Petites délectations poétiques[1]

 Benjamin Péret

 

 Il n'y a pas de spectacle aussi doux que celui de l'agonie d'un prêtre.

Maurice de Guérin

 

Un prêtre est un chien enragé que tout passant a le devoir d'abattre.

Laurent Tailhade

 

Renversez les saints et libérez les bandits, le monde entier retrouvera l'ordre.

Tchouang-Tseu

 

A présent, vous me prenez pour un terroriste – un destructeur de ce qui est. Mais songez que les vrais destructeurs sont ceux qui détruisent l'esprit de progrès et de vérité et non les vengeurs qui se contentent de tuer le corps des persécuteurs de la dignité humaine.

Joseph Conrad

 

L'esclavage[2] n'a été aboli que grâce à l'action radicalement illégale de certains agitateurs de Boston et d'ailleurs, qui n'étaient ni esclaves, ni propriétaires d'esclaves et qui n'avaient, au fond, rien à voir avec la question…. La plupart des hommes de personnalité ont été contraints de devenir des rebelles.

Oscar Wilde

 

Les sacs ventrus de l'or seront saignés

Un soir d'ardente et large équité rouge

Disparaîtront palais, banques, comptoirs et bouges.

Émile Verhaeren

 

Rossignol, agent de police : "Je t'arrête au nom de la loi !"

Clément Duval, anarchiste : "Et moi je te supprime au nom de la liberté !"

 

 

Vie de l'assassin Foch

 

Un jour d'une marre de purin une bulle monta

et creva

A l'odeur le père reconnut

Ce sera un fameux assassin

Morveux crasseux le cloporte grandit

 

et commença à parler de Revanche

Revanche de quoi Du fumier paternel

ou de la vache qui fit le fumier

A six ans il pétait dans un clairon

A huit ans deux crottes galonnaient ses manches

Un jour d'une marre de purin une bulle monta

A dix ans il commandait aux poux de sa tête

Et les démangeaisons faisaient dire aux parents

Il a du génie

A quinze ans un âne le violait

Et ça faisait un beau couple

Il en naquit une paire de bottes avec des éperons

Dans laquelle il disparut comme une chaussette sale

 

Ce n'est rien dit le père

son bâton de maréchal est sorti de la tinette

C'est le métier qui veut cela

Le métier était beau et l'ouvrier à sa hauteur

Sur son passage des geysers de vomissements jaillissaient

et l'éclaboussaient

Il eut tout ce qu'on fait de mieux dans le genre

Des dégueulis bilieux de médaille militaire

et la vinasse nauséabonde de la légion d'honneur

qui peu à peu s'agrandit

 

Ce mou de veau soufflé s'étalait

et faisait dire aux passants pendant la guerre

C'est un brave homme Il porte ses poumons sur sa poitrine

Tout alla bien jusqu'au jour où sa femme recueillit

le chat de la concierge

On avait beau faire

le chat se précipitait sur le mou de veau

dès qu'il apparaissait

et finalement c'était fatal il l'avala

Sans mou de veau Foch n'était plus Foch

et comme un boucher il creva de blessure de cadavre

 

  *****

Dans le cul sale du Vatican

 

La sueur noire des porcs

accoucha d'un pou blanc

Gras visqueux il grandit

Comme il était italien

il entreprit sa pauvre marche vers Rome

et un jour arriva au cul sale du Vatican

Ce n'était qu'un morpion au milieu de christs pourris

et de vierges violées par ses ancêtres

 

De vierges putains qui soulagèrent leur ventre

dans la tinette du bénitier

vous naquîtes

viandes d'église suifs de confessionnal

pourritures eucharistiques

et dans le nombril de chacun de vous noir violet ou rouge

se gonfle le pou blanc

le frère de celui qui las de vomir dans son Vatican

veut désormais contaminer les voisins

avec l'encens de son ventre galeux

 

Et les voisins sont satisfaits

Ils s'assemblent sur son passage

déchets de légumes dans les halles vides

Et voilà l'Italie fasciste

 

 *****

 

Briand crevé

 

Enfin ce sperme mal bouilli jaillit du bordel maternel

u rameau d'olivier dans le cul

Terrine d'eaux grasses

coiffant le chou-fleur socialiste

qui se frottait les fesses

sur le drapeau français

en pétant

La France est le roi des animaux

le pays des capotes anglaises

Vive la France

et les chiens décorés

du sang des 1 500 000 morts

qui enrichirent des ventres ballonnés

Voilà Monsieur Briand

 

CHŒUR DES PACIFIQUES COLOMBES MERDEUSES

Enfin il est mort d'avoir léché la merde qui nous recouvre

O merde bénie que n'étais-tu pas plus grasse et plus sale

pour étouffer plutôt ce sinistre Briand

Colombe pour les sots

nous ne sommes que des vautours

et pissons sabres et goupillons

Les canons de M. Briand ont défoncé notre pauvre petit cul

 

CHŒURS DES ANGES SODOMISÉS

Jamais nous ne lui pardonnerons de les avoir oubliés là

pour désarmer la France

 

CHŒUR DES CURETONS

Maintenant qu'il est crevé nous pouvons dire

qu'il était notre frère comme le porc et le rat pesteux

Comme nous il se vautrait dans l'ordure et le fumier

et maintenant il est crevé

Nous lui rendons cette ordure avec notre bénédiction

Seigneur bénissez-nous avec le balai des cabinets

comme nous l'avions béni avec du poisson pourri

 

BRIAND

Certes j'ai bien mérité cet hommage

 

POINCARÉ

Et moi plus encore

car si tu trembles devant tes cadavres

Les miens se réjouissent

Vivent les grands cimetières avec les croix de bois

et vive la prochaine guerre

avec ses ventres ouverts et ses corps écharpés

 

BRIAND

J'ai bien mérité cet hommage

et la puante patrie reconnaissante

peut être fière de ma charogne

qui n'a pas de sang sur les mains

 

CHŒUR DES OUVRIERS TRAHIS

Dommage qu'il soit mort trop tôt

notre guillotine n'aurait jamais si bien fonctionné

Heureusement qu'il nous reste des banquiers des généraux

des députés des évêques

 

Je Je ne mange pas de ce pain-là

 



[1] Le titre est de moi, JC. Les citations sont rajoutées par moi, JC.

[2] Il s'agit de l'esclavage des États du Sud de la Busherie.


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