La pénibilité

 

Maï n'écrit plus souvent. C'est pénible et rien que de penser à la page blanche, à l'écran immaculé, ça devient stressant

Il souhaite la retraite des écrivaillons à 32 ans, or à 66 piges, il est pigiste. D'ailleurs, il veut la retraite pour tous dès la naissance. Le travail est une aberration. Des éminents anarchistes l'ont démontré.

Ceci étant posé en introduction, voyons.

Je (Maï) pense que le mot "retraite" a beaucoup de connotations.

Blanchette, la Holzstein du voisin, passe à la traite tous les matins et à la retraite tous les soirs. Gustave et Mémène, ses propriétaires, militent dans une vague orga de paysans qui veulent OGMiser leurs bestioles pour en faire des robottes programmées pour fournir la quantité exacte de lait, au décilitre près. Car les bureaucrates et technocrates européens refusent à Blanchette le droit d'éjecter par ses éjecteurs mamelliformes plus de lait que le sacro-saint quota de Bruxelles. La vache programmée sera capable, en outre, de calculer au centième près le taux de MG (matière grasse) afin que le calendoss ne refile pas de bourrelets graisseux à Mémène ou n'obstrue la fine carotide de son bouseux. Certains péquenots avant-gardistes ont déjà pensé à fourguer à Blanchette des plaquettes de peuplier pour pondre directement  les boîtes; des décoctions  d'encre d'imprimerie pour écrire "Président" ou "Lanquetot". Il s'agit là, de la traite des blanches.

Sur la Bérézina, la retraite des grenadiers de la Garde a sonné plus tôt que ne le voulait l'Auguste Empereur des Français Napoléon Buonaparte de Corse, et les vaillants soldats retraités se sont étendus sous les flocons et les projectiles russes. Ce fut une retraite à seulement 10 balles pour beaucoup.

Quand Blanchette aura fourni son quota, elle partira à la retraite, c'est à dire qu'elle sera transformée en vache de réforme et qu'elle ira  à l'abattoir. Sa vie sera grillée. Quel bonheur pour elle d'imaginer qu'elle puisse servir de bidoche hachée pour le Buffalo grill du coin. Une réforme de vache contre une vache de réforme.

Retraite=abattoir, en francie, comme en russie, comme en polie.

Quand je mes parents furent obligés de me lâcher chez les frérots à rabat blanc( joli jeu de mots car, la blanche c'est pas Rabat mais Casa... Blanca),  je dus faire des retraites. Seulement 3 jours ou une semaine, plusieurs fois l'an. Non pas entrer en retraite mais faire. Il faut toujours faire sinon vous êtes constipé. Prier, implorer le saigneur pendant des jours et des nuits, dans la noirceur des chapelles, dans l'odeur obsédante de l'encens, propre à vous shooter durant les cérémonies ésotériques des clowns enviolettés du comptoir chrétien, pendant qu'un harmonium poussif sur un rythme de corbillard jouait des cantiques à faire frémir un accroc de fiction.  ; à inventer des péchés que j'avais, peut-être, un peu , sur les bords, fantasmés. Des retraites, j'en ai eues, depuis l'âge de 9 ans. Evidemment, j'étais en pension. Je ne touchais pas ma pension, je subissais la pension.

Au fait, à quel âge les vénérables Noé, Mathusalem et consorts ont-ils touché leur pension et pris leur retraite? La bible est muette sur ce sujet de société.

En anglais le mot "tired" (prononcez thaïraide) signifie très fatigué et le mot "retired"(prononcez rithaïraide) signifie pensionné. Comme quoi entre la fatigue et la retraite-pension il n'y a qu'un pas. Le pas-de-caler.

Je ne pourrai prétendre à l'Anarchie si je n'acquiesçais à la plus grande partie  des revendications, manifestations, marches, grèves, rouspétances de la rue d'aujourd'hui. Surtout que nos gouvernants élus (Votons, mes frères), s'évertuent à tout foutre dans la même charrette: retraites (âge, montant), décentralisation, réforme de l'Education nationale. Mais que les arguments motivant les rouspétances, grèves, marches, manifs en soient valables, crédibles et honnêtes.

Le travail n'est plus éreintant, harassant, tuant......Il est pénible. ....Laissez-moi rire. Conduire un train corail ou TGV: pénible. Conduire un camion: pénible. Tenter faire entrer le théorème de Pythagore dans la caboche de 15 mouflets: pénible. Traire Blanchette: pénible. Jouer au foot pendant 90mn: pénible. Matraquer les SDF: pénible.

