Léo Ferré

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Léo Ferré, né le 24 août 1916 à Monaco et mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane), est un poète et musicien franco-monégasque, auteur-compositeur-interprète de chansons. Pendant sa période de création de 46 ans, Ferré aura été le plus prolifique chanteur d'expression française, en réalisant plus de 40 albums. Il vécut principalement à Monaco, à Paris, en Bretagne, dans le Lot (46) et en Toscane.

Biographie

L'enfance

Fils de Joseph Ferré, directeur du personnel du Casino de Monte-Carlo et de Marie Scotto, couturière d'origine italienne, il a une sœur Lucienne, de deux ans son aînée.

Léo Ferré s'intéresse très tôt à la musique. A l’âge de sept ans, il intègre la Chorale de la Maîtrise de la Cathédrale de Monaco, et y apprend le solfège et l'harmonie. Il découvre la polyphonie au contact des œuvres de Palestrina et de Tomás Luis de Victoria. Son oncle, un violoniste du casino de Monaco, lui fait découvrir Beethoven et le fait assister aux répétitions et à la représentation du Concerto pour la main gauche à l'opéra de Monte-Carlo, en présence de Ravel. Ces deux expériences vont le marquer durablement.

À neuf ans il entre chez les Frères des Écoles chrétiennes au collège Saint-Charles de Bordighera en Italie, où il restera en pension pendant huit longues années. Il racontera cette enfance mise en cage dans un livre : Benoît Misère (1970). En 1926, il compose sa première mélodie sur un poème de Verlaine : Soleils couchants. En 1930, à 14 ans, il compose le Kyrie d'une Messe à trois voix.

De retour à Monaco, il rencontre Antal Dorati, Mitropoulos qui dirige l'Orchestre philharmonique de New York et Léonid Sabaniev, un élève d'Alexandre Scriabine qui lui fait travailler le piano. Il obtient son baccalauréat de philosophie au lycée de Monaco, et se lie d'amitié avec Maurice Angéli. Il devient pigiste pour le journal Le Petit Niçois comme critique musical.

Ses années de formation

En 1935, il vient à Paris pour y faire des études de droit. Il est diplômé de l'école libre des sciences politiques en 1939. De septembre 1939 à août 1940, il effectue son service militaire. Pendant la guerre, il est affecté à l'infanterie et dirige un groupe de tirailleurs algériens.

Après la défaite de 1940 il est démobilisé et revient à Monaco. À l'occasion du mariage de sa sœur, il écrit un Ave Maria pour orgue et violoncelle, qui est joué à l'église Saint-Charles de Monaco. Suivront deux autres œuvres d'inspiration religieuse, un Benedictus et un Agnus Dei.

En 1941, il commence à composer des chansons et se produit au Théâtre des beaux-arts de Monaco sous le pseudonyme de Forlane. C'est à cette époque qu'il prend la double nationalité monégasque et française.

À la fin d'un concert à Montpellier où se produit Charles Trénet, il lui présente trois de ses chansons, mais celui-ci lui conseille de ne pas les chanter lui-même et d'écrire pour les autres.

En 1943, Léo Ferré épouse Odette Shunck qu'il avait rencontrée en 1940 à Castres. Il s'installe dans une ferme à Beausoleil, sur les hauteurs de Monaco. La même année il devient un temps speaker, régisseur, pianiste, bruiteur et balayeur pour Radio Monte-Carlo, et continue de se produire dans des cabarets. C'est ainsi qu'il rencontre en 1945 René Baër et Édith Piaf qui lui conseille de monter à Paris.

Ses débuts à Paris

En 1946, Léo Ferré s'installe dans la capitale où il rencontre Francis Claude, avec qui il écrira La vie d'artiste. Il est engagé pendant trois mois au cabaret le Bœuf sur le Toit. Il y fait la connaissance des Frères Jacques et du duo Roche-Aznavour. Il interprète ses premières chansons importantes : Le bateau espagnol, La chanson du scaphandrier, Le Flamenco de Paris entre autres.

Un événement marquant est sa rencontre avec Jean-Roger Caussimon à Montmartre qui devient un de ses complices et l'auteur de certains de ses premiers succès comme Monsieur William.

