Mettez votre patron à la porte ![1]

Guide d'introduction à l'action directe pour les travailleuses et les travailleurs  

Syndicat International des Travailleuses et des Travailleurs – Industrial Workers of the World (SITT-IWW)

One Big Union

 

L'indignité d'avoir à travailler pour des patrons minables, dans des conditions tout aussi minables pour survivre est bien connue de ceux et celles qui ont déjà vécu une telle situation. La démocratie, ce grand principe sur lequel notre société est supposément bâtie, est jetée aux ordures dès que nous nous présentons à notre travail ; nous n'avons pas notre mot à dire au sujet de la production et de l'organisation de celle-ci, et il n'y a qu'une infime partie de la valeur de notre travail qui se retrouve sur notre chèque de paye. Nous avons tous les droits d'en vouloir à nos patrons !

Ultimement, nous pouvons rêver à une société dans laquelle les travailleurs et les travailleuses prennent toutes les décisions relatives à la production et à la distribution des biens et des services. Les industries polluantes ou inutiles, comme les armements et les produits chimiques, les banques et les services financiers, seraient bien entendu fermées. L'essentiel, c'est-à-dire la nourriture, les logements, les vêtements, etc. pourraient être produit par tous et toutes, grâce à quelques heures de travail par semaine.

Nous nous devons donc de développer des stratégies qui nous permettent de développer cette utopie tout en réagissant de manière efficace à la dure réalité contemporaine des mauvaises conditions de travail et des salaires insuffisants. Les Wobblies, nom donné aux membres du Syndicat International des Travailleuses et des Travailleurs - Industrial Workers of the World (SITT-IWW), croient que l'action directe sur les lieux de travail est la clé pour atteindre ces buts. Mais que voulons-nous dire par "action directe" ?

Une action directe est n'importe quelle action effectuée directement par des travailleuses et des travailleurs et qui diminue la capacité du patron de faire des profits, ce qui l'oblige donc à répondre aux demandes des employé-e-s. La forme la plus connue d'action directe est la grève. Les travailleuses et les travailleurs refusent de travailler, et par conséquent de générer des profits pour un patron tant que celui-ci n'a pas accepter leurs demandes. La grève est utilisée par les "syndicats d'affaires" (CSN, FTQ, CSQ, etc.) quant le recours à leurs tactiques préférées, la concertation et la collaboration, à échoué. Les grèves, bien que parfois victorieuses, sont néanmoins une des manières les moins efficaces de confronter les patrons.

Ceux-ci, grâce à leurs énormes réserves financières, sont mieux préparés que les travailleurs et les travailleuses à tenir le coup pendant une longue grève. Dans plusieurs cas, les patrons sont également appuyés par des lois spéciales et les conseils des services essentiels pour enlever tout rapport de force des mains des travailleurs et des travailleuses. Encore pire, une longue grève donne souvent aux patrons l'opportunité de déménager la production ou de remplacer la force de travail en grève par des "scabs" (briseurs de grèves).

Les travailleurs et les travailleuses sont beaucoup plus efficaces quant ils et elles prennent des actions alors qu'ils et elles demeurent sur leurs lieux de travail. En réduisant de façon volontaire les profits du patron tout en continuant de retirer votre salaire, vous attaquez directement votre patron tout en évitant les désagréments d'une longue grève. Une action directe est donc toute tactique employée par des travailleurs et des travailleuses sur leur lieu de travail visant à satisfaire des revendications, et ce, sans l'aide d'agences gouvernementales, de bureaucrates syndicaux ou d'avocats véreux et dispendieux. Courir demander assistance auprès d'un commissaire du travail ou tout autre représentant "officiel" peut parfois être utile, mais ce n'est pas une forme d'action directe dans le sens où les travailleuses et les travailleurs ne contrôlent pas directement ce qui est fait.

