Mon but est la confiance

"Parfois je trouve du réconfort dans l'idée que même les grandes figures se sont fait avoir, me découvrant un trait commun avec eux : un trop d'amour. Mais mieux vaut en avoir trop que pas du tout. Quand on en déborde on peut encore se consoler dans l'idée même de l'amour, dans l'idée qu'on s'en fait. Ça n'efface pas les traces, c'est clair. Mais bien persuadé de ce que tu vaux, la pleine conscience de ta valeur peut finir par les occulter. Au point de voir ressurgir le sourire, qui prend la valeur d'un poing levé, parce que même avec le sentiment d'avoir perdu : on ne m'ôtera pas l'amour de la vie."

Steve

Ci-après le message que j'ai reçu d'un compagnon de Bxls. Il m'a semblé utile de vous faire partager ses réflexions qui sont celles d'une pensée en devenir mais déjà fort prometteuse.

 
Bien frat,
 
JC
 

Bonjour JC,

 

Le but que je poursuis dans mes lectures est avant tout de nourrir ma pensée, de me construire avec des idées et pas seulement en me contentant de vivre sans savoir. Cependant, un projet, un peu plus ambitieux, me titille au fur et à mesure que je fais connaissance avec ce que je considère comme des vérités universelles. Dans le vocabulaire anarchiste des mots reviennent souvent, ils mettent le doigt sur des tas de concepts : oppression, asservissement, esclavage, despotisme, soumission, servitude, tyrannie, abêtissement, supercherie, mensonge, et j'en passe. Pour un esprit éclairé point n'est besoin de justifier combien ces mots sont d'actualité de nos jours. Mais pour beaucoup de contemporains, qui se contentent de faire de leur mieux pour être heureux, ils ne voient aucune raison de s'alarmer. L'oppression ils ne la sentent pas, ils la subissent. L'esclavage ils ne le voient pas, ils s'y complaisent. Le mensonge ils ne le réalisent pas, ils reproduisent.

 

Je voudrais que mes pensées soient fermement établies, parce que justement argumentées, au point de les présenter sans difficulté au premier venu qui, par son mode de vie enbougeoisé, justifie un système dont il ignore les causes et les buts réels.

 

La génération Star-Ac est, pour moi, le reflet d'une jeunesse qui a pris à son compte les habitudes et les caprices des gosses de riches. Amour, gloire et beauté. Sans scrupules, parce que sans savoir ; et sans savoir parce qu'on ne leur apprend pas à penser par eux-mêmes. La situation ne fait pas sourire que le libertaire, elle fait sourire aussi l'intellectuel averti et dont on peut lire les réflexions honnêtes, de temps à autre, dans l'élite de la bien pensance. En fait, des gens comme Pascal Bruckner, mais d'autres aussi, ne dénoncent jamais ; ils se contentent d'apporter une réflexion critique qui bien souvent aboutit aux mêmes conclusions que le libertaire : quelle non sens !

 

Cependant, la difficulté réside dans le fait que la masse ne pense toujours pas. Tout occupée qu'elle est a à jouir et à s'oublier dans le divertissement ou aduler sa petite personne dans un confort matériel et illusoire. Grâce à la philosophie, qui ne contredit jamais, d'après mes recherches, les conclusions de la pensée libertaire, je voudrais parvenir à démontrer à monsieur tout le monde lorsque je le croise ou qu'il se permet de me ricaner au nez, qu'une autre forme d'oppression est toujours à l'ouvre, celle qui pourrait être résumée par la tyrannie de la pensée unique, qui les empêche de penser par eux-mêmes et de se retrouver en se trouvant une identité.

 

Pourquoi pas essayer de l'écrire et de le diffuser sur Internet. Mais mon but, qui est au fond très personnel, est de rencontrer monsieur tout le monde, sur mon lieu de travail, dans mes sorties, dans mon voisinage, dans ma vie de tous les jours, et lui montrer clairement, qu'il se trompe et qu'il soutient par son indifférence à la question sociale un système qui le laissera tomber dès qu'il n'aura plus aucune valeur pour tous ceux qui ont intérêt à ce que ce système inique et oppresseur, qu'est celui de la libre entreprise et de l'économie libérale, continue de se développer au mépris du bon sens.

 

C'est pour çà que je me sentais un peu seul dans mes démarches et je pense qu'il me suffit d'acquérir un peu plus de confiance en moi et dans les vérités de la philosophie universelle. Je pense que je devrais me concentrer sur le fait que bien peu ose penser par eux-mêmes tout simplement. Parce que je suis d'avis que lorsqu'on se donne la peine de se poser les bonnes questions les réponses s'imposent d'elles-mêmes. Il ne manque plus que le courage pour enfin s'approprier des idées qui seules accordent la vraie et l'humaine liberté.

 

Ceci pour dire, que ton soutien moral, à distance, m'encourage dans cette voie. La deuxième étape serait de me joindre à, ce que j'appelle, des hommes de bonnes volontés.

 

Bien à toi

Steve

 

*

*   *

 

Et cet autre message venu après :

 

Bonsoir JC,

 

Pour être précis, le fond de ma marche se résume à me réaliser en tant qu’homme. Je pense que tu peux percevoir la finalité de ma pensée. Qu’est-ce qu’un homme s’il ne sait pas pourquoi il vit ? Qu’est-ce qu’un homme s’il ne fait pas usage de sa conscience pour appréhender le réel qui l’entoure ? Un homme qui se ballade parmi ses contemporains, peut-être. Un homme boiteux qui ne sait pas mais se contente de faire de son mieux. Gémissant souvent et totalement démunis face aux pièges que la vie lui tend.

