NON A LA PEINE DE MORT EN PRISON !

(Suivi d'un billet d'humeur de Claude Guillon)

 

Collectif Ne laissons pas faire !

 

Liberté immédiate pour les militantes et les militants d'Action directe (Texte du tract d'appel 12 avril 2004) :

Le 9 avril, la cour d'appel de Paris a rejeté la demande de suspension de peine pour raison médicale de Nathalie Ménigon, militante révolutionnaire d'Action directe. La veille, la même juridiction faisait libérer Loïk Le Floch Prigent, ancien PDG d'ELF, considérant que le "pronostic vital" était engagé "sans qu'il soit besoin d'établir dans quel délai". Cette jurisprudence devrait s'appliquer à des centaines de prisonniers malades. Lors des audiences, le ministère public avait invoqué le "risque à l'ordre public" que constituerait la libération de Nathalie pour raisons médicales. Ces mêmes "risques de troubles à l'ordre public" avaient été évoqués mais non retenus lors de la demande de suspension de peine pour Maurice Papon. Ces trois procès sont l'illustration criante du caractère de classe de cette "justice" qui libère les commis de l'État et pratique l'acharnement contre ceux qui le combattent.

À BAS LA DICTATURE CARCÉRALE. Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan sont incarcérés depuis 17 ans. Régis Schleicher, incarcéré depuis 21 ans, est libérable depuis des années, mais ses demandes de conditionnelle ont toujours été refusées. Ces militants et militantes ont subi pendant de longues années des conditions de détention d'exception. Ce n'est qu'au prix d'une résistance permanente qu'ils et elles ont pu survivre à l'arbitraire carcéral et à leur élimination programmée. Des années de lutte et des grèves de la faim ont été nécessaires pour briser l'isolement, pour contraindre l'administration pénitentiaire et la Chancellerie à reconnaître la gravité de l'état de santé de Georges Cipriani et de Nathalie Ménigon.

PEINE DE MORT EN PRISON CRIME D'ÉTAT. Joëlle Aubron a été opérée le 16 mars au CHRU de Lille d'une tumeur au cerveau. Joëlle a été menottée à son lit pendant une semaine et de nouveau à la fin mars, des deux bras cette fois. Les protestations ont permis de faire cesser cet acharnement. Réincarcérée quelques jours, sans suivi médical, elle était victime d'un malaise le 8 avril et hospitalisée de nouveau. Elle doit séjourner 40 jours au CHRU de Lille pour y subir une radiothérapie. Nous n'accepterons pas qu'elle soit à nouveau enchaînée à son lit d'hôpital et exigerons la continuité des permis de visite.

CACOPHONIE MÉDICALE. Après avoir brutalement annoncé à Jean-Marc Rouillan que ses jours étaient comptés, qu'il était atteint d'un cancer du poumon avancé, de nouvelles analyses concluraient à l'absence de cancer. Selon ce dernier son de cloche, il s'agirait d'un fibrome d'origine inconnue. Des examens complémentaires sont programmés... dans 2 mois! On peut juger de la fiabilité et de la célérité de la "médecine" appliquée aux prisonniers. Georges Cipriani, actuellement détenu à la prison d'Einsisheim, avait dû être interné à l'hôpital prison de Sarreguemines pendant un an et demi, suite aux graves problèmes psychiatriques qu'avaient déclenchés des années d'isolement.

Au-delà des procédures de suspension de peine en cours, le 5 mars 2005 prendra fin la période de sûreté incompressible de 18 ans, infligée par la Cour d'assise spéciale à Joëlle Aubron, Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan. Le code de procédure pénale permet donc d'envisager leur libération à court terme. Mais les refus systématiques aux demandes de libération conditionnelle de Régis Schleicher, libérable depuis 5 ans, nous enseignent que le "droit" n'a que peu à voir dans le traitement de ce dossier. Seule l'ampleur de notre mobilisation permettra de les arracher aux griffes d'un État qui a programmé leur mort lente en prison.

Collectif Nlpf!. e-mail: nlpf@samizdat.net. Abonnez-vous a notre lettre d'info! Courrier : NLPF c/o LPJ, 58 rue Gay-Lussac 75005 Paris.

Signer la pétition "Libération immédiate des militantes et militants d'Action Directe": http://nlpf.samizdat.net

Plus d'infos sur la campagne internationale pour la libération des militantes et militants d'Action directe: http://www.action-directe.net.