Ce qui suit sont quelques-unes des plus populaires formes d'actions directes que des travailleuses et des travailleurs ont déjà utilisés pour obtenir satisfaction à leurs revendications. Presque toutes ces actions sont, techniquement parlant, illégales. Toutes les grandes victoires du mouvement ouvrier ont été obtenues par des actions militantes directes qui étaient, à leurs époques respectives, illégales et sujettes à une grande répression policière. Il ne faut pas oublier que, avant les années '30, les lois qui entouraient les syndicats étaient très simples : il n'y en avait pas! Les tribunaux, les gouvernements et les patrons accusaient les syndicats d'être des conspirations illégales contre le "libre-échange", et les grévistes étaient souvent battus et même tués par la police, l'armée ou les gardes de sécurité privés.

Le droit légal de s'organiser en syndicat est maintenant reconnu dans la plupart des pays, mais les restrictions sont encore tellement nombreuses qu'il est extrêmement difficile d'effectuer des actions efficaces. Pour cette raison, les travailleurs et les travailleuses qui pensent utiliser des tactiques d'actions directes - c'est-à-dire oublier le système légal et attaquer le patron là où il est le plus faible - doivent être parfaitement familiers et familières avec les lois du travail de leur pays ; c'est-à-dire comment elles sont appliquées et comment elles peuvent être utilisées contre les militants et les militantes syndicaux. Les travailleurs et les travailleuses doivent également être conscient-e-s que le combat qu'ils et elles doivent livrer contre les patrons n'est pas une partie de pêche : c'est une guerre! Sous ces conditions, les travailleuses et les travailleurs doivent utiliser des tactiques qui fonctionnent, que les patrons (et leurs tribunaux) aiment cela ou non.

Vous trouverez dans ce guide plein d'idées et d'exemples pour mener vos luttes. À vous de choisir ceux qui vous conviennent et de les mettre en application !

 

 

RALENTISSEMENT

Les ralentissements ont une longue et honorable histoire. En 1899, les travailleurs et les travailleuses du port de Glasgow, Écosse, ont demandés une augmentation salariale de 10% et se sont heurtés à un refus des patrons. Ils décidèrent d'entamer une grève, mais des "scabs" furent engagés pour remplacer les grévistes. Les débardeurs furent contraints d'admettre la défaite et de retourner au travail sous leurs vieilles conditions salariales. Juste avant de recommencer le travail, le secrétaire du syndicat eut l'idée de lancer une proposition ; "Nous sommes obligés de retourner au travail avec le même salaire. Les patrons ont répétés encore et encore qu'ils étaient extrêmement satisfaits du travail des "scabs" qui ont pris notre place pendant les quelques semaines de la grève. Mais nous les avons vus au travail. Nous avons vu qu'ils n'étaient même pas capable de marcher sur les navires et qu'ils échappaient la moitié des marchandises qu'ils transportaient ; bref, que deux d'entre eux peuvent difficilement effectués le même travail qu'un seul d'entre nous. Néanmoins, les patrons ont déclarés être "enchantés" par le travail de ces gens. Dans ce cas, nous n'avons d'autre choix que de faire de même, c'est-à-dire égaler la qualité du travail des briseurs de grèves."

Cette proposition fut reprise par tous et toutes. Après quelques jours les employeurs firent venir le secrétaire du syndicat et le supplièrent de dire aux travailleurs et aux travailleuses de travailler comme avant la grève, en échange de l'augmentation de 10% désirée.

Au début du siècle dernier, des ouvriers et des ouvrières travaillant sur la construction de chemins de fers furent mis au courant d'une baisse de leurs salaires. Ils se rendirent immédiatement chez le forgeron et firent couper deux pouces au bas de chacune de leurs pelles ; ils retournèrent au travail en disant au patron "petits salaires, petites pelles!" Imaginez un ralentissement sur votre lieu de travail! Par exemple des employé-e-s d'une chaîne de montage qui ont le droit de prendre des "pauses-toilettes". Que ferait le patron si tous et toutes ont subitement envie alors que la chaîne roule à son plus fort ?

