Traitement inhumain réservé
aux prisonniers politiques du "rêve américain"

 

Depuis des décennies les États-Unis crient haut et fort leur attachement au respect des droits de l'Homme et de la démocratie. Ils se vantent d'être un État de droit, un exemple pour l'humanité tout entière. Ils condamnent les pays où les droits de l'Homme sont bafoués, n'hésitant pas à exercer des pressions diplomatiques, économiques, voire militaires sur certains pays. Mais la façade est mince et, sous couvert de "démocratie", le gouvernement des États-Unis utilise son système judiciaire comme un instrument répressif afin de neutraliser; en les criminalisant, tous ceux qui luttent contre les inégalités dans la société américaine. Les minorités ethniques sont souvent les plus touchées et ce sont leurs ressortissants qui finissent dans d'inhumains pénitenciers fédéraux.

Les Amérindiens sont trois fois plus nombreux que les Afro-américains et dix fois plus nombreux que les Blancs à faire l'objet d'arrestations. Pour un même crime, ils sont condamnés à de plus lourdes peines et le délai pour l'obtention d'une libération conditionnelle est plus long que pour un Afro-américain ou un Blanc.

Dans toutes les prisons américaines, les services de santé sont inadaptés et les soins insuffisants. Cette situation affecte particulièrement les prisonniers indigènes qui sont souvent exposés à de multiples maladies liées à l'extrême pauvreté sévissant sur les réserves.  De plus, les prisonniers amérindiens souffrent davantage que les autres des privations culturelles et de l'acculturation. La plupart des pénitenciers américains ne se soumet pas a la loi sur la Liberté de Religion des Indigènes Américains, adoptée en 1978, et refuse aux prisonniers indiens le bénéfice d'un soutien spirituel, bafouant ainsi leurs droits religieux et leurs droits constitutionnels. Très peu d'établissements autorisent la visite de leaders spirituels amérindiens, la tenue d'importantes cérémonies comme la sweatlodge, la possession d'objets sacrés (sacs-médecines, calumets, plumes d'aigles, sauge...).


Le système pénitentiaire des États-Unis est le reflet du racisme qui sévit dans la société américaine.

 

Il est évident que les prisonniers politiques aux États-Unis ne sont pas tous amérindiens. Qu'ils soient noirs, blancs, hispaniques, asiatiques ou membres des premières nations, tous subissent les conditions inhumaines de détention que le gouvernement américain réserve à ses dissidents.

1978, lors d'un entretien accordé au journal Le Monde, Andrew Young, membre de la communauté noire, alors ambassadeur des États-Unis à l'ONU, avait déclaré: "Il y a des centaines, peut-être même des milliers, de prisonniers politiques dans les prisons américaines". Cette phrase lui valut d'être révoqué sur le champ par le président Carter. Bien-sûr il ne saurait y avoir de prisonniers politiques aux États-Unis, pays de la liberté d'expression. Pourtant, ces centaines, ces milliers d'hommes et de femmes ont été arrêtés et jetés en prison, certains même condamnés à mort, à cause de leurs idées politiques ou de leur lutte pour les droits civiques. Ils ont été victimes du programme COINTELPRO (Counter Intelligence Program), appliqué par le FBI de 1956 à 1971. Le FBI inventait contre eux des charges criminelles, sur la base de faux témoignages, de dissimulation de preuves, de refus de recours ou de pourvoi... Bien que le programme COINTELPRO ne soit plus en vigueur aujourd'hui, les méthodes du FBI demeurent les mêmes. Les militants se retrouvent isolés, traités par la presse et la justice d'assassins, de drogués, de violeurs... ce qui rend difficiles les mouvements de solidarité. La presque totalité de ces prisonniers appartient à des minorités ethniques et le racisme ambiant, exacerbé par la crise économique, rend leurs causes encore plus difficiles à défendre. On compte également parmi ces prisonniers politiques un certain nombre de Blancs emprisonnés à cause de l'aide pratique qu'ils ont apportée à l'action de ces minorités. Les prisonniers politiques sont, pour la plupart, incarcérés dans des Unités de contrôle, destinées à "mater les fortes têtes et les meneur".

Le plus tristement célèbre de ces pénitenciers "spécialisé" est celui de Marion (Illinois) où Léonard Peltier et Bobby Castillo ont étés incarcérés. En 1975, son directeur, Ralph Von, déclarait : "L'objectif de l'Unité de contrôle de Marion est de maîtriser les comportements révolutionnaires dans le pénitencier et dans la société extérieure". (sic) En 1987, Amnesty International a publié un rapport condamnant le pénitencier de Marion dans des termes extrêmement sévères. Ce rapport concluait que les pratiques de Marion violaient "les règles minimales des Nations-Unies pour le traitement des prisonniers" et ajoutait que les conditions carcérales à Marion constituaient un traitement cruel, inhumain et dégradant, condamné par la Constitution des États-Unis et par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de l'ONU".

