stop, il y a un drame : quid du… pain noir ? de plus, comme la nuit tous les chats sont gris la substance pain est-elle vraiment du pain ou un chat. Mais alors, si, en fait, la substance pain est un chat, dieu est… un chat. La question est alors de savoir s'il est entier ou… châtré ? de gouttière ou de Perse ?…
[59] Autre drame : quid du pain dur ? Plus grave encore : qui du pain… perdu ? Une substance qui se perd est-elle vraiment une substance ?
[60] Suarez devait manger du pain de régime… sans sel !
[61] Et oui, en définitive, contrairement à ce qui était annoncé, la science doit avoir recours au miracle religieux pour expliquer scientifiquement l'imposture religieuse !
[62] Il est vrai que, à cette époque, on ne connaissait pas… la super-glue !
[63] Mais que sont les accidents de la substance corps du Christ ? la mollesse ? la fadeur ? la rouille (à cause des clous) ? la trade mark Westinghouse (à cause de l'ascenseur) ? l'insubmersibilité ? la duplicité – pardon, je voulais dire la multiplicité à cause des petits pains - ? l'odeur de poisson ?… Nous ne le saurons pas et resterons sur notre faim…
[64] Ne trouvez-vous pas qu'avec tous ces accidents Suarez aurait fait un bon agent de la circulation ou, mieux, encore, un assureur ou un expert automobile ?
[65] Quelle hypocrisie !
[66] Quel meilleur principe pour fonder une science… jésuitique !
[67] Ce billet tendrait à prouver que le pape est personnellement intervenu pour que le marché précité puisse être offert et… conclu.
[68] En 1761, l'abbé Irailh, dans ses Querelles littéraires, faisait entrer ce jugement dans l'Histoire en faisant dire à Galilée : "Et pourtant, elle tourne !".
[69] Son œuvre connut toutefois une mise à l'Index posthume en 1663 et elle y était encore lors de la dernière édition de l'Index en 1948 !
[70] Qui, du point de vue de l'Histoire et de la Science, bien entendu, est son jugement et sa condamnation par l'Église et non pas ses théories et thèses !
[71] Je vous ferai grâce de toutes les démonstrations scientifiques – de la science religieuse et, particulièrement, jésuitique – de la fausseté de l'héliocentrisme. Exemple : le De immobilitate terrae tractatus d'Orazio Maria Bonfioli en 1667 ; le prince instruit ou le philosophe du chanoine Bézian Arroy en 1671
[72] En fait d'oubli, ce fut celui du Saint-Office qui, malgré les avancées de la science, oublia de retirer Galilée – et tant d'autres – de l'Index jusqu'en 1848 !
[73] Point de salut là où il n'y a pas de culot !
[74] Le choix de dieu.
[75] Serait-il parent avec un certain… Chirac ?
[76] Conférences aux hommes. Pas de quoi fouetter un chat ? N'y eut-il pas un temps où certaines idées méritaient que l'on brûlât un homme ?
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