Poèmes et chansons - Poèmes - Suite

Aujourd'hui

(Ma vérité)

Nausée

Perpétuité

Le corps prolétaire

A mon âge

Poème en/de question

Aujourd’hui

 

Aujourd’hui, le temps ne compte plus.

 

Sous les plumes du Phoenix

Engluées dans un brouillard névrotique,

Luciole étoilée, sur mon asphalte visqueux,

Nacre du désespoir, tu rayonnes.

 

Une ombre lumineuse éclabousse

L’échiquier de tes yeux

Sous les sabots mélancoliques

D’un cavalier boiteux,

 

Et, goutte à goutte, le silence suffoque

Pour un cœur poussiéreux. Décharnée,

Une chanterelle en deuil soupire

A l’aurore d’un sourire ternaire ;

 

Inlassablement, les gargouilles recrachent

La complainte de l’âme mûre,

Tandis que ton triangle émotif s’évapore

Dans les flammes d’une goélette usée.

 

Mon index vagabond virevolte

Dans le vitriol d’une mort incertaine

Et travaille et persévère

A défier le voile de Maya.

 

Aujourd’hui, le temps ne compte plus.

 

Amiko  

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Tailler sa pierre pour qu'elle puisse faire partie de l'édifice. Parmi les autres. Cad continuer à vivre en ayant l'intention de se perfectionner soi même, pour partager, et en acceptant que l'autre en face ne soit pas parfait, mais accepter, tolérer ses marques d'intolérances, donc, rectifier, lui dire s'exprimer, faire progresser sa réflexion, accepter que sa propre démarche de réflexion ne soit pas excellente, chercher à perfectionner sa propre démarche de réflexion, pour progresser, pour entendre, pour écouter, pour être encore plus tolérant, donc de plus en plus intolérant pour ce qui est intolérable et pour soi même et pour l'humanité, se révolter, se révolter, se révolter,  se révolter pour dire au monde que la solidarité passe par ma révolte et pas par la prière des autres. Pour dire au monde que je suis. Pour dire à l'autre que je l'aime, que je suis, que je vis, et qu'il ne peut rien sans l'autre. Pour dire à l'autre que notre liberté n'existe pas seul.  Elle est une utopie. Une construction humaine, comme toute notre construction humaine. Il faut donc se défaire de toute souffrance.

J'ai décidé, depuis l'âge de 12 ans, de ne plus souffrir,

Et je vis avec ça. Chevillé au corps ! 

Ce qui signifie, que je me bouge à ma manière, et que je ne prie pas.

 

Qu'est-ce que je te cache ? Rien.

 

Ma philosophie est discrète.

Je t'aide autant que j'aiderais le voisin, la voisine, le chien du voisin.

Si je dois aider quelqu'un, je l'aide.

 

Si à toi je t'en parle plus, c'est que tu n'es pas le voisin, ni le chien du voisin.

Tu es ma petite frangine, et ça compte !

 

Parce que, malgré toute analyse philopsychomachin, même si je suis dans le monde, sur la tranche, avec tout le recul nécessaire, il est des gens qui nous "touchent" plus que d'autres. Et même si je recule, je ne refuse pas ce geste de la vie. En toute conscience, j'ai accepté, j'assume. Et je ne regrette rien. J'accepte, depuis longtemps de vivre. Mais pas seul. Solitaire évidemment, qui accepterait de passer "sa vie" avec moi. Pas seul, car je suis avec vous, quoi que vous pensiez, quoi que vous souhaitiez, quoi que vous espériez.

C'est vraiment chiant pour ceux qui me détestent, mais c'est assez tranquille pour ceux qui m'ignorent, et ça ne fait pas de grandes inondations, puisque c'est réciproque.

Ma vie m'appartient. Je peux la partager. C'est toute ma vérité.