SUIVRE LES RÈGLES

Presque tous les lieux de travail sont couverts par un labyrinthe de règles et d'ordres ; nombres d'entre eux sont complètement farfelus et justement ignorés par les travailleurs et les travailleuses. Ils et elles n'obéissent pas toujours aux ordres des patrons car ils préfèrent effectuer le travail de leur manière personnelle au lieu de la façon officielle, dans le seul but d'atteindre les objectifs de rendement de la compagnie. Il y a souvent une entente tacite entre les superviseurs et les employé-e-s pour prendre ces "raccourcis" afin d'atteindre les quotas de production de l'entreprise. Mais qu'arriverait-il si ces règles et ces ordres étaient obéis à la lettre ? Certainement de la confusion ; la production et le moral chuteraient. Et, ce qui est bien avec cette tactique, les travailleurs et les travailleuses ne font rien de mal car ils ne font que suivre les règles !

Sous la nationalisation, les grèves des travailleurs et des travailleuses des chemins de fers étaient interdites. Malgré cela, ils trouvèrent d'autres façons d'exprimer leurs griefs. Une loi française requière que l'ingénieur du train assure la sécurité de tous les ponts sur lesquels le train doit passer. Si après un examen personnel il a encore des doutes, il se doit de consulter d'autres membres de l'équipage du train. Tous les ponts étaient donc minutieusement inspectés, tout les membres étaient consultés, et tous les trains étaient en retard !

Pour gagner leurs revendications sans perdre leurs emplois, les travailleurs et les travailleuses du service postal Autrichien ont obéis scrupuleusement à la loi qui veut que toutes les lettres soient pesées pour assurer que le tarif approprié est payé. Auparavant, les lettres et colis qui apparaissaient clairement sous le poids limite n'étaient pas pesées pour sauver du temps ; cela n'était pas conforme au sens exact de la loi. En prenant chaque lettre séparément pour la mener sur la balance, la peser avec une grande attention pour ensuite la reporter à sa place, les travailleuses et travailleurs des postes ont réussis à créer une congestion monstre dans les bureaux

Direct Action Gets the
Goods

GRÈVE DU ZÈLE

Un des plus grands problèmes pour les travailleurs et les travailleuses des industries de services est que plusieurs des formes d'actions directes, comme les ralentissements, finissent par embêter plus les consommateurs (en majorité des travailleurs et des travailleuses comme eux et elles) que les patrons. Une façon d'éviter ce problème est de fournir un meilleur service, pour moins cher au consommateur - au détriment des patrons, bien entendu.

Les travailleuses et les travailleurs de l'Hôpital de la Miséricorde , en France, inquiets du fait que les patients ne recevraient aucun service dans l'éventualité d'une grève, optèrent plutôt pour ne plus remplir les papiers de facturation pour les médicaments, les tests de laboratoires, les traitements et les thérapies. Comme résultat, les patients ont obtenus de meilleurs soins gratuitement, étant donné que le temps était utilisé pour les soigner plutôt que de remplir de la paperasse.

En 1968, les travailleurs et les travailleuses du service de transport en commun de Lisbonne protestèrent contre leurs conditions de travail en offrant à tous les passagers et passagères un transport gratuit. Le personnel se présentait au travail comme à l'habitude, mais les conducteurs et les conductrices refusaient de prendre avec eux les boîtes de paiement. Nul besoin d'ajouter que cette grève de non-paiement suscita un grand appui de la part des utilisatrices et des utilisateurs!

Dans la ville de New York, des travailleuses et des travailleurs de la restauration syndiqué-e-s avec le SITT-IWW, après avoir perdu une grève décidèrent d'opter pour une nouvelle stratégie. Ils et elles obtinrent une bonne partie de leurs revendications en adoptant une nouvelle méthode de fonctionnement ; ils et elles accordèrent une double portion à tout les clients et "oubliaient" constamment des items sur les factures des clients.

