Intemporel

 

Ann Gaytan

 

Ne pas penser, cesser de subir, regarder simplement, l'abjection, la trahison.

Oublier le chair, oublier la vie, les promesses, oublier, oublier avec force et nier ce qui est, sans faiblir...

Est-ce vraiment cela la vie, est-ce vraiment cela le "tant grand bonheur' promis ? Est-ce cela ?

"II faut être deux pour aimer", pourquoi pas cent, mille, des millions ? Heureux ! Et encore et encore.

Mais non. Seul, toujours, toujours ... le modèle idéal. Parce que tu veux le mal pour tous.

Qui es-tu ? Et moi, qui suis-je ?

La vie, ma vie, ta vie ...Le tortueux, le verreux, la pourriture...

Un être, un seul, vole toutes les valeurs auxquelles tu t'éclaires, l'absolu, le confiance, la beauté, le volupté l'Amour ...

Il s'immisce dans ce que tu es de plus cher et de plus précieux il saccage ta chair, ton âme, tes croyances.

L'Être se venge de se souffrance â travers toi, sur toi, il te massacre sens frémir.

Tu ne comprends pas, tu ne peux pas comprendre, ta quête te pousse dans ton imperfection à tenter de comprendre tes fautes, tu te sens poussée vers d'autres horizons, vers d'autres concrétions, vers un ailleurs, vers la marge, toujours la marge. Et pourtant... La nature, les gens, les bêtes, les parfums, les rires, les mots doux, l'esprit ...

Tout ce qui te fait te construit, tout ce que tu es vraiment que l'autre sait mais ne veux plus voir.

L'autre...Et la violence comme un spasme, un vomissement qui t'expulse dans un dernier geste énergique, dans un abjecte magma liquide, une liqueur odorante faite de stupre et de fornication mentale liée au sexe et à l'impuissance. Et tu es là. L'épiderme rongé, la chair décomposée, ultime mise à nu, spirale cernée de rouge, ton sang se glisse hors du corps, ton excroissance de chair tendre et souffrante se damne, et finit par se répandre sur le sol virginal et maculé de chagrins.

 

Le corps, ton corps, mon corps, prison !

Tu souffres, l'autre jouit. Tu veux crier, l'autre fuit.

Tu ne cesses d'aimer, l'autre méprise.

Tu saignes tes illusions.

Partout le chair s'ouvre et s'exhibe sans pudeur, dévoile se fondamentale vulnérabilité.

 

La chair crisse sous les dents, du fauve, le coeur implose... Les masques grimaces en des rigolades cyniques sur les toboggans de te vie.

Ils ironisent, se moquent de toi, te précipitent en d'éternelles souffrances.

Toi tu te gausse et te gave de cette souffrance projetée qui se reflète dans mes yeux.

Cette souffrance pourtant la tienne. Puis le vice, la perversité. Je ne suis plus à toi mais tu sais...

Tu sais trop bien mon âme et mon coeur.

Maintenant tu souffres toi aussi, tu peux t'accomplir, tu peux fuir, me laisser là sur le bord de la route avec le mort blanche. Tu te sens puissante et libre.

Tu ne veux plus voir, plus savoir, tu as tué, tu m'as tuée et tu t'es tuée par là-même.

 

Cécité.

Mieux vaut mourir à l'autre et cultiver la haine, mieux vaut effacer, oublier, tout ce qu'on a voulu et espéré tant et tant…

Tout faire pour oublier, trouver d'autres sensations, ne plus croire encore qu'en d'autres amours, en faire sa richesse.

Fuir sans relâche, balancée d'un choc à l'autre.

 

Paradis artificiels, fumées, rêves...

Inhibées, crevées comme une outre...

Rien, pas d'amour heureux.

Néant.

Désir de rupture.

Punition.

Brutale lancinance des choses de l'amour, irrésistible envie de rire pour ne pas pleurer se lucidité.

Le néant, le rien fini dans un monde infini ? Et l'amour travesti toujours debout, le soleil dans les yeux, pour mieux s'éblouir la face.

Le coeur qui palpite dans le poche de l'univers comme une grenouille impossible à garder dans la main.

Le bien qu'on te vole et qui te mets dans le rien.

Tu n'existes plus pour ce que tu es aimé le plus.

Continuer pour les larmes, pour le froid et l'absence.

Il semblerait que cela soit ainsi.

Les frémissements, les partages de printemps et de renouveau sont à d'autres promis... Renvoyées dans les limbes de l'inconscient ton amour, Credo mortifère. La mort. Peur. Fatigue extrême. Toute passion s'achemine vers le néant.

Tu n'es qu'un bout de viande succédant è un autre bout de viande...

Je ne croyais pas que tout cela fusse possible entre nous.

Je suis dans ton néant et dans ton néant tu ES et seras pour toujours, à Moi.

 

In Bleue de toi,, CD, Orchidée noire, Ann Gaytan.


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