Dans ce pénitencier, la plupart des hommes sont enfermés dans leur cellule 22 à 23 heures par jour, isolés des autres prisonniers. Ils subissent des brutalités physiques et psychologiques : passages à tabac, fouilles rectales et autres mesures dégradantes. Les prisonniers sont souvent allongés enchaînés sur leur lit, parfois durant plusieurs jours. Les visites sont très limitées, tout comme le droit de recevoir des lettres ou des fournitures pour écrire. La nourriture est insuffisante, l'accès aux soins médicaux minimal. Le pénitencier est surveillé par des gardes réputés pour leur brutalité. Les effets suicidaires de l'isolation sensorielle et des programmes de "modification du comportement" qui y sont pratiqués sont alarmants. Cette Unité de Contrôle a un taux de suicide cinq fois supérieur au taux national.

Les prisonniers politiques non-indiens les plus connus sont le pasteur noir Ben Chavis et "les Dix de Wilmington", David Rice et Ed Poindexter, tous deux membres des Black Panthers Johnny "Imami" Harris, libéré sur parole en 1991 après une première condamnation à mort et douze ans de prison, Terrence Johnson, incarcéré en 1978 à l'âge de quinze ans et qui vient d'être libéré après seize ans d'emprisonnement. On compte également parmi ces prisonniers politiques les dirigeants des Black Panthers Elmer Geronimo Pratt, toujours emprisonné depuis 1968, condamné à la prison à vie, et Richard Moore, alias Dhoruba Bin Wahad, condamné en 1973 et qui obtint un non-lieu en 1990 après dix-sept ans d'emprisonnement. Tous deux ont été victimes de coups montés par le FBI. C'est également le cas de Mumia Abu-Jamal, ancien président du syndicat des journalistes noirs, condamné à mort en 1982 et qui est toujours, aujourd'hui, dans le "couloir de la mort".

Un exemple de sauvagerie sous haute surveillance


Un jeune prisonnier lakota-arapaho a été sauvagement assassiné dans sa cellule par deux détenus qui menaçaient depuis longtemps de "tuer ce peau-rouge". Les faits se sont déroulés dans une prison de haute-sécurité du Wyoming, sous l'œil d'une caméra de surveillance, alors que les gardiens étaient occupés à boire un café... La jeune victime a été poignardée à trente reprises, éventrée, scalpée et ses yeux crevés. Le jeune-homme qui s'était senti en danger en avait fait part à sa famille dans différents courriers et avait vainement demandé à ses gardiens de changer de cellule. L'administration couvre les surveillants et la famille redoute que l'affaire ne soit étouffée.

Pratiquer sa religion en prison : un droit dénié aux Amérindiens

En 1978, le Congrès des États-Unis adoptait la loi sur la liberté de religion des Indigènes Américains. Les points essentiels de cette loi sont la protection des sites sacrés, l'usage cérémoniel des plumes d'aigle et du peyotl et le droit, pour les prisonniers indiens, de pratiquer leur religion. La loi est censée établir une égalité entre les diverses religions... Qu'en est-il réellement ?

Un prisonnier indien écrivait en janvier 1492 : "Ici, de nombreux Blancs reçoivent chaque semaine la visite d'un prêtre. Ils ont droit à des lectures de textes religieux, à des chapelets pour la confession et à l'étude de la Bible pour les aider dans leur évolution spirituelle... La Pipe Sacrée m'a été refusée pour prier, ainsi que le tabac. Je n'ai jamais eu la possibilité de parler à un medicine-man ou à qui que ce soit qui puisse me donner des conseils spirituels". Un prisonnier chippewa incarcéré à Florence (Arizona) déclare : "Les programmes (contre l'alcool et la drogue) sont basés à 98% sur des croyances chrétiennes. Cela n'aide en rien les prisonniers indiens. Je l'ai fait remarquer à l'un des éducateurs qui m'a assuré que le programme prenait en compte toutes les religions. Mais une minute plus tard, il parlait de Jésus et citait des passages de la Bible. Ensuite, lui et les autres ont essayé de me convertir au Christianisme. Je suis un Indien Je veux suivre les croyances et les traditions de mon peuple".

Prétextant des raisons de sécurité, certains directeurs de prison interdisent totalement les objets rituels pouvant, selon eux, devenir des armes! C'est aussi au nom de la "sécurité" que le port des cheveux longs est interdit aux Indiens dans certaines prisons. La loi l'autorise pourtant explicitement, pour des motifs religieux. Mais certains directeurs prétendent que les cheveux longs peuvent dissimuler de la drogue, et même des armes ! Or les Indiens traditionalistes ne coupent leurs cheveux qu'en cas de deuil. Ceux qui refusent la coupe sont mis en isolement ou bien on leur coupe les cheveux de force. Certains prisonniers indiens ont porté plainte pour protester contre cette infraction à la loi.