GRÈVE ASSISE

Une grève n'a pas besoin d'être longue pour être efficace. Faites au bon moment, une grève peut être gagnée en quelques minutes. De telles grèves sont des grèves "assises", où tous les travailleurs et les travailleuses n'ont qu'à arrêter le travail et s'asseoir, ou les "griefs de groupe" qui consistent à ce que tout le monde laisse son poste de travail pour se rendre au bureau du patron pour discuter de quelque sujet d'importance aux travaillleurs et aux travailleuses.

Le syndicat local SITT-IWW de la compagnie " Hudson Motor Car " de Détroit a utilisé la grève assise à plusieurs reprises avec succès entre 1932 et 1934. " Asseyez-vous et regardez votre salaire augmenter! " était le message qui circulait sur des collants apposés sur des pièces circulant sur la chaîne de montage. L'usage répété de cette tactique a signifié pour ces travailleurs et ces travailleuses une augmentation salariale de 100% (de 0.75$ de l'heure à 1.50$) en beau milieu de la grande dépression.

Des Wobblies travaillant comme figurants et figurantes dans une troupe de théâtre ont attendus le bon moment pour déclencher leur grève suite à un avis de la direction d'une réduction salariale de 50%. Ils et elles devaient jouer dans une pièce les rôles de 150 soldats romains qui transportaient une reine sur la scène. Quand le signal pour l'entrée fut donné, les figurants entourèrent la reine et refusèrent de bouger avant que leur salaire ne soit pas que seulement remis au niveau original, mais triplé.

Les occupations sont un moyen d'action encore très efficace de nos jours. En 1980, la corporation KKR annonça qu'elle fermait son usine en Ontario pour la déménager en Caroline. Les travailleuses et les travailleurs répondirent en occupant l'usine pendant deux semaines. KKR fut forcée de négocier et d'offrir des primes bonifiées pour la fermeture de l'usine, incluant de pleines retraites, des primes de départ et des paiements sur le régime d'assurance santé.

 

 

GRÈVES ROTATIVES

La surprise est une excellente arme dans les mains des travailleuses et des travailleurs. Les enseignantes et les enseignants de l'état de Pensylvannie ont utilisés la grève rotative avec grand succès en 1991, alors qu'ils et elles ont maintenu-e-s des lignes de piquetage le lundi et le mardi, étaient de retour au travail le mercredi, piquetage de nouveau le jeudi, et de retour encore une fois en classe le vendredi et le lundi. Cette tactique de " grève, pas de grève " n'a pas seulement empêché les administrateurs d'engager des " scabs " pour remplacer les enseignantes et les enseignants, elle les a aussi obligés à remplacer eux-mêmes les grévistes dans les salles de classes. Cette tactique fut tellement efficace que la législature de l'état proposa rapidement une loi pour interdire les grèves rotatives.

ALERTER LE PUBLIC

Parfois, simplement dire la vérité sur ce qu'il se passe sur votre lieu de travail peut mettre une grande pression sur votre patron. Les industries de services sont particulièrement sensibles à une telle stratégie. Et comme dans le cas de la " grève du zèle ", vous courez la chance d'attirer la faveur des consommateurs, eux qui sont si importants pour les profits de votre patron.

Alerter le public peut être aussi simple qu'une conversation directe avec un consommateur. La tactique peut également être plus élaborée, comme le cas d'un ingénieur de PG & E qui révéla au public les erreurs de fabrication du réacteur nucléaire " Diablo Canyon ". Notons aussi le roman de Upton Sinclair, " La Jungle ", qui ouvrit une vive controverse sur les standards de santé et les conditions de travail scandaleuses de l'industrie de l'emballage de la viande quand il fut publié vers le milieu du siècle.

Il est facile à partir d'ici de penser à plusieurs autres façons d'appliquer cette méthode. Par exemple, les serveuses et les serveurs peuvent dire aux clients de leurs restaurants les divers raccourcis et substitutions utilisés pour créer la " fausse " haute-cuisine qui leur est servie !