Pour Ferré c'est une époque financièrement difficile. Il a du mal à joindre les deux bouts et demande de l'aide à son père. Il se sépare de sa femme Odette qui ne supporte plus ces conditions de vie, cela lui inspire en 1950 la chanson La vie d'artiste qui relate ses années de vache maigre.

Premiers succès

Pour se faire connaître, Ferré s'efforce de placer quelques-uns de ses titres chez les interprètes de l’époque : Édith Piaf, Renée Lebas, Yvette Giraud, Henri Salvador, Les Frères Jacques.

Renée Lebas fait connaître Ferré en interprétant Elle tourne la terre. Elle créera aussi L'île Saint-Louis et surtout Paris-Canaille, dont l'enregistrement par Catherine Sauvage sera le premier grand tube de sa carrière.

Ferré continue de se produire dans les cabarets de la rive gauche : Les Assassins, le Milord l'Arsouille, les Trois Mailletz, où il partage l'affiche avec Catherine Sauvage qui sera l'interprète privilégiée de sa musique.

En 1947, il rencontre les anarchistes espagnols exilés de la guerre civile et du franquisme avec qui il se lie d'amitié. Il effectue une tournée en Martinique. Il écrit la chanson Mon Général. Durant cinq minutes, il adhère au Parti communiste[2].

En 1948 avec Eddy Marnay, il écrit Les amants de Paris pour Édith Piaf et en 1950 enregistre son premier disque pour Le Chant du Monde en s'accompagnant au piano. Il travaille à la radio nationale en qualité de programmateur d'une émission intitulée Musiques byzantines. En 1950, il joue le rôle d'un pianiste dans un le film La Cage d'Or de Basil Dearden.

La période Odéon

Sa rencontre avec Madeleine Rabereau amorce une nouvelle direction dans sa vie et sa carrière, elle devient son mentor et influe sur ses choix artistiques. Ils écrivent De sac et de corde une pièce pour la radio qui sera interprétée par Jean Gabin comme récitant et Léo Ferré dirigeant l'orchestre et les chœurs de la radio nationale.

Ils se marient en 1952, pour Ferré c'est la fin des temps difficiles, des artistes comme Henri Salvador[3] et Yves Montand[4] interprètent ses chansons et le label Odéon lui signe un contrat d'enregistrement. Il se lie d'amitié en 1952 avec Lucien Morisse. En octobre 1953, il réenregistre au piano, les chansons déjà enregistrées en 1950, pour Le chant du Monde.

Son premier disque pour la firme comprend des titres comme Monsieur William, le Pont Mirabeau (poème d'Apollinaire), et Paris-Canaille[5], suivi de nouveaux titres en 1954 avec Le parvenu, Le piano du pauvre et L'homme[6].

Il compose aussi un oratorio : La Chanson du mal aimé sur un texte d'Apollinaire, qui sera créé à l'Opéra de Monte-Carlo le 29 avril 1954 sous sa direction, et sous le patronage de Rainier III de Monaco. La même année, il est en première partie de Joséphine Baker à l'Olympia. Il rencontre l'accordéoniste Jean Cardon, qui devient son accompagnateur privilégié jusqu'à la fin des années 50.

1955 est l'année de la consécration il est programmé en vedette à l'Olympia pendant vingt soirées. C'est une année très productive, qui voit l'enregistrement de nouveaux titres Vise la réclame, Monsieur mon passé, Le guinche et met en musique l'un des grands textes de la poésie médiévale avec Pauvre Rutebeuf[7]. Il rencontre André Breton.

Il écrit son premier recueil important de poésie intitulé Poètes vos papiers. En 1956, il lit le Roman inachevé de Louis Aragon dont il met dix textes en musique.

En 1957, il met en musique des poésies extraites des Fleurs du mal de Charles Baudelaire et enregistre son oratorio La chanson du mal aimé. Il rencontre la même année Paul Castanier, qui devient son pianiste, et Maurice Frot, qui devient son secrétaire.

Les deux années qui suivent voient l'enregistrement de ses deux derniers albums pour le label Odéon, avec des titres, comme Mon Sébasto, Les copains d'la Neuille, et Le temps du tango. En 1958, c'est son premier passage à Bobino. Il rencontre en 1958 Bernard Dimey, et en 1959 Hubert Grooteclaes qui devient son photographe et son ami.

