Le Mont Athos n'est pas un état
au sens du droit international public. Toutefois, au sein de la Grèce, il jouit
d'un statut privilégié qui en fait un véritable état de fait puisque, régi
par le patriarcat de Constantinople, il est placé sous le protectorat grec et
que les Lois (et juridictions) nationales (et, a fortiori, internationales) n'y
sont ni reconnues, ni appliquées.
Le Mont Athos est un territoire
de 500 kilomètres carrés environ sur lequel se trouvent 20 monastères
orthodoxes (grecs).
Dans cet état, entièrement dédié
à la vie monacale, les journaux, la radio et la télévision y sont interdits
pour protéger les moines d'un monde profane décadent et voué à Satan !
Le Mont Athos est également
interdit aux femmes car ce sont des êtres impurs. Cette interdiction est
étendue à tous les animaux femelles : on se demande donc par quelle opération
du saint-esprit les moines font reproduire leur cheptel (moutons et
chèvres) et leur basse-cour, sauf à supposer que, à la nuit tombée, certains
d'entre eux se transforment qui en brebis, qui en poule, qui en cane… !!!
Deux cents jours par an, pour
cause de business, nos bons moines ouvrent les portes de leur état pour
accueillir des touristes (à l'exception, bien entendu, des… femmes) à
condition qu'ils se soumettent à un certain nombre de prescriptions et
obligations diverses et variées (Je ne sais pas si au poste frontière il y a un
sas de décontamination satanique !).
Via l'État grec, l'Europe a déjà
accordé quatre cent millions de francs à la rénovation des monastères (On
notera que, bien que venant du monde profane voué à Satan cet argent a été
accepté sans état d'âme par nos bons moines mais il est vrai qu'en religion
l'argent a toujours une odeur de sainteté !). D'autres tranches de subvention
doivent être versées d'ici 2006 pour un montant total d'un milliard de francs.
De nature publique, ce financement européen a donc été
attribué pour la rénovation d'un patrimoine privé qui demeure interdit d'accès
à une partie importante, et même statistiquement majoritaire, de la population
européenne : les femmes.
Ainsi, l'Europe accepte d'accorder des financements à
un "état" qui, européen de surcroît, bafoue allègrement les
conventions internationales et donc, aussi, européennes, des droits des humains
interdisant toute discrimination à raison, notamment, du sexe !
[ Au passage n comprend d'autant
mieux pourquoi certains États du monde font sans aucun scrupule la sourde
oreille au rappel au respect des Droits des humains que leur adresse l'Europe
quand celle-ci devrait sans doute commencer par balayer… chez elle ! ]
Quand on sait les pressions exercées par les lobbies religieux auprès des différentes instances européennes et la compréhension complaisante dont ces instances font preuve à l'égard de telles pressions, le subventionnement européen de la réhabilitation des monastères du Mont Athos ne peut que nous amener à craindre le pire en terme de laïcité, de stricte séparation des États et des cultes, de liberté de conscience, d'égalité, de non-discrimination… !