JOUR DE MALADIE

Les journées de maladies sont une bonne façon de ne pas entrer au travail sans avoir recours à la grève. L'idée est d'affecter la production d'un lieu de travail en faisant en sorte que la majorité des travailleurs et des travailleuses de ce lieu se fassent porter malades la même journée.

Contrairement aux arrêts de travail, cette tactique peut être utilisée par un seul département ou section d'une grande entreprise, et ce même s'il n'y a pas de syndicat officiel qui représente les travailleurs et les travailleuses. Il s'agit aussi d'une méthode traditionnelle d'action directe pour les membres des syndicats du secteur public, souvent légalement interdits de faire la grève.

Dans un hôpital de santé mentale de la Nouvelle-Angleterre , le seul fait d'indiquer une possible utilisation de cette tactique fut assez pour obtenir gain de cause. Un travailleur, parlant avec un administrateur d'un employé congédié récemment, mentionna la recrudescence du virus de la grippe durant les derniers jours. Il souligna que cela serait désolant si plusieurs employé-e-s se portaient malades dans les prochains jours. Au même instant (par pure coïncidence bien entendu.) des dizaines de travailleuses et de travailleurs appelaient au bureau du personnel pour s'informer des journées de maladies encore disponibles à leurs dossiers. L'administrateur comprit le message, et l'employé fut réembauché.

IGNORER LE PATRON

La meilleure façon de faire quelque chose est de s'organiser et le faire nous-mêmes. Plutôt que d'attendre que le patron accepte nos demandes et institue un changement à long terme, nous avons souvent le pouvoir de créer nous mêmes ce changement, sans l'approbation du patron.

Le propriétaire d'un café de San Francisco était un très mauvais administrateur financier, et une semaine les travailleurs et les travailleuses se sont retrouvé-e-s sans leurs chèques de paye. Le gérant ne cessait de dire que les chèques arriveraient bientôt, mais un jour les employé-e-s décidèrent de prendre les choses en main. Ils commencèrent à se payer eux-mêmes d'une façon quotidienne en prenant de l'argent directement de la caisse enregistreuse, laissant des reçus dans la caisse pour signaler les montants ainsi " empruntés ". Une colère du patron s'ensuit, mais les chèques arrivèrent toujours à temps par la suite.

Dans une petite imprimerie de San Francisco, une vieille presse fut retirée de service et poussée sur un côté de la salle de travail. Elle fut remplacée par une toute nouvelle machine, et le gérant indiqua que la vieille presse serait utilisée seulement pour de petits travaux. Les travailleuses et les travailleurs commencèrent à prendre de cette vieille machine des pièces pour garder en bon état de roulement leurs machines actuelles. Très bientôt il fut évident pour tous et toutes, sauf le gérant, que cette presse ne fonctionnerait plus jamais.

Les employé-e-s demandèrent donc au gérant de déménager la vieille presse dans une autre pièce, étant donné le fait qu'elle prenait beaucoup trop de place dans un endroit déjà trop étroit pour les travailleuses et les travailleurs. Le gérant fit la sourde oreille pendant des jours et des jours. Finalement, les employé-e-s décidèrent de le faire eux-mêmes, malgré les indications contraires du patron. Le gérant ne mentionna jamais cet incident, et l'espace laissé vacant par la vieille presse fut occupé par une aire de repos pour les travailleuses et les travailleurs.

SABOTAGE

Le " sabotage " est un terme large qui inclus tous les petits trucs et mauvais tours que les travailleuses et les travailleurs peuvent jouer à leur patron pour lui rappeler combien il a besoin d'eux et d'elles (et comment ils et elles n'ont pas besoin de lui!). Bien que le sabotage soit une tactique non-violente, il n'en demeure pas moins qu'il existe présentement une importante désapprobation de la part du public face à cette tactique. Il est donc suggérer de l'utiliser dans les situations où existe une guerre ouverte entre un groupe de travailleurs et de travailleuses et un patron, plutôt que comme un acte de frustration individuelle.