Barclay première manière

En 1960, Léo Ferré fait partie avec Charles Aznavour, Henri Salvador et Dalida, de l'écurie Barclay, bientôt rejoint par Jacques Brel. Son directeur artistique est Jean Fernandez. Il enregistre son premier album Paname où l'on trouve Comme à Ostende (paroles de Jean-Roger Caussimon), Jolie môme qui sera aussi interprétée par Juliette Greco, ainsi que la chanson titre.

L'année suivant il consacre un nouvel album à un poète, cette fois-ci il choisit d'interpréter des textes de Louis Aragon, la chanson la plus marquante de ce disque est L'affiche rouge.

Il chante au Vieux Colombier, puis fait un triomphe lors de son spectacle en vedette à l'Alhambra[8] accompagné par l'orchestre dirigé par Jean-Michel Defaye, il y chante ses succès et aussi des inédits comme Les temps sont difficiles.[9].

Après avoir vu un numéro de chimpanzé en première partie de son spectacle Léo et sa femme adoptent une femelle qu'ils nomment Pépée, ils recueilleront ensuite d'autres animaux. Il achète l'Île du Guesclin, près de Cancale. C'est le début d'un amour-passion pour la Bretagne, qui lui inspirera un cycle de compositions, qui paraîtront dans "Poètes, vos papiers", dont le plus représentatif est le célèbre "La Mémoire et la mer"..

En 1962, il fait un récital à l'ABC. Il écrit la préface des Poèmes saturniens de Verlaine. L'album Flash Alhambra - ABC est rapidement retiré de la vente. La chanson Mon Général déplaît aux autorités. En 1963, il achète le château de Pech-Rigal près de Gourdon dans le Lot qu'il nomme Perdrigal, il vivra dans cette vieille bâtisse qui, selon Léo Ferré était un château malheureux (dû en partie aux dégâts de Pépée), avec son épouse et sa ménagerie, retiré de la vie parisienne. Le Léo Ferré "châtelain" lui sera beaucoup reproché, il s'en défendra vivement en disant que tout le monde appartenait au système, et que les artistes eux aussi avaient le droit d'avoir de l'argent.

En 1964, il enregistre un double album de poèmes de Verlaine et de Rimbaud, qu'il a mis en musique. L'année suivante, il effectue un récital à Bobino, et écrit la préface du livre de Maurice Frot le Roi des Rats. En 1967, Barclay supprime la chanson À une chanteuse morte (Edith Piaf) sur son nouveau disque. Il écrit dans la collection Poètes d'aujourd'hui de Seghers un livre sur Caussimon. Son nouveau directeur artistique est Richard Marsan[10].

En mars 1968, il quitte le Lot. Le 7 avril, Pépée est tuée par un voisin d'une balle dans la tête tout comme Zaza, un autre chimpanzé, sur ordre de Madeleine qui liquidera tous les animaux, en les donnant aux voisins ou en les tuant. Léo Ferré ne pardonnera pas à Madeleine, sa femme, il chantera Pépée en 1969 et Zaza une chanson beaucoup plus explicite où Léo Ferré "se venge" qu'on retrouvera bien plus tard dans l'album posthume de Léo : Métamec. Le 10 mai, il chante à la Mutualité pour les anarchistes comme il le fait chaque année depuis 1948. Il part vivre en Lozère, puis en Ardèche.

Barclay seconde manière

En 1969, il rencontre les Moody Blues et écrit Solitude. C'est aussi l'année de la rencontre historique au micro de François-René Christiani de RTL de Brassens, Brel et Ferré. C'est extra devance les Beatles au hit-parade. Il chante au Don Camillo, rue des Saint-Pères, où il rencontre régulièrement Jane Birkin et Serge Gainsbourg. Il effectue aussi la même année une série d'entretiens avec Michel Lancelot sur Europe 1.

Il part s'installer définitivement en Toscane en 1970, enregistre le Chien avec le groupe français Zoo et surtout son chef-d’œuvre, le double album Amour, Anarchie. Il effectue une série de récitals intitulés Un Chien à la Mutualité.[11]. Le 21 octobre il enregistre Avec le temps.

Il se produit pour la première fois en 1971 au théâtre Toursky de Marseille. Il écrit Il n’y a plus rien pour un film qu'il a en projet.[12]. 1972 signe son retour à l'Olympia, où il ne s'est pas produit depuis 1955. Il effectue une tournée au Liban. Il participe à un concert avec Brassens contre la peine de mort. En 1973, il participe à un concert de soutien au journal Libération, écrit Allende, et enregistre le disque Et basta !. En décembre, il épouse Marie-Christine Diaz au Consulat de France à Florence.

