Le texte qui suit n’engage que son auteur, mécréant notoire et vieux , en plus. Tout pour plaire.

Il a constaté, mais peut-être est-t-il un très mauvais constatateur- que les idées amenant obligatoirement des actes, il a constaté que les bibliothèques s’enrichissent, les riches aussi, les taules aussi.

 

ECCE HOMO.

Les êtres vivants sont des agglomérats- ou conglomérats – de mille et une composantes . Il est possible de les réduire en chacune de ces composantes et de les quantifier en grammes et milligrammes. C’est grand-père incinéré qui repose dans une jolie urne Napoléon III, sur la cheminée de Mémé. L’ensemble des formules chimiques, longues comme un jour sans pain, décrivant les molécules des cellules du corps comporte les lettres C, H, O, N ou carbone, hydrogène, oxygène et azote et quelques autres. En tout, plus d’une centaine a affirmé Monsieur Mendeleïev. Les arrangements, fruits d’une très très longue évolution en font un système bougrement organisé. Et mon étonnement et mon admiration sont grands quand, à partir d’un simple ovule fécondé, commence la différenciation cellulaire si complexe mais si rapide.

L’homme a donc un corps, et c’est bien foutu même quand il est mal foutu. Fait d’organes rassemblant des milliers et des milliers de cellules, ces organes ayant des fonctions différentes.

Ce qui permet aux savants pédagogues à bâtir des livres d’"histoire naturelle" ou de "sciences naturelles" autorisant les profs de faire un cours majestueusement magistral sur le "fond de l’œil", ses cellules en bâtonnet et ses cellules coniques, ou sur le zizi ou la zizitte .

Les chapitres sont bien organisés :

-         Les tissus cellulaires. (les neurones, les cellules épithéliales, le tissu conjonctif, etc.)

-         Les organes. (le squelette, le cœur, le foi, etc.)

-         Les fonctions (la locomotion, la respiration, la circulation, etc.).

Ce qui permet aussi, aux toubibs, spécialistes et autres trucologues de cardiologie, de boyaulogie, d’exercer leur art majestueusement, pédamment et plein de rapport ; chacun se fichant comme d’une guigne de ses collègues pneumologues ou urologues.

Et ce conglomérat fonctionne, vaille que vaille. Comme les locomotives, les éoliennes, le fer à repasser et le godemiché. Un peu de carburant, sous une forme quelconque : gazole, vent, électricité, radis, hamburgers et  beaujolais. Ce carburant arrive en même temps que l’oxygène, véhiculés par le sang jusqu’aux cellules qui produisent l’énergie du travail, la chaleur du corps et les cacas divers.

Il en est de même pour la fourmi, l’éléphant, l’arbre (encore que là, les fonctions sont un tant soit peu différentes).

Mais voilà que l’homme a affublé l’homme d’une intelligence et de ses filles, les pensées , les idées.

La fourmi est travailleuse, l’éléphant a une mémoire d’éléphant, le papillon est volage mais l’homme est in-tel-li-gent.

La sorte de bouillabaisse blanche ou grise qui squatte la boîte crânienne tout en haut au-dessus du tronc enquillé des deux jambes, produit des choses bizarres : les idées, les pensées. Donc "l’homme est un animal pensant". Celui qui parlait à l’oreille des chevaux aurait dû demander si eux aussi pensaient. Je le pense; de même que ce salaud de frelon "sait" qu’il va me faire très mal au point d’impact de son dard : il a pensé sa vengeance,(à mon simple avis).

L’extérieur des lobes gélatineux du cerveau ou cortex se présente comme une carte de pays colorés. Il y a la zone du langage, le carré des mathématiques, le boudoir de la sensibilité, le renfoncement de l’agressivité, la grande surface de la mémoire.

Pan ! un coup sur la cafetière par un sarkoziste et tu ne te rappelles même plus de ton pseudonyme sur les listes anarchistes. Tu deviens amnésique. Les exemples d’atteinte aux lobes cervicaux, zones mémoire sont nombreux : Chirac, Papon, Trichet, Dumas, Stirven… tous amnésiques. Les hommes politiques et affairistes deviennent, un jour ou l’autre, amnésiques.

Ma langue colle au palais en ces temps de canicule, une idée jaillit, des ordres circulent et je lance un tonitruant : "Garçon, un demi bien frais".

La trompe de la grosse mouche à merde s’assèche, elle pense comme le renard de la fable : "y’a du président dans la coin" et d’un vol rapide, efficace, elle s’écrase dans mon calendos.