Amiko

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Nausée

Joue pas avec mes nerfs

J'ai un flip de travers

Une arête dans le gosier

Je n'peux plus respirer

Plein de trucs me sidèrent

J'ai beau dire, j'ai beau faire

Parfois je me réveille

Et je m'dis pourquoi faire

 

Je regarde une photo

Du ghetto d'Varsovie

Un p'tit même en casquette

Lève les bras bien haut

Derrière lui un nazi

Satisfait sûr de lui

Lui braque dans le dos

Son flingue indifférent

 

Le visage de l'enfant

C'est la terreur du monde

L'innocence violée

L'humanité bafouée

La gueule du pourri

C'est l'abus de pouvoir

L'éternelle saloperie

Tout pouvoir est maudit

 

J'pourrais être l'enfant

J'pourrais être le nazi

Quel est ce dieu vicieux

Bien planqué dans les cieux

Qui décide tout ça

Qu'on lui tire la barbe

Qu'on lui crève les yeux

Qu'on le balance au néant

(Joue pas avec mes nerfs)

 

Combien d'lignes de journaux

Combien d'scoops de télés

Combien de numéros d'officiels courroucés

Je me penche je dégueule j'ai envie de tout casser

(Je ne veux plus savoir)

 

Roger

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Perpétuité

 

Je t'écris d'une nuit noire habitude

Je t'écris d'une vie qui hésite à se vivre

Pourtant ici, j'ai appris à aimer

L'horloge est arrêtée

Je suis perpétuité

 

J'ai appris à t'aimer dans cet enfer soumis

C'est ici que j'ai vu mourir tous mes amis

Mais toutes les vies ne sont pas sacrées

Ils en sont déolés

Je suis perpétuité !

 

Ils me disent souvent qu'eux aussi sont parents

Et puis que loin des yeux il est question de temps

Ils ont des enfants et moi j'en avais

Le présent, l'imparfait

Je suis perpétuité

 

C'est pour lui que j'écris mon destin quelque part

Et dans son cœur d'enfant qui s'ouvrira plus tard

Je verse l'amour que j'ai pu sauver

A leur barbe, à leur nez

Je suis perpétuité

 

Malgré les hauts murs gris qui s'éloignent sans cesse

Malgré tous les verrous s'ouvrant sur tes caresses

J'entends les cris dans les murs voyager

Vous de croyez fêlé ?!...

Je suis perpétuité !

 

Comme si les frayeurs de l'enfance lointaine

Avaient poussé d'un coup un appel à la haine

J'aime la vie de ceux qui ont été

Si morts et pas assez !

Je suis perpétuité

 

Le temps se mesure par un certain regard

Et l'autre n'est autre que l'hôte du hasard

Dix mètres carrés pour être épiés

Faîtes pas l'étonné !...

Je suis perpétuité

 

Je n'ai plus aujourd'hui que des mots d'insoumis

Je les prends comme ami comme on prend le maquis

En cascade je crache ma pensée

Folle, illuminée…

Je suis perpétuité

 

Ils iront mettre au coffre un sang noir libertaire

Et cloner les prolos qui savent bien se taire

Leurs chaînes ne seront pas signées Cartier

Mais made in société

Je suis perpétuité

 

Autrefois on disait "de la chair à canon"

Sitôt les yeux ouverts on t'envoyait au front

La paix a changé les priorités

"De la chair à juger"

Je suis perpétuité

 

En votre âme et conscience, illusion du pouvoir

Il vous faut bien punir pour remplir vos devoirs

Vous êtes tous des assassins bien-nés

Un jour vous paierez…

 

* Prisonniers de la centrale d'Arles

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A mon âge

 

Je me demande encore

 comment

 tout est l'impossible,

ou vraisemblablement

 tout reste possible.

 

J'ai bien peur

de l'ânerie,

 de la cochonnerie

ainsi de vacheries,

 et de commanderies,

 

J'ai peur de la bêtise.

 

J'ai des espoirs aussi,

sans désespoir aucun

assis,

debout je reste.

 

Souvent,

 il m'en coûte de vivre, 

Un coquelicot me souffle

qu'il coûterait

 encore plus

 de mourir.

 

Je suis las sur le toit,

couché,

à travers toi.

 

Je t'attends.

Viens !

Liberté,

je te prends entièrement

sans faux semblants.

 

Pat- Amiko

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Poème en/de question (*)

 

Qu'advient-il d'un rêve suspendu ?

Se dessèche-t-il

comme un raisin au soleil ?

Ou suinte-t-il comme une plaie

avant de disparaître ?

Est-ce qu'il pue comme de la viande pourrie ?

ou se couvre-t-il d'une croûte sucrée

comme un bonbon acidulé ?

 

Il tombe peut-être comme un fardeau trop lourd.

 

Ou bien explose-t-il ?

 

Joëlle Aubron

Prisonnière politique

(*) Le titre est de moi, JC

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