La période toscane

En 1974 il effectue un concert au festival de Vence avec Ivry Gitlis, et donne durant cinq semaines à l'Opéra comique la chanson du Mal-Aimé, et Et basta !. En 1975, il réenregistre le disque Ferré muet[13], et dirige pendant 5 semaines l'orchestre des Concerts Pasdeloup[14]. Il y interprète ses chansons, et des musiques de Ravel et Beethoven. L'année suivante, il effectue une tournée en Algérie[15]. Il signe chez RCA.

En 1981, malgré la proposition d'un cachet substantiel et la promesse faite par Roger Hanin de mettre un orchestre symphonique à sa disposition, il refuse de soutenir la campagne présidentielle de François Mitterrand. Il dédie à Bobby Sands et à ses amis de l'IRA la chanson Thank you Satan.

En 1983, il entame une "tournée marathon", en Italie, en France, au Portugal, en Belgique[16]. Il soutient à la même époque Radio libertaire. L'année suivante il chante à l'Olympia et au Théâtre des Champs-Élysées.

En 1985, il effectue une tournée à travers la France. En mars, il refuse d'être Commandeur des Arts et Lettres, et quitte RCA. Il inaugure en 1986 le Théâtre Libertaire Parisien. Il a un nouveau concert de 6 semaines au TLP avec au programme les Poètes.

Il refuse en 1987 d'être l'invité d'honneur des premières Victoires de la Musique et entame une nouvelle tournée marathon en France, Allemagne, Autriche, Italie, Belgique, Canada et Japon. Jean-Louis Foulquier organise une Fête à Ferré dans le cadre des Francofolies de la Rochelle ; Jacques Higelin interprète pour l'occasion une version de "Jolie môme" "survitaminée". L'année suivante, il refuse une nouvelle fois de soutenir la candidature de Mitterrand et appelle à l'abstention. Il effectue une tournée en France, au Canada, en Espagne, au Maroc, et un récital au TLP[17].

En 1989, Léos Carax lui propose d'écrire la musique du film Les amants du Pont-Neuf[18]. En 1990, il chante avec Renaud, et Francis Lemarque à Bercy pour la fête des 70 ans du Parti Communiste. En 1991, il signe en compagnie de Renaud un appel pour la Paix maintenant contre l'intervention militaire dans le Golfe. Il effectue en début d'année 1992 une tournée en France et en Belgique.

Hospitalisé fin 1992 il doit annuler sa rentrée parisienne au Rex, il décède le 14 juillet 1993 à l'âge de 76 ans.

Son style

Dans ses textes, Ferré mêle le lyrisme, l'argot, l'amour et l'anarchie. Occupant une place centrale dans le monde de la chanson française, il est sans doute une des références dans ce domaine.

À partir du moment où il reprend son contrat à Eddy Barclay, période des immenses succès (Avec le temps et C'est extra), il se réalise pleinement en tant qu'artiste ; sa musique et ses textes deviennent débridés.

En sa qualité d'auteur, Ferré est considéré comme un poète marquant du XXe siècle, avec une expression originale, puissante et personnelle de la poésie. Mettant en musique Rimbaud, Baudelaire, Louis Aragon, Apollinaire, Rutebeuf, Pierre Seghers, Jean-Roger Caussimon, et quelques autres, il contribue à les faire connaître et aimer d'un public élargi.

Il est également compositeur : d'opéras avec La Vie d'artiste (inédit) et L'Opéra du pauvre, d'un oratorio avec La Chanson du Mal aimé, sur le texte d'Apollinaire.

Orchestrateur de ses compositions à partir de 1971, il dirige des orchestres symphoniques lors de représentations en France, en Italie, au Canada, en Espagne, en Suisse et en Belgique.

Son fils Mathieu[19], avec les Éditions La Mémoire et la Mer, réédite l'œuvre originale de son père, tout en sortant de nombreux inédits (de nombreux enregistrements publics notamment).

