De la Relativité

 

Mon fils adoré rentre de La Réunion et se plaint du froid de canard qui sévit en Métropole.

Les dizaines de Pères Noël que j’ai rencontrés aux portes des sioupermarkets de Tours et qui sont arrivés à rennes rebattues de Laponie se plaignent –au même moment- de la chaleur qui sévit sous leurs houppelandes fourrées.

Tout est relatif.

Il y a 15 jours, en revenant de Paname, j’ai foncé à plus de 325km/h. En marchant à 5km/h vers l’avant du TGV qui fonçait à 320km/h, je faisais effectivement du 325. Mais j’oserais dire que je faisais du moins(-)24 675Km/h. En effet la vitesse de la terre combinée à celle du train et à la mienne donne ce résultat surprenant et, sans doute approximatif.

Et encore, je ne combine pas la vitesse de la Terre par rapport au soleil combinée avec celle du soleil dans la galaxie et celle de l’expansion de l’Univers.

Il faudra bien qu’un jour, je calcule ma vitesse exacte, histoire de me remettre à ma place.

Comme j’ai une tendance mégalomaniaque de me considérer comme le nombril du monde, ma vitesse sociale relative est souvent Zéro/km/h.

Tout est relatif.

De grands savants -Einstein, Hawkins…ont écrit des formules longues comme un jour sans pain, avec des dérivées, des intégrales, des puissances, des racines, des logs, pour démontrer cette relativité générale. En rendant compatibles les mécaniques  quantique et newtonienne où le temps même devient élastique.

Tout est relatif.

Si je devais faire un schéma simple, je mettrais deux « états » : A et B ayant un quelconque rapport entre eux.

A peut être un individu, une situation, une circonstance, une chose, un sentiment, une action.

B peut aussi prendre toutes ces formes.

A----------------------B

Entre A et B il y a sûrement une relation. Ainsi par exemple, si je sors, je suis saisi par le froid. Il y a relation entre Moi et l’état thermique de l’extérieur. La relativité existe entre ce Moi et cette thermicité. (D’ailleurs moi, je me refroidis et l’atmosphère se réchauffe ; ( peu, je le concède). Il y a aussi relation entre la thermicité de l’intérieur et celle de l’extérieur (+,-, =) et j’en saisi le sens quand Madame hurle : "la poooRTe !!!"

Si je me précipite vers l’hypermarket pour effectuer l’achat d’une boîte de Béluga, c’est qu’il y a eu, dans mon histoire, un moment où une publicité, un souvenir, un exemple m’ont émoustillé les papilles gustatives. Le moujik qui pêche les esturgeons n’a plus cet émoustillement et l’on comprend les doléances des députés des bords de Loire en 1789 qui exigeaient l’abandon du saumon à chaque repas pour les serfs des châteaux.

Dans une organisation, il y a des milliers de relations entre des individualités. Durables, éphémères, solides, fragiles, physiques, mentales, sentimentales, positives à un moment et négatives à un autre, et très évolutives.

Cette évolutivité ou capacité d’évolutions est, d’ailleurs, un signe de richesse. La paranoïa exacerbée de certains individus amène la disparition des relations positives, ne reste que l’issue fatale : la mort du groupe.

Ce qui m’importe donc, avant d’agir, de réagir, dans une quelconque situation, dans un groupe, devant l’autre, c’est de me rendre compte des relations qui me lient à cette situation ou à ce groupe ou à cet autre.

Il faut donc analyser  à l’aide des outils d’analyse que le cerveau et le cœur possèdent. L’introspection, la réflexion, l’autocritique et le recours à la mémoire sont des moyens. Qui ? que ? quoi ? où ? quand ? comment ?

La haute stratégie de certains politiciens et hommes de guerre vient de cette capacité d’analyse.

La facilité avec laquelle les stratèges manipulent la foule vient de l’anesthésie de la foule.

Ce gros travail d’analyse permet alors de voir, de sentir la Relativité des choses, des événements. C’est un peu la technique du comment éplucher la mandarine.

Puis il faut agir.

J’admire (en douce) le comportement de certains individus devant l’agression, devant la souffrance, devant l’opposition ou l’adversité.

Est-ce une relativisation qui permet à certains d’avancer malgré tout où n’est-ce qu’une passivité, un auto-esclavagisme ?

Mektoub, c’est écrit…Fatalisme ou bien  stoïcisme absolu ?

Il semble que la possibilité d’agir découle  directement de notre faculté de relativiser toutes les situations et à s’en tenir à des principes basiques  liés à notre condition humaine. Ces principes sont dans notre Constitution : liberté, égalité, fraternité. (Ce n’est pas parce qu’ils sont inscrits que ce sont des principes humanistes. L’inscription est due aux circonstances historiques).

Si je ne me sens pas libre, comment puis-je accepter de lutter pour la Liberté ? Ou bien alors je joue un film.

Si je me sens le nombril du monde, puis-je évacuer les notions de lutte des classes, de domination, de propriété ?

Dans l’état présent de ce monde, il est indispensable que chacun apprenne ou réapprenne la relativisation. Il est indispensable que chacun apprenne réapprenne la mise en application les basiques de l’humanisme.

Je tente de le faire, mais, nom de nom, que c’est difficile.

Noël est la période où c’est le plus difficile. Une masse phénoménale de pubs crée en moi une masse phénoménale de faux besoins. Je ne sais où me placer, entre le moujik repu de caviar mais crevant la dalle et le bourge repu imaginant les grosses boîtes de béluga.

Et que dans les écoles de la République, des imbéciles qualifiés de professeurs, sous prétexte de traditions, arrêtent de faire manipuler les ciseaux dans des catalogues pour que les enfants découpent les jouets convoités, jouets que des fabricants ont créés pour amplifier leurs portefeuille d’actions, jouets que des parents surchauffés achètent pour en foutre plein la vue à leurs rejetons et aux rejetons des voisins.

 Que partout soient interdites les références religieuses à un jésus tantôt consolateur et racoleur tantôt justicier, à un papa Noël descendant du ciel, à des rennes bêtes à bouffer du foin.

Dans cet Univers tourneboulant, où presque tout n’est que circonstances, il reste l’homme et sa force d’humanisation. Il faut se rappeler ce qu’est l’homme et  s’en tenir aux valeurs humaines, pures et sans rajouts.

 

Maï


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