Dieu à l'École

"Jean Macé réveille-toi, ils sont devenus fous !"

"Avancez en eaux profondes et jetez vos filets" Jean-Paul II (21-01-2001)

Sous le titre : "Des parents soucieux de transmettre la foi", le journal catholique La Croix nous apprend que "depuis plusieurs mois l'UNAPEL mène, une réflexion sur le thème Dieu à l'école". Normal.

Ce qui l'est moins, c'est que la Ligue de l'enseignement s'est associée à l'opération. Le journaliste nous apprend en effet que "la très laïque Ligue de l'enseignement est venue enrichir la réflexion" par la voix de sa vice-présidente qui, lors d'un débat avec les curés à l'occasion du dernier Salon de l'éducation, a répété "qu'il y a urgence à refonder un discours visant à défendre la dignité des personnes et le respect des libertés fondamentales". Et cette dame d'invoquer, "face à la marchandisation et à l'ignorance, les principes d'une laïcité humaniste apprenant à donner la parole et à accepter la liberté d'expression, y compris des convictions religieuses".

On a compris que ceux qui s'obstinent à vouloir laisser les croyances religieuses à la porte de l'école publique sont d'affreux oppresseurs de la pensée et qu'ils méritent une remontrance. Car c'est au nom de la liberté d'expression et du respect des personnes, que cette "spécialiste de la laïcité" (sic) se porte au secours de "la plupart des jeunes qui n'ont souvent pas d'autres lieux que l'école pour poser leurs questions sur tout ce qui touche à la transcendance… les questions éthiques renvoyant inévitablement aux différents courants de pensée et notamment aux religions qui semblent les seules capable d'offrir des repères* ".

Cette confondante collaboration entre le dogme (qui est, n'est-ce pas, le socle de la religion catholique - auquel il faut ajouter le devoir d'évangélisation) et l'école républicaine des Droits de l'Homme, a de quoi surprendre.

Outre qu'elle donne la mesure de la capacité de l'Église à infiltrer ses agents dans tous les domaines et au plus haut niveau (associations laïques, syndicats, partis …), elle nous invite à réfléchir au sens de l'historique combat des républicains pour la laïcité institutionnelle.

Madame la vice-présidente ignore-t-elle que dans notre pays, pour faire triompher la pensée indépendante et la libre expression, les bâtisseurs de la laïcité républicaine ont dû affronter les dogmes religieux imposés par une insolente Église liberticide ? Ignore-t-elle que l'Église (et ses œuvres) fut et reste porteuse d'une mission impériale qui est d'assurer le salut des personnes, des fidèles, de tous les humains - pécheurs par définition ? Qu'elle doit se donner les moyens d'accomplir cette sainte tâche en s'appropriant les consciences - dès l'enfance si possible ?

Madame la représentante de la Ligue peut-elle comprendre qu'à cet égard, cette religion n'est pas "un courant de pensée" comme les autres pour la seule raison qu'elle a (comme toute religion) vocation à dominer et à asservir (on appelle cela l'évangélisation), et qu'elle garde intacte l'espérance de retrouver la place hégémonique qui fut la sienne durant des siècles ?

"Transmettre la foi", c'est mettre les consciences au service de cette grande et exaltante entreprise. En tous lieux, sous toutes les formes, par tous les moyens - même en invoquant la tolérance et le respect des personnes (tant pis, faut ce qu'il faut !) - transmettre la foi, c'est soumettre autrui à la volonté du Tout Puissant, hors laquelle il n'est que désordre et perdition.

Pourquoi l'école échapperait-elle à cette ardente obligation se demande froidement notre moderne et si humaniste vice-présidente d'une Ligue fondée il y a bien longtemps par un certain Jean Macé ?

* On sait pourtant par les spécialistes cléricaux qui s'en désolent publiquement que la jeunesse d'aujourd'hui est réputée individualiste et totalement allergique à tout questionnement métaphysique. Madame la vice-présidente, qui doit fréquenter quelque peu ces inspecteurs de l'âme, devrait savoir cela.

N.B. Si vous voulez lui écrire : jean.maquart@wanadoo.fr