La fleur a soif, elle referme ses pétales et sépales.

Non pas simple réflexe mais pensée.

Chez l’homme et la femme- encore plus chez la femme à mon humble avis- cette production d’idées est intensive, sinon abusive. Ca bouillonne dans la cafetière, ça bulle dans la marmite. Un foisonnement, une éruption, une logorrhée.

C’est là que tout capote.

Si les individus vivaient dans leur fourmilière planétaire comme les fourmis ; si les humains volaient de fleur en fleur, butinant au gré des fleurs, se coltinant quelque reine au passage ; si les hommes vivaient dans un espace, comme les chênes, si….., tout irait bien.

Mais, la production des idées condamne inexorablement à une production d’actions asociales. Un tel a eu l’idée la plus rapide, il l’a met immédiatement en action. Tel autre a eu l’idée la plus farfelue, il l’a met bêtement en action. Il y a quelques millions d’années, un humanoïde- qui se devait d’avoir des idées- eut l’idée de conserver un tison incandescent produit par la foudre. Il inventa le feu. Sa femelle eut l’idée de balancer les restes d’aurochs sur l’aire en feu, elle augurait de Maïté. Un enfant se saisit d’une côtelette, il avait inventé la rapine. Il prit une raclée. Ce fut la justice.

Au cours des siècles les idées furent plus nombreuses que les grains de sable dans le désert du Néguev. Mais comment les qualifier ? Bonnes, mauvaises ? Utiles à l’homme, à la société ?

La conservation : bonne ou mauvaise ?  L’épargne : bonne ou mauvaise ? La propriété ?

D’abord, quelle est l’andouille qui a inventé le langage et l’écriture et les mots et leur sens aussi variables que les vents dans les 40èmes rugissants.

Qui est capable de juger ? En fonction de quels édits, ukases, lois, règles, versets, décrets, tous faits de mots ? Un amas de cellules peut-il juger ?

Vérité en deçà des Pyrénées, mensonge au-delà.

Les fabricants des millions de mythes qui courent sur la planète étaient des producteurs d’idées.

Malheureusement ou heureusement ?

Tout l’art de la fabrication des mythes est issu de l’idée du bien et du mal, de la lumière et de l’ombre, du paradis et de l’enfer, de dieu et du non-dieu.

Et ainsi, chacune des pensées d’un anar ou d’un kto est farcie de jugement, pour les choses de la vie courante comme pour les théories les plus élaborées. En voici quelques exemples :

-         putain d’ordinateur.

-         C’est un pauvre con, mais c’est un brave type.

-         il aurait fallu prolonger la grève.

-         il faut savoir terminer une grève

-         c’est beau.

-         Les enfants m’aiment et ma femme me déteste.…

-         mon jardin est rempli de mauvaises herbes.

-         les framboises de Maï sont sucrées.

-         etc.

Ce qui tendrait à prouver  que toute idée amenant inexorablement un jugement est une entrave à l’exercice de la liberté. Ce qui tendrait à démontrer que l’exercice de la liberté est impossible. J’ai écrit "tendrait" au conditionnel car je ne peux en être sûr. (Et de toute manière, je vais recevoir une volée de bois vert.). Je continue cependant.

Dans ma famille, ces jours-ci, se pose le difficile problème de l’euthanasie. Faut-il débrancher l’oxygène, couper l’arrivée des antalgiques chez une femme de 88 ans, ayant la maladie d’Alszheimer depuis 12 ans ? D’aucuns répondent oui, certains répondent non.

Je ne réponds pas. Je ne réponds plus.

Maï s’est mis aux abonnés absents. Il n’a plus d’illusions. Il ne veut plus agir comme il est écrit. Dans la bible, dans le coran, dans la thora, les védas, les constitutions, les codes de la pêche et de la route. Il ne va plus à la pêche et il laisse le volant à sa femme.

Et il se rend compte qu’il est devenu un vrai anarchiste.

Je viens d’avoir une idée géniale.

Faisons la révolution. (Même si l’on doit se retrouver à la même place). Vivons comme nos amies les fourmis, les arbres, les gros éléphants. Faisons table rase de toutes les sottises issues des cerveaux sots. A bas dieu, à bas la république. Que chacun, chacune vaque dans la fourmilière comme les fourmis, y peine comme les fourmis,  y crève en fourmi.

Je ne dirai pas comme les abeilles qui ne pouvant baiser en ont le bourdon…

De deux choses l’une :

-         Ou bien Maï est un Con avec une majuscule.

-         Ou bien Maï a bien raisonné.

 * Maï


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