C'est à qui pourra trouver une quelconque pénibilité à sa fonction. (D'ailleurs, si un individu ne trouve pas une pénibilité pénible dans ses occupations, il s'en va la chercher dans l'Himmalaya en pantoufles, sous un parapente, sur une moto à 280km/h, dans un rafiot-limite dans les 40èmes rugissants ou à 1500m sous la terre dans les siphons pour siphonnés.)

Moi j'affirme qu'une femme  a droit à un salaire digne parce qu'elle élève dignement ses 1,2,3,4,5... enfants. Je reste triste à la pensée de ma mère, boustifaillant une plâtrée de patates gelées en 1947, raccommodant pour la nième fois des trous qui nous servaient de chaussettes. Elle ne connaissait pas le mot "pénibilité" et ne l'a jamais prononcé. Elle a eu la médaille de la famille. Bravo, Maman. Payons à sa valeur la courageusabilité de ces femmes. Mais que certains, qui s'auto-augmentent, qui ne branlent rien pour les autres, qui n'ont jamais rien branlé pour les autres, n'inventent pas de nouveaux concepts de pénibilité, de dangerosité, d'horairibilité, d'extériosité, de voyagibilité, ferment leur gueule. Ils desservent la communauté.

Que chaque individu efface son individualisme, que chaque corporation abolisse le corporatisme. Et que ce vieux con de Maï enterre son moralisme.

Alors que l'on clame le droit de se retirer des circuits de production directe pour aller à la pêche, cultiver ses framboises, faire des guilli-guilli à son petit-fils ou lutiner encore un peu Grand-mère après avoir relu le "cher Marquis";. Mais que l'on ne gueule pas en fonction d'une pénibilité passée. Il faut gueuler en fonction de besoins futurs quand on veut, si on veut.

Aucun d'entre nous n'est fichu de dire ce que renferment le terme de "décentralisation". On crie au loup comme Guillemot et lorsque le loup paraît, la parade est impossible. Exigeons des explications et des prévisions claires, détaillées, écrites.

Et que l'on ne brandisse plus de pancartes:"Ne touche pas à mon école, mon lycée, mon université". L'éducation nationale est pourrie, minée, incapable de former un citoyen, une citoyenne.

Et lançons nos propositions.

J'ai lu quelques propositions positives .Elles sont de Pascal, je crois.

Cela signifie qu'il faudrait obliger l'état (c'est lui). De faire de l'éducation nationale une des principales priorités.

Je revendique :

Une allocation substantielle au parent qui s'occupe de leurs enfants sans les abandonner dans les crèches. C'est très important car le caractère d'un enfant est formé tôt et il doit dans la mesure du possible être rassurés par une présence parentale proche, voire très proche (comme les autres singes) Beaucoup de Mères ou de Père voudraient s'occuper à plein temps et en sont empêchées par la société c'est un scandale!

Je revendique Que si un enfant doit aller malgré tout en crèche Il soit pris en charge par des puéricultrices formées et qui n'aient pas plus de 3 enfants en charges

Je revendique une formation et un suivi des parents qui sont encore trop nombreux même quand ils ne sont pas en détresse financière, ou autre, à maltraiter leur enfant, abandon, viol de la personnalité...

Je revendique Du personnel nombreux  (avec un maximum de 6 élèves par  professeurs) et qualifié pour les classes de maternelle.

L'optique c'est que l'enfant est notre futur et doit être compté comme priorité du pays.

Je revendique pour le primaire, un maximum de 12 élèves par classes

Aucun élève "doué" ou non ne devra être laissé pour compte. Le but étant de révélé le potentiel de l'individu.

Je revendique pour l'enseignement secondaire une adaptation au besoin de l'élève en visant pour le bac "non dégradé" pour les cancres Et au moins bac + 4 pour les autres.

Le but de ceci n'est évidemment pas de former des individus en classes pour les besoins des employeurs mais bien de promouvoir l'individu pour l'individu et la culture, la connaissance pour la connaissance.

Cela n'est pas gênant pour moi qu'un balayeur soit aussi ingénieur. Ce qui me gêne c'est que le balayeur n'ait pas pu devenir ingénieur!

Voilà quelques réflexions que mon esprit troublé et par le pastis, la bière, Alzheimer, et la chienlit télévisuelle, médiatique ou celle de nos listes, m'ont dictées. Elles témoignent d'un certain désarroi, d'une certaine fatigue due à la "pénibilité de l'étiquetage anarchiste".

 

Maï


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