L'ancien
monde
La fin de l'ennui: L'ancien monde réel
L'Ancien Monde est le monde par défaut, le
monde de départ, celui où l'on commence. On peut s'y promener, ramasser des
objets, s'améliorer, combattre des ennemis, faire des alliances et espérer accéder
au monde supérieur. Le chemin est simple: montez et dirigez-vous vers la
droite.
De ce monde, on finit par en connaître les
rouages et les recettes. On sait où sont les ennemis, comment les combattre,
comment traverser les obstacles. Ce monde, il peut se compliquer tant qu'il le
peut, il n'obéira jamais qu'à une règle, celle de la Logique mathématique réelle
et vraie. Tout ce qui peut être découvert ensuite ne sera jamais étonnant:
cela suivra, tout simplement, la même règle connue, la logique. C'est la
limite de ce monde, le nôtre; le réel. De cette prise de conscience s'ensuit
une sorte d'ennui. Un ennui. L'ennui. Ennui. Voici les personnages que vous
pouvez choisir d'incarner pour évoluer dans le premier tableau et combattre ce
vide.
Ces descriptions correspondent à l'évolution
de la découverte de nouveaux mondes. Elles sont classées en ordre, depuis
l'acceptation fataliste du destin et du fonctionnement logique de notre réel
jusqu'à la création pure et simple d'une alternative. Cette semaine sont décrits
les personnages de l'Ancien monde.
Le sédentaire (celui qui travaille pour
accepter son univers)
Peu importe s'il ne sait pas comment se développeront
les racines de ses arbres, ce ne seront toujours que des racines. Et peu importe
s'il sait ou pas que ce sont des racines qui permettent d'alimenter ses plantes,
ce ne seront toujours que des accumulations d'éléments chimiques. Et peu
importe ce que sont ces composés chimiques, ce ne seront toujours que des
atomes en relations. Et si ces atomes étaient des quarks, monsieur le
jardinier?...
"Ah bon, ce sont des quarks? Ce n'est
toujours que de la logique". L'homme de cette petite histoire intègre
cette découverte à sa connaissance.
La réalité est toujours la même. Elle suit
la logique. Lorsqu'il comprit cet aspect, il comprit tout dès lors, et rien ne
l'étonna plus. Il s'excita les jours où l'on découvrait des choses qui lui
permettraient de vivre mieux et de produire plus de bonheur, lorsque son monde
pouvait se transformer. Mais à chaque fois, insatisfait comme n'importe qui, il
rêva à quelque chose d'autre. Un autre réel intégra encore son univers et la
suite vous la connaissez:
Il cultiva son jardin durant des années, aima
ses fleurs de tout son coeur, parce qu'elles étaient belles, brouetta ses
outils d'un endroit à l'autre, s'étendit quelques fois dans l'herbe bien
engraissée et affectueuse. Le même soleil se levait pour le réchauffer.
Pour se guérir de la maladie ennuyeuse, il
avait oublié un peu la vie, la réalité. Il a simplement décidé d'abruttir
sa conscience, de suivre le cycle simple des saisons, de la vie et de l'ancien
monde. Un jour, il mourra sans vraiment s'en rendre compte, sans souffrance.
Le voyageur (celui qui travaille pour
transformer son univers)
Ce nouvel homme avait vécu dans une petite
ville minable d'une région éloignée de tout point vivant de la planète. Il décida
un jour de ne plus jamais vivre dans ce trou et d'accéder à un autre état. Ce
qu'il fit pour atteindre son but fut bien simple: il étudia, à la bibliothèque
de son patelin, les sciences de la médecine. Suite à cela, il fut engagé en
ville par une agence de secours aux blessés. Il travailla sans relâche, sauva
des centaines de vies. Et voilà. C'était ça. Durant la nuit, il rêvait tout
de même et ses mondes imaginés lui procuraient de nouveaux plaisirs qu'il
n'avait pas encore atteint. Suite à la prise de conscience de cela, un matin,
il décida de transformer encore sa vie. Il tomba en amour, se maria et eut des
enfants. Il fut une vedette du cinéma et une légende vivante. Il peignit
certains des plus grands chefs-d'oeuvre de l'Humanité et devint président de
toutes les assemblées. Et toujours, des rêves, durant la nuit, lui
entourloupaient des bonheurs improbables. Aimé de tous, glorieux, riche et
puissant, il voyagea encore, insatisfait de sa condition présente. Mais il était
allé partout, il avait fait le tour du premier monde. Il mourut sans
souffrance.
L'économe (celui qui travaille pour se
modeler un univers personnalisé)
L'économe, en y réfléchissant bien, comprit
bien que peu importe ce qui se retrouve autour de soi pour nous procurer des émotions,
c'est dans notre tête qu'elles sont produites. Il décida donc de ne plus être
le voyageur qui va chercher les émotions et les plaisirs mais de fabriquer
lui-même ces denrées tant convoitées. De cette façon, il économise déplacements,
travail et soucis, et peut non pas soutirer de ces expériences, le plaisir
qu'il demande, mais créer lui-même un plaisir pur. L'économe s'est acheté
des machines lui présentant des illusions. Il s'est fabriqué un petit paradis
où on lui servira tous les influx que son cerveau pourrait exiger. Il aura
peur, il se sentira amoureux, il aura du plaisir sexuel, construira ses pensées,
s'informera grâce à ce monde arrivé chez lui. Si les produits sont de bonne
qualité, si l'illusion est bonne et qu'on ne sent pas trop l'aspect artificiel
de la chose, il sera satisfait.
Il est à noter qu'il existe une variation extrémiste
de la pensée de l'économe. Certaines personnes trouveront que les plaisirs des
médias et émotions rapatriées ne sont pas encore assez pures. Il est
possible, selon eux, de fabriquer, directement, les plaisirs en leur cerveau. Il
prendront certaines substances, drogues ou pas, et leur corps produira des
cocktails d'hormones et d'influx nerveux qui leur permettront d'atteindre toutes
les émotions de manière plus directe encore. Un jour, il mourra, sans
souffrance, par une surprise qu'il ne sentira jamais.
À quand les prochaines grandes découvertes?
Les prochaines grandes brisures dans notre perception, dans notre réalité?
Nous avons tous hâte d'être étonnés, de pouvoir se permettre d'espérer sans
être malhonnêtes ou naïfs. La semaine prochaine seront décris les
personnages du nouveau monde.