Bien que cela soit encore trop rare, des leaders spirituels sont parfois autorisés à rendre visite aux prisonniers. En mars 1992, Ted Thin Elk, un ancien de Rosebud, a pu se rendre dans une prison d'Oklahoma, à la demande d'un groupe de prisonniers. Il a conduit une cérémonie de la Pipe devant des prisonniers extrêmement émus qui, pour la plupart, n'étaient pas lakota et, certains, même pas indiens. C'était la première fois qu'une telle cérémonie était tenue dans la prison. Prétextant que la sauge et certaines herbes, mélangées au tabac de la Pipe, sentent la marijuana, les gardiens persécutent les porteurs de Pipe. L'un d'eux, qui venait de conduire une cérémonie, raconte comment il a été tiré en pleine nuit de sa cellule afin de subir un test pour déceler la présence de marijuana dans son sang.

Un détenu chippewa fait remarquer que "les prisonniers indiens qui peuvent pratiquer leur religion en prison récidivent rarement, tandis que ceux qui en ont été empêchés, reviennent presque toujours. Cela est un fait, confirmé par les statistiques". Les entraves mises à la pratique religieuse des prisonniers indiens doivent être replacée dans le cadre général du respect des droit indigènes. Un prisonnier incarcéré Auburn, dans l'État de New York, écrit : "Reconnaître nos droits religieux obligerai à jeter un regard sur nos autres droits reconnus par les traités et par la loi internationale ainsi que sur le respect qui est dû à tout être humain... Peut-être cela démontre-t-il aussi que nous ne sommes pas tous désireux d nous assimiler à l'Amérique démocratique du vingtième siècle".

Un témoignage :

"Je m'appelle P. Je purge depuis 1986 une peine de 50 années d'emprisonnement. Dès mon arrivée en prison, j'ai été confronté à une expérience de "déshumanisation". Tout le monde porte la même combinaison. Il n'y a plus d'individus. C'est la première étape du processus. Les gardiens vous considèrent comme du bétail. Ils vous préparent à la réalité du monde carcéral. Ici, vous n'avez aucun droit. Vous êtes un numéro et vous êtes traité en tant que tel. Ils vous gardent un mois et ensuite vous dirigent vers la prison appropriée à votre cas. J'ai donc été envoyé dans un pénitencier d'État.

La discipline y est la même pour tous, quelle que soit la couleur de la peau. Quand l'administration pénitentiaire prend une sanction, elle l'applique à l'ensemble des prisonniers et pas seulement à ceux qui ont causé des problèmes. Il s'agit d'une punition collective. Et même si des règles interdisent son application, l'administration des prisons perpétue ces pratiques.

Chaque nouvel arrivant est informé des pratiques religieuses chrétiennes et musulmanes. Les religions amérindiennes ne sont jamais évoquées. Si vous êtes sourd, on vous donne des cours et une télévision spécialement conçus pour les malentendants. Par contre, Si vous ne parlez pas anglais, on vous laisse de côté. On peut trouver un aumônier ou un imam mais personne pour les prisonniers indiens. Comme beaucoup d'entre nous, je suis arrivé en prison avec peu de connaissances sur notre religion et sur ce que nous pouvions obtenir. J'ai reçu toutes sortes d'informations sur les autres religions ou sur les modes de transmission du SIDA, mais je n'ai jamais su à quoi je pouvais prétendre et quels étaient mes droits en tant qu'Amérindien. On m'a volé toute humanité et on m'a préparé à être seul.

Au pénitencier d'État, j'ai passé mes premières heures dans une cellule insalubre. La peinture était écaillée, la cuvette sanitaire rouillée et poisseuse. Même s'il n'y avait ni punaises ni rats, j'ai senti peser tout le poids de ma condamnation. J'ai été ensuite transféré vers une autre cellule qui n'était guère mieux. Nous étions en décembre et il faisait très froid. Seule une malheureuse vitre nous protégeait de la température extérieure. Après trois semaines de ce régime, j'ai obtenu un boulot à la bibliothèque de la prison et j'ai été placé dans une cellule avec chauffage central et air conditionné.