" Brouiller " de l'information magnétique (des cassettes, disquettes, disques durs mal protégés, etc.) peut être fait très facilement en exposant ces objets à un fort champ magnétique (aimants). Bien sûr, il serait également tout simple de " remplacer " des disquettes qui contiennent d'importantes informations. Des employé-e-s du domaine de la restauration peuvent acheter quelques insectes vivants ou bien des souris chez un animalier, et leur rendre leur liberté dans un endroit approprié. Pour plus de plaisir, vous pouvez également appelez le service d'hygiène de votre ville !

Une chose qui effraie toujours lors d'un appel de grève est la question des briseurs de grèves (scabs). Dans une grève des chemins de fers en 1886, ce problème fut résolu par des grévistes qui emportèrent chez eux des " souvenirs " de leur travail. Les trains ne pouvaient fonctionner sans ces petites, mais cruciales pièces ; les briseurs de grèves se sont donc retrouver sans travail. Bien entendu, de nos jours il est plus sûr pour les travailleurs et les travailleuses de cacher ces pièces dans un endroit sûr sur leur lieu de travail plutôt que de les ramener chez eux, question d'éviter une possible répression.

Vous pouvez également utiliser des papiers avec l'en-tête officiel de votre compagnie pour commander des tonnes de produits inutiles pour votre bureau. Si votre compagnie possède un numéro " 1-800 ", demandez à vos ami-e-s de pays éloignés d'appelez de façon répétitive pour qu'ils signalent leur mécontentement face à la façon dont les employé-e-s sont traité-e-s. Soyez créatifs et créatives avec de la colle-contact ; les possibilités sont illimitées.

SOLIDARITÉ

La meilleure arme est, bien entendu, l'organisation. Si un seul travailleur ou travailleuse se lève pour protester, le patron l'écrasera comme un insecte. Les insectes écrasés, bien que très courageux, ne sont d'aucune aide pour leur famille, leurs ami-e-s, et le mouvement social en général. Mais quand tous et toutes se lèvent ensemble, le patron n'a pas d'autres choix que de nous prendre au sérieux. Il peut facilement congédier les contestataires isolé-e-s ; il ne peut remplacer si facilement toute sa force de travail.

Nous devons donc former des syndicats courageux et démocratiques qui sont prêts à se battre, prêts à gagner. Dès que nous commencerons à utiliser l'action directe contre nos patrons, nous gagnerons bien plus que des augmentations de salaires ou des conditions de travail plus justes. Nous serons dans un processus qui nous enseignera comment fonctionner dans des organisations d'aide mutuelle que nous dirigerons directement. Nous nous préparerons aussi à démanteler le vieux système d'exploitation pour être en mesure de créer un système où nous répondrons de façon juste aux besoins de tous et de toutes, un système qui ne répond pas qu'aux besoins des privilégiés et des opportunistes.

Le succès de toutes les tactiques comprises dans ce guide dépend largement de la solidarité, du fait que ces actions doivent être effectuées par le plus grand nombre de travailleurs et de travailleuses. Des actions isolées peuvent certes offrir un sentiment de revanche et vous aider à passer à travers une dure journée de travail ; mais pour améliorer la situation d'une façon durable, il n'y a rien comme l'action directe faite par plusieurs travailleurs et travailleuses mécontent-e-s!

 

[1] Ce pamphlet fut publié pour la première fois par " BossBusters ", un projet du groupe de " Bay Area " du SITT-IWW (Syndicat International des Travailleuses et des Travailleurs - Industrial Workers of the World). La traduction française a été faite par des membres du groupe de Montréal du SITT-IWW. Pour des copies additionnelles, ou pour plus d'informations, appelez au (514) 273-0874, ou contactez-nous par courriel : iww-mtl@iww-qc.zzn.com


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