Dans mon approche de la philo, j’en ai retenu ceci : la distinction profonde entre la vie immédiate et la vie médiate. Les philosophes, depuis l’antiquité, s’accordent à penser que le commun des mortels se contente de subir sa vie sans parvenir à passer par le filtre de sa conscience tout ce qui lui arrive. De là découle le fait que des tas de gens passent leur vie à la vivre de façon intuitive, sans parvenir à saisir réellement le vrai drame ou le vrai bonheur de la vie. Je ne sais pas si je m’exprime clairement. Monsieur tout le monde vit sans idéal. Le savoir de monsieur tout le monde est intuitif, rarement réfléchi. Monsieur tout le monde vit pour son propre compte sans cerner toute la complexité de son Moi. Il cède sous le poids de son ego qui ne le ramène qu’à lui, à ses souffrances, à ses espoirs déçus. Monsieur tout le monde trouve du réconfort lorsqu’il oublie sa condition d’homme qui lui rappelle sa finitude misérable qu’il n’arrive pas à dépasser. La société du divertissement lui en donne pleinement l’occasion et trouve de la consolation dans la passion sentimentale, comme un narcotique puissant contre l’angoisse d’exister. Il se livre à de nombreuses passions qui amenuisent sa liberté de penser. Se vautrant même parfois allègrement dans la débauche du corps et de l’esprit.

Tous les auteurs anarchistes, et les derniers que tu m’as donné à lire, honorent pour moi le sens de la liberté de conscience. La volonté librement choisie de se considérer pleinement Homme, quitte à faire usage du passe-droit de la liberté : la révolte. Je considère un peu l’anarchisme comme la conséquence logique de la philosophie. Celle-ci n’étant qu’une méthode de réflexion et l’anarchisme son prolongement dans l’action, dans la vie réelle. Vraiment, en tant qu’homme, si je ne fais aucun mal au mouvement en prononçant ces mots : je n’ai aucun mal à me considérer anarchiste dans l’âme.

Mais en côtoyant un anarchiste je voudrais voir un homme pleinement libre, c’est-à-dire un sage. Un amoureux de la sagesse, du bon sons, de la Raison, de la Liberté. Un Homme. C’est plus une philosophie de vie qui m’intéresse. Une éthique comme tu le présentais très justement. Et c’est le plus dure à trouver. En tant que personne humaine, ça me permettrait d’avancer à pas de géant si je pouvais fréquenter un tel homme. Epris de savoir, celui qui émancipe, celui qui contredit l’erreur parce que fermement établi dans les principes de la raison raisonnante.

Je pense que si j’avais l’occasion de te fréquenter de près, je viendrais rôder autour de ta bibliothèque. J’ouvrirais les oreilles certains de m’épargner des heures d’étude astreignantes. Je repartirais avec le sentiment d’en avoir retiré un savoir pratique adapté aux circonstances de la vie. Soyons conséquent avec ce que j’écris, l’impression est virtuelle et le souhait sincère.

C’est peut-être étonnant, mais depuis tout petit je me suis vu vieux avec une barbe blanche et la sagesse qu’elle suppose. Pour me masturber sur ma cuvette de wc à contempler ma propre image ? Non, pour aider, pour soutenir, pour dénoncer, pour rassurer, pour fortifier et oserais-je dire pour aimer.

C’est simple, je ne sais pas toujours par où commencer. Alors je lis tout. De la psycho, de la philo, de la psychanalyse parfois. Tu m’a fait une proposition. Je te demande une faveur, une vraie cette fois-ci. Comment dois-je m’y prendre ? Quitte à reprendre tout depuis le début, comme si je ne savais rien. Je ne te prends pas pour un maître à penser. Je suis curieux de voir jusqu’où tes conseils en matière de lecture aboutiraient. Mais de façon pédagogique, cette fois. En respectant un ordre progressif qui en finalité me permettrait d’appréhender la totalité sans difficulté. Je me sens au pied d’une montagne, j’ai du mal à la gravir parce que j’ai tendance à tout lire. Et souvent je sens que tourne en rond au pied de cette montagne.

Pour la gravir, et parvenir à prendre de la hauteur au-dessus du mensonge, j’ose te demander : livre-moi ce que tu sais. Mais de façon progressive, en commençant par le début. Comme tu le ferais à ton môme en cherchant à l’émanciper sans trahir sa liberté. En lui ouvrant les yeux à la culture, à l’art, à la musique, tout ce qui rend hommage à la vie. Comme un cours, avec des devoirs pourquoi pas, qui te permettrait de mettre le doigt sur ce qui est inutile, de rectifier l’erreur et d’affiner ce qui est juste.

Une tâche impossible, peut-être. Un peu audacieuse. Surtout à distance. Mais j’ai du cœur à l’ouvrage, de la bonne volonté et peut-être une bonne disposition. Et si je parviens un jour à distinguer clairement le vrai du faux, je m’engage dans la lutte sociale comme un vrai militant soucieux de rejoindre l’esprit des anciens. Aujourd’hui, je n’ai que de la bonne volonté et un savoir diffus. Avec une bonne instruction, je pourrais être utile.

Voilà, ce serait bien. Une vraie faveur, et un vrai cadeau. Je sais que ça te demandera un peu de réflexion dans les directions à donner. Mais je suis assis sur mon banc, prêt à parfaire mes leçons et à apprendre.

 

Steve

 

Si vous voulez écrire à Steve au sujet de ces deux messages, envoyez moi votre message en cliquant ici : je transmettrai.

 


Pour revenir à la rubrique "Divers" :

Pour revenir au Plan du site :

Pour revenir à la page d'accueil :