"Un plongeur de l’émotion"

"Se demander si "on aime" Untel ou untel revient à s'interroger sur le plaisir qu'il nous procure. Avec Léo Ferré, il n'y a aucun doute possible : le plaisir est immense. D'abord un plaisir abstrait, cérébral. On est happé par le sens des mots. Puis une sensation plus physique qui est un effet du plaisir cérébral et qui parle au corps lui-même. Typiquement on appelle cela la jouissance. Et puis cet homme superbe à qui l'âge ne donne pas, comme on dit bêtement, une "éternelle jeunesse", mais une tonalité de liberté absolue, une grâce incomparable qui va bien au-delà de la vie et de la mort elles-mêmes. Léo Ferré a ce don extrême de dire des choses simples en révélant ses affects et ses expériences dont nous nous sentons les complices. C'est ce qu'[on] devrait montrer : ce complot d'affects, […] cette culture de la joie, cette dénonciation radicale des pouvoirs, ce glissement progressif vers un plaisir qui est le contraire de la mort. Ce que je peux exprimer bêtement par : j'aime Léo Ferré. Non parce qu'il est bête d'aimer Léo Ferré, mais parce que c'est dire bêtement une complicité qui peut mettre l'ordre en péril. Ferré est dangereux parce qu'il y a chez lui une violence (maîtrisée) qui s'appelle le courage de dire. Il perçoit partout, dans le monde, dans la vie individuelle, l'intolérable. C'est un homme de passion habité par la sérénité. C'est un plongeur de l'émotion qui utilise les mots comme des grains de sable dansant dans la poussière du visible."

    — Attribué à Gilles Deleuze

Discographie disponible

Albums studio

Albums en public

Sorties posthumes

Compilations

Vidéographie DVD

Bibliographie sélective

Ouvrages de Léo Ferré

Parutions posthumes

Ouvrages sur Léo Ferré

Éléments biographiques

Entretiens

Etudes

Divers

Interprètes

Léo Ferré a été et est chanté par de très nombreux interprètes, parmi lesquels (dans un ordre à peu près chronologique) :

 

Léo Ferré

Citations "Léo Ferré" sur Wikiquote, le recueil de citations libre[20]

Léo Ferré (24 août 1916 - 14 juillet 1993) est un chanteur (auteur, compositeur et interprète) français.

Amour Anarchie, 1970

Et c'est le Bonnet Noir que nous mettrons sur le vocabulaire
Nous ferons un séminaire particulier avec des grammairiens particuliers aussi
Et chargés de mettre des perruques aux vieilles pouffiasses littéromanes
(...)
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
JE PROVOQUE À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION
YES ! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR

Avec le temps, 1971

Avec le temps...
Avec le temps, va, tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues

Il n'y a plus rien, 1973

Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, mais la poésie qui illustre le mot.
(...)
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie.
Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche.

Heureusement il y a le lit : un parking !
Tu viens, mon amour ?
Et puis, c'est comme à la roulette : on mise, on mise...
Si la roulette n'avait qu'un trou, on nous ferait miser quand même
D'ailleurs c'est ce qu'on fait !
Je comprends les joueurs : ils ont trente-cinq chances de ne pas se faire mettre...
Et ils mettent, ils mettent...
Le drame, dans le couple, c'est qu'on est deux
Et qu'il n'y a qu'un trou dans la roulette...
Quand je vois un couple dans la rue, je change de trottoir

Mes plus beaux souvenirs sont d'une autre planète
Où les bouchers vendaient de l'homme à la criée
Moi, je suis de la race ferroviaire qui regarde passer les vaches

Et les microbes de la connerie que vous n'aurez pas manqué de nous léguer, montant
De vos fumures
De vos livres engrangés dans vos silothèques
De vos documents publics
De vos règlements d'administration pénitentiaire
De vos décrets
De vos prières, même
Tous ces microbes juridico-pantoufles
Soyez tranquilles,
Nous avons déjà les machines pour les révoquer
NOUS AURONS TOUT
Dans dix mille ans

Et basta !, 1973

Le drapeau noir, c'est encore un drapeau.

Il y a derrière les yeux des gens une cité privée où n'entre personne
Une cité avec tout le confort d'imagination possible
Les gens que tu vois chez toi sont d'abord chez eux
Ils ne te voient pas
Ils se singularisent dans l'immédiate et toujours constante défense de soi
Ils ont peur
Ils sont terribles les gens
Ceux que tu appellent tes amis, ce sont d'abord des gens remplis du moi qui les tient en laisse
L'homme est un "self made dog"...
Mais il parle au centre du monde, et le monde, c'est lui

Préface, 1973

Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain.
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui illustre le mot.

Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.</poem>

La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche.</poem>

L'espoir, 1974

Tu m'aimes et c'est pour l'habitude
À t'empaler sur mon sarment
Ma vigne y coule et puis s'élude
En des filaments de serments
Mon suc te remonte à la gorge
Avec son goût d'entre dégoût
C'est l'éternité qui dégorge
Et la mort qui tire son coup
On est damnés, viens ! Viens !

La violence et l'ennui, 1980

Nous d'une autre trempée et d'une singulière extase
Nous de l'Epique et de la déraison
Nous des fausses années Nous des filles barrées
Nous de l'autre côté de la terre et des phrases
Nous des marges Nous des routes Nous des bordels intelligents
O ma soeur la Violence nous sommes tes enfants
(...) O ma soeur la Violence O ma soeur lassitude
O vous jeunes et beaux empêtrés dans vos livres
Il faut faire l'amour comme on va à l'étude
Et puis descendre dans la rue
Il faut faire l'amour comme on commet un crime

Ils ont voté ils voteront comme on prend un barbiturique
Et ils ont mis la République au fond d'un vase à reposer
Les experts ont analysé ce qu'il y avait au fond du vase
Il n'y avait rien qu'un peu de vase

Le sable des pavés n'a pas la mer à boire
Ca sent la marée calme dans les amphis troublés
Des portes de secours sont ouvertes là-bas
Il suffit de pousser un peu plus, rien qu'un geste...

Ludwig - L'imaginaire - Le bateau ivre, 1982

Alors, ce crépuscule remangera l'admis et le conforme, et le comique grandiose fera se remanger entre les millénaires de conneries morales et abjectes, la moralité abjecte, bien entendu.
(...) Lundi ce sera le jour de l'amour mardi l'anarchie mercredi la tendresse pas trop parce que c'est souvent la merde aussi jeudi le sourire vendredi la paix samedi j'te fous mon billet et dimanche on mangera avec Chaplin

Métamec, 2000

Écoute l'horizon dans les bras d'une femme
Écoute la seconde éternelle qui tue
Écoute la lueur qui regarde ton âme
Écoute l'analyse et prends-toi par la rue
(...)
Vois les matins perdus au seuil de l'ineffable
Vois les trains excités au bout de mc2
Vois le quartz de ta montre et les dunes de sable
Vois la terre emportée dans l'immobile bleu
(...)
Ces univers tassés dans ton corps de misère
Qui sait la dynastie d'où ils tiennent leur loi ?


 

[1] Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9o_Ferr%C3%A9

[2] Comme on refuse de le laisser parler, il déchire sa carte.

[3] Premier interprète de A Saint-Germains des près et du Scaphandrier.

[4] Montand interprète le Flamenco de Paris.

[5] La chanson est refusée la même année 1954, par Les frères Jacques, Yves Montand et Mouloudji.

[6] Catherine Sauvage obtient le Grand Prix du Disque 1954 pour cette chanson.

[7] L'œuvre originale est La Pauvreté Rutebeuf.

[8] Une première fois en mars 1961 et ensuite en novembre.

[9] Depuis 1961, et chaque dimanche, lorsqu'il chante à Paris, Maurice Chevalier vient l'applaudir.

[10] C'est pour lui qu'il écrira la chanson Richard.

[11] Prix unique : 10 francs. De nombreux galas sont perturbés par des contestataires qui veulent l'empêcher de chanter.

[12] Ce film effectué en collaboration avec Maurice Frot, et Philippe Fourastié ne verra jamais le jour.

[13] Ferré ne pouvait enregistrer sa voix car une clause de son contrat précédent avec Barclay le lui interdisait.

[14] Il comprend 140 musiciens et choristes.

[15] Il donne une série d'émissions à Alger-Chaîne 3.

[16] À Liège, on tente de l'empêcher de chanter. Un curé le père Lambert prend sa défense.

[17] On y découvre deux spectateurs assidus : Guy Roux et Éric Cantona.

[18] Le producteur Christian Fechner refuse.

[19] Né le 29 mai 1970.

[20] Source : http://fr.wikiquote.org/wiki/L%C3%A9o_Ferr%C3%A9


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