Au pénitencier, à mon arrivée, j'étais le seul Amérindien dans la cour. Les autres ne pouvaient pas sortit pour une raison ou une autre. La sweat lodge[1]  a été la première chose que j'ai vue. Elle se trouvait devant la chapelle. Quand j'étais enfant, on m'avait enseigné qu'il fallait être invité pour participer à une cérémonie. Alors j'ai attendu... Quand, un jour, j'ai découvert qui se trouvait dans la sweat lodge, j'ai été choqué. Parmi la douzaine de détenus qui se trouvaient à l'intérieur, aucun d'entre eux n'était d'origine amérindienne. Finalement, des Amérindiens ont pu sortir de nouveau de leurs cellules tandis que d'autres sont arrivés au pénitencier. Certains d'entre eux étaient des parents, originaires de ma réserve. Durant pratiquement toute ma vie, je n'avais jamais eu de contacts avec des membres de ma tribu et je me suis retrouvé tout d'un coup parmi eux. Dès le début, on m'a accepté et personne ne m a demandé les raisons pour lesquelles je me trouvais ici. J'étais Amérindien, c'est tout ce qui comptait. Quand nous avons été suffisamment nombreux, nous avons repris possession de la lodge. Pas par la force, seulement par notre simple présence et notre volonté. Nous n'avons pas fait la guette aux Blancs et ceux qui manifestaient le souhait de rester l'ont fait. Avant mon arrivée, certains frères s'étaient battus pour obtenir des droits concernant la sweat lodge. Ils ont porté plainte contre l'État afin de pouvoir prier comme les Blancs et les Noirs. Toutefois, les medecine men ne sont pas autorisés à venir officier en prison aussi souvent que les représentants des autres religions. Un pasteur est présent en permanence, un prêtre cinq jours par semaine et un imam au moins une fois par semaine. Si un Amérindien a des problèmes, les aumôniers sont censés l'aider. Le Native American Religion Consultant peut venir quatre fois par an. Un observateur est constamment présent lors des cérémonies indiennes. Ce n'est pas le cas pour les autres religions.

La sweat lodge est située de manière à être visible de deux miradors. Elle est proche de l'allée d'où l'on peut lancer toutes sortes de projectiles dans notre direction. Avant chaque cérémonie, nous devons ramasser tous les mégots de cigarettes laissés par les autres prisonniers. Mais, en règle générale, la plupart des prisonniers respectent ce que nous faisons.
Je pense que si aucun Amérindien n'est présent dans ce pénitencier, la sweat lodge doit être fermée, car il n'y a pas de religion indienne. Si aucune des personnes présentes ne connaît le sens purificateur de cette cérémonie, elles ont tendance a l'utiliser à d'autres fins. Alors je crains qu'elle ne se transforme en sauna. Mais la sweat lodge n'est pas un sauna.

L'American Indian Religious Freedom Act (loi sur la liberté de religion des Amérindiens) a eu un impact sur la vie des personnes qui tentaient de pratiquer leur religion à l'extérieur. En prison, il a été très limité, car le système carcéral ne voyait pas l'intérêt d'autoriser les Amérindiens à tenir une sweat lodge en prison. Seulement la moitié des huit établissements pénitentiaires de l'État possède une lodge.

En cas de problèmes, la réponse donnée est soit de boucler le récalcitrant soit de le transférer. Ainsi, le problème résolu. Ces pratiques, illégales, sont courantes dans les prisons, pas seulement à l'encontre des Indiens, mais à l'encontre de tous prisonniers pris en faute.
Au pénitencier, le système a été mis en place de telle manière que tout doit passer par la voie juridique. Chaque année, la presse est informée par l'État des dépenses occasionnées par les poursuites entamées par les prisonniers.

Mais existe-t-il une autre solution ? Quand l'État est en tort, il préfère obliger les prisonniers à saisir un tribunal plutôt que de reconnaître les raisons de ces plaintes. C'est cette négation, par le système, de l'individu, de son humanité et, pour finir, de sa culture qui motive notre lutte.
Ce que nous avons trouvé à notre arrivée devra encore exister quand d'autres viendront. C'est le seul héritage que nous pouvons laisser derrière nous. En espérant qu'ils ne failliront pas... "

Deux autres témoignages :


"Pour les Amérindiens en prison, la survie passe surtout par la lutte pour préserver leurs droits religieux et leur identité culturelle. C'est une lutte de tous les instants. Chaque mot prononcé, chaque geste est un combat Un combat pour ne pas se laisser enfermer davantage dans un silence qui autorise l'arbitraire. La prison est un lieu d'anéantissement On continue à exister sans chaleur, sans couleurs, sans caresses, sans partage, sans larmes. La prison ne se raconte pas, elle se vit" (extrait d'une lettre de prisonnier amérindien de même que le texte anonyme ci-dessous).

"Les gens en prison ne pourront être sauvés que s'il se trouve d'autres gens pour partager leur sort et ce n'est pas l'administration qui les fournira. Il reste alors la solution que les prisonniers se sauvent eux-mêmes collectivement".



[1] Hutte à sudation - la sweat-lodge est une cérémonie en elle-mème et peut aussi être utilisée pour se purifier avant une "quête de vision", une "danse du soleil"


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