Plus d'infos sur les prisonniers révolutionnaires en France, en Europe et dans le monde: http://apa.online.free.fr

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Par l'aigri, par l'amer, par le sucré,

L'expérience, le fruit présent, l'espoir

Me menacent, m'affligent, m'apaisent

 

Giordano Bruno

 

Notre temps n'est pas le leur. Leur temps est celui de la faute, de l'aveu, du châtiment ou du repentir : c'est le temps des prêtres et des geôliers. C'est un temps d'oubli, un temps sans histoire, un temps de registres morts. Un jour ils viennent vous chercher; ils vous entravent les mains; ils disent que vous devez embarquer dans une machine à remonter le temps. Ils font comme s'ils pouvaient vous transporter tel[le] que vous êtes aujourd'hui dans un temps de vingt-cinq ans en arrière ; comme si vous étiez pareil[le], inchangé[e], transposable, décalquable, démontable et remontable... Il n'existe pas de mots pour dire ce qu'ils croient qu'ils peuvent faire de vous.

À chaque fois qu'ils se servent du mot "espace", c'est pour réduire l'espace réel. Ils disent "espace de Shengen" et ils construisent une nasse. Ils disent "espaces de libre expression" pour annoncer que l'expression sera réglementée. Ils veulent que le monde entier ressemble à un hall d'aéroport; zone duty-free pour les riches, zone de rétention pour les pauvres. Et la même "justice", partout. Pas pour tous! Non! Partout: deux poids, deux mesures. De toute façon, ce sont eux qui ont construit les instruments de mesure: codes, chronomètres, sondages. Ça n'est pas difficile à comprendre. L'Europe par exemple; c'est un espace qu'ils construisent (qu'ils réduisent, donc); ils le mesurent avec leurs instruments (ceux qu'ils ont construits). Donc, plus il y a de pays en Europe et moins il y a d'étrangers dans le monde qui peuvent demander l'asile, par exemple à la France. Donc , plus l'Europe est grande, moins il y a d'asile possible dans le monde. Comme cela vise les pauvres, les militants et les artistes, cela s'appelle une harmonisation. Ils ont décidé le "mandat d'arrêt européen". C'est un instrument avec lequel ils pourront arrêter le temps et réduire l'espace des pauvres, des militants et des artistes sans asile partout dans l'espace qu'ils calculent. C'est une machine nouvelle qui demande quelques réglages. On y procède en usant d'exilé[e]s qu'on avait mis de côté dans un coin de l'espace. Comme un vieux chiffon; ça n'est pas joli mais ça peut servir. Ils ont utilisé, sans anicroche, un Paolo Persichetti; ils essaieraient bien un Cesare Battisti, une Roberta Cappelli, et quelques autres. À chaque fois, ils améliorent le système. Quand tout sera au point, ils n'auront plus qu'à faxer: "Machin Chose", et hop! le lendemain, Machin remontera le temps jusqu'à une prison, plus loin en Europe. Quelle harmonie! Quelle paix sociale! Quelle démocratie! Ils en ont les larmes aux yeux... Pas la larme facile pourtant, ou alors se retiennent, par pudeur. Mais immense grandeur d'âme, ça oui, du côté du deuxième poids de la deuxième mesure qui, bientôt, partout. Libèrent un Papon par ci, un Patron par là. Mais les quatre d'Action directe? Non, pas ceux-là! Pas le temps! Pas dans les temps! "N'a qu'à se passer de jogging!" dit le magistrat d'une Nathalie Ménigon diminuée par deux accidents vasculaires-cérébraux. Déjà hors du temps. Pas de machine disponible, et pour remonter jusqu'où?

Vous entendez ce qu'ils nous disent ?

ILS DISENT QUE MENIGON, CYPRIANI, ROUILLAN ET AUBRON DOIVENT D'ORES ET DEJA ETRE CONSIDERE[E]S COMME DES CADAVRES !

Critiquant (en 1985) l'absurdité de la stratégie armée d'AD, j'avais qualifié ses militants de "bouffons sanglants*". Je le rappelle ici à destination de certains soucieux pétochards qui se taisent par crainte de paraître approuver des actes commis il y a vingt ans. Qui, aujourd'hui, sont les bouffons sanglants? qui sont les assassins? Sinon ceux qui condamnent des exilés politiques à l'extradition après vingt-cinq ans de vie en France, et à une mort en cage - longue et douloureuse - quatre personnes gravement malades. Un aliéné, une hémiplégique et deux cancéreux, pitoyable tableau de chasse pour une loi du talion qui n'ose pas dire son nom! Rien n'est donné ou acquis dans le monde du "droit". Il n'est rien que nous ne devions arracher; y compris l'espace et le temps de vivre.

Paris, le 9 avril 2004

Claude GUILLON

*Cf. Pièces à conviction. Textes libertaires 1970-2000, Noesis, 2001.


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